Petit hôtel de Villars

Le petit hôtel de Villars est un hôtel particulier parisien situé au 118, rue de Grenelle, et dont l'aile principale fut construite au XVIIIe siècle par l'architecte Robert de Cotte à la demande du duc et maréchal de France Claude Louis Hector de Villars. Cet édifice est en outre voisin de la mairie du VIIe arrondissement de Paris, dont il fut à l'origine conçu comme le prolongement.

Pour les articles homonymes, voir Villars.
Ne doit pas être confondu avec le grand hôtel de Villars (mairie du VIIe arrondissement de Paris) ou l'hôtel de Villars à Aix-en-Provence.

Propriété privée de l'Association Sainte-Marie de Neuilly, qui gère plusieurs collèges et lycées à travers les sœurs de la communauté apostolique Saint-François-Xavier, l'édifice est loué à l'établissement scolaire privé Paul Claudel-d'Hulst, qui y a installé sa section collège[1]. Il n'est donc pas ouvert au public, hormis occasions exceptionnelles.

Il fait l’objet d’un classement – pour la décoration du grand Salon et de la salle de Compagnie – et d'une inscription – pour l'hôtel (sauf les ailes sur la cour) et le sol du jardin – au titre des monuments historiques depuis le [2].

Plusieurs confusions se sont établies entre l'hôtel et ses voisins du noble faubourg, la plus notable étant celle de la série du photographe Eugène Atget représentant le bâtiment et ses détails et légendée « Hôtel de Bourbon-Busset Rue de Grenelle 118 »[3]. Ce nom[4] désigne en réalité l'ancien hôtel de Bonnac (ou de Chabrillant), édifice détruit en 1828, avec le couvent adjacent des Carmélites[5], et alors situé immédiatement à l'ouest du petit hôtel de Villars, au 108[6] puis 126[7], rue de Grenelle[8].

Histoire

En comparaison à d'autres hôtels particuliers parisiens d'ampleur similaire, le petit hôtel de Villars et son histoire sont particulièrement bien documentés, dès le XVIIIe siècle, avec des mémoires d'architecture comme celui de Mouchet et Desbœuf, en 1771, jusqu'aux premières descriptions historiques de l'édifice au début du XXe siècle telles que l'appendice aux Mémoires du maréchal de Villars, écrit par Melchior de Vogüé (1904). À de telles sources sur l'hôtel, deux principales raisons : d'une part, la haute position sociale de son premier hôte, le maréchal de Villars, qui rayonne jusqu'à nos jours, et, d'autre part, son histoire en partie commune avec la mairie du VIIe arrondissement, créant, comme tout établissement public d'envergure, un fort attrait pour les recherches historiques.

Contexte de construction

Maison du président le Coigneux en 1652, par Israël Silvestre.

Au milieu du XVIIe siècle, le faubourg Saint-Germain est en dehors de presque toute urbanisation au-delà de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés et accueille alors quasi-exclusivement des terres agricoles monastiques. Ces espaces, empreints d'une ruralité dont témoigne particulièrement la gravure de la demeure par Israël Silvestre[9], ne se voient absorbée par la ville que cinquante ans plus tard, lorsque les quartiers de construction aristocratiques se déplacent sur la Rive gauche. C'est ainsi en précurseur que Jacques Le Coigneux (1589 – 1651), président à mortier au Parlement de Paris[10], fait construire une première bâtisse, rue de Grenelle, entre 1645 et 1647. Ce « gros pavillon carré assez élevé »[11], en plein milieu champêtre, est ensuite vendu, en 1665, par Jacques († 1686), fils du président, à Philippe de Montaut, maréchal et duc de Navailles[12], qui n'y fait presque aucune modification. À la mort de celui-ci en 1684, sa fille Françoise et son gendre Charles III de Lorraine, duc d'Elbeuf héritent de la demeure, dont le maréchal de Villars se fait par la suite locataire. Les dettes de la duchesse conduisent cependant les créanciers à saisir le bien dès 1709 et à le mettre en vente. Villars se porte alors rapidement acquéreur et obtient l'hôtel le pour la somme de 150 000 livres.

Le petit hôtel : extension du grand hôtel de Villars

Sitôt en possession de l'hôtel, le maréchal opère de grands réaménagements, tant à l'intérieur, qu'il fait redécorer au goût du jour, qu'à l'extérieur, où il fait notamment édifier un portail monumental par l'architecte Germain Boffrand[13]. Malgré ces changements, l'hôtel est rapidement trop étroit pour Villars, duc et pair de France, qui fait donc appel, en 1717, à Robert de Cotte, Premier architecte du Roi – et non à Germain Boffrand, comme parfois supposé à tort[14] –, pour étendre à l'ouest son hôtel et y installer ses appartements d'apparat. Le bâtiment, qui devient donc l'annexe du grand hôtel de Villars, est achevé vers 1722 et consiste alors uniquement en l'actuelle aile principale[15].

Après la mort du maréchal en 1734, la propriété passe entre les mains sa femme et de son fils Honoré-Armand, restant inchangée jusqu'au décès de cette dernière en 1763. Le duc de Villars décide alors de vendre le château de Vaux-le-Vicomte, qu'avait acheté son père, et d'en faire déplacer les biens à son hôtel particulier parisien. En 1770, lorsque Honoré-Armand de Villars vient à mourir à son tour, n'ayant d'autre postérité que sa fille unique retirée dans la vie religieuse, il lègue l'hôtel et son mobilier à ses cousins germains : le comte Pierre de Vogüé (1698 – 1773) et la comtesse Marie-Sophie-Éléonore de Vezins (1701 – 1786), qui le mettent alors en vente.

C'est Louis Hercule Timoléon de Cossé, duc de Brissac qui l'achète aux deux héritiers en 1772 pour 360 000 livres. Il y installe ses collections et le jardin, jusqu'ici à la française, à la mode de ceux de Versailles, est entièrement transformé dans un style anglais pour accueillir nombre d'essences exotiques qui lui valent rapidement l'admiration de la haute société parisienne. À la suite de l'assassinat du duc de Brissac en 1792, les deux hôtels sont saisis puis affectés, par le Directoire, au ministère de l'Intérieur. Ils abritent durant cette période plusieurs ministres et parmi eux Lucien Bonaparte, Jean-Antoine Chaptal ou encore Jean-Baptiste de Champagny. Rendus sous la Restauration à la duchesse de Mortemart, héritière du duc de Brissac, les bâtiments restent cependant loués aux services de l'Intérieur et deviennent, à la mort d'Adélaïde de Cossé-Brissac (1765 – 1820), propriété indivise de ses quatre enfants avant d'être finalement adjugés en 1829 à sa fille Antonie et son époux, le marquis de Forbin-Janson.

Les bâtiments sont, à partir de cette date, investis et habités par la famille de celui-ci : outre ses parents, son frère homonyme, le comte Charles de Forbin-Janson, primat de Lorraine, habite la partie est, le grand hôtel ; tandis que le marquis et sa femme résident dans le petit hôtel, en plus duquel ils exploitent un immeuble de rapport à trois étages donnant sur la rue de Grenelle (possiblement à l'actuel emplacement de l'aile sud de l'hôtel). La propriété est amputée de plusieurs parcelles de terrain, sur lesquelles s'installent notamment les nos 112 et 114 de la rue de Grenelle et les jardins des hôtels de la rue Las-Cases.

L'hôtel change, durant cette période, plusieurs fois d'adresse : d'abord à celle du grand hôtel, au no 105[6], en tant qu'aile secondaire ; puis au no 124[7] après la réforme générale de la numérotation parisienne de 1805 ; enfin, au no 118, à la suite de la réunion des rues de Grenelle-Saint-Germain et de Grenelle-Gros-Caillou en une seule voie (1838), l'adresse n'ayant pas changé depuis.

Indépendance et histoire propre

Albert Cahen, compositeur.

En 1849, les Forbin-Janson ne pouvant conserver la propriété à la suite de déboires financiers, les grand et petit hôtels de Villars sont placés séparément en vente judiciaire.

Le petit hôtel, restructuré puisque ne pouvant plus être considéré comme une dépendance, est cependant préservé des transformations radicales que subit le grand hôtel, entre-temps devenu la mairie du VIIe arrondissement. Soucieuse de sauvegarder l'histoire du lieu, la marquise de Portes, nouvelle propriétaire, engage, entre 1849 et 1853, une restauration de l'édifice en parallèle d'un réaménagement de l'aile principale sous la direction de l'architecte Bartaumieux. Le banquier juif Meyer Cahen d'Anvers acquiert le lieu en 1858 pour 304 000 francs auprès de la marquise Adolphine d'Hautefeuille (1824 – 1896), fille du marquis et de la marquise de Portes[16]. L'hôtel, qui quitte pour la première fois la vieille aristocratie, propre au faubourg Saint-Germain, pour la haute bourgeoisie, devient un haut lieu de la vie mondaine du Tout-Paris, où se tiennent fréquemment, soirées, concerts et salons durant toute la seconde moitié du XIXe siècle. À ces occasions et dans le sillage du compositeur Albert Cahen et de sa femme Rosalie Louise Warschawsky, dite Lulia, l'hôtel, qu'ils habitent au tournant du siècle, a très probablement accueilli entre ses murs des personnes telles que l'abbé Mugnier, Fernand Widal, le comte Primoli, Paul Bourget, Jean Bourdeau, traducteur de Schopenhauer, et bien d'autres encore, jusqu'à Goncourt, Rostand et même Maupassant[17]. Celui-ci est d'ailleurs un habitué de l'hôtel puisqu'il entretient alors une relation étroite avec la sœur de Lulia, Marie Kann, une de ses muses dont est certainement inspirée l'héroïne Michèle de Burne dans son dernier roman, Notre cœur. La structure du petit hôtel de Villars reste assez préservée, à quelques révisions près, exécutées de 1880 à 1890 par l'architecte Hippolyte Destailleur, qui avait déjà réalisé pour les Cahen d'Anvers l'hôtel du 2, rue de Bassano, d'inspiration Louis XV.

Après la mort d'Albert Cahen en 1903, l'hôtel revient à sa femme Lulia, qui invite plus tard le couple Kann à venir y vivre. L'hôtel reste dans la famille Cahen d'Anvers jusqu'à la mort d'Édouard, époux de Marie Kann, en juillet 1919[18]. C'est entre cette date et le [19] que l'hôtel, quitté par Mme veuve Kann, est vraisemblablement vendu à l'ingénieur suédois Arvid Svensson Gumælius (sv) et à sa femme Agda, couple de philanthropes francophiles. À la suite d'un différend familial, ces derniers doivent cependant hypothéquer puis vendre leur bien, cédé au baron Georges Brincard en 1923 pour 2 350 000 francs[19].

La propriété est ensuite acquise dans les années qui suivent par le marquis de La Ferronnays, député conservateur de Loire-Inférieure. Le lieu est notamment loué, entre 1945 et 1952, aux Anciens de la 2e division blindée[20], recevant la visite fréquente du maréchal Leclerc de Hauteclocque[21]. À la mort du marquis, en 1946, l'hôtel revient à sa femme, la marquise de La Ferronnays, née Monjaret de Kerjégu, jusqu'à sa mort en 1958. Le couple n'ayant pas eu d'enfants, la propriété passe au marquis Hubert de Ganay (1888 – 1974), dont la mère Berthe de Béhague, alors décédée depuis 1940, est la demi-sœur de la marquise.

Vocation actuelle

Plaque sur la rue indiquant :
« lycee college prives
PAUL CLAUDEL
 ».

À partir de 1952, le lieu est occupé par les sœurs de la communauté apostolique Saint-François-Xavier où elles fondent le collège de jeunes filles Sainte-Marie des Invalides. L'enseignement qui y est prodigué attire les milieux bourgeois, notamment ceux du VIIe arrondissement, et l'hôtel voit alors passer dans ses classes des élèves telles que la femme politique Anne-Marie Idrac, la productrice Fabienne Servan-Schreiber, la journaliste Colombe Pringle, et même l'actrice Anémone, dans un système scolaire qu'elle dit d'ailleurs « [avoir] haï ». En 1961, l'hôtel est finalement vendu à l'association Sainte-Marie des Invalides (aujourd'hui Sainte-Marie de Neuilly) qui en conserve toujours la propriété. La communauté se retire en 1980, et loue alors le lieu à un nouvel établissement afin que les élèves et les professeurs puissent y rester. Ce collège-lycée prend le nom de Paul Claudel à sa fusion avec le Cours Maupré, institution scolaire voisine tenue par des religieuses dominicaines, au 71, rue de Grenelle[21]. Les bâtiments, convoités pour leur emplacement et leur cadre, attirent cependant des investisseurs privés. Ces tentatives de transactions immobilières provoquent une vive opposition[22], qui, soutenue par la municipalité, permet de prolonger le bail locatif. L'établissement fusionne lui-même en 2016 avec celui d'Hulst, situé au 21, rue de Varenne, et devient alors le collège-lycée privé catholique Paul Claudel-d'Hulst dont l'hôtel de la rue de Grenelle, appelé petit Villars, accueille les élèves de collège[1].

Architecture, structure et aménagement

Suivant le plan très classique des nombreux hôtels particuliers du faubourg Saint-Germain, l'ensemble est formé de deux entités distinctes séparées par une cour d'honneur pavée, ensemble auquel s'ajoute un jardin au nord. Ces divers espaces occupent, réunis, une parcelle quasi-rectangulaire d'environ 2 620 m2, organisée le long d'un axe nord-sud. Entre cour et jardin, la première partie, cœur de l'hôtel, est constituée d'une aile en fond de cour d'honneur encadrée de deux ailes latérales. Au-delà, le jardin, cour de terre et de gravier, s'étend sur une longue bande de terre jusqu'aux hôtels de la rue Las-Cases. Au sud, la deuxième partie de l'hôtel, une annexe de moindre ampleur, assure l'accès à la rue de Grenelle.

Malgré cette forme classique, le petit hôtel de Villars se démarque de ses voisins par son histoire particulière : passé du statut de simple aile secondaire à celui d'hôtel de plein droit, sa structure actuelle témoigne des profonds réaménagements que ses propriétaires ont dû lui donner. Sa faible taille a en effet forcé ces derniers à l'agrandir et à en organiser ingénieusement l'espace, permettant à cette ex-dépendance de compter parmi les riches demeures du centre de Paris et offrant ainsi un rare exemple de ce genre de pratique.

Aile principale

Cette aile, située au fond de la cour d'honneur, est la partie la plus ancienne de l'hôtel : construite suivant les plans de Robert de Cotte, elle est ainsi dans le prolongement direct du grand hôtel de Villars. Cette place patrimoniale privilégiée lui a ainsi permis d'être inscrite au titre des monuments historiques[2].

En raison de son histoire, cette partie de l'édifice garde par ailleurs encore certaines traces de son passé commun avec l'actuelle mairie du VIIe arrondissement comme les anciennes portes de liaison entre les deux bâtiments, aujourd'hui condamnées.

Intérieur

D'un point de vue structurel, elle est contiguë avec les bâtiments des nos 122 et 116, rue de Grenelle et s'étend sur cinq niveaux : un sous-sol, commun à tout l'édifice, un rez-de-chaussée surélevé, un premier et un deuxième étage, enfin des anciens combles, actuellement exploités et en partie habités.

Le rez-de-chaussée est constitué d'une succession de trois salles qui donnent sur le jardin, prolongeant à l'origine l'enfilade du grand hôtel. S'ajoutent en outre deux antichambres qui s'ouvrent, quant à elles, sur la cour d'honneur.

Le plan actuel de ce niveau n'est cependant pas tout à fait identique à celui conçu par Robert de Cotte : la séparation des petit et grand hôtels, confronta les propriétaires, dans ce qui n'était jusqu'ici qu'une dépendance, au problème de l'absence de salle de réception d'envergure. Ce rôle, jusqu'ici occupé par la Galerie du duc de Villars, à l'est du grand hôtel, fut attribué à l'ancien Cabinet doré, une pièce carrée de faible profondeur, donnant sur le jardin. Après l'agrandissement de Nicolas Bartaumieux lors du réaménagement de 1849 – 1853, la salle devint donc l'actuel grand Salon, expliquant la différence de profondeur des pièces de l'enfilade. Cette restructuration eut pour effet collatéral la condamnation d'une garde-robe dont il ne subsiste aujourd'hui qu'un couloir d'accès au grand Salon depuis l'aile ouest. Son l'incommodité rappelle d'ailleurs au visiteur l'écart au dessin initial, un dessin qui ne se retrouve aujourd'hui plus que dans l'agencement des six salles du premier étage, similaire à celui du rez-de-chaussée d'origine.

Le deuxième étage est en revanche conçu sur un modèle tout à fait différent : les pièces, de faible ampleur et peu hautes sous plafond, sont organisées autour d'un couloir central à destination plus pratique qu'esthétique, témoignant ainsi de leur ancienne fonction de chambres de bonne, reléguées sous les combles.

Extérieur

L'aile possède deux façades de pierre de taille semblables, de style classique, l'une donnant sur la cour d'honneur, l'autre sur le jardin. Ces façades, respectivement percées de huit et douze grandes fenêtres, sont surmontées d'un fronton reposant sur des refends de chaque côté et d'un toit d'ardoise en mansarde, percé de plusieurs fenêtres, lucarnes et cheminées.

Cette apparence extérieure plutôt sobre est cependant agrémentée de quelques décorations supplémentaires : d'une part trois compositions florales et animalières sculptées décorent la terrasse surmontant les quelques marches de l'escalier menant au jardin. D'autre part, gravées en-dessous des frontons sur les deux façades de l'aile, deux expressions latines en lettres d'or forment la devise suivante :

  • Façade sud (sur la cour d'honneur) :

MARS RESTITUTOR VENDEX[23] PACIFER
Mars, restaurateur, vengeur et pacificateur [...]

  • Façade nord (sur le jardin) :

ET PACEM ET PACIS PEPERIT VICTORIA FRUCTUS
[...] engendra, par la victoire, et la paix et les fruits de la paix.

Ces inscriptions sont liées à la victoire militaire française de Denain, bataille gagnée par le maréchal de Villars en 1712 pendant la guerre de Succession d'Espagne. Celui-ci, y voyant l'accomplissement d'une mission de vengeance des défaites de la France, d'une part, et de pacification du royaume, d'autre part, voulut ainsi matérialiser cette double gloire.

Ailes latérales

L'aile principale s'accompagne sur ses flancs est et ouest de deux ailes secondaires (construites à deux période distinctes) qui la complète en formant un U renversé vers le sud. Ces dernières comportent respectivement quatre et cinq niveaux et sont accessibles depuis la cour d'honneur par une porte sur chaque aile.

C'est dans l'aile est que se trouve l'entrée principale du bâtiment après un perron de quelques marches qui mène à un vestibule simple hormis un carrelage à cabochons. Cet espace ouvre ensuite, d'une part, sur l'aile principale et, d'autre part, sur l'Escalier d'honneur (parfois appelé grand Escalier). Liant le rez-de-chaussée au premier étage, cet escalier tournant de grande ampleur daterait, dans sa forme actuelle, du xixe siècle. En plus de cet escalier se trouve dans cette partie de l'hôtel un entresol récent entre les premier et deuxième étages. Enfin, donnant, comme pour l'autre aile latérale, uniquement sur la cour d'honneur, l'aile est est adjacente aux bâtiments de la mairie du VIIe arrondissement.

L'aile ouest, quant à elle, a été ajoutée à l'ensemble existant au xixe siècle pour accueillir des logements de domestiques et des pièces de service ; elle comporte par ailleurs cinq niveaux, dont deux entresols qui n'existaient vraisemblablement pas à l'origine.

D'une pierre plus claire et plus nette que l'aile principale, les façades de ces deux ailes sont couvertes d'un toit d'ardoise, à l'est à quatre pans, à l'ouest à deux pans coupés par le bâtiment voisin du no 122, empêchant ainsi une parfaite symétrie de l'édifice, même de l'extérieur.

Aile sud

Portion de la façade de l'aile sud donnant sur la rue de Grenelle.

Cette aile, quoique tardive, mineure dans l'édifice et surtout due à des questions pratiques de séparation avec la rue, est pourtant la plus photographiée en tant que seule partie visible au public, notamment par les vues du photographe Eugène Atget[2] (voir introduction). C'est l'aile la moins haute, coupée en deux par le porche voûté qui prolonge la grande porte d'entrée jusqu'à la cour d'honneur. De chaque côté de ce porche s'étendent deux niveaux, auxquels s'ajoutent un troisième au dessus de la voûte et un sous-sol qui communique avec celui de la partie principale par un couloir passant sous la cour d'honneur.

L'aile possède un toit de zinc à deux pans, de pente légère, et comportant plusieurs fenêtres rampantes et cheminées.

Datant de la seconde moitié du XIXe siècle, elle est dotée de façades de pierre de taille, réalisées dans un style Second Empire relativement simple, quoique décoré de quelques fantaisies, au-dessus des œuils-de-bœuf et de la grande porte au sud, au-dessus du porche au nord.

Avec les deux fontaines à tête de lion de part et d'autre de la cour d'honneur, décorées dans le même style et datant vraisemblablement de la même époque, cette aile s'inscrit dans le même projet d'autonomisation de l'hôtel que l'agrandissement du Cabinet doré en grand Salon : l'immeuble de rapport qui prenait certainement place à cet endroit fut en effet rasé pour permettre à l'édifice de se doter de l'imposante porte qui distingue les hôtels d'envergure de l'architecture urbaine classique.

Notes et références

  1. « Paul Claudel-d'Hulst - Lycée/Collège privé catholique », sur paulclaudel-hulst.fr (consulté le )
  2. « Petit Hôtel de Villars », notice no PA00088746, base Mérimée, ministère français de la Culture (voir également galerie photographique)
  3. Eugène Atget, « Hôtel de Bourbon Busset : Rue de Grenelle 118 », (consulté le )
  4. À ne pas confondre avec l'actuel hôtel de Bourbon-Busset, situé au no 16 de la rue Saint-Dominique et attenant à l'hôtel de Brienne, propriété du ministère des Armées.
  5. « Paris (France) – Hôtel de Bonnac — Notice Rameau », sur catalogue.bnf.fr (consulté le )
  6. Le Provincial à Paris ou État actuel de Paris, (lire en ligne), p. 32 : « R. de Grenelle [...] 105 Hôtel de [...] Coſſé-Briſſac, galerie de tableaux. 108 Hôtel de Bourbon Buſſet. »
  7. Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris, (lire en ligne), pp. 202-203 : « Grenelle-Saint-Germain (Rue de) [...] au no 126 l'hôtel Chabrillant ; aux nos 122 et 124 l'hôtel Brissac [...] »
  8. Parfois placé au 118 ou au 120 de manière anachronique (la rue de Grenelle ayant changé de numérotation depuis sa disparition), l'hôtel se situait approximativement à l'emplacement de l'actuel no 122.
  9. Cependant en partie inexacte sur les terres environnantes, certainement plus urbanisées à cette époque.
  10. « Le Coigneux, Jacques (1589-1651) », sur idref.fr (consulté le )
  11. Germain Brice, Description nouvelle de ce qu'il y a de plus remarquable dans la ville de Paris, J. Pohier, (lire en ligne), p. 212 : « Plus avant eſt L'Hôtel de Navailles, qui eſt tres bien bâti, c'eſt un gros Pavillon quarré aſſez élevé [...] »
  12. Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie des VIIe et XVe arrondissements de Paris, (lire en ligne), p. 58 : « Jacques II Le Coigneux [...] vendit l'hôtel le 17 avril 1665, devant Bouret, à Philippe de Montault [...] »
  13. Il ne reste de cette porte, détruite pendant les travaux de Visconti, qu'un dessein de Germain Boffrand, figurant dans son Livre d'Architecture, p. XLVI.
  14. Albert France-Lanord, Germain Boffrand, 1667-1754 : l'aventure d'un architecte indépendant, Herscher, (ISBN 978-2-7335-0120-7, lire en ligne), p. 245 : « Comme Boffrand avait réalisé la grande porte d'entrée de l'hôtel du maréchal de Villars, rue de Grenelle, il était tentant de voir en lui l'architecte du petit hôtel de Villars. [...] En fait, l'extension que le maréchal de Villars avait souhaité donner à son ancien hôtel a été confiée en 1717 à Robert de Cotte. »
  15. On observe en effet sur les plans de l'époque – plan de Turgot, planche 16 (en ligne sur Gallica) – cette seule aile sur le flanc ouest de l'édifice.
  16. Nicolas Stoskopf, Les Patrons du Second Empire. Banquiers et financiers parisiens, vol. 7, Picard, (ISBN 978-2-7084-0682-7, lire en ligne), p. 110 : « En avril 1858, Meyer Joseph acquit également pour 304 000 francs l'hôtel de Forbin-Janson, au 118, rue de Grenelle, qui appartenait à la marquise de (sic) Hautefeuille. »
  17. Philippe Dahhan, Guy de Maupassant et les femmes : Essai, VII – Marie Kann et Lulia Cahen d'Anvers, Bertout, , 251 p. (ISBN 978-2-402-06600-6, lire en ligne)
  18. « Le Monde et la Ville – Deuil », Le Figaro, , p. 3 : « On nous annonce la mort de M. Jacques-Edouard Kann [...]. On se réunira rue de Grenelle, 118. » (lire en ligne)
  19. Revue de droit international privé, (lire en ligne), p. 74 : « [À] la date du 9 mars 1922 [...], M. Gumælius affectait et hypothéquait, au profit de M. et Mme Betts-Brown, un hôtel sis à Paris, 118, rue de Grenelle. [...] Le 5 décembre 1923, [...] [l']immeuble est adjugé à M. le Baron Brincard moyennant le prix de 2.350.000 francs. »
  20. Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, (lire en ligne), p. 29 : « Le Président remercie Mme Daniélou de nous donner l’hospitalité dans le magnifique [petit] hôtel de Villars, 118, rue de Grenelle, où est actuellement installé le collège de jeunes filles Sainte-Marie des Invalides. [...] De 1945 à 1952, [le petit] hôtel de Villars a été le foyer de la IIe D.B. Il appartient à la marquise de La Ferronnays. »
  21. « Notre histoire », sur paulclaudel-hulst.fr (consulté le )
  22. Journal officiel de la République française – Débats parlementaires, Assemblée nationale, Questions écrites remises à la présidence de l'Assemblée nationale et réponses des ministres, (lire en ligne), p. 2042 (p. 82 du doc. informatisé) : « M. Edouard Frédéric Dupont signale [...] [que] le lycée-collège Paul-Claudel [...] se trouve menacé par [...] des sociétés immobilières qui convoitent le Petit Hôtel de Villars pour en chasser le lycée-collège Paul-Claudel et l'aménager en bureaux [...]. »
  23. VENDEX (sic) : vraisemblablement une déformation du latin classique vindex, icis, m. (vengeur).

Voir aussi

Articles connexes

Sources et bibliographie

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