Bande dessinée belge

La bande dessinée belge constitue un art à part entière en Belgique. La bande dessinée apparait réellement dans ce pays dans les années 1920 sous l'impulsion d'Hergé avec son héros Tintin et plus tard le journal du même nom suivi par le journal Spirou. Cette concurrence crée une émulation et un développement accru de la bande dessinée après-guerre. Chaque journal avait sa ligne éditoriale et donna lieu à deux styles. Les observateurs parleront par la suite d'école « ligne claire » pour les auteurs du journal Tintin et de l'école de Marcinelle pour Spirou, du nom du siège de l'éditeur.

Un grand nombre de bandes dessinées francophones sont d'origine belge, d'où l'expression bande dessinée franco-belge également stimulée par la création du journal français Pilote à la fin des années 1950 puis plusieurs magazines à l'instar de L'Écho des savanes, Métal hurlant et Fluide glacial qui permettent à un grand nombre d'auteurs français et belges de développer leurs créations.

Histoire

Les origines de la bande dessinée belge remontent au XIXe siècle. C'est à partir de 1840 que des imprimés comme Le Charivari ou le Magasin universel commencent à diffuser iconographies populaires (par exemple par Georges Ista) ou séquences d'images (Richard de Querelles). Ce patrimoine graphique reste toutefois encore largement méconnu[1].

On a ainsi coutume de dire que la bande dessinée belge démarre réellement en 1929 avec Hergé inventeur » de la « ligne claire ») et les premières aventures de son jeune reporter Tintin.

Ont suivi entre autres comme héros Spirou (1938), Blake et Mortimer (1946), Lucky Luke (1947), Bob Bang (1947), Félix (1949), Achille et Boule-de-Gomme (1949), Jerry Spring (1954), La Patrouille des Castors, Gil Jourdan (1956), Gaston Lagaffe (1957), les Schtroumpfs (1958), Boule et Bill, Luc Orient, Achille Talon, Buck Danny, Dan Cooper, Bob et Bobette, Tif et Tondu, L'Agent 212, Modeste et Pompon, Bob Morane, Martine, Léonard, Chick Bill, Ric Hochet, Corentin, Cubitus, Natacha, Yoko Tsuno, Jhen, Keos, Bernard Prince, Comanche, Olivier Rameau, le Chat, Les Tuniques bleues, Thorgal, Jeremiah, XIII, IR$, Largo Winch, Gord, Fox, Albert Lombaire, Docteur Poche, Jeannette Pointu, L'Élève Ducobu, Le Scrameustache, Cédric.

Bande dessinée belge francophone

Après la seconde guerre mondiale, la bande dessinée belge francophone est marquée par la prédominance de journaux destinés à la jeunesse, comme Le Journal de Tintin (Bruxellois) et Le Journal de Spirou (à Marcinelle), qui donnent naissance à l'école dite de bande dessinée franco-belge. Cette bande dessinée s'est vue offrir les possibilités du marché français, elle a été amenée à se franciser, c'est-à-dire non pas à s'exprimer en français, ce qu'elle faisait déjà, mais à renoncer aux référents belges : Les différentes maisons d'édition wallonnes et bruxelloises imposent aux auteurs dès les années cinquante un standard français pour des raisons commerciales (...) les uniformes et les panneaux de signalisation adoptent des critères hexagonaux...[2] Des références récurrentes aux paysages et à l'imaginaire wallons sont cependant notables chez des auteurs aussi différents que Comès ou Peyo (décors de Johan et Pirlouit). Il y a aussi les paysages qui apparaissent en quelque sorte par hasard comme la cathédrale Saint-Aubain de Namur, les langues parlées chez certaines tribus exotiques de la Natacha de François Walthéry (souvent du wallon ou picard, on retrouve aussi le même procédé chez Hergé en patois flamand de Bruxelles), les bateaux touristes le long de la Meuse à Dinant, etc.

Bande dessinée belge flamande

Moins connue en territoire francophone, la bande dessinée flamande présente une riche tradition et sa popularité auprès du grand public est remarquable au regard de la taille du territoire. La série Jommeke de Jef Nys a vendu 45 millions d'albums en Flandre[3]. Des auteurs comme Marc Sleen sont extrêmement populaires dans le monde néerlandophone sans pour autant avoir le même niveau de notoriété auprès du public belge francophone ou français. Des ponts existent cependant entre la BD belge francophone et la BD flamande : Willy Vandersteen, en intégrant l'équipe du Journal de Tintin, a fait de Bob et Bobette un succès auprès du public francophone et Bob de Moor, auteur de séries longtemps inédites en langue française et collaborateur d'Hergé, s'est parallèlement imposé comme un vétéran de la bande dessinée franco-belge.

L'expansion de la bande dessinée belge après 1945

À partir de la seconde moitié des années 1940, plusieurs journaux voient le jour. En lançant Le Journal de Tintin et les Éditions du Lombard, l'éditeur Raymond Leblanc remporte un grand succès éditorial et contribue à faire de la Belgique le centre de gravité de la bande dessinée francophone. Une autre publication belge, Spirou, lui apporte une concurrence sérieuse. Le terme de Bande dessinée franco-belge prend alors tout son sens, du fait de l'imbrication des univers professionnels de ces deux pays. À la grande époque du Journal de Tintin, des auteurs comme Jacques Martin ou Tibet viennent travailler en Belgique et sont, bien que français, associés à la bande dessinée belge.

Alors que la bande dessinée belge francophone accède au marché français dans les années 1950, les auteurs de bande dessinée francophone renoncent à tout référent belge trop visible pour proposer à leur lecteur des histoires plus « universelles ». Tel n'est pas toujours le cas et certaines productions peuvent donner l'impression d'une véritable annexion au marché éditorial le plus important : alors qu'en 1950 (dans Fantasio et son Tank), Franquin dessine des policiers portant la bombarde argentée des forces de l'ordre du royaume, celle-ci fait place (dans, par exemple, Panade à Champignac) au képi caractéristique de l'uniforme français.

Les éditeurs comme Le Lombard, Dupuis et Casterman dominent aujourd'hui en grande partie le secteur de la bande dessinée. Et ils ont à bien des égards contribué à définir la figure de l'auteur de bande dessinée moderne[4].

Centre belge de la bande dessinée

Le Centre belge de la bande dessinée se trouve dans un bâtiment Art nouveau qui fut dessiné par Victor Horta. Des bandes dessinées historiques (Tintin, Spirou, Lucky Luke) aux nouvelles créations, tout ce qui traite de la bande dessinée en Belgique s'y trouve. Le centre abrite aussi la plus grande bédéthèque du monde ainsi que de nombreuses expositions temporaires.

Auteurs

Quelques-uns des auteurs les plus connus :

Maisons d'éditions belge renommées

Petits éditeurs belges

Ces éditeurs belges sont plus confidentiels en termes de volume :

Notes et références

  1. Paques 2012.
  2. Arnaud Pirotte, Paysage mental et patrimoine wallon, in L'imaginaire wallon dans la Bande dessinée, p. 65-71.
  3. Actuabd : à la découverte de la BD Flamande
  4. Berthou 2010.

Annexes

Bibliographie

  • Benoît Berthou, « La bande dessinée franco-belge : quelle industrie culturelle ? », Textyles, nos 36-37, (lire en ligne).
  • Patrick Gaumer, « Belgique francophone », Larousse de la BD, Paris : Larousse, 2010, hors-texte p. 18-22.
  • Frans Lambeau (préf. Philippe Goddin), Dictionnaire illustré de la bande dessinée belge sous l'occupation, Bruxelles, André Versaille éditeur, , 334 p. (ISBN 978-2-87495-140-4).
  • Frédéric Paques, « La bande dessinée en Belgique francophone au XIXe siècle », Comicalités. Etudes de culture graphique, (lire en ligne).
  • Jean Pirotte, Arnaud Pirotte et Luc Courtois (avec le concours de Jean-Louis Tilleul) Du régional à l’universel. L’imaginaire wallon dans la bande dessinée, Louvain-la-neuve, Publication de la Fondation wallonne, série Études et documents, Vol. 4, 1999 (ISBN 2-9600072-3-9)
  • Céline Aucher, « Zoom sur "la mafia de la BD flamande" », Charente libre, .

Articles connexes

Liens externes

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