Ordre de la Toison d'or

L’ordre de la Toison d’or, dit aussi la Toison d’or ou la Toison, est aujourd'hui l'ordre de chevalerie le plus élevé et le plus prestigieux d'Espagne. Il fut initialement fondé par le duc de Bourgogne Philippe le Bon, à Bruges (ville de l'État bourguignon) le , à l'occasion de son mariage avec Isabelle de Portugal.

Pour les articles homonymes, voir Toison d'or (homonymie).

Ordre de la Toison d'or

Avers
Ordre de la Toison d'or (Espagne)
Conditions
Décerné par Espagne et maison de Habsbourg
Type Ordre de chevalerie (origine), ordre honorifique (Espagne), ordre dynastique (maison d'Autriche).
Décerné pour « La très grande et parfaicte amour que avons au noble estat et ordre de chevalerie, dont de très ardente et singulière affection désirons l'honneur et accroissement, par quoy la vraye foy catholique, l'estat de nostre mère Saincte-Église, et la tranquillité et prospérité de la chose publicque, soient, comme estre peuvent, deffendues, garndées et mainctenues. »
Éligibilité Gentilshommes de nom et d'armes.
Détails
Statut Toujours décerné
Devise « Ante Ferit Quam Flamma Micet » (« Il frappe avant que la flamme ne brille »)
Statistiques
Création par Philippe le Bon
Première attribution
Ordre de préséance

Ruban de chevalier de l'ordre de la Toison d'or.

Son premier chapitre se tient à Lille l'année suivant sa création, en 1431, le port du collier devenant obligatoire le 3 décembre de la même année[1].

Le nom de l'ordre est inspiré du mythe grec de la Toison d'or[2], complété par l'histoire biblique de Gédéon (en référence à sa force spirituelle, comme indiqué sur la somptueuse tapisserie qui ornait les lieux de réunion des chapitres à partir de 1456). Dès lors l'ordre de la Toison d'or sera placé sous le patronage des deux personnages.

Depuis la mort de Charles II d'Espagne (1700), l'ordre est divisé en une branche espagnole et une branche autrichienne, mais cette dernière (ordre dynastique depuis la fin de l'empire austro-hongrois en 1918) n'est pas reconnue en France (voir ci-dessous, Histoire).

Histoire

Philippe le Bon qui institua l'ordre de la Toison d'or.

Cet ordre était destiné à rapprocher la noblesse des États bourguignons de Philippe le Bon et à permettre au duc d'honorer ses proches. Le premier chevalier fut Guillaume de Vienne. À la mort de Philippe en 1467, son fils Charles le Téméraire devint grand maître de l'ordre. À la mort de ce dernier en 1477 lors de la bataille de Nancy, son gendre Maximilien Ier de Habsbourg, qui avait épousé la duchesse héritière Marie de Bourgogne, lui succéda comme grand maître. En effet, l'ordre ne se transmettait que par les hommes, ou, à défaut d'héritier mâle, à l'époux de l'héritière jusqu'à majorité du fils de celle-ci. Ainsi l'ordre arriva-t-il à l'empereur Charles Quint, qui en fit le plus important de la monarchie habsbourgeoise, et fixa le nombre de chevaliers à 51 en 1517. À l'abdication de l'empereur, la Toison d'or passa à la branche espagnole jusqu'à la guerre de Succession d'Espagne. Philippe V d'Espagne, petit-fils de Louis XIV et nouveau roi d'Espagne, continua à conférer l'ordre, mais la branche des Habsbourg d'Autriche le reprit à son compte. Le droit international n'ayant jamais tranché la question, il existe depuis lors deux ordres de la Toison d'or : l'ordre autrichien et l'ordre espagnol.

En France, seul l'ordre de la Toison d'or décerné par l'Espagne est reconnu et peut être licitement porté après autorisation de la Grande chancellerie de la Légion d'honneur. En effet, la famille de Habsbourg-Lorraine n'est pas une puissance souveraine et est donc incapable de conférer la moindre décoration. Le Français qui accepterait et porterait une telle décoration invalide s'exposerait aux sanctions prévues par le code de la Légion d'honneur (articles R 160, R 161 et R 173 du Code de la Légion d'honneur et de la médaille militaire).

Les collections médiévales de l'ordre, demeurées possession des Habsbourg, sont exposées à Vienne, au Schatzkammer (trésor impérial) de la Hofburg.

Les premiers membres de l'ordre furent, chronologiquement, Philippe le Bon, Guillaume de Vienne, Régnier Pot et Jean de Roubaix.

Un manuscrit du XVe siècle, dont l'auteur est Guillaume Fillastre et l'artiste inconnu, montre les exigences de cet ordre et ouvre l'esprit aux prémices de la Renaissance artistique[3].

Insigne

Insigne de la Toison d'or porté par Louis XV (détail du portrait par Maurice-Quentin de La Tour)
Louis XVI (détail du tableau de Duplessis) portant d'insigne de la Toison d'or à travers une boutonnière.

Par les statuts, les chevaliers étaient obligés de porter en toutes circonstances et en particulier en public un collier d'or, composé d'une alternance de fusils et de pierres à feu auquel était suspendue la toison d'un bélier. Les deux premiers éléments formaient la devise du duc Philippe le Bon, ce qui dénotait le lien que créait l'appartenance à l'ordre : le chevalier qui en était membre faisait ainsi montre de sa proximité avec le prince bourguignon en portant ses emblèmes personnels. Inversement, la toison envahit totalement l'emblématique princière des souverains bourguignons, puis des Habsbourg.

Dans sa représentation, le fusil (terme d'époque pour désigner les « briquets » de l'époque, sortes de petites masses d'acier servant à produire des étincelles par friction avec des silex), avec ses flammèches, rappelait les rabots que le duc de Bourgogne Jean sans Peur avait adoptés comme devise dans son conflit contre les Armagnacs. Certains insistent sur le fait que les briquets sont représentés avec une poignée en forme de B évoquant le mot « Bourgogne ». En effet, les briquets peuvent avoir des formes différentes et le rapprochement avec la lettre B peut avoir fait pencher pour le choix comme emblème de cette forme particulière de briquet. C'est de cette devise ducale qu'on a tiré une des devises de l'ordre : Ante Ferit Quam Flamma Micet Il frappe avant que la flamme ne brille »).

Les colliers appartenaient au trésor de l'ordre et devaient être restitués à la mort du chevalier. En cas de perte sur le champ de bataille, le chef et souverain prenait à sa charge le remplacement des colliers. Les chevaliers particulièrement fortunés se faisaient également faire des décorations enrichies de pierreries à titre personnel. En raison du poids important des colliers, on prit l'habitude de porter le pendant de l'ordre au bout d'un ruban de soie rouge ou noire.

Organisation de l'ordre

Statuts et ordonnances

Origine de la Toison d'Or, illustration Histoire des ducs de Bourgogne
Assemblée de l'ordre de la Toison d'or, présidée par Charles le Téméraire, à Valenciennes en 1473.

Philippe le Bon ne fixa l'organisation de l'ordre qu'un an après sa fondation. Elle est fixée par deux textes. Les statuts tout d'abord, texte juridique prenant la forme d'une lettre patente ou d'une ordonnance, qui règlent les buts de l'ordre, sa discipline, le nombre de ses chevaliers, le mode de leur élection, les cérémonies de l'ordre et même le mode de dévolution de sa grand maîtrise. Ils comprennent 67 articles. Les ordonnances, ensuite, qui prennent la forme d'une simple instruction fixant les devoirs des officiers de l'ordre. Elles comptent 22 articles.

L'ordre de la Toison d'or est défini comme une confraternité visant à défendre la foi chrétienne et la chevalerie. Elle compte 25 chevaliers lors de la première rédaction en 1432. Très vite, ce nombre est porté à 31. Sous Charles Quint (1516), pour tenir compte de l'extension nouvelle des terres soumises au grand maître de l'ordre, ce nombre est augmenté de vingt pour atteindre 51 chevaliers, inchangé depuis. Les chevaliers sont élus par leurs confrères à mesure que les places se libèrent. Afin de procéder à ces élections et pour donner à l'ordre un lustre digne de son souverain, une réunion annuelle de tous les chevaliers est prévue : c'est le chapitre général, qui se divise en deux parties, trois jours de fête publique où la cour se donne en spectacle et une série de réunions secrètes qui permettent l'administration de l'ordre. Cette fête doit avoir lieu à date fixe, le 30 novembre, jour de la Saint André, patron de la maison de Bourgogne et de l'ordre.

Ce caractère très rigide est assoupli sous le règne de Philippe le Bon : pour des raisons climatiques, le mois de novembre peu propice aux festivités en extérieur est abandonné, la date de réunion devenant libre, en outre, l'intervalle entre les chapitres passe de un à trois ans. En compensation, une fête simplifiée et moins formelle est instaurée pour la Saint André.

Au XVIe siècle, les chapitres s'espacèrent de façon importante : il s'écoula douze ans du chapitre de Barcelone à celui de Tournai, puis quinze ans jusqu'à celui d'Utrecht et encore dix ans avant celui d'Anvers. Peu enclin au voyage, Philippe II d'Espagne rechigna à faire tenir de nouveaux chapitres, d'autant qu'à partir de 1568, les troubles aux Pays-Bas rendaient difficiles une visite du souverain. Devant trouver un moyen de remplacer les chevaliers morts, il obtint un bref pontifical lui permettant de passer outre les statuts et de nommer directement les chevaliers sans passer par une élection en chapitre général. Le chapitre de Gand en 1559 devint ainsi le dernier chapitre général et mit fin à l'organisation voulue par son fondateur.

Officiers

Afin d'assurer l'administration de l'ordre et de préparer les chapitres, quatre offices sont créés :

  • un chancelier, chargé de garder les sceaux de l'ordre, et de prononcer les discours aux chapitres
  • un trésorier, qui doit garder le trésor de l'ordre (manteaux de cérémonies, ornements de messe) et gérer les prébendes attachées à l'ordre.
  • un greffier, qui doit tenir les registres de l'ordre
  • un roi d'armes, portant pour nom d'office « Toison d'Or », chargé d'organiser les cérémonies, de faire les messageries et les ambassades pour l'ordre. Il reçoit en outre la prééminence sur les autres officiers d'armes des ducs de Bourgogne et de leurs successeurs[4].

La Sainte-Chapelle de Dijon

En 1432, Philippe le Bon fixe le siège de l'ordre dans l'église de son hôtel de Dijon, la Sainte-Chapelle de Dijon[5]. Cette église doit contenir un armorial monumental de l'ordre : les armes de chaque chevalier sont peintes sur un tableau pendu dans le chœur par ordre de préséance. Quand un chevalier mourait, son tableau était dépendu du chœur et porté dans la nef. Après l'annexion du duché par la France en 1477, le siège de l'ordre est transféré à la chapelle palatine du Coudenberg, à Bruxelles, qui est agrandie et embellie par Marie de Hongrie. Malgré cela, la Sainte-Chapelle de Dijon garde une place particulière, puisque Charles Quint comme Philippe II lui offrirent des ornements de messe, parfois tirés des tissus utilisés pour orner les stalles des chevaliers lors des chapitres de l'ordre. Les panneaux peints aux armes des premiers chevaliers restèrent jusqu'à la Révolution française dans la Sainte-Chapelle de Dijon, qui fut détruite en 1802.

L'ordre fonctionne comme une confrérie : les chevaliers se réunissent annuellement pour prier le saint patron de l'ordre : saint André, la Vierge et aussi pour une messe solennelle dédiée aux chevaliers morts depuis le dernier chapitre. Chaque chevalier est en outre informé du trépas de chacun de ses pairs et doit personnellement dire ou faire dire une série de messes pour le salut de son âme.

Chapitres de l'ordre

Il y a eu vingt-trois chapitres de l'ordre :

La succession bourguignonne

L'archiduc Maximilien recueillit la succession de Charles le Téméraire, mais ses deux petits-fils partagèrent les domaines familiaux entre branche espagnole (rouge) et autrichienne (jaune). À l'extinction de la première, l'ordre fut scindé en deux.

Les statuts avaient fixé dès 1431 qu'en cas de défaut d'héritier mâle, la grande maîtrise de l'ordre passait à l'époux de l'héritière du dernier chef et souverain. C'est ce qui se passa en 1477, lorsque Charles le Téméraire périt sous les murs de Nancy en ne laissant qu'une fille, Marie de Bourgogne. Ce fut l'époux de cette dernière, l'archiduc Maximilien, qui recueillit cette dignité. Il réunit dès 1478 un chapitre à Bruges et, en dépit de ses difficultés avec ses sujets bourguignons, il se révéla être un digne souverain de l'ordre. Pendant un siècle, les Habsbourg se comportèrent ainsi en héritiers des princes bourguignons, entretenant le lustre et le faste de l'ordre.

Philippe II changea la donne au moment de la guerre de Quatre-Vingts Ans : par le traité de Vervins, il se défait des Pays-Bas qui sont donnés en apanage à sa fille Isabelle, mais se réserve la grande maîtrise de l'ordre. Si le trésorier et les biens de l'ordre doivent demeurer dans les Flandres, les trois autres officiers se retirent auprès du roi à Madrid. Avec le renouvellement régulier du bref pontifical autorisant le roi à nommer les chevaliers sans passer par une élection capitulaire, c'est donc toute la structure administrative de l'ordre qui se regroupe à la cour d'Espagne.

La branche aînée de la maison de Habsbourg s'éteint en 1700 avec la mort du roi d'Espagne Charles II. L'Europe s'embrase alors à propos de son testament au cours de la guerre de Succession d'Espagne. Charles avait en effet désigné son petit-neveu (fils cadet de son plus proche parent) Philippe de France (duc d'Anjou) comme héritier, ce que l'empereur contestait comme membre de la branche cadette de la maison de Habsbourg. Si en définitive, l'Espagne échoit au Bourbon plutôt qu'au Habsbourg, l'héritage est partagé ; les Pays-Bas passent à l'Autriche et avec eux le trésor et les archives de l'ordre. Les princes autrichiens disposaient ainsi du berceau, du trésor de l'ordre et de la continuité dynastique pour réclamer la grande maîtrise de l'ordre, tandis que les princes français faisaient de même au nom du testament de Charles II. Chacun des deux partis entretint donc son ordre de la Toison d'or qui se trouva ainsi scindé en deux branches.

Les deux branches de l'ordre de la Toison d'or faillirent être fondues par Napoléon Ier lors de la création de l'ordre des Trois-Toisons d'Or en 1809. Toutefois, cet ordre, dont les statuts et les bijoux étaient prêts, ne fut jamais décerné sous la pression des récipiendaires de la Légion d'honneur. Il fut finalement dissous en 1813.

Dans les années 1930, des intellectuels belges envisagèrent de demander le rétablissement de l'ordre au profit des rois Albert Ier et Léopold III, après la destruction de l'Empire austro-hongrois par les traités de Saint-Germain et de Trianon et la proclamation de la Seconde République espagnole. Les deux régimes entretenant une branche de l'ordre étant tombés, ils souhaitaient relever l'ordre en arguant que la grande maîtrise de celui-ci était attachée à la souveraineté sur les Flandres[6].

Aujourd'hui, les deux branches historiques demeurent avec des caractères très différents :

  • L'ordre de la Toison d'or autrichien a conservé son côté chevaleresque. C'est une compagnie aristocratique et catholique. Il est reconnu personne morale par l'Autriche depuis 2000. Charles de Habsbourg-Lorraine, le prétendant au trône d'Autriche (petit-fils du dernier empereur), en est actuellement grand maître.
  • L'ordre de la Toison d'or espagnol s'est ouvert depuis le XIXe siècle à des non-catholiques et des roturiers, pour devenir une simple décoration de mérite. Felipe VI en est grand maître aujourd'hui.
  • Les affres de la succession espagnole (Cf. le carlisme) ont amené certains prétendants carlistes à décerner leur propre ordre. C'est notamment le cas de l'une des branches du carlisme, dite carloctaviste, formée à partir des prétentions de Charles-Pie de Habsbourg-Lorraine (prince de Toscane et archiduc d'Autriche), prétendant carliste sous le nom de Charles VIII, jusqu'à son actuel successeur, Dominique de Habsbourg-Lorraine (prétendant carliste depuis 1975), neveu du précédent, fils de Antoine-Charles de Habsbourg-Lorraine (prétendant Charles IX). Les règles d'attribution de cet ordre carloctaviste de la Toison d'or semblent répondre à des motivations variables. Il ne semble pas que les autres prétendants carlistes au trône espagnol, notamment la branche des Bourbon-Parme, aient décerné leur propre ordre de la Toison d'or.
  • De nos jours (voir ci-dessus, #Histoire), seul l'ordre espagnol, décerné par une autorité nationale, est reconnu en France ; le port d'insignes de l'ordre autrichien, au contraire, y est constitutif d'un délit de port illégal de décorations[7].

Le roi Albert II de Belgique était l'un des rares chefs d'État européens catholiques à être à la fois chevalier de l'ordre de la Toison d'or espagnol et chevalier de l'ordre de la Toison d'or autrichien.

La mythique grande Toison d'or de Louis XV

Louis XV est fait chevalier de la Toison d'or en 1749. À cette occasion, il demanda au joaillier Pierre-André Jacquemin (1720-1773) un insigne de l’ordre de la Toison d’Or en couleurs[8]. Louis XV possédait un certain nombre d’insignes de la Toison d’or, dont deux étaient particulièrement magnifiques. La Toison dite de la « parure blanche » composée de quatre grands diamants (dont le très beau second Mazarin de 25,37 carats), de 175 plus petits diamants, ainsi que de 80 rubis ; le tout évalué en 1791 à 413 000 livres). Cette toison a également été volée en 1792 et retrouvée partiellement démontée à Paris quelque temps après mais pas gardée. On ne possède aucun dessin de cette toison, tout aussi fabuleuse.

La reconstitution de 2010 réalisée par le joaillier genevois Horovitz

Quant à cette grande Toison dite « de la parure de couleur », elle présentait un feu d’artifice de grandes gemmes de couleur (jaune mais aussi bleu, blanc et rouge). Elle fut aussi portée par Louis XVI lors des États généraux de 1789.

Le fabuleux diamant bleu de la Couronne

Ce chef d’œuvre comprenait le mythique diamant bleu de la Couronne taillé en 1673, volé et retaillé au XIXe en Angleterre, aujourd'hui propriété du Smithsonian Institute de Washington depuis 1958. La version originale de ce fameux diamant (avant d'être retaillé) nous est surtout connue grâce au moule en plomb réalisé au XVIIIe siècle[9]. Plus gros diamant bleu jamais découvert à ce jour, il est l'objet d'art le plus visité dans le monde après la Joconde[10] (visible dans le National Museum of Natural History à Washington D.C.).

Vol de 1792

La Toison est volée lors du sac de l’hôtel du Garde-Meuble entre les 11 et 16 septembre 1792 alors que des gardes nationaux font pourtant le guet. La très grande majorité des autres joyaux de la Couronne y ont aussi été dérobés (le tout représentant un demi milliard d'euros de bijoux, orfèvrerie et pierreries[11]). Malgré diverses recherches, cette Toison n’a pas encore été retrouvée. Chef-d’œuvre de l’orfèvrerie rococo, elle comprenait, outre le diamant bleu de la Couronne, 112 diamants peints en jaune, des flammes serties de 84 diamants peints en rouge crachées par un dragon taillé dans une spinelle de 107,88 carats nommée Côte de Bretagne (spinelle aujourd'hui au Louvre). Rien que ses gemmes avaient été évaluées à plus de trois millions de livres durant la Révolution[12].

Reconstitution

Cette Toison d'or de Louis XV a été reconstituée en 2010. Au milieu des années 1980, Horovitz, joaillier genevois, acquiert une gouache en noir et blanc la représentant. Cette peinture a servi de base pour reconstituer le bijou qui a été présenté en 2010 par Horovitz et François Farges, professeur au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, après trois ans d’un complexe travail au sein des archives, sur ordinateur et dans divers ateliers à travers le monde. Cette reconstitution, conçue avec les meilleurs artisans, se compose de zircone et pâte de verre avec, en son centre, la réplique en zircone du fameux Diamant Bleu. Parfois exposée lors de salons de gemmologie, elle se trouve aujourd'hui à Genève où elle a été fabriquée.

Dans la fiction

Littérature

  • Regardez le prince d'Araceli ; toutes les cinq minutes, il jette les yeux sur sa toison, sur sa Toison d'Or ; il ne revient pas du plaisir de voir ce colifichet sur sa poitrine. Ce pauvre homme n'est au fond qu'un anachronisme. Il y a cent ans la Toison était un honneur insigne, mais alors elle eût passé bien au-dessus de sa tête. Aujourd'hui, parmi les gens bien nés, il faut être un Araceli pour en être enchanté. Il eût fait pendre toute une ville pour l'obtenir. (Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830).
  • Tenez, foulez aux pieds, foulez ma Toison d'or. (Victor Hugo, Hernani, 1830).
  • Le comte de la Fère (Athos) reçoit l'ordre de la Toison d'or par le roi d'Angleterre. (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne, 1847)

Notes et références

  1. [PDF] Une fête champêtre à la cour de Bourgogne.
  2. Jean Germain, évêque de Chalon-sur-Saône s'offusqua que cet ordre fasse référence à un mythe païen. « Jason est un païen qui fait preuve d'aussi peu de scrupules envers Médée que le duc de Bourgogne envers la France ». Cité dans Jacques Marseille, Journal de Bourgogne des origines à nos jours, 2002, Larousse, 336 p., p. 120.
  3. La toison d'or : Allégorie de la magnanimité, BNF.
  4. André François Joseph Jaerens, Supplement aux trophees tant sacres que profanes du Duche de Brabant, p. 379 et 382.
  5. Jules d’Arbaumont, « Essai historique sur la Sainte-Chapelle de Dijon. », Mémoires de la Commission des antiquités du département de la Côte-d'Or, t. 6, 1861-1864, p. 122-129.
  6. « Le trésor de l'ordre de la Toison d'or », Revue d'histoire diplomatique, 1969, no 50, p. 198 et s.
  7. Articles R 160, R 161 et R 173 du Code de la Légion d'honneur et de la médaille militaire
  8. B. Morel, Les Joyaux de la Couronne de France, Fonds Mercator, 1988.
  9. G. Bapst, Histoire des Joyaux de la Couronne de France, Hachette, 1889.
  10. « Hope, le plus gros et le plus cher diamant du monde se dote d'une nouvelle monture », sur France 24,
  11. Thierry Piantanida et Stéphane Bégoin, documentaire : À la poursuite du diamant bleu, 2011
  12. J.-M. Bion, F.-P. Delattre, C.-G.-F. Christin, Inventaire des diamants de la couronne, perles, pierreries, tableaux, pierres gravées, et autres monumens des arts & des sciences existants au garde-meuble […], Imprimerie nationale, 1791.

Voir aussi

Bibliographie

La bibliographie sur l'ordre de la Toison d'or est abondante. On se contentera de signaler quelques études :

  • Christiane Van Den Bergen-Pantens (dir.), L'ordre de la Toison d'or, de Philippe le Bon à Philippe le Beau (1430-1505) : idéal ou reflet d'une société ?, Bruxelles, Bibliothèque royale, 1996 (ISBN 978-2-503-50535-0) (recueil d'études sur l'ordre et son influence).
  • Françoise de Gruben, Les chapitres de la Toison d'or à l'époque bourguignonne (1430-1477), Leuven University Press, Mediaevalia Lovaniensia, 1997 (ISBN 978-9-061-86746-3) (thèse de doctorat sur les cérémonies de l'ordre).
  • Frédéric-Auguste de Reiffenberg, Histoire de l’Ordre de la Toison d'Or depuis sa fondation jusqu'à la cessation des chapitres généraux, Vienne et Bruxelles, 1831 (édition sommaire des registres originaux de l'ordre).
  • Michel Pastoureau et Jean-Charles de Castelbajac, Le grand armorial équestre de la Toison d'or, Paris, Seuil/BNF Éditions, 2017, 256 p., ill.

Articles connexes

Liens externes

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