Combats du Bois-le-Prêtre

Les combats du Bois-le-Prêtre (« Priesterwald » pour les Allemands) se sont déroulés de septembre 1914 à juillet 1915 dans un massif forestier situé sur la commune de Montauville à quelques kilomètres à l'Ouest de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle, France). Les combats de Bois-le-Prêtre entrent dans le contexte de la Course à la mer, dernière étape de la guerre de mouvement sur le front occidental du début de la Première Guerre mondiale.

Combats du Bois-le-Prêtre
Le secteur de Bois-le-Prêtre en février 1915
Informations générales
Date De septembre 1914 à juillet 1915.
Lieu Bois-le-Prêtre, Ouest de Pont-à-Mousson, France
Issue Indécise
Belligérants
 France Empire allemand

Première Guerre mondiale

Batailles

Front d'Europe de l’Ouest


Front italien


Front d'Europe de l’Est


Front du Moyen-Orient


Front africain


Bataille de l'Atlantique

Coordonnées 48° 54′ 19″ nord, 6° 03′ 17″ est
Géolocalisation sur la carte : Meurthe-et-Moselle
Géolocalisation sur la carte : Lorraine
Géolocalisation sur la carte : France

Localisation

Le Bois-le-Prêtre se trouve en bordure des actuelles routes départementales RD 958 et RD 3 qui relient Pont-à-Mousson respectivement à Commercy et Thiaucourt-Regniéville. Géographiquement, ce massif forestier est situé sur les hauteurs des côtes de Moselle. Il offre des vues dominantes sur la plaine de la Woëvre qui s'étend entre les côtes de Moselle et les côtes de Meuse.

Lieux-dits du Bois-le-Prêtre
  • La Croix des Carmes
  • Le Quart-en-réserve
  • Le Mouchoir
  • L'Éperon-hors-bois
  • Le Gros-Chêne
  • La fontaine et la maison forestière du Père-Hilarion

Contexte historique

Repoussés aux combats de Mamey les 25 et 27 septembre 1914, les Allemands se retirent dans le bois Le Prêtre. Ils l’occupent dans sa plus grande partie et édifient de formidables fortifications sur la colline du Quart-en-Réserve. La division de la forteresse de Toul cherche alors à reprendre le bois pied à pied dans une lutte quasi journalière d’attaques par sections. Les mines, les sapes, les camouflets, les crapouillots à ailettes qui leur tombaient dessus sans qu’on puisse y prendre garde, les fusillades continuelles, les bombardements qui semblaient ne jamais vouloir cesser, la boue, l’eau jaunâtre, le froid le plus extrême, les cadavres et encore les cadavres ont forgé pour les combattants l’enfer des premiers mois de la reconquête[1].

Les combats

La fontaine et la maison du père Hilarion.
Le secteur en début décembre 1914.
Relèves publiées dans le Miroir No 80.

Ordre de bataille

France
Empire allemand

Déroulement des opérations

De l'automne 1914 au printemps 1915, les troupes françaises progressent dans le bois au prix de pertes énormes. Le 4 juillet 1915, une contre-attaque allemande reprend presque tout le terrain gagné dont l'emplacement de la Croix des Carmes, la croix elle-même ayant été mise à l'abri par les Français. Le front désormais ne bougera presque plus dans ce secteur. Les combats auront fait plus de 7 000 morts dans chaque camp.

Caractéristiques des combats du Bois-le-Prêtre
  • Lignes adverses parfois très rapprochées (20 mètres à la Croix des Carmes)
  • Combats au corps à corps
  • Fourneaux de mines
  • Utilisation de lance-flammes (attaque allemande du )
  • Utilisation des gaz de combat

En guise d'épilogue, le , tout le secteur du Bois-le-Prêtre est libéré sans combat par la 90e division d'infanterie américaine, au cours de la réduction du saillant de Saint-Mihiel.

Fraternisation entre soldats allemands et français

De l'avis d'un témoin combattant français, elles n'auraient pas eu lieu : « Des imaginatifs ont affirmé qu’à la fontaine du Père-Hilarion, Français et Allemands allaient chercher de l’eau, et que, par suite, d’une trêve tacite, des propos idylliques s’échangèrent entre adversaires. Il n’y a qu’une objection à cet émouvant tableau, c’est qu’il fut matériellement impossible ; jamais la fontaine ne s’est trouvée entre les lignes »[2]. Il y eut tout de même, comme le relate une carte postale de Montauville datant du , des échanges de tabac et de chocolat entre Français et Allemands depuis leurs tranchées séparées d'à peine 10 mètres. Ceci, bien sûr, en cachette de leurs supérieurs. Le 27 octobre 1914, plusieurs soldats allemands rendent visite aux soldats français, pour leur dire que leurs barbelés sont trop hauts, ils leur expliquent comment il faut faire. Cela se passe à la au bout de la tranchée forestière de Fey en Haie. ce texte provient de Charles François, historien connu et reconnu de Pont-à Mousson

Johann Baptiste Mack du 53e B.E.B.[Quoi ?], soldat allemand au Bois-le-Prêtre, fit ce récit :

« nous avions enlevé les cuirs pour creuser, de l'autre côté les Français avaient fait comme nous[Note 1] et ils nous faisaient signe en agitant le képi de la main, nous avons rendu ce salut[3]. »

« ... Alors que nous étions du côté de Remenauville, en 1916, les Français venaient jouer aux cartes avec nous et nous allions chez eux de la même manière[3]. »

Des personnalités au Bois-le-Prêtre

  • L'illustrateur français Gus Bofa fut touché aux deux jambes par un tir de mitrailleuse le .
  • L'historien jurassien Louis Lautrey, auteur d'une biographie du capitaine Lacuzon, y a été tué au combat le .
  • Le , le président de la République Raymond Poincaré, originaire de la Meuse, fit une visite au Bois-le-Prêtre[4].
  • La comédienne Sarah Bernhardt, dans le cadre du théâtre aux armées rendit visite aux poilus dans les tranchées du Bois-le-Prêtre, en [4].
  • L'écrivain allemand Ernst Toller participa aux combats du Bois-le-Prêtre[4].
  • [5].
  • Victor Tuby organise et défend l'observatoire dénommé par l'état-major « Observatoire Tuby »[6]. Gravement blessé, il reçoit la Croix de Guerre 1914-1918[7].

Des fusillés pour l'exemple

Les deux soldats Camille Chemin et Édouard Pillet du 37e d'infanterie coloniale sont fusillés près de Montauville pour désertion, mais il s’agit d’un malentendu. En effet, les sacs laissés par les fantassins pendant une attaque précédente avaient été pillés. Les deux hommes sont désignés pour les garder afin d’éviter les vols durant les attaques suivantes. En juin 1915, lors d’une attaque menée par le nouveau capitaine, celui-ci les considère comme disparus au front alors qu’ils étaient à l’arrière avec les sacs. Le 37e RIC fait ensuite mouvement et Chemin et Pillet réintègrent le régiment. Le colonel les considère comme déserteurs et les deux soldats sont traduits le 4 août devant un conseil de guerre et fusillés dès le 5 août. Ces deux soldats fusillés pour l'exemple seront réhabilités en 1934[8].

Anecdotes

Lieux de mémoire

Cimetières militaires

Monuments commémoratifs

  • La Croix des Carmes.
  • Monument du Lion, à la mémoire du 241 Infanterie Bataillon, réalisé par le soldat Schrader sur un dessin du lieutenant Wortmann.
  • Monument commémoratif au 365 régiment d'infanterie.
  • Chapelle commémorative du village de Remenauville.
  • Monument commémoratif au village détruit de Fey-en-Haye.
  • Église de Fey-en-Haye avec son vitrail relatant l'inauguration de la Croix des Carmes par le Président Poincaré.

Vestiges

Observatoire de la croix des Carmes
  • Vestiges des fortifications allemandes dont certaines furent décrite par Ernst Jünger, dans son roman Orages d'acier
  • Vestiges de tranchées.

Hommages

Notes et références

Notes

  1. vraisemblablement du côté du Haut de Rieupt

Références

  1. Jacques Dieterlen, Le BOIS LE PRÊTRE : (OCTOBRE 1914 - AVRIL 1915), , 279 p., p. 15 et 17
  2. Charles François, « Les combats du Bois-le-Prêtre », L'Est illustré,
  3. Johann Baptiste Mack, Du "Württemberg" au Bois le Prêtre, Editions Edhisto 2016
  4. https://www.lieux-insolites.fr/cicatrice/14-18/bois/bois.htm
  5. Ernst Jünger combattit au Bois-le-Prêtre, en
  6. Lou Pescaire de Peiro-Longo, « Un grand artiste régionaliste : Victor Tuby, lou canenc ! », Lou Soulèu,
  7. « Portrait de Victor Tuby », sur Archives municipales de la ville de Cannes
  8. Les Fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-1999) de Nicolas Offenstadt a publié en 2000 un livre repris en collection Poche des éditions Odile Jacob, pages 52, 83, 218, 225 et 230.
  9. Historique du 168ème Régiment d'Infanferie p11

Voir aussi

Bibliographie

En français
  • BOYER, Lucien. - Au Bois-Le-Prêtre ! chanson de 1915
  • DENIS, Colonel. - Les Loups du Bois-le-Prêtre. - (Pays lorrain, 1965, p. 103-116).
  • Guides illustrés Michelin des champs de bataille. Le Saillant de Saint-Mihiel. Itinéraire : Verdun, Saint-Mihiel, Commercy, Pont-à-Mousson, Metz, Verdun. - Clermont-Ferrand : Michelin, 1920. - 129 p. : fig., cartes ; in-8
  • DIETERLEN, Jacques. - Le Bois-le-Prêtre, octobre 1914-avril 1915. Dessins... par M. S. Laurent. - Paris, Hachette et Cie, 1917. - In-16, 280 p., ill., couv. ill. - (Mémoires et récits de guerre).
  • DRULANG, Jean Pierre. - Du "Württemberg" au Bois le Prêtre. Fraternisation. Edition Edhisto, 2016, en français avec le texte original en allemand
  • FRANÇOIS, Charles. - Les combats du Bois-le-Prêtre (L'Est illustré, 31 juillet 1932)
  • HURET, Joël. - Les Américains sur le front de Lorraine : Sites et monuments du saillant de Saint-Mihiel. - Metz : Éditions Serpenoise, 1998.
  • HURET, Joël. - Le saillant de Saint-Mihiel : 1914-1918. Sites et monuments de la région de Pont-à-Mousson et d'Apremont-la-Forêt. - Metz : Ed. Serpenoise, 1997. - 145 p. : ill. - (ISBN 2-87692-339-4).
  • LEBOCQ, Henri-Marie (Général). - La Division du Bois-le-Prêtre, devant le fort de Troyon et à Lironville, septembre 1914, au Bois-le-Prêtre, septembre 1914 - juillet 1916. [Dessin du sergent Bils.] - Nancy : Impr. centrale de l'Est, 1922. In-8° (255 x 165), 49 p., fig., pl., cartes en coul.
  • LEBOCQ, Philippe. - "Le Général 15 centimes" (biographie du Général Henri Lebocq)- Éditions Les Fous du Désert 2001 - nombreuses photos (dont Sarah Bernhardt accueillie au front par le Général Lebocq, Raymond Poincaré, Maréchal Joffre, etc.) - (ISBN 2-914130-05-8)
  • OLRY, Bernard. - Ceux du Bois-le-Prêtre, 1914-1918. - Haroué : Gérard Louis, 2004.
  • PORTA, G. (Abbé). - Les Loups devant le Bois-le-Prêtre. - Pannes, l'auteur : s. d. - 189 p. - pl., couv. ill.
  • TOUSSAINT, Dominique. - Les Loups du Bois-le-Prêtre. - Haroué : Gérard Louis, 2007.
  • VARIOT, Jean-James. - La Croix des Carmes, documents sur les combattants du Bois-le-prêtre... - Paris, Berger-Levrault : 1916. - 101 p., pl. et fig. ; in 16°.
  • Historique du 168e régiment d'infanterie campagne 1914-1918 Librairie Chapelot Paris
En allemand
  • CRON, Hermann. - Infanterie-Regiment Markgraf Karl Nr. 60 (de) in dem großen Kriege 1914 - 1918. - 1926. - VIII, 317 p. : 29 Ill. et 22 cartes. - (Erinnerungsblätter deutscher Regimenter ; 155)
  • TOLLER, Ernst. - Eine Jugend in Deutschland. - Carl Hanser Verlag, 1978. - (Gesammelte Werke, Bd 4). - [Les chapitres 3 et 4 concernent le passage de l'auteur au Bois-le-Prêtre en 1915 vraisemblablement près de Norroy-lès-Pont-à-Mousson dans un régiment d'artillerie bavarois]
  • TOLLER, Ernst. - Leichen im Priesterwald [(1916)] 1924 (Verse vom Friedhof) In: Vormorgen (Potsdam), 1924, p. 17.
  • Zwischen Maas und Mosel /Armee-Abteilung von Strantz. - Siegburg, ca. 1917. - ca. 140 p. : nur Ill.
En anglais
  • Amis de la France, le Service de campagne de l'Ambulance américaine décrit par ses membres. Traduction [de l'anglais] de Firmin Roz. Préface de S.E.M. J.-J. Jusserand... (Introduction de A. Piatt Andrew.). - Paris : Plon, 1917. - In-16, XXII-331 p.
  • Beston, Henry, 1888-1968. - A volunteer poilu / by Henry Sheahan. - Boston, New York, Houghton, 1916. - x, 217 p. illus., fold. facsim., pl. ; 18 cm.
  • Friends of France. The field service of the American ambulance... - New York : Houghton Mifflin company, 1916. - xvii, [1] p., 1 l., 294, [1] p., 1 l. incl. illus. ; 21 cm.

Liens externes

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