Bataille de Pavie (1525)

La 4e bataille de Pavie () est un événement décisif de la sixième guerre d'Italie (1521-1526). Elle marque la défaite des rois de France dans leur tentative de domination du Nord de l'Italie.

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Bataille de Pavie
La bataille de Pavie par Ruprecht Heller.
Informations générales
Date
Lieu Pavie, Lombardie
Issue Victoire habsbourgeoise
Belligérants
Royaume de France Saint-Empire
Monarchie espagnole
Commandants
François Ier (c)
Robert de La Marck 
Anne de Montmorency 
Henri II de Navarre 
François de Lorraine
Richard de la Pole
Jacques de la Palice
Louis de la Tremoille
Guillaume Gouffier de Bonnivet
Charles IV d'Alençon
Michel-Antoine de Saluces
Charles de Lannoy
Fernando de Ávalos
Georg von Frundsberg
Charles de Bourbon
Antonio de Leyva
Alfonso de Ávalos
César Hercolani
Fernando de Andrade (es)
Forces en présence
17 000 fantassins
6 500 cavaliers
53 canons
19 000 fantassins
4 000 cavaliers
17 canons
Pertes
12 000 morts, blessés ou prisonniers500 morts ou blessés

Sixième guerre d'Italie

Coordonnées 45° 11′ nord, 9° 09′ est
Géolocalisation sur la carte : Italie

Situation

La péninsule avant le début des guerres d'Italie.

À la suite de l'échec des troupes impériales de Charles Quint en Provence en 1523, le roi de France, François Ier, suit les conseils de l'amiral Guillaume de Bonnivet qui veut reprendre le Milanais alors même que la France est isolée diplomatiquement. À l'inverse, ses conseillers, experts en stratégie militaire, comme La Trémoille et le maréchal de La Palice, conseillent au roi d'attendre avant de se lancer dans la conquête du duché de Milan.

Fin , Milan tombe aux mains des Français qui décident alors de poursuivre sur Pavie, l'ancienne capitale de Lombardie, dont le siège commence le . Pendant le siège, les hommes du roi de France occupèrent et pillèrent les nombreux monastères et villages situés hors des murs de Pavie[1]. Fin , des renforts impériaux commandés par un noble de Bruxelles, Charles de Lannoy, premier conseiller de Charles Quint, se présentent devant Pavie et chaque camp se retranche pendant près de trois semaines.

Forces en présence

À l'image du chef de l'armée impériale, le Français Charles III de Bourbon, ancien connétable de France passé au service de Charles Quint, les armées n'ont pas d'unités nationales : on parle français, espagnol, allemand et italien dans les deux camps. Il n'y a pas d'uniformes et l'historien Jean-Marie Le Gall parle d'« armées composites » et de « mosaïques ethniques »[2]. François Ier peut compter sur sa cavalerie lourde, des chevaliers français accompagnés chacun de plusieurs archers montés. Son infanterie est majoritairement composée de mercenaires : principalement des piquiers suisses, mais aussi des lansquenets allemands et flamands des « bandes noires ».

L'armée impériale s'appuie essentiellement sur son infanterie composée d'Espagnols et de lansquenets allemands.

Les opposants ont recruté parmi les Italiens : des chevau-légers et des fantassins de toutes sortes, les arquebusiers étant réputés.

Les effectifs des deux armées sont difficiles à chiffrer, surtout car les sources contemporaines divergent[3]. Au début de la campagne, le rapport de forces est favorable aux Français ; cela devient plus confus cinq mois plus tard.

Selon l'ambassadeur de Charles Quint à Gênes, Lope de Soria, les troupes royales ont été affaiblies par l'occupation de l'Italie : les escarmouches ont décimé ses rangs et bon nombre de soldats ont été dispersés pour tenir les villes et les points stratégiques. L'hiver a encouragé les désertions. Comme leur engagement de trois mois est arrivé à son terme, plusieurs milliers de Suisses et de Grisons sont rentrés chez eux le [4].

Déroulement

Dans la nuit du au , les Impériaux ouvrent une brèche dans l'enceinte française et surprennent les assiégeants. Ils sont dirigés par Charles de Lannoy, Antonio de Leiva et, dans une moindre mesure, par l'ancien connétable Charles de Bourbon. Ce dernier s'était illustré aux côtés de François Ier lors de la bataille de Marignan en 1515, mais sa disgrâce, arrangée par Guillaume Gouffier de Bonnivet, l'avait fait changer de camp. Face au danger, le même Bonnivet s'indigne à l'idée d'une retraite, proposée par les généraux les plus expérimentés ; il veut épargner au roi la honte d'une fuite. Il fait dans le conseil une harangue que Brantôme a consignée[5] et emporte la décision du roi. Constatant ensuite les déplorables effets de son conseil et l'inutilité de ses efforts pour arracher son maître aux périls environnants, il court se précipiter au milieu des bataillons ennemis. Charles de Bourbon, voyant les restes sanglants de son adversaire, se serait écrié, en détournant les yeux : « Ah ! Malheureux ! Tu es cause de la perte de la France et de moi-même ! »[5].

Conséquences de la défaite française

Charles Quint visitant François Ier, par Richard Parkes Bonington.

La déroute est totale. Les Français perdent environ 10 000 hommes (dont 5 000 sont des mercenaires suisses)[6]. Une grande partie des cadres de l'armée, dont Bonnivet, La Palice et le grand écuyer de France Galeazzo Sanseverino sont tués dans la bataille. Clément Marot y est blessé au bras.

Plusieurs soldats sont crédités de la capture de François Ier, en particulier le gentilhomme basque Juan de Urbieta auquel le roi se fait connaître, le français De la Mothe qui est proche du connétable de Bourbon, le vice-roi de Naples Charles de Lannoy[7]. Mais également le comtois Jean d'Andelot, premier écuyer de Charles Quint, qui sera blessé à la joue par le roi de France au cours de l’événement[8]. Un chevalier italien, César Hercolani, de la ville de Forlì, sera surnommé le vainqueur de Pavie. François Ier est le troisième souverain français à être capturé sur un champ de bataille[9].

Le prisonnier royal est embarqué à Villefranche, près de Nice, pour l'Espagne, où il sera détenu par Charles Quint pendant un an en attendant le versement d'une rançon par la France et la signature d'un traité (traité de Madrid, ) l'engageant à céder ou restituer le duché de Bourgogne et le comté de Charolais, à abandonner la revendication de l'Artois et de la Flandre, enfin à renoncer à ses prétentions sur la péninsule italienne. Libéré, il laisse son épée à Charles Quint, mais ses deux fils ainés[10] âgés de 7 et 6 ans restent détenus en Espagne. Ils seront relâchés en 1530 contre le versement de la rançon.

François Ier reste « obnubilé par le Milanais », pour lequel il entrera encore deux fois en guerre[11].

Mot de la fin

Le billet du roi, transmis au lendemain de la terrible défaite, à sa mère, la duchesse d'Angoulême, devenue régente du royaume, a été réduit pour la postérité à quelques mots bien frappés mais ne correspondant pas à la réalité :

« Tout est perdu, fors l'honneur. »

Le véritable texte du billet était le suivant[12] :

« Madame, pour vous faire savoir comment se porte le reste de mon infortune, de toutes choses ne m'est demeuré que l'honneur et la vie qui est sauve. »

Notes et références

  1. (en) Fabio Romanoni, Il Libro dei Censi (1315) del Monastero di San Pietro in Verzolo di Pavia (lire en ligne)
  2. Le Gall 2015, p. 98.
  3. Le Gall 2015, p. 103-106.
  4. Le Gall 2015, p. 104.
  5. D'après Pierre de Brantôme, Vie des hommes illustres et grands capitaines français, « Livre III ».
  6. Certaines sources donnent même des nombres très supérieurs. Cf. FirstName Bouquet, Histoire de la Suisse, Paris, Presses universitaires de France, (ISBN 9782130472964), p. 50.
  7. Le Gall 2015, p. 95.
  8. Nicole Tournier et Daniel Ronfort, Adieu l'Encrine: 4 variations sur un thème collectif, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-25473-1, lire en ligne)
  9. Le premier est Saint Louis à la bataille de Fariskur ; et le deuxième, Jean le Bon à la bataille de Poitiers (1356). Le quatrième sera Napoléon III à la bataille de Sedan.
  10. François de France et Henri, le futur roi de France.
  11. Ferrand 2014, p. 86.
  12. Donné dans l'Encyclopédie des mots historiques, 2 volumes édités par Historama (Paris, 1970).

Voir aussi

Sources primaires

  • Brantôme, Vie des hommes illustres et grands capitaines français, J. Sambix le jeune, (réimpr. 1699 en 6 vol., 1722 en 4 vol.).

Bibliographie

  • Jean Giono,  : Le Désastre de Pavie, Paris, Gallimard, coll. « Trente journées qui ont fait la France », 1963.
  • René Guerdan, La Bataille de Pavie, Paris, 1976.
  • Jean Jacquart, François Ier, Paris, Fayard, (ISBN 978-2-213-00771-7).
  • Jean-Paul Mayer (préf. général Henri Paris), Pavie 1525 : l'Italie joue son destin pour deux siècles, Le Mans, Editions Cénomane, coll. « Les grandes batailles », , 157 p. (ISBN 978-2-905-59656-7).
  • Antonio Jiménez Estrella, « Pavie (1525) et Rocroi (1643) : impact politique et idéologique de deux batailles contre « el francés » », dans Ariane Boltanski, Yann Lagadec et Franck Mercier (dir.), La bataille : du fait d'armes au combat idéologique, XIe – XIXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 288 p. (ISBN 978-2-7535-4029-3, présentation en ligne), p. 157-170.
  • Jean-Marie Le Gall, « Autopsie d'une figure de la défaite : le roi prisonnier ou les embarras du vainqueur, François Ier après Pavie », Hypothèses : Travaux de l'École doctorale d'histoire, Paris, Éditions de la Sorbonne, no 11, , p. 297-314 (lire en ligne).
  • Jean-Marie Le Gall, « Les Combattants de Pavie. -  », Revue historique, Paris, Presses universitaires de France, no 671, , p. 567-596 (DOI 10.3917/rhis.143.0567).
  • Jean-Marie Le Gall, L'Honneur perdu de François Ier : Pavie, 1525, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique Payot », , 595 p. (ISBN 978-2-228-91208-2, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Dos Santos Davim Damien, Pavie au cours des rivalités politiques entre le Portugal, l'Espagne et la France, Nantes, Éditions Amalthée, 2019, (ISBN 978-2-310-03929-1).

Articles connexes

Liens externes

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