Jean des Bandes Noires

Jean de Médicis, dit Jean des Bandes Noires, en italien Giovanni dalle Bande Nere, né à Forlì le et mort à Mantoue le , est un célèbre condottiere italien de la famille Médicis. Il est connu à son époque sous le nom d'Invincible Giovanni. Seul membre de l'illustre lignage des Médicis à avoir fait carrière comme condottiere, il est considéré par nombre d'historiens comme le dernier des grands condottieres italiens[1].

Pour les autres membres de la famille, voir Maison de Médicis.

Pour les articles homonymes, voir Giovanni delle Bande Nere (homonymie).

Statue de la Galerie des Offices de Florence, face à l'Arno.

Biographie

Fils de Jean de Médicis dit le Popolano, issu d'une branche cadette de la famille[1], et de Catherine Sforza, il passe son enfance dans un couvent, sa mère étant prisonnière de César Borgia. Prénommé à l’origine Ludovico en l’honneur de l'oncle de Catherine, Ludovic le More, duc de Milan, sa mère le renomme Giovanni en mémoire de son père à sa mort en 1498. Au décès de sa mère, en 1509, sa tutelle est confiée au chanoine Francesco Fortunati et à Jacopo Salviati, richissime banquier florentin mari de Lucrèce de Médicis, fille de Laurent de Médicis.

Quand Salviati est nommé ambassadeur à Rome en 1513, Jean le suit et est engagé dans la garde pontificale. Son parent Jean de Médicis vient d'être élu pape sous le nom de Léon X le 11 mars de la même année[1].

Le pape veut s'emparer d'Urbino pour la donner à son frère Julien. Il lui confie, alors qu'il n'a que 16 ans, une troupe de cent cavaliers. Son baptême du feu a lieu le dans la guerre contre Urbino et son duc François Marie Ier della Rovere, guerre qui dure seulement 22 jours et qui lui permet de s'emparer d'Urbino et de Fermo[1]. Il crée sa propre compagnie et réussit à imposer discipline et obéissance à ses hommes.

Il épouse, en 1516, Maria, fille de Jacopo Salviati, qui lui donne un fils, Cosme, qui deviendra grand-duc de Toscane sous le titre de Cosme Ier.

En 1520, Léon X lui donne un nouveau commandement pour soumettre les seigneurs rebelles des Marches. L'année suivante, le pape s’allie avec l’empereur Charles Quint contre François Ier pour chasser les Français de Milan et remettre les Sforza au pouvoir[1]. Jean est sous les ordres de Prospero Colonna. Il participe à la bataille de Vaprio d'Adda, franchit le fleuve contrôlé par les Français et les met en fuite ouvrant la route pour Pavie. Leur succès est total: Pavie, Parme et Plaisance tombent après Milan[1].

À la mort de son cousin le pape Léon X en 1521, en signe de deuil, il fait noircir ses bannières qui étaient blanches et violettes : il en tirera son surnom de Jean des Bandes Noires.

Le nouveau pape Adrien VI est hostile aux Médicis. Le condottiere est réduit au chômage et doit continuer à entretenir une troupe importante dans son camp de Reggio d'Emilie ce qui l'amène à accumuler les dettes. Il se met quelque temps au service de Florence, sans reconnaissance de la part de ses concitoyens[1].

En 1523, il est engagé par les Impériaux et, en juin 1524, il attaque de nuit le camp de Bayard faisant trois cents prisonniers. Les Français lui ayant alors fait des offres attrayantes, il combat sous les ordres d'Odet de Foix. Le nouveau pape Jules de Médicis, Clément VII, accepte de payer ses dettes s'il retourne auprès de François Ier. Celui-ci le couvre alors d'honneurs[1].

Blessé le d’un coup d’arquebuse au cours d’une escarmouche, il est transporté à Plaisance, puis le dans le château de sa sœur, Blanche Riario épouse Rossi, à San Secondo près de Parme; enfin, au mois de mai, il se rend aux bains d'Abano près de Venise. Sa compagnie ne participa donc pas à la bataille de Pavie. Il assiste impuissant à la défaite des Français et à la capture du roi.

En 1526, le commandement des troupes pontificales lui est confié. Le 6 juin, François Marie Ier della Rovere, commandant en chef, décide l’abandon de Milan, mais Jean refuse d’exécuter l’ordre et attaque les arrière-gardes de l’ennemi au confluent du Mincio avec le , mettant en déroute les troupes de Georg von Frundsberg. Le au soir, près de Governolo, hameau de Roncoferraro, il est gravement blessé au tibia d’un coup de fauconneau allemand. Il est transporté à Mantoue au palais de Louis-Alexandre de Castiglione, membre de la Maison de Gonzague et marquis de Castel Goffredo, où il est amputé. Il meurt de gangrène le . Il est inhumé dans l’église Saint-François de Mantoue, édifice somptueux construit sur les plans d'Alberti à la demande de Louis III de Mantoue, autre condottiere célèbre[1]. Ayant perdu leur chef, ses troupes se dispersent. Elles seront reconstituées l'année suivante sous le commandement d'Orazio Baglioni et participeront à la campagne du maréchal de Lautrec dans le royaume de Naples.

Il changea à plusieurs reprises de camp : 1516 au service du pape contre Urbino, juillet 1521 au service de Florence contre la France et Venise, mars 1522 au service de la France contre les Impériaux, 1523 au service de Milan contre la France, novembre 1524 au service de la France, juillet 1526 au service de l’Église et de Florence, novembre 1526 au service de la France contre les Impériaux.

Machiavel le considérait capable d’unifier l’Italie.

Notes et références

  1. Sophie Cassagnes-Brouquet, Bernard Doumerc, Les Condottières, Capitaines, princes et mécènes en Italie, XIIIe-XVIe siècle, Paris, Ellipses, , 551 p. (ISBN 978-2-7298-6345-6), Des condottieres au service de la papauté? (page 239)

Voir aussi

Article connexe

Au cinéma

Bibliographie

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