Maurice d'Andigné

Maurice d'Andigné, né[1] à Angers le et mort[2] à Paris XVIIe (8 avenue de la Grande-Armée) le , qui portait le titre de courtoisie de comte d'Andigné de Mayneuf, est un homme politique et un journaliste légitimiste français.

Biographie

Famille

Membre d'une famille de la noblesse française (la famille d'Andigné fait partie de la noblesse d'extraction chevaleresque), Maurice Louis Marie Joseph d'Andigné est le fils d'Édouard Joseph d'Andigné[3],[4],[5] () et de son épouse et lointaine cousine[N 1] Marie Charlotte Geneviève Louise d'Andigné de Mayneuf[6],[7] (), fille de Louis-Gabriel-Auguste d'Andigné de Mayneuf. Il a un frère cadet, Louis[N 2] (1847-1929) et une sœur aînée[N 3] morte jeune (à 25 ans).

Maurice d'Andigné épouse[8] le à Paris VIIIe Magdelaine Amélie Lydie Foulc[9],[N 4] (1827-1918). Devenu veuf[10], il se remarie le à Paris XVIIe avec Blanche Marie Joséphine Debiesse (1867-1946). Marié tardivement (avec une veuve de 88 ans  quand il en avait 72 , puis avec une vieille fille de 53 ans), il n'eut pas d'enfants. Son frère Louis meurt lui aussi sans postérité, en 1929. Avec eux s'éteint dans les mâles le rameau familial qu'avait fondé leur grand-père, Ange d'Andigné (1780-1874). La branche de Beauregard de la famille d'Andigné se perpétue toutefois dans son rameau aîné, descendant d'Aimé d'Andigné (1778-1867), le frère aîné d'Ange d'Andigné. La branche aînée de la famille (dite branche de La Blanchaie) descend quant à elle du sénateur Léon d'Andigné, pair de France, dont les ancêtres communs avec la branche de Beauregard étaient Jean d'Andigné, seigneur du Bois de la Cour, et sa femme Béatrix de Vangeau, mariés en 1460.

Vie politique

L'immeuble (construit en 1878) de la Société de géographie, où eut lieu en 1884 le premier congrès légitimiste depuis la mort du comte de Chambord.

Après avoir racheté le Journal de Paris aux orléanistes et en avoir fait un hebdomadaire légitimiste, Maurice d'Andigné fonde le un nouveau parti[11] (le Comité légitimiste de propagande) pour soutenir la nouvelle branche aînée des Bourbons contre les partisans de Philippe d'Orléans, comte de Paris ; ce dernier prétendait recueillir l'héritage dynastique d'Henri d'Artois, comte de Chambord (mort le de la même année, et qui était le dernier descendant direct de Louis XV), dont d'Andigné avait été un des secrétaires et un conseiller intime[12]. Ayant démenti[13] catégoriquement un article[14] mensonger du journal orléaniste Le Gaulois, qui avait écrit que Maurice d'Andigné s'était rallié aux Orléans, l'ancien secrétaire du comte de Chambord avait reçu alors beaucoup de félicitations et d'encouragements « à prendre la tête d'un mouvement contre les princes d'Orléans »[12]. Deux mois plus tard, d'Andigné crée avec d'autres anciens conseillers ou secrétaires intimes[12] du comte de Chambord (Henri de Cathelineau, Joseph du Bourg, Auguste de Bruneteau de Sainte-Suzanne[N 5], Alexis de La Viefville[N 6], Raoul de Scorraille[N 7]) le Comité légitimiste de propagande (dont il assume la présidence), qui tient son premier congrès le à Paris (à la Salle de géographie, au no 184 du boulevard Saint-Germain, dans le 6e arrondissement). À cette occasion, d'Andigné est interviewé chez lui (rue Chomel) le par le journaliste Fernand Xau, qui le décrit comme un homme « grand, mince, à la barbe blonde taillée en pointe, toujours aimable, toujours correct, inaccessible à la fatigue et à la mauvaise humeur »[15]. D'Andigné déclare que l'héritier du comte de Chambord est actuellement Jean de Bourbon (« don Juan », comte de Montizón, le nouveau chef de la maison de Bourbon) et souligne qu'être légitimiste, c'est « accepter la loi salique sans discussion. [...] Or. que dit la loi salique ? Que l'héritier du trône de France est le premier né. M. le comte de Paris est-il le premier né ? Certes non ! »

Le lendemain du congrès, Pierre Giffard écrit dans Le Figaro : « qui m'eût dit l'an dernier, vers cette même date du 27 juillet, que le conseiller intime du comte de Chambord, toujours en rêveries sous les grands arbres de Frohsdorf, m'apparaîtrait un an plus tard sur le fauteuil d'un président de réunion politique, un discours d'une main et un verre d'eau sucrée de l'autre, partant en guerre contre la branche cadette ! Eh bien, celui-là qui me l'eût dit ne m'eût pas étonné, certes non. Il y avait là-bas tant de symptômes, déjà, de cette intransigeance à son aurore ! »[16]

Le 24 , d'Andigné part pour Goritz, ayant reçu la nouvelle que la comtesse de Chambord était gravement malade. Elle meurt le lendemain, , d'une fluxion de poitrine. Resté à Paris, Édouard d'Andigné (le père de Maurice), qui était un fidèle serviteur[3] de la veuve d'Henri d'Artois, meurt le même jour et de la même maladie, à la clinique Saint-Jean-de-Dieu de la rue Oudinot (où il s'était fait transporter).

En 1924, à l'âge de 79 ans, Maurice d'Andigné se présente[17] encore aux élections législatives du 11 mai à Paris (dans la 3e circonscription de la Seine), sur une liste de l'Énergie nationale  aux côtés de Félix de Rosnay[N 8] (qui fondera en 1938 l'éphémère Institut légitimiste) et de l'amiral Bienaimé , face[18] à la liste orléaniste (Action française) de Léon Daudet (député sortant, battu) et Maurice Pujo.

Entretemps, c'est un autre d'Andigné, de la branche aînée (dite de La Blanchaie) celui-là, Jean d'Andigné[N 9] (cousin au 22e degré de Maurice et cousin germain du futur député Fortuné d'Andigné), qui était devenu après la Première Guerre mondiale le chef du service d'honneur[19] du prétendant légitimiste, Jacques de Bourbon, duc d'Anjou et de Madrid.

Notes

  1. Cousins au 17e degré : leurs ancêtres communs étaient Guillaume d'Andigné, seigneur de La Pouqueraie, qui vivait au début du XVIe siècle, et sa femme Antoinette de Cancoët. Guillaume eut notamment deux fils, Lancelot (qui épousa l'héritière de la seigneurie de La Châsse), octaïeul d'Édouard d'Andigné, et René (qui épousa l'héritière de la seigneurie de Mayneuf), septaïeul de Marie d'Andigné de Mayneuf. Les généalogistes ne sont pas d'accord entre eux quant à lequel des deux frères Lancelot et René, était le plus jeune. Pour Gustave Chaix d'Est-Ange, Lancelot était l'aîné des deux (c'est aussi l'avis de Marie-Antoinette d'Andigné, auteure d'une généalogie de sa famille), tandis que pour Louis Pierre d'Hozier et pour Nicolas Viton de Saint-Allais, Lancelot serait le puîné. Quoi qu'il en soit, la branche de René s'éteignit avec Rosalie d'Andigné de Mayneuf, tante maternelle de Maurice d'Andigné et veuve de Fortuné Conen de Saint-Luc, morte à Landudec le 27 février 1899. Il ne subsista de cette branche que sa belle-sœur (veuve de son frère Emmanuel, mort en 1871), appelée la comtesse d'Andigné de Mayneuf (née Camille de Montagu), qui mourut à Paris VIe le 19 mars 1907 ; elle était religieuse de la Visitation (au monastère de la rue de Vaugirard) depuis 1874, sous le nom de sœur Françoise de Chantal.
  2. Jean Louis Marie Joseph d'Andigné, né à Angers (1er arrondissement) le 8 février 1847 et mort au Pin-en-Mauges le 24 janvier 1929. Il épouse en 1896 Cecilia Catherine Coleman, née à Brooklyn (États-Unis) le 17 octobre 1855 et morte à Paris VIIIe le 12 janvier 1924, sans postérité.
  3. Pauline Louise Marie d'Andigné, née à Angers (2e arrondissement) le 22 août 1843 et morte à Charenton-le-Pont le 23 novembre 1868, novice au couvent du Sacré-Cœur de Conflans.
  4. Lydie Foulc (déjà deux fois veuve) dont la mère, Héloïse Gide (1800-1895), était une cousine issue de germains du père de l'écrivain André Gide, et fut l'épouse en secondes noces d'Adrien Victor Feuchères, dont la première femme, Sophie Dawes, fut la célèbre baronne de Feuchères (maîtresse du duc de Bourbon, Louis-Henry-Joseph de Bourbon, prince du sang) qui défraya la chronique en 1830.
  5. Auguste François Bruneteau de Sainte Suzanne, né à Châlons-en-Champagne le 4 juin 1828 et mort à Champigneul-Champagne le 30 décembre 1912.
  6. Alexis Eugène Désiré Alphonse de La Viefville, né à Récourt le 6 septembre 1823 et mort à Paris 16e le 24 novembre 1891.
  7. François Marie Marc Raoul de Scorraille, né à Villeneuve-sur-Lot le 10 juillet 1859 et mort à Montredon-des-Corbières le 13 octobre 1940.
  8. Cousin issu de germains du père du peintre Gaëtan de Rosnay, Félix Fromet de Rosnay (1868-1939) fut notamment le rédacteur en chef (jusqu'en 1895) du quotidien La Croix de Port-Louis (île Maurice), ainsi que l'auteur d'une étude sur Le Chrisme, les Lys et le symbolisme à Paray (1900).
  9. Marie Fortuné Ernest Alexandre Jean d'Andigné est né à Paris 7e le 10 janvier 1864 et mort à Neuilly-sur-Seine le 9 août 1938. Il se titrait comte — comme son père Amédée (1824-1889) — et fut conseiller général de Maine-et-Loire, maire de Durtal et président du Mémorial de France à Saint-Denys.

Références

  1. Acte de naissance no 290 en date du 23 septembre 1844, Archives départementales de Maine-et-Loire, commune d'Angers (2e arrondissement), vue no 82 : lire en ligne.
  2. Acte de décès no 1364 en date du 21 mai 1926, Archives numérisées de Paris, registre 17D233, vue no 4 : lire en ligne.
  3. « Le monde et la ville », Le Gaulois, no 1308, , p. 1 (lire en ligne).
  4. Acte de naissance en date du 17 septembre 1812, Archives départementales de Maine-et-Loire, commune d'Angers (1er arrondissement), vue no 61 : lire en ligne.
  5. Décédé à Paris VIIe ; acte de décès no 661 en date du 28 mars 1886, Archives numérisées de Paris, registre V4E6042, vue no 24 : lire en ligne.
  6. « Nécrologie : Mme la vicomtesse d'Andigné », L'Univers, no 6309, , p. 4 (lire en ligne).
  7. Acte de naissance en date du 7 avril 1820, Archives départementales de Maine-et-Loire, commune de Chambellay, vue no 102 : lire en ligne.
  8. Acte de mariage no 468, Archives numérisées de Paris, registre 8M228, vue no 16 ; témoins : Louis d'Andigné (dit vicomte), 69 ans, frère de l'époux, et René d'Andigné (dit marquis), 49 ans, cousin. Lire en ligne.
  9. Décédée à Paris VIIIe ; acte de décès no 2774 en date du 3 novembre 1918, Archives numérisées de Paris, registre 8D166, vue no 29 : lire en ligne.
  10. « Les obsèques de la comtesse Maurice d'Andigné, née Foulc », Le Figaro, no 311, , p. 2 (lire en ligne).
  11. Charles Bigot, « Un peu de clarté commence à se faire sur l'état exact du parti royaliste », Le XIXe siècle, no 4581, , p. 1 (lire en ligne).
  12. Auguste Vacquerie, « Blancs d'Espagne et blancs d'Eu », Le Rappel, no 5247, , p. 1 (lire en ligne).
  13. Henry de Pène, « Ils sont deux », Le Gaulois, no 466, , p. 1 (lire en ligne).
  14. Mermeix, « Derniers échos de Goritz : La petite chapelle. — L'incident de préséance », Le Gaulois, no 418, , p. 2 (lire en ligne).
  15. Fernand Xau, « Les Déclarations de M. d'Andigné », Gil Blas, no 1714, , p. 1-2 (lire en ligne).
  16. Pierre Giffard, « La réunion des Blancs d'Espagne », Le Figaro, , p. 1 (lire en ligne).
  17. « Le total des listes parisiennes », Le Temps, no 22910, , p. 2 (lire en ligne).
  18. « Résultats des élections législatives du 11 mai 1924 », L'Homme libre, no 2850, , p. 1 (lire en ligne).
  19. Hervé Pinoteau, État de l’ordre du Saint-Esprit en 1830 et la survivance des ordres du roi, Paris, Nouvelles Éditions Latines, coll. « Autour des dynasties françaises » (no II), , 165 p. (ISBN 2-7233-0213-X, lire en ligne), p. 138.
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