Giórgos Papandréou

Giórgos Papandréou (en grec : Γιώργος Α. Παπανδρέου, souvent traduit Georges Papandréou), né le à Saint Paul (États-Unis), est un homme d'État grec, membre du Mouvement des socialistes démocrates (Kinima). Président de l'Internationale socialiste (IS) depuis 2006, il a longtemps été membre du Mouvement socialiste panhellénique (PASOK).

Ne doit pas être confondu avec Geórgios Papandréou.

Pour les articles homonymes, voir Papandréou.

Giórgos Papandréou
Γιώργος Παπανδρέου

Geórgios Papandréou, en 2011, à Athènes.
Fonctions
Premier ministre de Grèce

(2 ans, 1 mois et 5 jours)
Président Károlos Papoúlias
Gouvernement Giórgos Papandréou
Législature 13e
Coalition PASOK
Prédécesseur Kóstas Karamanlís
Successeur Loukás Papadímos
Ministre des Affaires étrangères

(11 mois et 1 jour)
Premier ministre Lui-même
Gouvernement Giórgos Papandréou
Prédécesseur Dóra Bakoyánni
Successeur Dimítris Droútsas
Président de l'Internationale socialiste
En fonction depuis le
(15 ans, 7 mois et 17 jours)
Prédécesseur António Guterres
Président du Mouvement socialiste panhellénique

(8 ans, 1 mois et 2 jours)
Prédécesseur Kóstas Simítis
Successeur Evángelos Venizélos
Ministre des Affaires étrangères

(4 ans, 11 mois et 26 jours)
Premier ministre Kóstas Simítis
Gouvernement Simitis II et III
Prédécesseur Theódoros Pángalos
Successeur Tássos Giannítsis
Ministre de l'Éducation nationale et
des Affaires religieuses

(2 ans, 2 mois et 17 jours)
Premier ministre Andréas Papandréou
Konstantínos Simítis
Gouvernement Andréas Papandréou III
Simitis I
Prédécesseur Dimítrios Fatoúros
Successeur Gerásimos Arsénis

(1 an et 10 jours)
Premier ministre Andréas Papandréou
Gouvernement Andréas Papandréou II
Prédécesseur Apóstolos Kaklamánis
Successeur Vasileíos Kontogiannópoulos
Biographie
Nom de naissance Giórgos Andréas Papandréou
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Paul, Minnesota
(États-Unis)
Nationalité Grec
Parti politique PASOK (jusqu'en 2015)
Kinima (depuis 2015)
Père Andréas Papandréou
Diplômé de Amherst College
London School of Economics
Profession Universitaire

Premiers ministres de Grèce

Fils de l'ancien Premier ministre Andréas Papandréou, ministre de l'Éducation, puis des Affaires étrangères, président du PASOK de 2004 à 2012, il est nommé Premier ministre par le président Károlos Papoúlias, à la suite de la victoire de son parti aux élections législatives d'octobre 2009. Son mandat est marqué par la plus importante crise économique vécue par la Grèce depuis l'après-guerre.

Il quitte le pouvoir en 2011, laissant la conduite du gouvernement à l'économiste Loukás Papadímos. En 2015, à trois semaines d'élections législatives anticipées, il annonce son départ du PASOK et la fondation d'un nouveau parti, le Mouvement des socialistes démocrates (KINIMA), qui échoue à faire élire des députés au Parlement ; ainsi, pour la première fois depuis 1923, aucun membre de la famille Papandréou ne siège au Parlement.

Origines, études et famille

L'héritier d'une dynastie politique

Né en 1952 à Saint-Paul, aux États-Unis, il est le fils d'Andréas Papandréou (1919-1996), Premier ministre de 1981 à 1989 puis de 1993 à 1996, et de Margaret Chant, de nationalité américaine. Il est, en outre, le petit-fils de Geórgios Papandréou (1888-1968), qui fut également Premier ministre grec, en novembre-, puis de à .

Une formation exclusivement étrangère

Giórgos Papandréou commence sa scolarité à Toronto, Canada. Il suit ensuite ses études au Amherst College, dans le Massachusetts, où il obtient son baccalauréat en arts, à l'université de Stockholm, à la London School of Economics, où il obtient son master en sociologie, et, enfin, à l'université Harvard.

Mariages

Giórgos Papandréou épouse, en 1976, Evánthia Zisímidis, née à Chypre et résidant au Royaume-Uni. De ce mariage, naît un fils, Andréas (1982). En 1987, le couple divorce. Après avoir épousé Áda Papapánou en secondes noces, Giórgos Papandréou devient père d'une fille Margaríta-Eléna (1990).

Une carrière internationale

Son activité professionnelle débute en 1972, lorsqu'il est chargé de recherches sur les problèmes des migrations à l'université de Stockholm, jusqu'en 1973. Par la suite, il devient membre du centre de recherches sur les relations internationales de Harvard de 1992 à 1993. Il parle couramment le grec, l'anglais et le suédois.

Parcours politique

Débuts

Giórgos Papandréou est de retour en Grèce après la chute des colonels en 1974, et adhère au Mouvement socialiste panhellénique (PASOK). Il devient membre du comité central du parti en 1984. L'année au cours de laquelle son père devint Premier ministre, en 1981, Giórgos Papandréou entra au Conseil des Grecs pour une circonscription en Achaïe, la région d'où sa famille est originaire.

Il est nommé quatre ans plus tard sous-secrétaire d'État aux Affaires culturelles.

Père et fils au sein du gouvernement

Giórgos Papandréou est promu ministre de l'Éducation et des Affaires religieuses le , dans le gouvernement de son père, Andréas, mais doit renoncer à ce poste dès le , au début d'une période d'instabilité politique pour le pays. Avec le retour au pouvoir du PASOK en 1993, il devient ministre adjoint des Affaires étrangères, puis retrouve le ministère de l'Éducation le . Il met alors en place la discrimination positive en réservant 5 % des postes universitaires en Thrace à des musulmans, tout en créant l'enseignement universitaire à distance en Grèce.

Lorsque son père est remplacé par Kóstas Simítis à la tête du gouvernement en 1996, il retourne au ministère des Affaires étrangères en tant que ministre adjoint. Un an plus tard, il est chargé de coordonner l'action gouvernementale en vue de la candidature grecque à l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2004.

Le , Giórgos Papandréou est nommé ministre des Affaires étrangères, à la suite de la démission de Theódoros Pángalos. Il mettra alors en œuvre une politique de rapprochement avec la Turquie.

La présidence du PASOK

Alors que les sondages annoncent une probable défaite pour le PASOK, le président du parti, Kóstas Simítis, démissionne en de son poste et l'offre à Papandréou, homme politique le plus populaire de Grèce. Dans le but de démocratiser le mouvement, il organise des primaires pour désigner le nouveau président, même s'il n'eut aucun opposant. Il veut ainsi rompre avec la tradition des « dynasties politiques ». Il ne parvient toutefois pas à remporter les élections législatives et le PASOK perd donc le pouvoir au profit des conservateurs de Kóstas Karamanlís.

Élu vice-président de l'Internationale socialiste (IS) en , il en devient président le , à la suite de la nomination d'António Guterres à un poste aux Nations unies.

Après une nouvelle défaite électorale du PASOK en 2007, le leadership du mouvement lui est contesté par Evángelos Venizélos et Kóstas Skandalidis, mais il réussit à se maintenir en poste.

La victoire aux élections législatives

Le , le PASOK obtient 43,94 % des suffrages aux élections législatives, et 160 sièges, au Conseil des Grecs, soit la majorité absolue.

Il succède à Kóstas Karamanlís au poste de Premier ministre deux jours plus tard. Il forme son premier gouvernement, avec de fortes personnalités du PASOK, comme l'ancien ministre des Affaires étrangères, Theódoros Pángalos au poste de vice-Premier ministre, mais aussi Loúka Katséli à l'Économie et à la Marine marchande, ainsi que Giórgos Papakonstantínou aux Finances, poste stratégique du gouvernement. Par ailleurs, le grand rival historique de Papandréou au sein du PASOK, Evángelos Venizélos, est nommé à la Défense nationale. Venizélos est connu pour sa rivalité avec le nouveau Premier ministre depuis 2007, date à laquelle les deux hommes s'étaient alors affrontés pour la présidence du parti.

Une grave crise économique et sociale à gérer

Onze jours après son arrivée au pouvoir, il annonce, dans un souci de transparence, que l'état réel des finances grecques avait été caché par le précédent gouvernement[1],[2],[3],[4]. Il fait rétablir les véritables données économiques, dont un déficit équivalent à 12,5 % du PIB pour la seule année 2009. La Commission européenne confirmera cette falsification des données quelques semaines plus tard[5]. Il décide donc de renoncer à son programme de campagne. Il mène alors une politique d'austérité. Les mesures qu'il souhaiterait faire adopter comprennent une diminution des investissements publics, ainsi qu'une baisse des primes accordées aux fonctionnaires, et des pensions accordées aux retraités, avec un recul de cinq ans, à 65 ans, de l'âge légal de départ en retraite. Les mesures prévoient également la création de nouveaux impôts, et l'augmentation de deux points de la TVA[6]. Elles ont pour objectif d'économiser 30 milliards d'euros en trois ans, et de faire passer le déficit public de 13,6 % en 2009[7], à 2,6 % en 2014[6].

Papandréou obtient le soutien du FMI et de la zone euro, sous forme d'un prêt de 110 milliards d'euros sur trois ans, à la fin de l'année 2010.

Le , la Grèce est fortement touchée par une vague de protestation qui s'étend dans tout le pays, en particulier à Athènes, la capitale. Les Grecs manifestent alors contre les différents plans d'austérité du gouvernement Papandréou et demandent la démission de Giórgos Papakonstantínou, le ministre des Finances. Sous pression, isolé, dans ce contexte de crise économique et sociale, Geórgios Papandréou propose de démissionner et de former immédiatement un gouvernement d'unité nationale, dans le but d'apaiser la colère de ses concitoyens[8]. Mais après le refus du parti d'opposition, le Premier ministre annonce dans une déclaration télévisée qu'il formera un nouveau gouvernement dès le lendemain avec des personnalités issues du PASOK et qu'il demandera la confiance dans les jours à venir. Malgré ces annonces, deux députés du PASOK, Georges Floridis et Hector Nasiokas[9], annoncent leur démission, ce qui met en cause l'autorité de Papandréou sur ses troupes, qu'il réunit le jour-même au sein du Parlement grec.

Le 17 juin, Papandréou annonce la composition de son cabinet remanié : son grand rival au sein du PASOK, le ministre de la Défense nationale, Evángelos Venizélos est nommé au poste stratégique et important en ces temps de crise de ministre des Finances et obtient également le titre de vice-Premier ministre[10]. Il s'agit, selon le presse hellénique et européenne, d'une belle revanche pour Venizélos, qui rêvait d'occuper un poste clé du nouveau gouvernement; le ministre des Finances sortant, Giórgos Papakonstantínou, qui ne voulait pas quitter le cabinet, est nommé quant à lui à l'Environnement. Au ministère de l'Intérieur, Yánnis Ragoússis, nommé ministre des Transports et des Infrastructures, est remplacé par le ministre de la Justice et des Droits de l'Homme, Háris Kastanídis ; le Premier ministre annonce également la scission entre le portefeuille ministériel de l'Intérieur et celui de l'Administration électronique, jusque-là, occupés tous les deux par un seul ministre.

La fin du mandat

Il décide, le 31 octobre, d'organiser un référendum sur le plan de sortie de crise approuvé cinq jours plus tôt par l'Eurogroupe et qui prévoit notamment une diminution de 50 % du montant de la dette grecque détenue par le secteur bancaire privé[11]. Ce référendum devait être une réponse apportée aux Grecs qui manifestaient depuis plusieurs mois contre les différentes réformes « imposées » par des institutions internationales[12],[13],[14]. Cette annonce entraîne une importante chute des Bourses européennes dès le lendemain[15]. Ce choix est critiqué par l'opposition, qui y voit un moyen d'éviter des élections législatives anticipées[16].

Devant la pression des dirigeants européens, il renonce à la tenue d'un référendum. Il plaide pour un gouvernement d'union nationale et obtient de justesse la confiance du Parlement le . Deux jours plus tard, il parvient à un accord avec Antónis Samarás, président de la Nouvelle Démocratie, prévoyant la nomination d'un nouveau Premier ministre, le 7 novembre, et la formation d'un nouveau gouvernement[17]. Il remet sa démission au président Károlos Papoúlias le 9 novembre, sans que le nom de son successeur ne soit connu. C'est finalement l'ancien vice-président de la Banque centrale européenne et ex-gouverneur de la Banque de Grèce, Loukás Papadímos, qui lui succède deux jours plus tard. Après avoir quitté la villa Máximos, il se rend au siège du PASOK, où une fête est donnée pour lui rendre hommage.

Après le pouvoir

Remplacé, le , par Evángelos Venizélos, ministre des Finances et son principal opposant interne, à la présidence du PASOK[18], il est réélu député, dans la circonscription d'Achaïe, lors des élections législatives du 6 mai suivant[19]. À partir d'octobre 2012, il effectue une série de séminaires sur la crise politico-économique à Harvard. Le montant de son salaire, 46 000 euros par mois, suscite de multiples commentaires dans la presse et la population grecque[20].

Retour en politique

Il fait son retour en politique près de trois ans plus tard, en  : il annonce la création prochaine d'un nouveau parti progressiste situé au centre gauche, opposé au populisme, au néolibéralisme, à l'étatisme et à la corruption ; à cette occasion, il critique durement la coalition au pouvoir, dont fait partie le PASOK, estimant qu'elle ne recherche que son maintien au pouvoir et non l'intérêt général[21]. Le 23 de ce mois, à la suite du deuxième tour infructueux de l'élection présidentielle, il rencontre Venizélos, qui critique vertement sa décision de quitter le parti socialiste et lui propose, sans succès, que tous deux s'opposent lors d'un congrès qui serait convoqué en [22].

Finalement, des élections législatives anticipées sont convoquées le . Le , il dépose au tribunal d'instance d'Athènes son parti, baptisé « Mouvement des socialistes démocrates » (en grec moderne : Kinima Dimokraton Sosialiston, abrégé en KIDISO). Avec des listes de candidats déjà complétées aux quatre cinquièmes, il a pour objectif de se classer troisième du scrutin, devant le PASOK, l'Aube dorée et La Rivière afin de peser sur la formation du prochain gouvernement[23]. Au moins cinq députés du PASOK devraient le rejoindre, ainsi que l'ancien ministre socialiste Dimítris Réppas[24]. En réaction, le Mouvement socialiste panhellénique qualifie sa décision d'acte politique « immoral et insensé » destiné à « créer son propre parti, privé et personnel »[25].

À l'issue du scrutin, KIDISO n'obtient que 2,6 % des suffrages, échouant à atteindre le seuil de 3 % nécessaire pour avoir des sièges au Parlement[26].

En 2019, il est élu député pour le Mouvement pour le changement auquel son parti participe.

Décorations

Notes et références

  1. (fr) http://www.desmos-grece.com/athenes.php?page=177 : Notes du 19 octobre 2009 « Papaconstantinou: Regain de la confiance perdue en matière de finances publiques » et « Vénizélos annonce une réduction drastique [sic] des dépenses d’armement » consultées le 6 novembre 2011, en page 177 à cette date (plus loin après cette date, du fait de l'archivage sur le site)
  2. (fr) "Le marasme grec enfin fini?" sur le site du Taurillon
  3. (fr) « L'erreur de Berlin et de Paris », Le Nouvel Observateur.
  4. (fr) « La Grèce menacée, l'Euro en danger » sur un blog lié à l'Express, 2009.
  5. (fr) « La Grèce épinglée pour ses statistiques économiques truquées », Courrier International, 2009.
  6. (fr) Le détail des mesures d'austérité en Grèce, Le Nouvel Observateur. Consulté le 2 mai 2010.
  7. (fr) La Grèce impose une révision drastique (sic) de la gouvernance de l’Europe, Le Monde, consulté le 2 mai 2010.
  8. Grèce : Remanier pour apaiser, euronews,
  9. Grèce : démission de deux députés socialistes, tempsreel.nouvelobs.com, .
  10. Georges Papandréou remanie son gouvernement et change son ministre des Finances, euronews, .
  11. (fr) « Grèce : un referendum sur le sommet européen », Le Figaro,
  12. (fr) « La Grèce abandonne son référendum sur la zone Euro », L'Humanité, 2011.
  13. (fr) « Athènes joue l'Euro à pille ou face », Libération, novembre 2011.
  14. (fr) « La démocratie de la zone Euro sujette à caution »; Libération, novembre 2011.
  15. (fr) « Les Bourses européennes dévissent après le revirement grec », lemonde.fr avec AFP, le
  16. (fr) « Les Grecs se prononceront par référendum sur le plan d'aide européen », lemonde.fr, .
  17. (fr) « Grèce: accord pour une coalition », Le Figaro, avec AFP, le .
  18. « Grèce : Evangélos Vénizélos élu à la tête du Pasok », Les Échos, le
  19. « La Grèce à bout mise tout sur Hollande, le "Roosevelt européen" », Le Point, le .
  20. Les cours de Papandréou à Harvard révoltent les Grecs, Le Figaro, 24 octobre 2012.
  21. (en) « George Papandreou to Launch New Political Party », Greek Reporter, le .
  22. (en) « George Papandreou to Announce New Party by Year-End », Greek Reporter, le .
  23. (en) « Announcement of George Papandreou’s New Political Party Imminent », Greek Reporter, le
  24. (en) « Papandreou to launch new party », Ekathimerini, le .
  25. (en) PASOK: Papandreou’s Decision to Launch Own Party an ‘Immoral Action’, Greek Reporter, le .
  26. Grèce : la fin du clan Papandréou, Le Figaro, 26 janvier 2015.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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