Habilitation à diriger des recherches
En France, l'habilitation à diriger des recherches (HDR) est un diplôme qui « sanctionne la reconnaissance du haut niveau scientifique du candidat, du caractère original de sa démarche dans un domaine de la science, de son aptitude à maîtriser une stratégie de recherche dans un domaine scientifique ou technologique suffisamment large et de sa capacité à encadrer de jeunes chercheurs »[1]. Nécessaire pour postuler au professorat des universités ou à la direction de recherche, elle est créée en 1984 par la loi Savary en remplacement du doctorat d'État.
Habilitation à diriger des recherches | |
Pays | France |
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Établissements | Université |
Sélection | |
Diplômes requis | Doctorat |
Accès | Bac + 8 (niveau 8) |
Diplôme | |
Diplôme délivré | Habilitation à diriger des recherches (HDR) |
Niveau du diplôme au RNCP |
Bac + 10 (niveau 8) |
Grade | Doctorat |
Débouchés | |
Diplômes accessibles | L'HDR est le plus haut diplôme français, aucun diplôme n'existe au-dessus de ce dernier. |
Profession | Professorat des universités, Direction de recherche |
Présentation
L'HDR est le titre universitaire le plus élevé en France, dans la mesure où l'agrégation du supérieur, dans les disciplines où elle subsiste, n'est pas un diplôme mais le résultat d'un concours.
Malgré les ambiguïtés, l'habilitation ne sanctionne pas l'achèvement d'un cursus universitaire, et « n'est pas et ne doit en aucun cas être considérée comme un second doctorat, de niveau supérieur, comme l'était auparavant le doctorat d'État par rapport au doctorat de troisième cycle. »[2].
L'HDR est préparée dans toutes les disciplines, mais elle n'est pas utile dans les disciplines qui recrutent par le concours d'agrégation du supérieur, principalement en droit[3] et en médecine[4].
Prérogatives
L'HDR est nécessaire pour postuler non seulement au professorat des universités mais aussi aux emplois de direction de recherche des établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST). Des procédures dérogatoires existent. Une personne nommée au professorat des universités est de droit habilitée à diriger des recherches[5].
L'obtention d'une HDR est une condition nécessaire pour assurer la direction d'une thèse ou pour siéger comme rapporteur de thèse (à défaut du grade de professeur d'université, de directeur d'étude ou de directeur de recherches).
Durée
La durée de préparation d'une HDR dépend des disciplines et des écoles doctorales. Étant donné que les candidats ne s'inscrivent dans le diplôme que l'année de sa soutenance, la durée n'est pas normée, 1 an au minimum, mais parfois beaucoup plus (plus d'une dizaine d'années), en particulier dans les sciences de la culture.
La qualification du CNU après l'HDR
Jusqu'en 2020, l'obtention de l'HDR ne suffisait pas pour pouvoir poser sa candidature au professorat des universités. Il fallait obtenir en plus sa qualification par le Conseil national des universités, au terme d'une candidature spécifique (dépôt d'un dossier très similaire à celui de l'Habilitation elle-même, étudié en double expertise, une fois par an).
La loi de programmation de la recherche de 2020 change la donne pour une période expérimentale de 4 ans : non seulement la qualification est automatique pour les maitres et maitresses de conférences titulaires (Art. L. 952-6-4), mais en plus le Conseil d'administration de chaque université peut choisir de déroger à la règle de la qualification pour tout poste en dehors de ceux accessibles par le concours de l'agrégation du supérieur (Art. L. 952-6-3).[6] La réforme est vivement critiquée.[7]
Effet HDR
La soutenance de l'HDR peut être l'explication d'un surcroit de publications des enseignants-chercheurs une quinzaine d'années après la soutenance de leur thèse : « trois moments semblent plus propices à la publication dans la carrière des enseignants-chercheurs : avant ou pendant la thèse, entre deux et six ans après la thèse, et entre quinze et vingt ans après la thèse. Le premier moment (l’« effet qualification » […]) ; le deuxième (l’« effet thèse » […]) ; le troisième enfin (l’« effet HDR » pour « habilitation à diriger des recherches ») à l’exploitation des résultats obtenus pendant et après le travail d’obtention du dernier diplôme du cursus honorum français. »[8]
Dossier de candidature
La candidature à l'HDR a pour préalable l'obtention d'un doctorat, ou son équivalent, ou la preuve d'avoir réalisé des travaux et une expérience équivalents. Soumise à une inscription universitaire et au statut d'étudiant, les candidats s'inscrivent dans une université l'année de leur soutenance.
Le dossier de candidature est peu normé. Selon les disciplines et selon les écoles doctorales auquel il est soumis, il comprend :
- une monographie (un ou plusieurs ouvrages, publiés ou non)
- une biographie (appelée aussi « égo-histoire », document faisant la synthèse de l'activité scientifique des candidats)
- un port-folio (dossier de travaux)
En lettres et sciences humaines, le document de synthèse de l'activité scientifique comprend souvent plusieurs centaines de pages, dans le but de montrer l'évolution et la maturité scientifique du candidat ou de la candidate, et de tracer les perspectives pour sa recherche et celle de ses futurs doctorants. En sciences de la nature, il s'agit souvent d'une compilation d'articles de recherche publiés par le candidat ou la candidate, auxquels a été adjointe une introduction.
Histoire institutionnelle
L'habilitation à diriger des recherches est un diplôme récent en France, créé en 1984 par la loi Savary[9]. Elle remplace le doctorat d'État, qui n'a lui-même vécu qu'une vingtaine d'années (Décret no 66-170 du 22 mars 1966[10]). Elle a peu d'équivalent dans le monde, ne subsistant que dans quelques pays, la plupart européens (voir la liste dans l'article Habilitation universitaire).
Notes et références
- Arrêté du 23 novembre 1988 relatif à l'habilitation à diriger des recherches (lire en ligne), Article 1
- Circulaire n° 89-004,
- 1° de l'article 49-2 du décret no 84-431, le doctorat est suffisant pour se présenter à ces concours.
- Décret n°84-431 du 6 juin 1984 fixant les dispositions statutaires communes applicables aux enseignants-chercheurs et portant statut particulier du corps des professeurs des universités et du corps des maîtres de conférences., (lire en ligne), Article 44-1
- Arrêté du 23 novembre 1988 relatif à l'habilitation à diriger des recherches (lire en ligne), Article 9
- « LOI n° 2020-1674 du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l'enseignement supérieur », sur Legifrance,
- Catherine Piraud-rouet, « Quels impacts sur la HDR après la suppression de la qualification pour les PR ? », sur Campus Matin : Le magazine des professionnels et des académiques de l’enseignement supérieur et de la recherche
- Pascal Froissart, « SIC : cartographie d’une discipline », dans Stéphane Olivesi (coord.), Sciences de l'information et de la communication, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, (lire en ligne), p. 269-294
- « Loi n° 84-52 du 26 janvier 1984 sur l'enseignement supérieur », sur www.legifrance.gouv.fr,
- « Décret no 66-170 du 22 mars 1966 relatif au diplôme d'État de docteur ès sciences », sur www.legifrance.gouv.fr,
Bibliographie
- Évrard Delbey et Robert Alessi, « Enquête sur les doctorats et les HDR », Rursus, nº 1, 2006
- Éric Pichet, L'Art de l'HDR, Les Éditions du Siècle, 2011 (ISBN 978-2913068407).
Voir aussi
- Portail des universités