Arc de triomphe du Carrousel

L’arc de triomphe du Carrousel est un monument parisien inauguré le 15 août 1808 et situé place du Carrousel dans le 1er arrondissement de Paris, juste à l'ouest du musée du Louvre. Comportant des entrées sur chacune des quatre faces (tétrapyle), cet arc de triomphe fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1].

Le site est desservi par la station de métro Palais Royal - Musée du Louvre.

Historique

Édifié entre 1806 et 1808, l'arc de Triomphe célèbre la victoire de la Grande Armée de Napoléon Bonaparte à Austerlitz. Dessiné par Charles Percier et Pierre Fontaine, il illustre la campagne de 1805 et la capitulation d'Ulm le .

Le monument est érigé devant le palais des Tuileries auquel il sert d'entrée d'honneur, une grille séparant la cour du palais de la place du Carrousel qui lui donne son nom. Depuis l'incendie du palais des Tuileries en 1871 et sa destruction en 1883, le monument se trouve au centre de la grande esplanade formée par le jardin du Carrousel et la place du même nom.

Description de l'arc

C'est une copie à échelle réduite de l'Arc de Constantin (313-315) à Rome, ce dernier s'inspirant lui-même des arcs de Septime-Sévère. Les sujets des bas-reliefs illustrant les batailles ont été choisis par le directeur du musée Napoléon (situé à l'époque au palais du Louvre), Vivant Denon, et dessiné par Charles Meynier.

Le quadrige surmontant l'arc est une copie des Chevaux de Saint-Marc, attelage ornant le dessus de la porte principale de la basilique Saint-Marc de Venise et provenant du pillage de Constantinople. En effet, à l'issue de la première campagne d'Italie, l'armée française menée par le général de l'armée d'Italie Napoléon Bonaparte rapporta de Venise en 1798, l'original de la sculpture comme « trésor de guerre » et la plaça sur le monument. Il fut entouré de deux renommées en plomb doré (la Paix et la Victoire) à partir de 1808, sculptées par François-Frédéric Lemot. En 1815, à la suite de la bataille de Waterloo et de la chute de l'empereur (Restauration), la France rend le quadrige aux Autrichiens qui le restituent aussitôt à la cité des doges qui venait d'être annexée à l'Empire d'Autriche par le Congrès de Vienne. Une copie libre est alors effectuée par le sculpteur François Joseph Bosio en 1828. Le quadrige est conduit par l'allégorie de la Restauration, tenant un sceptre à l'effigie de Louis XVIII.

Le monument comporte trois arcades dans sa largeur, comme l’arc de Septime-Sévère, plus une qui est transversale. Sa hauteur est de 14,60 mètres et sa base est un rectangle de 19,60 mètres sur 8,65 mètres. Il est couronné d’une frise imposante en marbre (griotte d'Italie[2]), sculptée et gravée[3].

On peut lire sur les frontispices :

Façade Est :
L'armée française embarquée à Boulogne menaçait l'Angleterre
Une troisième coalition éclate sur le continent
Les Français volent de l'océan au Danube
La Bavière est délivrée, l'armée autrichienne prisonnière à Ulm
Napoléon entre dans Vienne, il triomphe à Austerlitz
En moins de cent jours, la coalition est dissoute

Façade Sud :
Honneur à la grande armée
Victorieuse à Austerlitz
En Moravie
Le jour anniversaire
Du couronnement de Napoléon

Façade Ouest :
À la voix du vainqueur d’Austerlitz
L’empire d’Allemagne tombe
La confédération du Rhin commence
Les royaumes de Bavière et de Wurtemberg sont créés
Venise est réunie à la couronne de fer
L’Italie entière se range sous les lois de son libérateur

Façade Nord :
Maître des États de son ennemi
Napoléon les lui rend
Il signe la paix le
Dans la capitale de la Hongrie
Occupée par son armée victorieuse

Sur chacune des deux grandes façades, quatre colonnes adossées, de style composite, au fût de marbre de Caunes-Minervois, rose et lisse, se terminent par un chapiteau de marbre rouge foncé à corbeille[4] corinthienne, surmontant un large tailloir à la romaine qui soutient une statue représentant en pied un soldat de l’armée impériale en grand uniforme.

Détail du bas-relief sur la face sud.

Chaque face est agrémentée de bas-reliefs et de sculptures en ronde-bosse :

  • Face nord, un bas-relief de Deseine : L’Entrée à Vienne.
  • Face sud, un bas-relief de Lesueur : La Paix de Presbourg.
  • Face est (côté Carrousel), de gauche à droite : un cuirassier, par Taunay ; un dragon, par Corbet ; un chasseur à cheval, par Foucou ; un carabinier[5], par Chinard. Entre les deux colonnes de gauche, un bas-relief de Cartellier : La Capitulation d’Ulm ; entre celles de droite : un bas-relief d’Espercieux : La Bataille d’Austerlitz.
  • Face ouest (côté Tuileries), de gauche à droite : un grenadier, par Dardel ; un carabinier de ligne, par Antoine Mouton dit Moutoni ; un canonnier, par Bridan ; un sapeur[6], par Dumont. Entre les deux colonnes de gauche, un bas-relief de Clodion : L’Entrée de l’armée française à Munich ; entre celles de droite : un bas-relief de Ramey : L’Entrevue de Tilsit.

L'arc est également équipé d'un cadran solaire et d'un repère de nivellement.

Ce monument napoléonien a failli être doublé par l’arc de triomphe de Caracalla érigé à Djemila en Algérie: en 1839, le duc d’Orléans projeta et commença à démonter ce monument algérien pour le remonter entre les Tuileries et la place de la Concorde[7]. Ce projet n'a pas abouti et l'arc trône toujours à Djemila. En 2018, devant l'état très dégradé du monument, attaqué par les pluies acides, le musée du Louvre a décidé une restauration complète et y a associé le public à travers une campagne Tous mécènes[8].

Notes et références

  1. Notice no PA00085992, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. La griotte d'Italie est un marbre rouge parsemé de tâches blanches, fréquemment employé sur certaines façades monumentales, comme tablette destinée à recevoir des inscriptions dorées.
  3. La description est tirée de l’ouvrage d’Adolphe Laurent Joanne, Paris illustré : Nouveau guide de l’étranger et du Parisien, Hachette, 1863, p. 88-89.
  4. Partie du chapiteau entre l’astragale et le tailloir
  5. Dénomination usuelle dans les ouvrages du XIXe siècle ; il s'agit plus précisément d'un « carabinier à cheval », dont l'uniforme, à l'origine, (celui de l'époque de Chinard), était similaire à celui du grenadier, qu'on a pensé aussi reconnaître.
  6. "Ce sapeur serait Dominique Gaye-Mariole, (1767-1818) don la bravoure légendaire aurait sauvé la vie de l'Empereur" cf. Stéphanie Deschamps-Tan et Sophie Picot-Bocquillon, "L'arc de Triomphe du Carrousel, Grande galerie, 2018.
  7. Article « Djimilah ou Djemilah » du Larousse du XIXe siècle, 1865-1876.
  8. lire en ligne
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