Jean-François Champagne
Jean-François Champagne, né à Semur-en-Auxois le et mort à Paris le , est un universitaire français, enseignant puis administrateur du lycée Louis-le-Grand, helléniste, traducteur et membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
Biographie
Formation à Louis-le-Grand
Ayant commencé ses études à Semur-en-Auxois, il vint les finir au collège Louis-Le-Grand, qui était organisé à l'époque en de multiples collèges de boursiers, la plupart sous l'égide d'institutions à caractère religieux, tel le collège Dainville patronné par le chapitre de l'évêché de Noyon.
Le collège Louis-le-Grand fut, dans les années 1760-1780, le creuset de formation de nombreux acteurs de la Révolution. Maximilien Robespierre et son frère Augustin, Camille Desmoulins, Pierre Henri Hélène Tondu[1],[2] (connu plus tard comme ministre des Affaires étrangères, d' à , sous le nom de Lebrun), La Fayette (qui n'y restera que jusqu'à l'adolescence) tous nés, comme Jean-François Champagne, entre 1750 et 1760, y ont fait l'essentiel de leurs études. Dans ce cadre se mêlent des fils de grande (La Fayette) ou petite (Dumouriez) noblesse et des bourgeois de statuts d'aisance très variés grâce au système de bourses.
Boursier de 1767 à 1778, il y enchaîne une carrière d'enseignant, avant d’être ensuite nommé professeur de 6e, et sans doute successivement, de différentes classes. Il devient, par la suite, abbé, puis diacre, évolution naturelle dans le contexte de l'établissement.
Directeur de Louis-Le-Grand
Il enseignait depuis une dizaine d'années lorsqu'éclate la Révolution.
Alors que ses collègues, la plupart prêtres, abandonnent leur chaire au fil des mois, lui reste à son poste, parvenant à le maintenir ouvert pendant toute la période. Lorsque les biens de l'établissement sont saisis et vendus, il ne reçoit aucune allocation de l'État. Il doit user d'expédients divers, y compris pour nourrir les élèves. En 1793, une partie du site est utilisée comme prison.
Membre actif du comité révolutionnaire, section du Panthéon-Français, il est constamment confirmé dans ses fonctions et devient ainsi successivement, au fil des avatars de l'établissement, directeur du Collège Égalité (), de l'Institut des Boursiers Égalité (1796), du Prytanée Français (1798), du Collège de Paris (1800), puis proviseur du Lycée de Paris (1803) et du Lycée Impérial (1804)[3].
En , il recueille la famille de son ancien condisciple de quelques années son cadet, puis ami comme collègue enseignant au sein du Collège à la fin des années 1770, Lebrun-Tondu, puis ministre des Affaires étrangères du tout premier cabinet ministériel de la 1re République Française mis en place après la journée du , exécuté le . Il dénonce son appartenance aux ordres religieux mineurs, épouse sa veuve et assure l'éducation de ses enfants. En parallèle, Jean-François Champagne entre à l'Institut de France, classe des Sciences morales et politiques, en 1795, et courtise la politique en étant élu au Conseil des Cinq-Cents, où il semble toutefois ne pas avoir siégé.
Napoléon Bonaparte ayant créé les lycées par la loi du 11 floréal de l'an X (), Louis-le-Grand devient le Lycée de Paris et de nombreux anciens élèves deviennent les cadres des lycées impériaux créés par la nouvelle administration. Jean-François Champagne règne avec fermeté pendant plus de dix ans sur l'établissement. À partir de 1801, les cachots où les élèves étaient mis au pain et à l'eau se trouvent en permanence occupés et, en 1803, le proviseur Champagne demande la création de nouveaux cachots, estimant qu'il en fallait un pour cent élèves.
Lors de la réforme de l'Institut de France par Bonaparte, Premier Consul, qui cherche à réduire l'influence de divers opposants, au début de 1803, il se voit confirmé dans sa position par l'arrêté de nominations du 8 Pluviôse an XI ()[4], figurant désormais dans la IIIe Classe de l'institution (Classe d'Histoire et de Littératures Anciennes)
Admis à la retraite en 1810, il meurt à Paris trois ans plus tard, le . Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (4e division)[5].
Armoiries
Figure | Blasonnement |
Armes du Chevalier Jean-François Champagne et de l'Empire
D'or, à la plume et à la palme au naturel, croisées en sautoir, chargées d'un rouleau formé de manuscrits antiques de sable, surmontées d'un œil au naturel. Bordure de gueules du tiers de l'écu au signe des chevaliers légionnaires, posé en chef au deuxième point[6]. |
Distinctions
- Membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1797)
- Membre de la Légion d'honneur
Principales publications
- La Politique d'Aristote, ou la science des gouvernemens : ouvrage traduict du grec, avec des notes historiques et critiques, par le citoyen Champagne, 2 volumes, 1797
- Vues sur l'organisation de l'instruction publique dans les écoles destinées à l'enseignement de la jeunesse, par le citoyen Champagne, 1799-1800
- Sur l'Éducation. Notions générales qui peuvent et doivent être adaptées à tous les degrés d'instruction, 1802
- La Mer libre, la Mer fermée, ou Exposition et analyse du traité de Grotius intitulé la Mer libre et de la réplique de Selden intitulée la Mer fermée, 1803
Notes et références
- Daniel Droixhe, Une histoire des Lumières au pays de Liège : Livre, idées, société, Liège, Éditions de l'Université de Liège, , 410 p. (ISBN 978-2-87456-036-1 et 2-87456-036-7, présentation en ligne, lire en ligne), p. 297
- Œuvres complètes de l'abbé Proyart, Proyart, Méquignon fils aîné, no 11, 1819.
- R.R. Palmer, The School of the French Revolution : a documentary history of the College of Louis-le-Grand and its director Jean-François Champagne, 1762-1814, Princeton, Princeton University Press, (lire en ligne).
- « Arrêté du 8 Pluviôse an XI », Mercure de France, vol. XI, an XII.
- J. B. Richard, Le véritable conducteur aux Cimetières du Père La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard-56ème division; l'auteur est un ancien de Louis-le-Grand du temps de la direction de Jean-François Champagne et il en a visiblement gardé un bon souvenir "Là dort, depuis le 14 septembre 1813, M. Champagne, ancien proviseur du Lycée ci-devant impérial, homme de mœurs douces et simples dont nous avons salué la tombe avec un respect religieux, attendu que nous avons fait partie des nombreux élèves qui honorent aujourd’hui sa mémoire", Paris, Terry, (lire en ligne), p. 195
- d'après l'Armorial du Premier Empire, Titres, Majorats et Armoiries Concédés par Napoléon Ier. Vicomte Révérend, Comte Villeroy
Sources
- Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, p. 392-395
- Site web du Lycée Louis-le-Grand