Théologie chrétienne

La théologie chrétienne veut « rendre raison de la foi chrétienne »[1]. Elle est une tentative d'intelligence rationnelle de la foi au moyen des catégories de diverses philosophies (grecques au départ, modernes ensuite). Selon la formule de saint Anselme de Cantorbéry, on la définit comme Fides quaerens intellectum.

La théologie désigne le discours croyant sur Dieu, la Bible, la religion et l'Église, et notamment sur les doctrines chrétiennes, élaborée selon les moyens et la perspective énoncés ci-dessus. Tout discours croyant n'est pas théologique, mais peut-être de l'ordre de la confession de foi (ou témoignage), de la prédication, voire de la louange. On peut aussi parler de la théologie de telle ou telle grande figure (théologie johannique, théologie paulinienne, théologie d'Augustin ou augustinisme). On parle aussi de théologie calviniste ou de théologie luthérienne.

Les autorités religieuses organisent l'enseignement de la théologie comme discipline universitaire. Le caractère scientifique de la théologie demeure discuté. Sa parenté avec la philosophie la ferait mieux nommer une « sagesse ». Mais au Moyen Âge, on la considérait comme la reine des sciences, couronnement et sommet de tout savoir humain, selon la place que la métaphysique occupait dans le système aristotélicien. Toutefois, au regard des critères de la science, seules certaines branches peuvent être absolument considérées comme des disciplines scientifiques. Dans l'Église orthodoxe, la théologie n'est pas considérée comme une discipline spéculative et déductive mais comme la connaissance expérimentale d'un Dieu qui se manifeste à sa création. Le titre de « théologien » n'est d'ailleurs attribué qu'à trois saints seulement : saint Jean l'évangéliste, saint Grégoire de Nazianze et saint Syméon le Nouveau Théologien.

Histoire de la théologie chrétienne

L'âge des Pères de l'Église

En 325, le symbole de Nicée a été adopté du concile de Nicée par l’Église [2].

Très tôt après la naissance du christianisme, des chrétiens, dont certains sont connus des catholiques et des orthodoxes sous le nom générique de Pères de l'Église rédigent des ouvrages pour défendre leur foi (apologétique) et pour en expliquer le contenu. Les Pères de l'Église, nombreux tant dans le milieu grec que romain, écrivent de nombreux ouvrages qui constitueront la base du développement ultérieur de la théologie. Parmi les grandes figures de cette époque, on citera Clément d'Alexandrie, Ambroise de Milan, Augustin d'Hippone, Tertullien. C'est une époque où les dogmes se fixent peu à peu, ce qui conduit à diverses querelles de doctrine.

Le Moyen Âge latin et la scolastique

St Thomas d'Aquin (1225-1274)

Au Moyen Âge, la théologie était une discipline essentielle au sein des universités naissantes[3]. La scolastique a donné lieu à la publication de nombreux écrits et à nouveau à des discussions doctrinales. Thomas d'Aquin est sans doute le principal théologien de l'époque scolastique, mais des figures comme Albert le Grand ou Bonaventure de Bagnorea ont marqué l'histoire de la théologie.

Parallèlement à cette scolastique, se développe une « théologie visuelle » à fonction pédagogique qui s'inspire de la doctrine des quatre sens de l'Écriture. Le Moyen Âge est en effet partagé entre la nécessité culturelle de l'image (l'écriture restant inaccessible à la majorité) et la crainte de ses perversions cultuelles, notamment l'idolâtrie. Les récits imagés dans les églises (vitraux, chapiteaux, tympans, fresques), les biblia pauperum et les Speculum humanae salvationis suscitent cependant la méfiance des théologiens[4].

La théologie moderne (XVIe siècle - XIXe siècle)

La théologie a connu un nouvel essor avec la Réforme et la Contre-Réforme[5]. Les théologiens réformateurs, qui donneront leurs noms à des confessions qui existent encore, développent des idées neuves en matière théologique. Cette vague de Réforme engage les catholiques à réagir et à réaffirmer ses dogmes.

Avec les Lumières, la théologie connaît une crise. Du côté catholique, elle se sclérose en refusant les idées modernes. Un cartésianisme catholique tente avec Malbranche une percée infructueuse. Il faudra attendre le XIXe siècle pour voir un renouveau côté romain (Moehler). Puis viendra le triomphe du néo-thomisme.

Chez les protestants, le XVIIIe siècle est marqué par l'influence de Leibniz puis du rationalisme. Le piétisme se développe en grande partie sous une impulsion hostile à la théologie « desséchante » opposée au « cœur » croyant et spontané.

Puis au début du XIXe siècle, se développent plusieurs grands systèmes basés sur Hegel ou dérivé de celui de Schleiermacher qui, en se fondant sur le sentiment religieux, tente de dépasser victorieusement les positions kantiennes qui rendaient impossible toute métaphysique rationnelle.

Plus tard dans le siècle, Albert Ritschl initie un retour à Kant. Enfin, vers 1900, Harnack, Troeltsch et Herrmann, sont les noms marquants parmi les théologiens protestants. Le socialisme chrétien se développe. Mais surtout le siècle est marqué par l'essor de l'exégèse historico-critique, les tentatives d'écrire une vie de Jésus sur une base historique fiable, tentatives auxquelles les travaux d'A. Schweitzer mettront un terme. La dimension apocalyptique et eschatologique de la prédication de Jésus est redécouverte dans le même temps.

La théologie contemporaine

La théologie contemporaine nait du drame de la Première Guerre mondiale et du vacillement du monde bourgeois[6]. Côté protestant citons les noms de Karl Barth, Rudolf Bultmann, Paul Tillich, Dietrich Bonhoeffer, Jürgen Moltmann.... Côté catholique Karl Rahner, Hans-Urs von Balthasar, Pierre Teilhard de Chardin, Hans Küng, Henri de Lubac, Yves-Marie Congar...

Notre époque, depuis les années soixante, est celle de la crise aggravée de la théologie chrétienne qui peine à retrouver sa crédibilité. Elle prend des directions différentes pour y parvenir mais sans vrai succès. La théologie est de plus en plus sensible à l'effort œcuménique. De nouveaux courants se développent, les plus connus étant ceux de la Théologie de la libération, théologie féministe, théologie du process, réception de Heidegger, retour à Troeltsch ou tout simplement traditionalisme et/ou au fondamentalisme.

L'exégèse développe des thèses de plus en plus radicales (remise en cause des théories sur la composition du Pentateuque qui avaient été admises depuis les travaux de Günkel voilà un siècle et plus, recherche du Jesus Seminar sur les logia de Jésus...). La découverte des manuscrits de Qumran jouera un rôle et ouvrira une nouvelle époque en matière de recherche biblique.

La déchristianisation en Occident rend la théologie de plus en plus complexe. Une crise des valeurs affecte le christianisme et rejaillit sur l'entreprise théologique. Des théologies extra-européennes tentent de se faire entendre dans une visée d'inculturation du christianisme. Mais de manière générale le caractère intellectuel traditionnel de la religion chrétienne s'efface. La théologie évangélique a été établie avec la doctrine de l’Église de professants, publiée en 1527 dans la Confession de Schleitheim par les frères Suisses, un groupe d’anabaptistes, dont Michael Sattler, à Schleitheim est une publication qui a répandu cette doctrine [7], [8].

Branches de la théologie

De manière plus concrète, la théologie chrétienne peut être divisé en 4 courants majeurs ; théologie catholique, théologie orthodoxe, théologie protestante, et théologie évangélique. Toutefois, les branches suivantes se retrouvent dans chaque courant[9],[10],[11] :

Voir aussi

Bibliographie

  • Friedrich Schleiermacher, Kurze Darstellung des theologischen Studiums, zum Behuf einleitender Vorlesungen (1810), traduit depuis peu sous le titre Le statut de la théologie. Bref exposé (1994).
  • Rosino Gibellini, Panorama de la théologie du XXe siècle, éditions du Cerf, Paris, 1994, §88p. (Bibliographie p. 603-666). Comprend théologie dialectique, existentielle, herméneutique, théol. de la culture, théol. de la sécularisation, théol. de l'histoire, théol. de l'espérance, théol. politique, théol. de la libération, théol. noire, théol. féministe, théol. du tiers-monde, théol. œcuménique.
  • Dictionnaire critique de théologie, sous la dir. de Jean-Yves Lacoste, Presses universitaires de France, Paris, 2002. (ISBN 2-13-052904-6).
  • Science et Religion, Bertrand Russell

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Dict. critique de la théologie, p. 1140.
  2. Helen Katharine Bond, Seth D. Kunin, Francesca Murphy, Religious Studies and Theology: An Introduction, NYU Press, USA, 2003, p. 491
  3. Williston Walker, History of the Christian Church, Simon and Schuster, USA, 2014, p. 337-339
  4. Emmanuèle Baumgartner, Laurence Harf-Lancner, Images de l'Antiquité dans la littérature française: le texte et son illustration, Presses de l'École Normale Supérieure, , p. 179
  5. Ed Hastings, The Oxford Companion to Christian Thought, Oxford University Press, USA, 2000, p. 669
  6. Roger E. Olson, The Story of Christian Theology: Twenty Centuries of Tradition and Reform, InterVarsity Press, USA, 2009, p. 553
  7. J. Philip Wogaman, Douglas M. Strong, Readings in Christian Ethics: A Historical Sourcebook, Westminster John Knox Press, USA, 1996, p. 141
  8. Donald F. Durnbaugh, The Believers' Church: The History and Character of Radical Protestantism, Wipf and Stock Publishers, USA, 2003, p. 65, 73
  9. Floyd H. Barackman, Practical Christian Theology: Examining the Great Doctrines of the Faith, Kregel Academic, USA, 2001, p. 16
  10. Wayne Grudem, « Théologie systématique », Editions Excelsis, USA, 2012
  11. Wolfhart Pannenberg, « Théologie systématique 1 », Éditions du Cerf, Allemagne, 2009
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