Guinguette
Une guinguette est, à l'origine, un cabaret populaire de banlieue parisienne officiant aussi comme restaurant et, souvent, comme lieu de bal. Ce type d'établissement se développa par la suite un peu partout en France[1].
Cet article concerne le terme désignant le cabaret. Pour le film de Jean Delannoy de 1959, voir Guinguette (film, 1959).
L'origine la plus probable du terme est le mot « guinguet », désignant un petit vin blanc aigre et bon marché produit en Île-de-France[2].
Les hypothèses étymologiques
L’origine du mot « guinguette » est controversée[3].
Charles Virmaître propose une étymologie se rapprochant de celle la plus communément admise[3],[4] : « La chaussée de Mesnil-Montant était de temps immémorial fréquentée par une foule de Parisiens qui ne reculaient pas à gravir sa pente rapide pour se rendre aux guinguettes nombreuses sur sa hauteur. On y buvait un petit vin, produit des vignes dépendant du clos Guinguet ; c'est ce qui donna le nom de guinguettes aux endroits où on le débitait. »
Une origine populaire fait venir le nom de bal-guinguette de Pierre Guinguet, fondateur vers 1640 d'un cabaret à Ménilmontant[5].
Une autre hypothèse serait que le vin passablement vert qui y était servi faisait « guinguer », c'est-à-dire danser, faire la fête pour ceux qui le buvaient[6].
Situation géographique
Avant l'agrandissement de Paris, en 1860, qui engloutit un certain nombre de petites localités voisines, un grand nombre de guinguettes se trouvent juste au-delà des barrières, pour échapper à l'octroi sur les vins. Les plus fameuses sont les guinguettes de la Courtille, lieu qui se trouvait près de la barrière de Belleville. On trouve des guinguettes sur les bords de la Seine (comme à Suresnes) et de la Marne, et certaines jusqu'à l'entrée de Rouen. Pour acheminer les Parisiens désireux de s'y rendre, des services de coche d'eau sont mis en place depuis la capitale jusqu'à certaines villes.
Cette situation était initialement due à la taxe qui frappait les marchandises entrant dans la ville de Paris. En s'établissant en dehors des murs de la ville, ces établissements n'y étaient pas soumis. Certaines guinguettes ne se trouvaient pas éloignées de fleuves où se pratiquait le canotage. Ce n'est que vers la fin du XVIIIe siècle que les guinguettes commencèrent à vraiment se distinguer des simples débits de boisson, en proposant leur activité de petits bals relativement bon marché. Elles étaient à cette époque surtout fréquentées l'été, le dimanche par un public familial, le lundi par les ouvriers et le jeudi par les étudiants[7].
Le développement du chemin de fer et la création de la gare de la Bastille avec de nombreux trains vers la banlieue est de Paris est pour beaucoup dans le succès des guinguettes éloignées de la capitale. Il y avait des guinguettes par centaines jusqu'à Nogent-sur-Seine, lieu où les bords de Seine ont le plus changé et également à Robinson dans le sud de Paris et desservi par la ligne de Sceaux.
Déclin de la tradition
Les guinguettes furent un éminent sujet de peinture, fin XIXe siècle et première moitié du XXe siècle. Le cinéma français de l'entre-deux guerres a également mis en scène les guinguettes dans lesquels se donnaient régulièrement des bals musette (voir plus loin « Films mettant en scène des guinguettes »).
L'interdiction de la baignade dans les rivières a provoqué le déclin des guinguettes. Cette interdiction était motivée par des motifs d'hygiène (qualité de l'eau dégradée dans les années 1960-1970) et de sécurité (risques dus au trafic des péniches et noyade). Dans les années 1960, elles passent dans le domaine de la nostalgie.
Depuis les années 1980, on assiste à un certain renouveau, en particulier dans les boucles de la Marne : Créteil, Champigny-sur-Marne, Joinville-le-Pont, Nogent-sur-Marne, Le Perreux, mais aussi en Basse-Normandie à Pont-d'Ouilly, en Indre-et-Loire à Tours. Les guinguettes constituent une des attractions de la manifestation annuelle organisée par le département du Val-de-Marne, le Festival de l'Oh. Une guinguette est également organisée, chaque année à la mi-juin, au parc Henri-Sellier par l'association arts et loisirs du Plessis-Robinson. À noter également qu'une association, Culture guinguettes, se consacre à la conservation du patrimoine et de la tradition des guinguettes. Chaque été, une guinguette installée au jardin des Deux Rives à Strasbourg en bordure du Rhin, proposait bals et cours de danses du monde jusqu'en été 2016. On retrouve également une guinguette organisée chaque année à Nogent-le-Bas (Haute-Marne) par l'association des Balibeux, et qui rassemble des amoureux de variété française dansant sur le parquet une bonne partie de la soirée.
Guinguettes dans la culture populaire
Documentaires
- Nogent, Eldorado du dimanche de Marcel Carné, 1929.
- La Marne, une rivière de chansons, écrit et produit par Philippe Blanchis, réalisé en 2002 par Philippe Pinson, avec entre autres, Jean-Marc Thibault[8].
Films de fiction
- La Belle Équipe de Julien Duvivier, 1936, avec Charles Vanel et Jean Gabin chantant sa fameuse valse Quand on se promène au bord de l'eau.
- Casque d'or de Jacques Becker, 1952, avec Simone Signoret et Serge Reggiani.
- Un dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier, sorti en 1984.
Chansons
- La guinguette a fermé ses volets (1934), chantée par Damia[9]
- À Joinville-le-Pont (1952), chantée par Bourvil
Notes et références
- « Les guinguettes des provinces françaises », www.culture-guinguette.com.
- Littré, www.culture-guinguette.com.
- « Association Culture Guinguette », sur www.culture-guinguette.com (consulté le )
- Paris historique, 1896 (p. 32). Virmaître est l'auteur de nombreux ouvrages sur Paris et sa région.
- Paul Lesourd, Montmartre, Éditions France-Empire, , p. 409.
- Catherine Legros, La nouvelle Athènes, Action artistique de la Ville de Paris, , 294 p. (ISBN 2-913246-33-8), p. 33
- Kali Argyriadis et Sara Le Menestrel, Vivre la guinguette, Presses universitaires de France, , p. 20-21.
- « La Marne, une rivière de chansons », philippepinson.unblog.fr.
- « La guiguette a fermé ses volets », sur www.youtube.com (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Kali Argyriadis et Sara Le Menestrel Vivre la guinguette, PUF, Sociologie d'aujourd'hui, 2003, 160 p. (ISBN 978-2130535355).
- Henri Joannis Deberne Danser en société, Paris, Christine Bonneton éditeur, 1999, 222 p. (ISBN 2-86253-229-0).
- François Gasnault, Guinguettes et lorettes. Bals publics à Paris au XIXe siècle, Paris, Aubier, 1986.
- Sophie Orivel, Francis Bauby et Martin Penet, Mémoires de guinguettes, Éditions Omnibus, 2005, 216 p. (ISBN 978-2258061323).
Articles connexes
Liens externes
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