Château de Mesnières

Le château de Mesnières est situé à Mesnières-en-Bray (Seine-Maritime).

Château de Mesnières

Le château en 2014.
Période ou style Renaissance
Type Château
Fin construction 1546
Propriétaire initial Charles de Boissay
Destination actuelle Institution Saint-Joseph
Protection  Classé MH (1862, 1995)
Site web Site internet du Château de Mesnières
Coordonnées 49° 45′ 44″ nord, 1° 22′ 54″ est [1]
Pays France
Ancienne province Normandie
Région Normandie
Département Seine-Maritime
Commune Mesnières-en-Bray
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Seine-Maritime

Historique

Au XIe siècle, une forteresse de bois entourée d'une palissade est construite par Robert de Mesnières, seigneur du lieu - cité avec son épouse Renza dans une donation de 1043 aux bénédictins de Sainte-Catherine du Mont, près de Rouen, contresignée par Guillaume le Conquérant - pour contrôler le passage d'une ancienne voie romaine et la vallée de la Béthune[2].

Vers 1200, la propriété passe par héritage à la famille Valliquerville, puis au milieu du XIVe siècle à Henri de Bailleul, possible cousin du roi d'Écosse Édouard Balliol qu'il aurait aidé en 1332 à conquérir son royaume (bataille de Perth), et à la fin du siècle à la famille de Boissay.

La forteresse ayant été démantelée par les Anglais au XVe siècle[2], Charles de Boissay accélère la reconstruction du château initiée par son père, à la suite de son mariage en 1521 avec la riche Madeleine le Picart, en s'inspirant de l'architecture Renaissance des châteaux de la Loire.

Construit sur quarante ans (?) après sa mort, ce fut sa sœur Suzanne qui supervisa les travaux ; la chapelle est bénie le 4/04 1546[2].

Le château devient en 1590 (ou 1544 ?) par mariage la propriété des Fautereau. Nicolas de Fautereau, baron de Villers, fut un fidèle d'Henri IV, ce qui valut à son château d'être ravagé par les Ligueurs.

Louis Fautereau, du fait de son mariage avec Catherine de Mannneville, fille d'honneur d'Anne d'Autriche, obtint l'érection de sa terre en marquisat ; il agrandit et embellit vers 1660 le château en aménageant notamment la chapelle, la galerie des Cerfs, le plafond de la salle des Cartes et la salle des Quatre-Tambours.

La succession très obérée de son petit-fils mort célibataire à la bataille de Malplaquet (11 septembre 1709), obligea en 1713 à mettre en vente le domaine en dépit de l'obstruction d'un descendant bâtard des Fautereau qui, s'étant emparé du château avec quelques compagnons, dut en être délogé afin de permettre son appropriation par son acquéreur, Jean-Baptiste Durey, président au Grand Conseil et fils d'un receveur général des finances de Franche-Comté.

Son fils fut le président de Mesnières, grand légiste qui consacra sa vie au dépouillement (soit plus de 100 volumes manuscrits) des registres du Parlement et devint un des chefs de l'opposition parlementaire à Louis XV, qui était « irrité de ses cabales et de ses intrigues ». Ayant sollicité de celui-ci l'octroi d'une charge pour son fils - qui fut refusée puis finalement accordée - il fut reçu par la marquise de Pompadour, qui se permit de le tancer avec autorité et éloquence lors d'une entrevue qui inspira plus tard à Musset son conte La Mouche.

Ce fils, ruiné par le jeu, dut vendre Mesnières en 1762 (ou 1766 ?) au roi Louis XV, qui l'échangea immédiatement contre « trois maisons servant d'écuries aux Tuileries » avec Michel-Charles-Louis de Biencourt, marquis de Poutrincourt, issu d'une famille citée en Picardie [2] depuis le XIIe siècle.

Séquestré pendant la Révolution, le château est transformé en prison pendant la Terreur et abrite jusqu'à 150 prisonniers [2].

Restitué à son propriétaire en 1799, il sera occupé par son fils Charles-Nicolas de Biencourt, qui le fait restaurer (porte de l'aile gauche et série de bustes sur consoles de la façade), y reçut en 1827 la duchesse de Berry, et y mourut sans postérité en 1833.

Professeurs et élèves de l'institution du Château de Mesnières, photographiés par Claude Bretagne & Jules David en 1874

Mis à nouveau en vente, il est acquis par l'abbé Charles Eude, vicaire de l'église Saint-Vincent de Rouen, qui le sauve de la démolition en y installant la communauté des Frères de la Miséricorde, un établissement d'enseignement avec orphelinat et pensionnat [3]. En 1878 la direction de l'établissement fut reprise par la congrégation des Pères du Saint-Esprit.

C'est de cette époque que date la construction, aux abords du château, de vastes dépendances, et, au milieu de la façade postérieure, d'une vaste chapelle.

Il était considéré comme le centre du village durant des siècles (selon le maire Dany Minel, au XIXe siècle, produisant et vendant l'électricité au village, et le boulanger était au château.

Le château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862 et les abords, d'un classement en 1995 [4].

Le , le feu, attisé par un vent violent, se déclare à la toiture du château, qui est détruite aux trois-quarts [2],[5]. Les deux chapelles, celle du XVIe siècle et celle du XIXe siècle, brûlent entièrement.

Il faudra dix années d'efforts, jusqu'en 2014, sous l'impulsion de Michel Huet (ancien directeur de l'Institution Saint-Joseph, 1983-2009), pour reconstruire les parties détruites et restaurer l'ensemble.

Aujourd'hui, les activités économiques, touristiques, culturelles et d'enseignement se développent à nouveau.

L'Institut Saint-Joseph qui occupe la propriété se compose d'un collège d'enseignement général[6] et d'un lycée[7]. Ce dernier possède quatre filières d'enseignement technique en plus de l'enseignement général : horticulture-jardins-espaces verts, santé et social, forêt, hôtellerie-restauration. Environ 400 à 500 élèves et étudiants (BTS) vivent sur le site durant l'année scolaire.

Architecture

Le château de Mesnières-en-Bray est considéré comme une merveille de l'architecture Renaissance, à l'image des châteaux de la Loire ; à noter à cet égard qu'en 1791 Charles de Biencourt (1747-1824), 1er marquis du nom, acquit le château d'Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire) que ses descendants conserveront jusqu'en 1899.

L'architecture de l'édifice subit une double influence : d'un côté, on retrouve des tours cylindriques encadrant le bâtiment principal, écho des ascendances médiévales ; de l'autre côté, on découvre un plan largement inspiré du château de Chaumont-sur-Loire.

Derrière ses façades renforcées de mâchicoulis, le château abrite notamment un pavillon central dont la façade relève son élégance de pilastres grecs, de grandes croisées, de bustes et d'armoiries[8].

L'incendie de 2004 a ravagé les vitraux anciens des trois hautes baies centrales du chœur - constitués de fragments, remontés au XVIIIe siècle de ceux qui à l'origine ornaient toutes les baies - de la chapelle seigneuriale Renaissance d'où le feu est parti (La Guérison de l'hydropique, La Transfiguration…) qui ont explosé sous la chaleur.

De même, si elles n'ont pas été brûlées, la "galerie des Cerfs" (XVIIIe siècle) ornée d'une paroi sur laquelle sont sculptés sept grands cerfs, la "salle des Quatre-Tambours" (le salon de musique) et la "salle des Cartes" qui doit son nom aux cartes des grandes villes de la région peintes à la fin du XIXe siècle pour les élèves), deux pièces classées Monument Historique comme le château lui-même, auront été endommagées par les masses d'eau déversées pour éteindre l'incendie. Furent également détruits les "vitraux du Cardinal", certaines œuvres de l'école de Guardi (XVIIe siècle), notamment celles qui ornaient les plafonds et les murs peints, inévitablement attaqués par les eaux.

Le château est entouré d'un jardin dessiné par Le Nôtre [8].

Notes et références

  1. Coordonnées vérifiées sur Géoportail et Google Maps
  2. Franck Boitelle, « Le château Renaissance renaît de ses cendres », Paris Normandie, 21 août 2010, p. 36-37.
  3. Dieudonné Dergny, La Normandie Monumentale et Pittoresque, Seine-inférieure, Le Havre, Lemale et Cie, imprimeurs, éditeurs, (lire en ligne), p. 263-266
  4. Notice no PA00100751, base Mérimée, ministère français de la Culture
  5. http://www.infos-dieppoises.fr/Archives2004/IncendieMesnieres.htm
  6. « Accueil du Collège Saint Joseph de Mesnières-en-Bray, Normandie », sur www.college-saintjoseph-mesnieres.fr (consulté le )
  7. Massenet Jean Yves, « Lycée Saint Joseph de Mesnières en Bray, Normandie », sur www.lycee-saintjoseph-mesnieres.fr (consulté le )
  8. http://www.seinemaritime.net/tourisme/Du-strapontin-au-balcon/chateaux/Chateau-de-Mesnieres-en-Bray

Bibliographie

  • Dieudonné Dergny, Le Château de Mesnières, in La Normandie monumentale et pittoresque (Seine-Inférieure, 1893, Le Havre, Lemale et Cie, imprimeurs, éditeurs, p. 263-266);
  • Claude Hellouin de Ménibus, Mesnières-en-Bray : un "château de la Loire" en Normandie, Rouen, (OCLC 157087458)
  • Claude Frégnac, Merveilles des châteaux de Normandie (Hachette, 1966, pp 52 à 57, ill.).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail des châteaux de France
  • Portail de la Seine-Maritime
  • Portail des monuments historiques français
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.