Jean-Baptiste Milhaud

Jean-Baptiste Milhaud, fils de Louis Amilhaud et de Marguerite Daudé, né à Arpajon-sur-Cère le et mort à Aurillac (Cantal), le , est un homme politique français, général d’Empire, et comte d'Empire. Ses nombreux coups d'éclat en font un des meilleurs généraux de cavalerie du Premier Empire.

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Jean Baptiste Milhaud

Naissance
Arpajon-sur-Cère (Cantal)
Décès  66 ans)
Aurillac (Cantal)
Origine France
Arme cavalerie
Grade général de division :
Années de service 17881831
Distinctions comte de l'Empire
grand officier de la Légion d'honneur
Hommages nom gravé sous l'Arc de triomphe de l'Étoile : 35e colonne.

Sous la Révolution française

Élève du génie maritime en 1788, et sous-lieutenant dans un régiment colonial en 1790, ses principes politiques le font nommer en 1791 commandant de la garde nationale d'Aurillac, et en 1792, il est élu député de la Convention par le département du Cantal. À cette dernière époque, il servait en qualité de capitaine, nommé au mois de juillet dans les chasseurs à cheval.

Il siège aux côtés des Montagnards, et il fréquente de façon assidue le club des Jacobins. En , lors du Procès de Louis XVI, il vote la mort du roi, défend Jean-Paul Marat attaqué par les Girondins, et soutient le projet de « République universelle » élaboré par Jean-Baptiste Cloots. Appelé à se prononcer sur la peine à infliger à Louis XVI : « Je n'ose croire, dit-il, que de la vie ou de la mort d'un homme dépende le salut d'un État. Les considérations politiques disparaissent devant un peuple qui veut la liberté ou la mort. Je le dis à regret, Louis ne peut expier ses forfaits que sur l'échafaud ; sans doute, les législateurs philanthropes ne souillent point le Code d'une nation par l'établissement de la peine de mort ; mais pour un tyran, si elle n'existait pas, il faudrait l'inventer. Je déclare que quiconque ne pense pas comme Caton n'est pas digne d'être républicain. Je condamne Louis à la peine de mort, et je demande qu'il la subisse dans les vingt-quatre heures. »[1]

Jean-Baptiste Milhaud en uniforme de représentant du Peuple aux Armées (Musée de la Révolution française).

Envoyé au mois de , comme représentant en mission à l'Armée des Ardennes, puis le à l’armée du Rhin, il écarte des états-majors les nobles.

De retour à Paris au mois de frimaire an II, et accueilli avec faveur par les Jacobins, il déclare : « Il faut, dit-il un jour, que la France lance sur des vaisseaux la tourbe des ennemis de l'humanité, et que la foudre nationale les engloutisse dans le gouffre des mers. »[2]

Il adopte un nouveau prénom, celui de Cumin, qu'il trouve dans le calendrier républicain.

Envoyé le 9 nivôse à l'armée des Pyrénées orientales, il y remet de l'ordre avec l'aide de Dugommier et de son collègue conventionnel Pierre-Aimable de Soubrany.

Selon certains historiens, Milhaud serait responsable de l'arrestation d'Aoust[3]. Pour d'autres, Doppet, général à l'armée des Pyrénées orientales, aurait dénoncé d'Aoust au Comité de salut public qui le décréta d'arrestation le [4],[5].

Il épouse le 21 messidor de l'an II à Perpignan Marianne Lignières dont il aura deux enfants, Thérèse Rosalie Françoise née en 1796 et Édouard André Scipion né en 1799.

Rappelé au commencement de l'an III et nommé membre du Comité militaire de la Convention, il est chargé, comme rapporteur, de soutenir d'importantes propositions, et le talent avec lequel il s'acquitta de cette tâche permet de croire qu'il aurait été apte à devenir un habile administrateur.

Après la mort de Maximilien de Robespierre le , il rentre à Paris. Quand Jean-Baptiste Carrier est attaqué à la Convention, Jean-Baptiste Milhaud, dont il est cousin, prend sa défense et est le seul député à voter contre sa mise en accusation.

Sous le Directoire

La réaction thermidorienne ayant pris un caractère de persécution et de vengeance, son arrestation, proposée par Girardin (de la section des Gravilliers), eût été prononcée s'il n'eût été défendu par ses collègues du Comité militaire. Milhaud, que la Constitution de l'an III exclut de la représentation nationale, à cause de son âge (il n'avait pas 30 ans), et qui, d'après des documents certains, avait été nommé chef d'escadron au 20e chasseurs le , reprend du service le 5 nivôse an IV () comme chef de brigade du 5e dragons, employé à l'armée d'Italie.

Il se signale la première fois le 21 fructidor () : passant à la nage la Brenta, il coupe la retraite à un corps autrichien de 8 000 hommes, lui fait mettre bas les armes, prend 8 pièces de canon, 15 caissons, un étendard et 6 drapeaux. Le lendemain, à la bataille de Bassano, il charge l'arrière-garde ennemie avec 200 dragons, culbute un bataillon du régiment de Wurmser, enfonce un bataillon hongrois, puis, s'étant emparé du grand parc d'artillerie autrichienne composé de 40 pièces de canon et de 200 caissons, il fait servir par ses dragons 4 de ces pièces contre une division ennemie qui s'avançait pour lui enlever sa conquête. Au combat de Saint-Michel, dans les gorges du Tyrol, il reçoit une blessure à la tête.

L'année suivante, tandis qu'il combat ainsi sur les champs de bataille, Harmand, député de la Meuse au conseil des Anciens, revient sur les accusations qui avaient été portées contre lui après le 9 thermidor, et demande un examen sévère de sa mission dans les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin ; malgré les efforts des thermidoriens, cette proposition est écartée de nouveau par un simple ordre du jour.

Il prend une part active aux événements des 18 et 19 brumaire an VIII, non comme commandant les troupes envoyées au Luxembourg pour y tenir prisonniers les membres du Directoire, mais, le 18, comme chef d'état-major de Lannes au palais des Tuileries, et, le 19, comme remplissant auprès de Murat les mêmes fonctions à Saint-Cloud.

Sous le Consulat et le Premier Empire

Nommé général de brigade le 15 nivôse suivant (5 janvier 1800) et employé à l'armée d'Angleterre, il a, le 11 ventôse, le commandement de la 8e division militaire (Vaucluse), est envoyé à l'armée du Midi le 5 floréal an IX (), et dans la République italienne le 1er vendémiaire an XI (). Le 18 messidor de la même année (), le premier Consul lui donne le commandement militaire de la République ligurienne, et le fait membre et commandeur de la Légion d'honneur les 19 frimaire () et 23 prairial an XII ().

En l'an XIII, le général Milhaud sert à l'armée des côtes de l'Océan depuis le 29 messidor jusqu'au 4e jour complémentaire (du au ), époque à laquelle il rejoint la Grande Armée d'Allemagne.

Attaché au corps du prince Murat, il s'empare de Linz le 10 brumaire an XIV (), après un engagement assez vif, bat l'ennemi le lendemain au village d'Asten, le culbute, le poursuit, et lui fait 200 prisonniers. Le 23 (), faisant l'avant-garde du maréchal Davout, il pousse l'ennemi sur la route de Brünn jusqu'à Wolfkersdorf, fait 600 prisonniers et s'empare d'une nombreuse artillerie.

Le il force les 6 000 hommes du corps du prince Hohenlohe à capituler, et est promu au grade de général de division le de la même année. En 1807, il est à Eylau et à Creutzbourg (en).

Envoyé en Espagne en 1808, il disperse le un bataillon d'étudiants près de Valverde, entre le 23 dans Palencia, bat le la bande de l'Empecinado et disperse la junte insurrectionnelle de Molina de Aragón.

Le le lendemain du combat de Ciudad-Réal (en) où le général Sébastiani défait 15 000 Espagnols qui gardent les défilés de la Sierra-Morena, Milhaud poursuit les fuyards dans la direction d'Almagro et leur fait éprouver une perte considérable. Le suivant, attaqué à Ocaña par l'avant-garde de l'armée espagnole, il la repousse vigoureusement, et à la bataille de ce nom, à la tête de l'une des brigades de sa division, il oblige une colonne ennemie à rendre ses armes et à lui livrer toute son artillerie. Le il atteint à Huerès et disperse de nouveau les guérillas de l'Empecinado.

En 1810 commandant l'avant-garde du 4e corps, il sabre le entre Antequera et Malaga, un corps d'infanterie espagnol considérable, et cette action, mentionnée avec éloges dans le rapport du général Sébastiani au maréchal Soult, vaut à Milhaud le titre de grand officier de la Légion d'honneur que Napoléon Ier lui confère le suivant. Il l'a déjà créé comte de l'Empire quelque temps auparavant.

Mis en disponibilité le , il reçoit le le commandement de la 25e division militaire.

Appelé le suivant à la Grande Armée de Russie, il reçoit le commandement militaire de Moscou lors de son occupation par les troupes françaises. Il livre le dans la plaine de Zeitz l'un des plus beaux combats de cavalerie dont fassent mention les Annales militaires françaises, et dans lequel il détruit les régiments de dragons autrichiens de Latour et de Hohenzollern, ainsi que les chevau-légers Kaiser Franz.

L'Empereur, sur le rapport qui lui est adressé de cette affaire, place sous les ordres de Milhaud le 5e corps bis de cavalerie, à la tête duquel celui-ci bat le à Sainte-Croix, près de Colmar, le corps des partisans du général autrichien Scheibler (de), et taille en pièces le au combat de Saint-Dizier la division de cavalerie du général Lanskoy (ru). Il se distingue aux combats de Mormant et de Valjouan, et chasse du village de Villars  la cavalerie légère du prince de Wurtemberg.

Obligé de se retirer le lendemain devant le corps de Giulay, il opère sa retraite en bon ordre sur Fontette où il rejoint le duc de Tarente, et conduit les débris de son corps dans le département de la Seine-Inférieure. C'est de Rouen que, le , adhérant tant en son nom qu'en celui de ses compagnons d'armes aux actes du Sénat, il écrit au président du gouvernement provisoire :

« Nous voulons, pour le bonheur de la France, une constitution forte et libérale, et, dans notre souverain, le cœur de Henri IV. »

Fait chevalier de Saint-Louis le 1er juin et le même jour inspecteur général de la 15e division militaire, il met néanmoins l'empressement le plus généreux, au à offrir ses services à l'Empereur, qui lui confie le commandement d'un corps de cuirassiers, qui, guidé par lui, se couvre de gloire aux batailles de Fleurus et de Waterloo :

« Napoléon était un de ces génies d'où sort le tonnerre. Il venait de trouver son coup de foudre. Il donna l'ordre aux cuirassiers de Milhaud d'enlever le plateau de Mont-Saint-Jean. »[6]

Toutefois on a lieu de s'étonner que le général Milhaud soit, après la bataille de Waterloo, l'un des premiers officiers généraux et peut-être le premier à offrir ses services à Louis XVIII.

Exilé comme régicide par la loi du 12 janvier 1816, et rayé du contrôle de la Légion d'honneur le de la même année, il obtient un sursis indéfini et est réintégré dans l'ordre le .

Sous Louis-Philippe Ier

En 1830, Jean-Baptiste Milhaud se rallie à Louis-Philippe Ier. Placé dans le cadre de réserve le , admis au traitement de réforme, comme n'ayant pas le temps suffisant pour la liquidation de sa retraite, le lieutenant-général comte Milhaud mourut à Aurillac des suites de ses blessures le .

Son nom est inscrit sur l'arc de triomphe de l'Étoile, côté Ouest.

Iconographie

Le Portrait du Conventionnel Milhaud, tableau de l'École française du XVIIIe siècle, Entourage de Jacques-Louis David, est conservé au musée du Louvre, n° d'inventaire R. F. 2061. Il porte l'inscription suivante : Le Conventionnel Milhaud par son collègue David, 1793. À la suite des recherches de Gaston Brière publiées en 1945-46[7], ce tableau n'est plus considéré comme de la main de David et est attribué à son élève Jean-François Garneray sur la base d'une version miniature du portrait signé par celui-ci.

Notes et références

  1. Archives parlementaires de 1787 à 1860 ; 52-61, 63-82. Convention nationale. Série 1 / Tome 56 / impr. par ordre du Sénat et de la Chambre des députés ; fondé par MM. Mavidal et E. Laurent ; continué́ par M. L. Lataste,... M. Louis Claveau,... M. Constant Pionnier,... [et al.], P. Dupont, 1897-1913 (lire en ligne), p. 515-516
  2. Francis Quiers, Jean-Baptiste Milhaud. Montagnard, comte de l'Empire, Teissèdre, 2004, p. 108.
  3. Michel Biard, Missionnaires de la République: les représentants du peuple en mission, 1793-1795, Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS), 2002, p. 201
  4. Francis Quiers, Jean-Baptiste Milhaud : Montagnard, comte de l'Empire, Paris, Teissèdre, , 433 p. (ISBN 2-912259-87-8, OCLC 57574630), p. 108
  5. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 10 : publié par F.-A. Aulard,..., Paris, Presses universitaires de France, 1889-1951 (lire en ligne), p. 187-188
  6. Victor Hugo, Les Misérables, tome II, chapitre VIII
  7. G. Brière (1945) Sur David portraitiste Bulletin de la société de l'histoire de l'art français p. 172

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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