Musée de la mine de Saint-Étienne

Puits Couriot

Le Musée de la mine de Saint-Étienne est un musée français créé en 1991 sur le territoire de la ville de Saint-Étienne, dans le département français de la Loire et la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Présentation

Nommé officiellement « Couriot musée de la mine », il est installé dans les bâtiments du dernier puits stéphanois (fermé en 1973).

Le musée propose la visite d'une galerie reconstituée et des bâtiments historiques de l'ancien site minier :

  • le grand lavabo[3],[4] ;
  • la salle de la machine d'extraction et la salle d'énergie (compresseur et convertisseurs électriques) ;
  • la lampisterie (atelier d'entretien des lampes) ;
  • la salle des compresseurs ;
  • l'atelier d'entretien des locomotives électriques ;
  • anciens accès à des ouvrages souterrains (tunnel du puits de la Loire, fendue des passerelles).

Le musée propose également la visite de trois espaces d'exposition permanente (inaugurés en ), présentant une sélection d'objets issus des collections du musée :

  • La figure du mineur (reproduction des « Mineurs » de Jean-Paul Laurens, le Mineur d'Armand Bloch, sculptures, affiches, extraits de films d'archives) ;
  • La grande histoire de Couriot (maquette tactile, théâtre animé, coupe du puits Couriot, plans-reliefs et coupes des exploitations de la S.A. des Mines de la Loire) ;
  • Six siècles d’aventure houillère (grand plan-relief du bassin de la Loire réalisé pour l'exposition universelle de 1889, mur d'image, maquettes, affiches, photographies, outils, objets du quotidien entre autres...).

Le site est également le cadre d'une programmation culturelle (spectacle vivant, projections de films, festivals).

Il bénéficie du label Musée de France.

Les bâtiments du jour

Le grand lavabo, construit en 1948. Les vêtements ont été raccrochés à l'occasion du tournage du film Le Brasier.

Le site du puits Couriot représente une superficie de 15 ha (30 ha avec les crassiers). Il constitue le vestige le mieux préservé et le plus complet témoignant de l'activité houillère du bassin stéphanois.

Les installations de jour répondaient à la nécessité de faire circuler sur le même espace hommes, charbon et matériel. Afin de gérer la circulation des flux aux abords du puits, le site a été organisé selon un système de plates-formes à l'emplacement d'anciennes carrières.

Les bâtiments de lavage et de triage installés sur la plateforme basse (le « plâtre ») ont été démolis en 1969.

Les bâtiments de la plateforme intermédiaire, aujourd'hui conservés, datent principalement de la Première Guerre mondiale (bâtiments administratif, chaufferie, ancienne lampisterie, salle de la machine et petit lavabo) et de l'après-guerre (grand lavabo et lampisterie de 1948).

Dans sa configuration la plus récente, le puits pouvait accueillir près de 2 000 mineurs et plusieurs centaines d'ouvriers au jour.

Le site a été pendant longtemps la « vitrine », siège de la société anonyme des Mines de la Loire. Il fut le puits le plus important du bassin jusqu'aux années 1930 et resta après la nationalisation de 1946 le siège administratif du secteur Ouest.

L'histoire du site

Situé à l'ouest de Saint-Étienne, le site se trouve dans le périmètre de l'ancienne commune de Montaud, puis par cission dans l'éphémère commune de Beaubrun (1842-1855) finalement intégrée à Saint-Étienne.

Attestée depuis le XVIIIe siècle, l'exploitation du charbon dans ce secteur s'explique par la présence d'un anticlinal rejetant au jour trois couches exploitables à faible profondeur (la 1re, 2e et 3e couches du faisceau « de Beaubrun »). Le relief accidenté du quartier de l'ancien lieu-dit le Clapier témoigne de l'exploitation ancienne des affleurements de ces couches de charbon. Ces anciennes carrières fournirent également le grès nécessaire à l'aménagement des travaux souterrains (dits en « gradins renversés ») jusqu'aux années 1930.

Vers 1810, l'activité semblait pour le moins restreinte, comparée à Villars, à l'Est de Saint-Étienne (Outre-Furan), à Saint-Jean-Bonnefonds et surtout la vallée du Gier qui produit alors près de la moitié de la production nationale de charbon. À cette date, le secteur de Beaubrun ne connait dans les textes qu'une exploitation par fendue et les travaux anciens (causes d'inondations parfois meurtrières) rendant alors l'exploitation du secteur assez difficile.

Avant Couriot, la concession de Beaubrun vers 1840

Vers 1840, avec l'aménagement d'un premier embranchement ferroviaire de Saint-Étienne à Montrambert, l'activité extractive s'est développée durablement dans ce secteur. La concession de Beaubrun était exploitée par trois petites compagnies :

  • au sud, la compagnie des Mines Ranchon : exploitant en bordure du quartier de Tardy (actuelle rue Vaillant Couturier) par un puits et une fendue ;
  • à l'ouest, la Compagnie Parisienne est une exploitation de taille modeste (deux nouveaux puits alors en fonçage) ;
  • au sud-ouest, près de l'emplacement actuel du puits Couriot, les Mines Grangette ; regroupant les puits Basse-villes 1 et 2, Hautes-villes 1 et 2, Culatte 1 et 2 et Clapier 1 et 2 (théâtre d'une catastrophe en 1839 qui entraina une inondation et l'abandon de l'exploitation pendant plusieurs décennies). L'emplacement actuel du puits Couriot était alors occupé par le château du Clapier.

Cette petite société rejoindra par la suite d'autres sociétés pour fonder en 1845 la compagnie des Houillères de Saint-Étienne dans le but de contrecarrer l'irrésistible ascension de la compagnie Générale des Mines de la Loire issue d'une fusion entre différentes compagnies de Rive-de-Gier.

La C.H.S.E. sera finalement absorbée en par la grande compagnie des Mines de la Loire.

1854-1892 : la Compagnie de Beaubrun

Exploitation Châtelus-Couriot

Les puits Châtelus à Saint-Étienne vers 1880.
Puits Châtelus I
Coordonnées 45° 26′ 16″ nord, 4° 22′ 38″ est
Début du fonçage 1850
Arrêt 1928 (extraction)
1969 (service)
Puits Châtelus II
Coordonnées 45° 26′ 16″ nord, 4° 22′ 37″ est
Début du fonçage 1870
Arrêt 1928 (extraction)
Remblaiement ou serrement 1928
Puits Couriot (Châtelus III)
Coordonnées 45° 26′ 16″ nord, 4° 22′ 37″ est
Début du fonçage 1907
Mise en service 1919
Profondeur 727 mètres
Arrêt 1973 (extraction)
Remblaiement ou serrement 1973
Administration
Pays France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Loire
Commune Saint-Étienne
Caractéristiques
Ressources Houille

Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Auvergne-Rhône-Alpes
Géolocalisation sur la carte : Saint-Étienne

En 1854, Napoléon III dissout le monopole. Une petite société, la compagnie des Mines de Beaubrun, exploite alors la concession grâce à une demi-douzaine de puits anciens dont le puits Châtelus (fondé en 1850 par la C.M.L.). Elle est en fait l'émanation des deux grandes compagnies voisines qui exploitent deux faisceaux de charbon de part et d'autre de la faille souterraine de Malacussy qui coupe la concession en deux.

Son capital appartient en partie à ces puissantes voisines : la S.A. des Mines de la Loire qui exploite les concessions plus au Nord et la S.A. des Mines de Montrambert et la Béraudière au Sud. Elles sont toutes deux issues de la division du monopole et possèdent une partie du capital de la compagnie de Beaubrun.

En 1857, la gare du Clapier est ouverte et le contournement ferroviaire de l'Ouest stéphanois offre de nouveaux débouchés au charbon extrait à Beaubrun. Un élément déterminant qui déterminera plus tard le choix du site comme siège d'extraction.

Vers 1860, le vieux château du Clapier est démoli ainsi que le hameau du Clapier, les installations au jour vont se développer. Le puits Châtelus est relié au vieux puits du Clapier et la 5e couche est exploitée ; mais le fonçage d'un nouveau puits s'impose. Un nouveau puits, Châtelus 2, commence à être foncé en 1870.

En 1887, une terrible explosion de poussière dans le quartier d'exploitation situé entre Châtelus 1 et Culatte coûte la vie à 79 mineurs. L'événement fait les gros titres des journaux, l'émotion est grande, les dégâts importants : le puits est fermé.

La petite compagnie sera alors finalement absorbée par la S.A. des Mines de la Loire, sous l'influence d'Henry Couriot, le [2]. Ce dernier voit sans doute dans son positionnement stratégique et ses réserves des possibilités de développement sur le long terme.

Le nouveau siège de la S.A. des Mines de la Loire

Après la dissolution de la C.M.L. par Napoléon III en 1854, la S.A. des Mines de la Loire hérite du nom, de la dette et des concessions du Nord-Ouest.

1892-1893 : elle absorbe la compagnie de Beaubrun et relance des travaux (remise en marche de Châtelus et modernisation des installations de triage).

La société entreprend à partir de 1907 la conception d'un puits de nouvelle génération Châtelus 3, qui deviendra par la suite le puits Couriot, destiné à l'exploitation d'une couche de charbon à coke conséquente la « 8e Grüner » qu'on espère alors atteindre à la profondeur record de km.

Les Mines de la Loire s'associent en 1911 avec d'autres partenaires afin de lancer un programme de logement La Ruche immobilière afin de loger la main-d'œuvre qui sera employée dans son nouveau puits.

Le fonçage du puits est terminé à 727,25 m en 1914 et le chevalement est ripé au-dessus du puits, mais l'entrée en guerre stoppe les travaux.

En 1917, le puits Châtelus 3 est définitivement baptisé du nom du président de la Société Anonyme des Mines de la Loire, Henry Couriot[5]

1919 : début du fonctionnement du puits Couriot. La « recette » inférieure se trouve à - 116 m sous le niveau de la mer (soit 643 m de profondeur).

Parallèlement, les Mines de Loire achètent les terrains alentour pour prévenir l'étalement urbain de Saint-Étienne, soit km2 de terrains qui marqueront dès lors une limite au développement du secteur ouest de la ville.

1928 : installation d'un nouveau chevalement en béton pour Châtelus 1 qui devient un « puits de service », le puits Châtelus 2 est abandonné et remblayé.

 : visite et discours du maréchal Pétain.

1946-1973 : de la nationalisation à la fermeture

  • 1945-1947 : Le projet visant à faire de Châtelus 1 un puits d'extraction équipé de « skips » est envisagé mais restera sans suite.
  •  : grève, la garde mobile occupe le site. La même année, l'installation d'une nouvelle ligne de skips cette fois-ci au jour va permettre l'élévation du second crassier.
  • 1969 : foudroyage du chevalement en béton du puits Châtelus I.
  • 1971 : début du démantèlement de Couriot.
  •  : fermeture du puits Couriot, les câbles sont coupés. La dernière équipe descendue pour éteindre les pompes remontera par le puits Rochefort. À cette date, Couriot est le dernier puits sur la commune de Saint-Étienne à cesser son activité.
  • 1991 : ouverture du musée de la mine.
  • L'ensemble du site a été classé monument historique en [2]
  • 2013 : livraison de la première phase de réaménagement de l'ancien « plâtre » en un parc urbain baptisé du nom de Joseph Sanguedolce. Les aménagements ont été réalisés par Gautier + Conquet, les architectes du patrimoine Archipat et le paysagiste Michel Corajoud.
  •  : inauguration de trois nouveaux espaces d'exposition présentant une partie des collections du musée.

Fréquentation

Chiffres de fréquentation du musée 2005-2018[6].
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
50 999 61 749 52 394 57 952 58 651 57 919 59 929 55 725 55 991 59 116 66 532 73 150 76 020 53 652

Films tournés au puits Couriot

Entre la fermeture de la mine en 1973 et l'ouverture du musée en 1994 les bâtiments du puits Couriot ont été utilisés lors de tournages de films :

Notes et références

  1. « Chiffres clé du Tourisme dans la Loire », sur Loire Tourisme (consulté le )
  2. « Site minier dit " Puits Couriot " », notice no PA42000039, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. L'expression "salle des pendus" est une appellation tardive contemporaine de l'ouverture de la salle au public. Les mineurs de la Loire employaient habituellement le terme « lavabo » pour désigner les bains-douches. http://lepasdecalaislesmineurs.blog50.com/archive/2007/03/08/le-lavabo.html http://mineurdefond.fr/articles.php?lng=fr&pg=78
  4. "(...) François Faraut souligne, ailleurs, le processus de construction collectives locales, quasi mythique : on assisterait donc plus à une re-création et à l'invention d'une tradition, qu'au recueil de mémoire vives. La même remarque peut s'appliquer au musée de la mine de Saint-Étienne, à propos de la restauration de la salle qualifiée emphatiquement de "cathédrale industrielle", la "salle des pendus", dans laquelle les mineurs se changeaient avant de descendre au fond. Plusieurs anciens mineurs réfutent le terme employé en précisant que les mineurs stéphanois appelaient cette salle "le vestiaire" ou "le lavabo", mais que jamais aucun d'eux - à la différence des mineurs du Nord - n'employait le terme de "salle des pendus" : il y a donc contradiction entre le lieu de mémoire patrimonialisé et les mémoires des lieux exprimées par d'anciens mineurs ayant travaillé dans le puits restauré, qui est devenu musée de la mine à Saint-Étienne". J.-C. DAUMAS, La mémoire de l'industrie : de l'usine au patrimoine, Presse Univ. de Franche-Comté, 2006, p. 85. Lire en ligne
  5. http://sippaf.ish-lyon.cnrs.fr/Database/Acteurs_fr.php?ID=AC000007724
  6. « Fréquentation des Musées de France », sur data.culture.gouv.fr (consulté le )
  7. Pour la localisation des lieux de tournage et des points de vue, voir : https://umap.openstreetmap.fr/en/map/sainte-urbex-cine-map_42710#12/45.4371/4.3945

Voir aussi

Bibliographie

  • Couriot, l'album, coll. Patrimoine du bassin de la Loire n°1, Musée de la mine de Saint-Étienne (édition Ville de Saint-Étienne), 2002.
  • 100 sites en enjeux, L'héritage industriel de Saint-Étienne et de son territoire, coll. Patrimoines du bassin de la Loire n°2, Musée de la mine de Saint-Étienne (édition Ville de Saint-Étienne), 2006.
  • M. Bedoin, Le patrimoine minier stéphanois, Guide de promenade, Roche-La-Molière, 1985.
  • Jérôme Sagnard, Joseph Berthet, Mémoires de mineurs dans le bassin stéphanois, Éditions Alan Sutton, 2004, 128 p.
  • Jérôme Sagnard, Joseph Berthet, Patrick Etievant, Les puits des houillères du bassin de la Loire, Éditions Alan Sutton, Mémoires de mineurs, 2008, 128 p.
  • Anne Michaud, « Il était une fois les crassiers : prologue à un nouveau regard », Bulletin du vieux Saint-Étienne, no 179,

Articles connexes

Les quelques chevalements conservés sur le bassin :

D'autres puits :

Liens externes

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