Gaston de France

Gaston de France, connu dans l'histoire sous le nom de Gaston d'Orléans (né le à Fontainebleau, baptisé le à Paris, mort le à Blois), duc d'Orléans, est le troisième fils d'Henri IV (1553-1610) et de Marie de Médicis. Il est fils de France, de la branche des Bourbons (dynastie capétienne). Il porte les titres de duc d'Orléans, de Chartres, de Valois, d'Anjou et d'Alençon, comte de Blois, de Montlhéry et de Limours, baron d'Amboise et seigneur de Montargis[1].

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Gaston d'Orléans
Portrait de Gaston d'Orléans, anonyme, XVIIe siècle, château de Blois.

Titre

Héritier présomptif
des trônes de France et de Navarre


(26 ans, 9 mois et 19 jours)

Prédécesseur Monsieur d’Orléans,
Successeur Louis de France, dauphin de France
Fonctions militaires
Commandement Fronde
Biographie
Titulature Fils de France
Duc d'Orléans
Duc de Chartres
Duc de Valois
Duc d'Anjou
Duc d'Alençon
Comte de Blois
Comte de Montlhery
Comte de Limours
Baron d'Amboise
Seigneur de Montargis
Dynastie Maison de Bourbon
Maison d’Orléans
Nom de naissance Gaston Jean-Baptiste de France
Surnom Le « Grand Monsieur »
Naissance
Fontainebleau (France)
Décès
Blois (France)
Père Henri IV
Mère Marie de Médicis
Conjoints Marie de Montpensier
(1626-1627)
Marguerite de Lorraine
(1632-1660)
Liaison Louise Rogier de La Marbellière
Enfants Premier lit
Anne-Marie-Louise d'Orléans
Second lit
Marguerite-Louise d’Orléans
Élisabeth-Marguerite d’Orléans
Françoise-Madeleine d’Orléans
Jean-Gaston d’Orléans
Marie-Anne d’Orléans

Signature

Biographie

Portrait de Gaston, enfant, alors duc d'Anjou.

Son prénom usuel, Gaston, lui vient de sa marraine, la reine de Navarre, Marguerite de France, première épouse de son père, en l'honneur de Gaston de Foix, prince de Navarre, patrie de ses origines paternelles ; et ses deux autres prénoms, Jean-Baptiste, de son parrain, le cardinal François de Joyeuse.

Frère benjamin du roi Louis XIII, Gaston devient à la mort de Monsieur d’Orléans (1607-1611), deuxième fils d'Henri IV, premier dans l'ordre de succession au trône. Titré duc d'Anjou, comme plus proche héritier du trône, il est aussi appelé Monsieur (titre conféré au frère du Roi), puis (à partir de 1643) le Grand Monsieur par opposition au Petit Monsieur, Philippe, son neveu, frère de Louis XIV.

Cultivé et raffiné[2], mais velléitaire et inconstant[3], Gaston de France passa sa vie à conspirer, d'abord contre son frère et le cardinal de Richelieu (préférant à leur centralisation absolutiste une monarchie mixte avec représentation des corps sociaux à travers les assemblées d'États provinciaux ou généraux), puis contre sa belle-sœur Anne d'Autriche et le cardinal Mazarin. Ces conspirations échouèrent toujours, faute de réel projet politique. Gaston dénonça souvent ses complices, puis les vit périr (voir d'Ornano, Chalais, Montmorency, et Cinq-Mars). Pour se venger, il créa un « Conseil de vauriennerie », des courtisans et amis avec qui il mena une vie désordonnée (il est réputé joueur et amateur de femmes)[4]. L'Encyclopædia Universalis le voit comme le chef de file des libertins de l'époque, dont l'un des passe-temps étaient les chansons à boire, les poèmes érotiques et les parties de débauche, fréquemment bisexuelles, à une époque où la séparation entre homosexualité et hétérosexualité n'était pas vraiment tranchée[5].

En 1628, il eut le commandement de l'armée du siège de La Rochelle, jusqu'à la venue de Louis XIII, et de celle de Picardie en 1636. En 1630, il participe à la révolte du duc de Montmorency. À la tête d'une armée de mercenaires, il appelle le royaume à la révolte, avant de s'enfuir en Lorraine après la défaite d'Henri II de Montmorency à Castelnaudary. À l'instigation de son confesseur, l'oratorien Charles de Condren, il se réconcilie avec le roi à Troyes, le . En 1631-32, il intrigue en Lorraine et publie un manifeste politique contre l'absolutisme. En 1634, il conclut un traité secret avec l'Espagne et complote contre Richelieu avec le comte de Soissons. À l'automne 1636, il participe au côté du roi au siège de Corbie.

Mais en 1638, la naissance inespérée d'un dauphin (le futur Louis XIV) le prive du rang de premier héritier de la couronne. Il perd son crédit financier, et ne peut poursuivre la reconstruction du château de Blois qu'il a entreprise. En 1642, la conspiration de Cinq-Mars, qui vise à faire de Gaston le lieutenant général du royaume, échoue. Gaston avait poussé en avant Cinq-Mars, il l'abandonne et le laisse exécuter.

Louis XIII mourant le nomme gouverneur et lieutenant-général du Languedoc. À la mort de Louis XIII, Gaston de France est nommé lieutenant-général du royaume et chef des conseils sous l'autorité théorique de la reine, pendant la minorité de Louis XIV. Pourtant Anne d'Autriche s'impose au Parlement de Paris, et prend les rênes du pouvoir avec le soutien de Mazarin.

Chef de l'armée, Gaston mène contre les Espagnols une campagne victorieuse et rapide. Il conquiert une partie du comté de Flandre, dont la ville de Gravelines le et Béthune, puis en 1645 Bourbourg, Armentières, Courtrai et Mardyck.

Gaston participe encore à la Fronde, et Mazarin le fait exiler dans son château de Blois en 1652, où il meurt en 1660. Il est inhumé à la basilique de Saint-Denis, ultime privilège attaché au sang royal. Louis XIV confère alors le titre de duc d'Orléans à son propre frère Philippe.

De sa naissance à sa mort, Gaston eut pour médecin le protestant Abel Brunier.

Gaston fut ami avec Jacques d'Estampes, marquis de La Ferté-Imbault, qu'il nomma capitaine-lieutenant de sa compagnie de 200 gendarmes, et qui sera élevé à la dignité de maréchal de France en 1651 sur sa recommandation. La marquise de La Ferté-Imbault sera première dame d'honneur de la duchesse d'Orléans.

Ascendance

Mariage et descendance

Mariage de Marie de Bourbon et Gaston de France en 1626, Estampe.

Le , à Nantes[6], après une conspiration (la conspiration de Chalais) manquée, Gaston accepte à regret d'épouser la richissime Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier[7] que lui impose Richelieu. Il reçoit alors en apanage les duchés d'Orléans et de Chartres, augmentés du comté de Blois.

De ce mariage naquit l'année suivante :

Marie de Montpensier, sa mère, décède six jours après la naissance de sa fille à l'âge de vingt-et-un ans.

En 1629, Gaston projeta en vain d'épouser Marie de Gonzague, fille du duc de Mantoue.

La même année, un exil politique volontaire en Lorraine lui fit rencontrer la jeune Marguerite, sœur du duc Charles IV de Lorraine et de Bar, un prince aussi fantasque que lui, alors en guerre contre la France et dont il fréquente la cour. Conquis par l'innocence de la jeune princesse, il surnomme la jeune fille, alors coadjutrice de l'abbesse du chapitre noble de Remiremont, « l'Ange ».

Il en tombe amoureux et, avec l'accord de sa mère vivant en exil (mais pas celui du roi son frère pourtant chef de famille), il l'épouse secrètement dans un couvent de Nancy le . Mais le Parlement de Paris déclara ce mariage nul. Ayant rejoint sa mère, il fit célébrer son mariage une deuxième fois par l'archevêque de Malines dans les Pays-Bas espagnols, et là encore l'assemblée du clergé de France, poussée par Richelieu, annule ce mariage. Pardonné par le roi, le prince rentre en France mais son épouse y est interdite de séjour. Richelieu va jusqu'à prétendre qu'une princesse de Lorraine, pourtant issue d'une Maison souveraine, n'est pas de rang suffisamment élevé pour épouser un fils de France. Dans la mesure où le roi et la reine vivent séparément, où le roi est de santé fragile, il est possible que Gaston succède à son frère. En l'empêchant de vivre avec sa femme, il l'empêche d'avoir des héritiers. Or le cardinal a marié une de ses nièces au duc d'Enghien, héritier du trône après Gaston. Si Gaston meurt sans héritier, la nièce du cardinal deviendra reine de France. Cependant, le roi et la reine finissent par avoir deux fils en 1638 et 1640. Le cardinal meurt en 1642. Le couple royal se reconstruit et le roi permet à sa belle-sœur de venir à la cour. Le couple se marie une troisième fois mais définitivement en mai 1643.

Marguerite de Lorraine.

Ils eurent cinq enfants :

Marguerite-Louise d'Orléans (1645-1721), épouse de Cosme III, grand-duc de Toscane (1642-1723) ;

De Marie Porcher, il eut aussi une fille naturelle :

• Marie bâtarde d'Orléans (1631-?).

De Louison des Ormes comédienne, il eut également une fille :

• Marguerite (1632-?), mariée à François Bernard des Alleux.

De Louise Rogier de la Marbellière, il eut très probablement deux fils:

• Jean de Bourbon, marié à Antoinette Le Poivre (naissance entre 1630 et 1640)

Louis bâtard d'Orléans dit le comte de Charny (1638-1692).

Collectionneur et mécène

Gaston d'Orléans a légué à son neveu Louis XIV ses collections par son testament du . Le legs est accepté par lettres patentes en 1661. Ces collections sont constituées d’œuvres d'art, de médailles, de sa bibliothèque, cartes, estampes, ainsi que d'une collection de plantes peintes par Nicolas Robert sur vélin. Elles sont d'abord placées au Louvre où était la bibliothèque personnelle du roi, dite Cabinet du Roi. Les botanistes de l'Académie des sciences s'y réfèrent pour le projet encyclopédique de l'Histoire des Plantes[8],[9]. Philibert Commerson dédie le genre botanique Gastonia (en) à Gaston d'Orléans pour la création du jardin botanique de Blois et la protection qu'il accorde à Robert Morison qui en prend la direction[10].

Si les vélins sont aujourd'hui au Muséum national d'histoire naturelle, les autres collections rejoignent la Bibliothèque royale, aujourd'hui Bibliothèque nationale de France. C'est ainsi que le département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France conserve dix-huit recueils de cartes sous la cote Rés. Ge BB 246[11]. Le noyau des collections du département des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale de France provient de la collection de pierres gravées, de sculptures antiques du prince. De même les imprimés sont conservés au département de la Réserve des livres rares (544 sont indiqués "au chiffre de Gaston d'Orléans" en note d'exemplaire) et les manuscrits au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.

Notes et références

  1. Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique de la maison royale de France, t. I, Paris, La Compagnie des Libraires, 1725, p. 147.
  2. Amoureux des sciences et des arts (protecteur de la troupe de Molière), mécène, collectionneur, musicien, etc.
  3. « Il pensait à tout mais il ne voulait rien » dit de lui le Cardinal de Retz.
  4. Henri Sacchi, La guerre de trente ans : L'Empire supplicié, Éditions L'Harmattan, 2003, p. 159.
  5. Michel Delon, « Libertinage », Encyclopædia Universalis (lire en ligne), consulté le 9 mars 2013.
  6. Anselme de SAINTE-MARIE, Histoire généalogique de la maison royale de France, t. I, Paris, Compagnie des Libraires, 1725, p. 358
  7. La duchesse de Montpensier mourut en couches, laissant sa fortune non à Gaston mais à leur fille.
  8. Pascale Heurtel et Michelle Lenoir, Les Vélins du Muséum, Paris, Muséum - Citadelles & Mazenod, coll. « Art et nature », , 624 p. (présentation en ligne)
  9. Denis Dodart (ill. Nicolas Robert), Mémoires pour servir à l'histoire des plantes : Dressez par M. Dodart, de l'Académie Royale des Sciences, Docteur en Médecine de la faculté de Paris., Paris, Imprimerie royale, , 131 p. (lire en ligne)
  10. Jean-Baptiste Lamarck, « Gastonia cutispongia », dans Encyclopédie méthodique, t. 2, (lire en ligne), p. 610
  11. Charles Du Bus, Gaston d’Orléans et ses collections topographiques, Paris, Impr. nationale, 1941.

Bibliographie

  • Gaston d'Orléans 1608-1660, exposition du tricentenaire, château de Blois, juin-, préface de Georges Dethan, Tours, impr. Gibert-Clarey, 1960, 62 p.
  • Christian Bouyer, Gaston d'Orléans : séducteur, frondeur et mécène, Paris, Albin Michel, , 332 p. (ISBN 2-226-10799-1).
  • Christian Bouyer, Gaston d'Orléans : frère rebelle de Louis XIII, Paris, Pygmalion, , 344 p. (ISBN 978-2-7564-0070-9).
  • Jean-Marie Constant, Gaston d'Orléans : prince de la liberté, Paris, Perrin, , 443 p. (ISBN 978-2-262-02745-2).
  • Jean-Marie Constant (dir.) et Pierre Gatulle (dir.), Gaston d'Orléans : prince rebelle et mécène, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 287 p. (ISBN 978-2-7535-5672-0, présentation en ligne).
  • Georges Dethan, Gaston d'Orléans : conspirateur et prince charmant, Paris, Librairie Arthème Fayard, , 501 p.
  • Georges Dethan, La vie de Gaston d'Orléans, Paris, Éditions de Fallois, , 429 p. (ISBN 2-87706-140-X).
  • Charles Du Bus, Gaston d'Orléans et ses collections topographiques, Paris, Imprimerie nationale, 1941 (extrait du Bulletin de la Section de géographie du Comité des travaux historiques et scientifiques, t. 55, 1940).
  • Pierre Gatulle, « La grande cabale de Gaston d'Orléans aux Pays-Bas espagnols et en Lorraine : le prince et la guerre des images », Dix-septième siècle, no 231, , p. 301-326 (lire en ligne).
  • Pierre Gatulle, « L'image de Gaston d'Orléans : entre mémoires, fiction et historiographie », Revue d'histoire moderne et contemporaine, Paris, Belin, nos 59-3, , p. 124-142 (lire en ligne).
  • Pierre Gatulle, Gaston d'Orléans : entre mécénat et impatience du pouvoir, Seyssel, Champ Vallon, coll. « Époques », , 433 p. (ISBN 978-2-87673-585-9, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Michel de Waele, « Le prince, le duc et le ministre : conscience sociale et révolte nobiliaire sous Louis XIII », Revue historique, Paris, Presses universitaires de France, no 670, , p. 313-341 (DOI 10.3917/rhis.142.0313).
  • Michel De Waele, « Conflit civil et relations interétatiques dans la France d'Ancien Régime : la révolte de Gaston d’Orléans, 1631-1632 », French Historical Studies, vol. 37, no 4, , p. 565-598 (DOI 10.1215/00161071-2717043).
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