Ardoise

L’ardoise est une roche métamorphique issue d'une argile ayant subi un métamorphisme général faible. Elle appartient à la famille des schistes à l'intérieur de laquelle elle se distingue par la qualité de son grain, très fin et homogène, et sa fissilité : sa capacité à se fendre en raison de sa schistosité dans le sens de la sédimentation. Ces propriétés font qu'on peut l'utiliser comme matériau de couverture.

Pour les articles homonymes, voir Ardoise (homonymie).

Ardoise
Déchets d'ardoise à Fumay, Ardennes.
Catégorie roche métamorphique
Sous-catégorie schiste
Minéraux principaux
Minéraux accessoires
Texture grain fin
Couleur du blanc au noir, en passant par toutes sortes de gris, de rouges sombres, de bleu foncé et de verts

L'ardoise est résistante et sa couleur peut varier du blanc au noir, en passant par toutes sortes de gris, de rouges sombres et de verts. Elle a un aspect lustré en raison de la présence de petits micas blancs embryonnaires (variété appelée séricite) issus de la transformation minéralogique des argiles en schistes ardoisiers[2]. L'ardoise de couverture peut être droite (rectangulaire) ou en forme d'écaille. Son épaisseur varie de 3 à mm. Entre 20 et 40 mm, il s'agit de lauze, autre schiste plus massif et moins cisaillé. La pose à l'ancienne est la pose au clou. Fin XIXe siècle, apparaît la pose sur crochet.

Gisements ardoisiers en France

Statut juridique des ardoisières

Le code minier de 1810 a classé les ardoisières dans la famille des carrières souterraines. Depuis 1946, les ardoisiers sont assimilés au statut de mineur. Le terme pour désigner l'ardoisier mineur est scailton.

Quelques repères historiques

Ardoises anciennes en schiste pourpre provenant de la même toiture (22 × 31 cm pour la grande).

Anjou

Aux XVIIIe et XIXe siècles, les principaux centres de production de l'ardoise se situent en Anjou. Les mines ardoisières se développent à Angers, Combrée, La Pouëze, Noyant-la-Gravoyère, Saint-Barthélemy-d'Anjou, Trélazé, et Renazé en Mayenne angevine. On compte près de 2 000 ouvriers qui font vivre plus de 6 000 personnes. Au fil des siècles, Trélazé s’affirme comme le centre le plus important, pour la quantité comme pour la qualité. Le gisement angevin fournit l’essentiel de la production française. Le maximum est atteint en 1905 avec 175 000 tonnes[3].

Ardennes

Entre le XIIe et le milieu du XXe siècle[4], le département des Ardennes possédait également d'importantes exploitations (Fumay, Haybes, Rimogne, etc.) qui ont toutes cessé leur activité vers 1971.

Autres régions

On trouve aussi des bassins ardoisiers en Bretagne (ardoisières de Maël-Carhaix), en Corrèze[5], dans les Alpes (Morzine) ou dans les Pyrénées.

Répartition géographique par département

DépartementQuelques sites
Ardennes Rimogne, Fumay, Haybes, Deville
Corrèze Allassac[5], Travassac[5]
Côtes-d'Armor Maël-Carhaix, Plévin
Finistère Châteaulin, Saint-Goazec
Maine-et-Loire Trélazé, Noyant-la-Gravoyère, La Pouëze
Mayenne Renazé
Morbihan Gourin
Hautes-Pyrénées région de Bagnères de Bigorre, Labassère,région de Lourdes
Savoie Saint-Julien-Mont-Denis
Tarn Dourgne, Lacaune (Tarn)
Loire-Atlantique Nozay

Le gisement le plus important en France se situait sur le territoire de la ville de Trélazé jouxtant Angers, en Maine-et-Loire. On y produisait entre 15 000 et 20 000 tonnes d'ardoise par an au sein de deux exploitations souterraines. Le 25 novembre 2013, faute de pierre exploitable, la direction des Ardoisières d'Angers annonça la fermeture des ardoisières. La société employait encore 153 salariés[6]. Malgré l'opposition des mineurs et d'une partie de la population locale, et l'étude de différentes options pour une reprise, le plan social est signé le 28 mars 2014[7].

Quelques données géochimiques sur l'ardoisière angevine

L'ardoise angevine s'est formée il y a 460 millions d'années, à l'ordovicien et est issue de la transformation d'argiles océaniques compactées, peu à peu métamorphisées en schiste très pur.

Extraction et fabrication

Un couvreur découpant une ardoise avant de la poser.

L'extraction peut s'effectuer à ciel ouvert ou bien de manière souterraine. Certaines régions, Corrèze et Anjou, ont vu les deux techniques coexister. Dans d'autres, comme dans les Ardennes, la Savoie, elle est ou fut exclusivement souterraine. Le principal facteur qui conditionne le mode d'extraction repose sur le pendage de la veine.

Ensuite, les blocs sont découpés en blocs proches des formats d'ardoises à fabriquer, étape au cours de laquelle le fendeur veille à placer le longrain, qui correspond à la direction selon laquelle la roche a été plissée, dans le sens de la longueur de la future ardoise. Ensuite, vient l'étape du fendage qui consiste à diviser le bloc dans son épaisseur, en désolidarisant les feuillets de la roche. La dernière étape, la taille, consiste à donner à l'ardoise sa forme définitive.

Gisements ardoisiers en Amérique du Nord

À Saint-Marc-du-Lac-Long, au Québec, se trouve la plus importante ardoisière exploitée en Amérique du Nord, à ciel ouvert, comparable aux exploitations françaises.

Utilisation

Couverture de bâtiments

Toits en ardoise, Loches, France.

L'ardoise constitue le matériau employé pour la couverture des bâtiments (on parle alors d'ardoises). Les régions traditionnelles de production sont aussi les régions où ce type de couverture est privilégié : il s'agit par exemple, en France de la Bretagne, du Maine-et-Loire de la Touraine et des Ardennes ainsi qu'en altitude dans les Pyrénées.

La durée de vie d'une ardoise est de 70 à 300 ans. La qualité du gisement, le type d'extraction (machine ou main) et bien sûr l'épaisseur, le type de pose (sur crochet ou cloutée), le pureau, ont une incidence sur cette durée. Il n'y a pratiquement pas d'entretien (démoussage) sur les ardoises. Pour les plus fiables, il faudra changer le support avant l'ardoise (changement de volige ou même de charpente). C'est pour cela qu'il y a un marché d'occasion pour les ardoises, et que les monuments historiques (leurs architectes et artisans spécialisés) préconisent en rénovation des ardoises à longue durée de vie.

Les ardoises de mauvaise qualité sont sujettes à la rouille. Ce défaut provient de la présence de minerai de fer (la forme la plus connue est celle de la pyrite, mais on rencontre également des grenats, de la magnétite) contenu dans certaines veines du gisement ou dispersée. C'est donc après l'extraction que les lots défectueux peuvent être mis de côté systématiquement par un test à l'acide. Le traitement des ardoises sur le toit est possible avec le passage d'un produit chimique (réaction acide-base)

En règle générale, l'ardoise est aujourd'hui moins utilisée, du fait de l'apparition de matériaux de construction synthétiques moins onéreux, dont certains imitant l'apparence de l'ardoise.

Autres usages extérieurs

Les ardoises peuvent aussi servir de parement protecteur (ancienne gare en Wuppertal).

Dans le domaine de la construction, l'ardoise ne se contente plus de couvrir les toits mais sert aussi de parement protecteur et de dallage.

On l'utilise aussi en paillis comme couvre sol.

En outre, l'ardoise se sculpte et se grave. Des plaques commémoratives, ou funéraires, des plaques de rues ou décoratives sont réalisées par des artisans.

Usages intérieurs

Ardoise à écrire (vers 1950).

L'ardoise fut largement utilisée sous forme de plaque mince en tant que support d'écriture effaçable.

Elle s'utilise en aménagement intérieur comme dallage ou comme plan de travail en cuisine ou salle de bains.

Dans la fabrication des billards, la table comprend une (ou plusieurs) plaque en ardoise assemblée sur un châssis métallique. Cette ardoise est rectifiée, opération de précision qui ajuste le plan au 20e de millimètre (gage de qualité du billard). Aucun autre matériau n'a pu remplacer à ce jour l'ardoise pour la qualité du roulement. La densité et l'effet de masse évitent les déformations de la table dans le temps.

Économie

Selon les enquêtes de l’UNICEM, en 2005, le chiffre d'affaires global des producteurs français est de 41 147 000 euros dont 20 383 000 euros à l'exportation, dans 39 entreprises ou sections d'entreprises.

La dernière grosse exploitation d'ardoise en activité en France ferme en mars 2014[9].

Toutefois, il existe encore aujourd’hui plusieurs petits producteurs régionaux comme les Ardoisières de Corrèze (19)[10],[5], Les Ardoises de Plevin (22), les Ardoisières du Neez (65), l’Ardoisière des Pyrénées (65) et Ardoisiere des 7 Pieds (74).

Musées

Les communes suivantes abritent un musée de l’ardoise qui traite également de son exploitation locale :

Divers

Couleur

L'ardoise est d'une couleur gris très foncé, allant du gris neutre au gris bleuté. On dit aussi « gris ardoise » ou « bleu ardoise »:

  •  : Gris ardoise.
  •  : Bleu ardoise.

Il en existe d'autres couleurs dans le monde : de lableu-vert voire mordorée et de la violette en Amérique du Sud.

Notes et références

  1. Selon le degré de métamorphisme, l'ardoise présente des minéraux intermédiaires entre les argiles et les micas, aussi est-il préférable d'utiliser le terme générique de phyllosilicates lorsque les critères de reconnaissance de ces minéraux sont peu évidents.
  2. Aurèle Parriaux, Géologie. Bases pour l'ingénieur, PPUR presses polytechniques, , p. 408.
  3. « L’essor de l’industrie ardoisière » sur le site trelaze.fr.
  4. Voir la carte des ressources sur cndp.fr.
  5. Voir sur ardoisieresdecorreze.com.
  6. « Le choc à Trélazé, les Ardoisières vont fermer ! », Ouest-France, 25 novembre 2013.
  7. Trélazé : « Ardoisières d'Angers. C'est la fin, le plan social est signé », Ouest-France, 28 mars 2014.
  8. D'après Marty.
  9. « Dans la banlieue d'Angers, la fin d'une mine d'ardoise pèse sur les municipales », sur https://www.lemonde.fr, .
  10. Voir sur societe.com.
  11. Au cœur de l'Ardoise
  12. Centre de l'interprétation de l'ardoise.
  13. Centre d'interprétation de l'ardoise Sur le site centreardoise.ca - consulté le 19 avril 2012.
  14. La Mine Bleue.
  15. Souterroscope.
  16. « Bienvenue aux Pans de Travassac - Site touristique unique en Corrèze », sur Les Pans de Travassac - Site touristique (consulté le )
  17. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 22.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Reportage photographique dans une ancienne ardoisière
  • Annie Remacle, « Les ardoisières de l’Ardenne belge. Intérêt biologique et état des lieux des sites en surface ». Région wallonne, direction générale des ressources naturelles et de l’environnement, division de la nature et des forêts, dans Travaux n° 30, 2007, 189 p. [(fr) texte intégral]
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