Anfa

Anfa, (en tamazight : ⴰⵏⴼⴰ -Anaffa-, en arabe : أنفا, en espagnol : Anafe, en portugais : Anafé), est un arrondissement de la Ville de Casablanca au Maroc relevant de la préfecture d'arrondissements de Casablanca-Anfa. Le terme « Anfa » signifiant « colline » est aussi le nom berbère de la ville de Casablanca.

En 2004, la population d'Anfa était de 95 539 habitants[1]. Le président actuel de l'arrondissement est monsieur Mohamed Chebbak.

Histoire

Origine imprécise

La fondation d'Anfa reste un mystère et sujette à plusieurs points de vue. D'après Léon l'Africain, né en 1490, elle aurait été fondée par les Romains. Pour Marmol, son origine serait Phénicienne. Pour Ezzayani, né en 1734, la ville aurait été fondée par les Berbères[2]. Les Zénètes s'établirent à Tamesna (ancien nom de la ville de Rabat) et Tadla, les Sanhaja en Doukkala. Les émirs des Zénata bâtirent la ville d'Anfa dans les Tamesna et la ville de Day dans le Tadla.

Grotte des Rhinocéros

La Grotte des Rhinocéros est un site d’intérêt préhistorique inventorié et sous la protection de la Direction du Patrimoine. Il présente un caractère exceptionnel et une importance patrimoniale par son abondance d'outillage acheuléen associé à une très riche faune de mammifères, dont l’âge est estimé aux environs de 400 000 ans[3].

Avec plus de trente espèces de mammifères, quelques reptiles et plusieurs différentes espèces d'oiseaux, on considère les vestiges de la faune préhistorique découverte sur ce site comme étant la plus riche du quaternaire nord-africain[4].

La présence de huit crânes plus ou moins complets de rhinocéros blancs demeure néanmoins la découverte la plus exceptionnelle du gisement, d'où le nom qu'on lui a attribué.

Anfa l’antique

Le site de Casablanca actuel fut habité par l’homme durant l’époque Paléolithique. Les origines de la ville ne sont pas connues exactement mais il semble que la ville d’Anfa se trouvait autrefois au même endroit qu’actuellement.

Les découvertes archéologiques à Sidi Abderrahman (sortie sud de Casablanca) attestent d’un peuplement du site depuis la préhistoire. Il semble qu’Anfa était occupée par des pêcheurs berbères depuis la plus haute Antiquité, époque à laquelle l’endroit sert d’escale aux navires phéniciens en route pour les îles Purpuraires au large d’Essaouira. Au Moyen Âge Anfa fait partie du royaume berbère de Berghouata, du nom d’une secte hétérodoxe qui dominait toute la région de la Chaouia, avant d’être prise par les Almohades en 1188.

On ne sait au juste qui, des Phéniciens, des Carthaginois, des Romains ou des Berbères, fonda Anfa mais elle joua un rôle important dans l’histoire marocaine à la fin du VIIe siècle et au début du VIIIe siècle.

Sous la dynastie des Mérinides, le port prospère grâce aux relations commerciales avec la péninsule ibérique, mais le déclin du pouvoir de Fès amène les habitants d’Anfa à se rendre indépendants et à multiplier des raids de piraterie sur les côtes portugaises.

Durant le XIIe siècle, le nom d’Anfa revient très souvent. Anfa entre véritablement dans l’Histoire au XVe siècle, en l’an 1469, et c’est pour sa mise à sac, son incendie et sa destruction par les Portugais.

Les Portugais, en 1469, décident d’attaquer la ville avec 50 navires et 10 000 hommes. Les habitants d’Anfa, n’étant pas en mesure de défendre la ville, la désertent définitivement pour se rapatrier sur Rabat et Salé. La ville détruite, restera inhabitée pendant trois siècles.

Les corsaires d’Anfa furent attaqués en 1469 par une flotte puissante commandée par Ferdinand du Portugal.

À ce spectacle de mort, Léon l’Africain raconte qu’il ne put retenir ses larmes : rien ne restait d’une ville «très policée et prospère parce que son territoire était excellent pour toutes sortes de céréales. En vérité, c’était le plus beau site de toute l’Afrique». Mais les habitants d’Anfa armaient dans leur petit port «des fustes avec lesquels ils commettaient de grands ravages dans la presqu’île de Cadix et sur toute la côte du Portugal».

C’est pourquoi le roi de Portugal décide de se venger, et c’est ainsi que l’infant Dom Ferdinand, fort d’une flotte de cinquante vaisseaux et d’une puissante artillerie, débarque et rase Anfa. La ville, rapporte Léon l’Africain, était «dans un tel état qu’il n’y avait plus d’espoir qu’elle soit jamais habitée à nouveau». Cette prophétie, en fin de compte, ne s’est pas réalisée.

La ville subit une autre attaque portugaise en 1515. Soixante ans plus tard, les Portugais s’installèrent dans l’ancienne ville qui fut fortifiée, reconstruite et baptisée du nom de Casa Blanca. Les attaques incessantes des tribus voisines et les ravages provoquées par le terrible tremblement de terre de 1755 obligèrent les Portugais à se retirer de Casablanca.

Durant le règne de Sidi Mohammed Ben Abdellah (1757-1790) elle fut habitée par les berbères… La ville fut fortifiée et reconstruite. Elle s’appelait à cette époque Dar el Beida, nom que les Espagnols transformèrent en Casablanca.

En 1770, le sultan Mohamed Ben Abdallah, qui venait de perdre la ville de Mazagan (El Jadida), décide de reconstruire cette place pour la préserver d’un débarquement Portugais. La ville est appelée "Dar El Beida" (maison blanche) ou casa blanca (en espagnol). D’emblée, le sultan la dote d’une mosquée, d’une médersa et d’un hammam.

Au XVIIIe siècle, la ville devint un important centre commercial. Au milieu du XIXe siècle, le rôle commercial, de la ville s’accrut et en 1862 un service régulier entre Marseille et le Maroc fut établi. Mais elle restera une petite bourgade jusqu’au milieu du XIXe siècle.

À partir du XIXe siècle, la ville se développe grâce à l’accroissement de l’industrie du textile, et Casablanca deviendra l’un des plus grands fournisseurs de laine du bassin méditerranéen. En 1860 la ville comptait 4 000 habitants pour 9 000 habitants à la fin des années 1880. La ville décide donc de se doter d’un port moderne, aidée par la France, détrônant ainsi Tanger comme premier port marocain dès 1906. La population sera en 1921 de 110 000 dû en grande partie aux bidonvilles.

Détail d'une gravure représentant Anfa en 1572

Conquête Almoravide

Le conquérant Almoravide Youssef Ibn Tachfin se heurta en Tamesna (région qui s'étendait de l'Oum Rabiî au Bouregreg) à la résistance des hérétiques berbères les Berghouata. Il réussit à conquérir Anfa en 1068. Au XIIe siècle, le géographe Al-Idrissi décrit la ville comme étant un port commercial actif.

Dynasties almohade, mérinide et wattaside

Du XIIIe siècle au XVe siècle, Anfa est une ville importante, Les Almohades et Mérinides se la disputeront puis ce sera les Mérinides et les Wattassides. À la fin de cette dernière, Anfa formera une république de corsaires.

Destruction de la ville

Elle fut démolie de fond en comble une première fois en 1468 à la suite d'une expédition punitive menée par les Portugais suite aux attaques incessantes de leurs navires marchands par les corsaires d'Anfa.

Dynastie alaouite

Au XVIIIe siècle après une ellipse de trois siècle, le sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah y construisit médérsa et mosquée et la repeupla de Berbères. À la fin du XVIIIe siècle, il accorda aux Espagnols le privilège du commerce du port de la ville qu'ils renomment Casablanca, nom toujours employé aujourd'hui.

De "Anfa" à "a-Ddar al-Baïdaâ"

En 1794, la ville devient la résidence du gouverneur de la province de Chaouia sous le nom de a-Ddar al-Baïdaâ', littéralement « la Maison blanche », devenue Casablanca en espagnol, mais prononcée en français, durant la colonisation.

La ville comptait en 1850 quelques centaines d'habitants, elle en comptait près de 4 000 en 1866, dont musulmans, juifs et plus d'une centaine d'Européens. La démographie de la ville augmente considérablement sous le règne de Moulay Hassan Ier (20 000 personnes).

Protectorat français

Pendant le Protectorat, pour renforcer leur présence et consolider sa pérennité, les Français décidèrent de construire un port pour la ville. Cette décision a eu pour effet de lui donner un nouveau souffle économique et démographique. À partir des années 1920, cette colline fut aménagée pour accueillir les nouveaux venus (principalement français et marocains) qui s'y firent construire de luxueuses villas.

Renouveau de la ville

À partir des années 1940, Anfa connut un nouvel essor avec l'arrivée massive de familles Fassies (habitants originaires de Fès) qui constituent le gotha maghrébin des affaires. Depuis, la réputation d'Anfa comme le quartier le plus chic et le plus huppé du Maroc n'a cessé de croître. En effet le quartier d'Anfa représente la puissance et la réussite des familles d'origine citadine qui y prédominent largement.

Aujourd'hui, le quartier le plus chic de la capitale économique rivalise avec le prix des terrains des grandes métropoles internationales.

Le quartier abrite aussi de luxueux palais, des hôtels, mais est aussi un lieu de divertissement de par ses pubs et discothèques, ses cinémas, ses restaurants, ses clubs de loisirs, son golf, ses complexes sportifs, et de ses galeries marchandes ainsi qu'avec sa corniche émaillée de clubs et de plages privées.

Conférence d'Anfa

En 1943 et en pleine guerre mondiale, elle accueillit la conférence d'Anfa où le président américain Roosevelt et le premier ministre britannique Churchill, reçus par le sultan Mohammed V, le prince Moulay Hassan (futur Hassan II) et le général français Giraud, s'entretinrent de l'avenir de la campagne alliée en Afrique du Nord. Charles de Gaulle, chef de la France Libre, en profita pour affirmer fortement l'illégitimité du régime de Vichy, et la légitimité de son mouvement, auprès des deux chefs d'État anglo-saxons, à ce moment encore très réticents, et enclins à considérer la France comme un pays ayant trahi les Alliés, à occuper et administrer militairement[5].

Vie politique locale

Élections de 2015

Lors des élections communales et régionales de 2015, Yasmina Badou est réélue présidente de l'arrondissement [6].

Le Président actuel de l'arrondissement est aujourd'hui monsieur Mohamed Chebbak.

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. [PDF] Haut-commissariat au Plan, « Recensement général de la population et de l'habitat de 2004 », sur www.lavieeco.com (consulté le )
  2. Casamémoire : Histoire de Casablanca
  3. Raynald, J.P. et al. (1993) "La Grotte des Rhinocéros (Carrière Oulad Hamida 1, anciennement Thomas III, Casablanca), nouveau site acheuléen du Maroc atlantique", C.R. Acad. Sci. Paris, t. 316, série II, p. 1477-1483
  4. Raynald, J.P. et al. (1993) La Grotte des Rhinocéros (Carrière Oulad Hamida 1, anciennement Thomas III, Casablanca), nouveau site acheuléen du Maroc atlantique, C.R. Acad. Sci. Paris, t. 316, série II, p. 1481
  5. Une fois de Gaulle parti, Churchill, parlant de lui, déclara à lord Moran (en) : « Son pays a abandonné la lutte, lui-même n'est qu'un réfugié, et si nous lui retirons notre appui, c'est un homme fini. Eh bien, regardez-le ! non mais regardez-le ! on croirait Staline avec deux cents divisions derrière lui » : Winston Churchill, Mémoires de guerre : 1941-1945, Paris, Tallandier, , 626 p. (ISBN 978-2-84734-706-7, notice BnF no FRBNF42295996), p. 290.
  6. « Élections : Les résultats définitifs au fur et à mesure de leur publication », sur Medias24.com,
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