Eugen Drewermann

Eugen Drewermann, né le à Bergkamen, est un théologien et psychanalyste allemand en rupture de ban avec l'Église catholique dans laquelle il a été ordonné prêtre.

Eugen Drewermann
Eugen Drewermann en 1999.
Biographie
Naissance
Bergkamen
Thématique
Profession Écrivain, théologien (en), psychologue, professeur d'université (d), conférencier (d) et psychothérapeute (d)
Employeur Faculté de théologie de Paderborn (d) (jusqu'en )
Distinctions Prix Albert Schweitzer (d), prix Erich Fromm (en) () et médaille Urania (d) ()
Données clés

Biographie

Eugen Drewermann est né d'une mère catholique et d'un père luthérien[1]. Après son Abitur, il étudie la philosophie à Münster, la théologie à Paderborn, la psychanalyse à Göttingen.

En 1956, à la création de la conscription, il entre pour la première fois en conflit avec l'Église catholique, du fait de ses convictions pacifistes : il se déclare objecteur de conscience.

Il est ordonné prêtre en 1966 dans le diocèse de Paderborn[1]. D'après Jean-Pierre Bagot, sa confrontation dans son ministère à des personnes en cure psychothérapeutique le pousse à entreprendre une formation psychanalytique auprès de Harald Schultz-Henke, psychiatre néo-freudien de tendance jungienne[1].

Il publie une thèse en trois volumes en 1977-1978 intitulée Strukturen des Bösen [Structures du Mal] sur les onze premiers chapitres de la Genèse : « Usant tour à tour de l'exégèse, de la psychologie des profondeurs (Jung) et de la philosophie (Kant, Hegel, Kierkegaard et Sartre), il propose une vision renouvelée de la doctrine du péché originel : saisi d'angoisse devant sa liberté, l'homme fuit sa condition d'être limité, mais responsable »[1].

Privat-docent (en allemand : Privatdozent) en histoire des religions et théologie dogmatique à Paderborn jusqu'en 1991 (faculté de théologie catholique), il tente de concilier la doctrine de l'Église catholique avec les connaissances acquises (critique biblique, psychanalyse) et l'évolution de la société. Mais son « interprétation "psychanalytique" de la Bible déclenche un conflit violent avec les exégètes historico-critiques qui l'accusent de détruire les bases historiques de la foi »[1].

En 1994, il est interdit d’enseignement à la faculté de théologie par l'archevêque de Paderborn, Johannes Degenhardt, à la suite du succès de son livre Fonctionnaires de Dieu en 1989 et de ses travaux comparatistes sur le récit chrétien de la naissance virginale du Fils de Dieu et de sa résurrection : il n'est plus autorisé à tenir son séminaire[note 1] et ne peut plus célébrer ou conférer les sacrements[1].

Jusqu'en 2000, il a donné une causerie religieuse et morale, « Le mot hebdomadaire », au lycée de Paderborn.

En 2005, il quitte formellement l'Église catholique[2].

Avec Suspens a divinis en 1991, il acquiert une notoriété mondiale. Chacune de ses œuvres donne lieu à de nombreuses controverses et débats.

Eugen Drewermann et Tenzin Gyatso, le 14e dalaï-lama, ont dialogué lors de conférences publiques le et le à Zurich en Suisse[3].

Dans son ouvrage Les Voies du cœur : non-violence et dialogue entre les religions écrit avec le 14e dalaï-lama et publié en 1992 en Allemagne, Eugen Drewermann explique comment à l’époque du réarmement de l'Allemagne, à l'âge de seize ans, il se tourne vers le bouddhisme et s’intéresse à la non-violence et au dialogue interreligieux à l'intérieur du christianisme.

Il est psychothérapeute et conférencier sur les questions de religion, de présentation de la bible, d'analyse des contes populaires ou autour des relations entre l'animal et l'homme.

La notion de « bureaucrate consacré » qu'il a développée dans ses livres a été critiquée par le pape Benoît XVI[4].

Drewermann est porteur de positions politiques tranchées. Il est contre le capitalisme, contre la croissance économique et l'intérêt, pour l'euthanasie, contre les guerres du Golfe et les attaques aériennes israéliennes pendant la guerre du Liban. Drewermann est l'auteur de textes de soutien au parti postcommuniste Die Linke[5] et participe par des conférences à des manifestations de la Gauche[6].

Œuvres

Commentaires bibliques et réflexions théologiques

  • La peur et la faute. Psychanalyse et théologie morale, t. 1, Paris, Le Cerf, 1992, (ISBN 2-204-04517-9).
  • L'amour et la réconciliation. Psychanalyse et théologie morale, t. 2, Paris, Le Cerf, 1992.
  • Le mensonge et le suicide. Psychanalyse et théologie morale, t. 3, Paris, Le Cerf, 1992.
  • De l'immortalité des animaux, Paris, Le Cerf, 1992.
  • De la naissance des dieux à la naissance du Christ. Une interprétation des récits de la nativité de Jésus d'après la psychologie des profondeurs Paris, Le Seuil, 1992.
  • Les Voies du cœur : non-violence et dialogue entre les religions, avec le 14e dalaï-lama, Paris, Le Cerf, 1993.
  • L'Évangile de Marc. Images de la rédemption, t. 1 : Introduction, Paris, Le Cerf, 1993.
  • Dieu guérisseur. La légende de Tobit ou le périlleux chemin de la rédemption interprétation psychanalytique d'un livre de la Bible, Paris, Le Cerf, 1993.
  • Fonctionnaires de Dieu, Paris, Albin Michel, 1993.
  • L'Église doit-elle mourir ?, Paris, Stock, 1994.
  • Sermons pour temps pascal, Paris, Albin Michel, 1994.
  • La parole et l'angoisse. Commentaire de l'Évangile de Marc, Paris, Desclée de Brouwer, 1995.
  • Le mal, t. 1 : Structures et permanence, Paris, Desclée de Brouwer, 1995.
  • Le mal, t. 2 : Approche psychanalytique du récit yahviste des origines, Paris, Desclée de Brouwer, 1996.
  • Le mal, t. 3 : Approche philosophique du récit yahviste des origines, Paris, Desclée de Brouwer, 1997.
  • L'évangile des femmes, Paris, Le Seuil, 1996.
  • Dieu en toute liberté. Psychologie des profondeurs et religion, Paris, Albin Michel, 1997.
  • Psychanalyse et exégèse, t. 1 : La vérité des formes : rêves, mythes, contes, sagas et légendes, Paris, Le Seuil, 2000.
  • Psychanalyse et exégèse, t. 2 : La vérité des œuvres et des paroles : miracles, visions, prophéties, apocalypses, récits historiques, paraboles, Paris, Le Seuil, 2001.

Lecture psychanalytique de contes

  • "L'Essentiel est invisible". Une lecture psychanalytique du "Petit Prince", Paris, Le Cerf, 1992.
  • "La Boule de cristal". Interprétation psychanalytique, trad. Annick Yaiche, Paris, Le Cerf, 1993 (ISBN 2-204-04797-X). – Éd. or. : "Die Kristallkugel". Grimms Märchen tiefenpsychologisch gedeutet, Olten, Walter-Verlag, 1985.
  • "Neigeblanche et Roserouge". Interprétation psychanalytique, trad. Catherine Mazellier-Grünbeck, Paris, Le Cerf, 1993 (ISBN 2-204-04728-7). – Éd. or. : "Schneeweisschen und Rosenrot" : Grimms Märchen tiefenpsychologisch gedeutet, Olten, Walter-Verlag, 1983.
  • "La Jeune Fille sans mains". Interprétation psychanalytique d'un conte de Grimm, trad. Petru Dumitriu, Paris, Le Cerf, 1994.
  • "Petit-Frère et Petite-Sœur". Lecture psychanalytique d'un conte de Grimm, trad. Petru Dumitriu, Paris, Le Cerf, 1994 (ISBN 2-204-04965-4). – Éd. or. : "Brüderchen und Schwesterchen" : Grimms Märchen tiefenpsychologisch gedeutet, Olten, Walter-Verlag, 1990.
  • "Dame Holle". Psychanalyse d'un conte de Grimm, Paris, Le Seuil, 1995.

Divers

  • La parole qui guérit, Paris, Le Cerf, 1991, (ISBN 2-204-04300-1).
  • Progrès meurtrier, Paris, Stock, 1993.
  • La spirale de la peur. Le christianisme et la guerre, Paris, Stock, 1994.
  • Testament d'un hérétique, Paris, Albin Michel, 1994.
  • Quand le ciel touche la terre, Paris, Stock, 1994.
  • Barque du soleil, Paris, Le Seuil, 1994.
  • L'envers du monde. Libres propos sur l'essentiel (avec Henry Le Chénier), Villeurbanne, Golias, 1996.
  • Dialogue sur le parvis entre un évêque et un théologien (avec Jacques Gaillot), Paris, Desclée de Brouwer, 1996.
  • Milomaki, Paris, Le Seuil, 1997.
  • Eugen Drewermann. "Die Rechtlosigkeit der Kreatur im christlichen Abendland oder: von einer wichtigen Ausnahme". Interdisziplinäre Arbeitsgemeinschaft Tierethik (Hrsg.). Tierrechte - Eine interdisziplinäre Herausforderung. Erlangen 2007. (ISBN 978-3-89131-417-3)
  • Eugen Drewermann et al., Ecologie et spiritualité, Paris, Albin Michel, 2006, (ISBN 978-2-22617-282-2)

Notes et références

Notes

  1. Un tel séminaire diocésain « est placé sous l'autorité de l'évêque, assisté de quelques membres du clergé diocésain pour la discipline et la gestion du temporel » (d'après Jean Passicos, « séminaire », Encyclopedia Universalia, [lire en ligne], consulté le 21 mars 2021.

Références

  1. Jean-Pierre Bagot, « Eugen Drewermann », Universalia 2003, Encyclopædia Universalis, 2003, p. 396. [lire en ligne], site consulté le 21 mars 2021.
  2. « Eugen Drewermann poursuit sa quête, sans l'Eglise », sur la-croix.com, (consulté le ).
  3. (de) Matthias Beier, Eugen Drewermann: Die Biografie, p. 350
  4. « Benoît XVI insiste, le prêtre n'est pas un bureaucrate consacré », 30 juillet 2007
  5. Appell pour la Linkspartei, 9 septembre 2005
  6. (de) « Spiel mir das Lied vom Sozialismus », Focus-online, 4 juin 2007

Voir aussi

Bibliographie

  • (de) Beier, Matthias (2010). Gott ohne Angst: Einführung in das Denken Drewermanns. Düsseldorf, Patmos. (ISBN 3-491-72543-7).
  • (en) Beier, Matthias (2006). A Violent God-Image: An Introduction to the Work of Eugen Drewermann, New York, Londres, Continuum International.
  • (fr) Jean-Pierre Bagot, Eugen Drewermann, Peter Eicher, Peter Hünermann, Bernard Lauret (1993). Le Cas Drewermann - Les documents, Paris, Editions du Cerf.
    • Émile Poulat, « Le Cas Drewermann. Les documents », In: Archives de sciences sociales des religions, n°82, 1993. p. 319, sur le site de Persée consulté le 21 mars 2021 [lire en ligne].

Articles connexes

Liens externes

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