Musulman
Un musulman (en arabe : مسلم) est une personne qui considère le Coran comme un verbatim écrit de Dieu, révélé au travers du prophète Mahomet. Cela passe par la pratique d'une des formes de l'islam, qui est une religion abrahamique et monothéiste. Le mot « musulman » vient d'un terme arabe signifiant « celui qui se soumet » à la volonté de Dieu.
« Muslim » et « Musulmans » redirigent ici. Pour les autres significations, voir Muslim (homonymie) et Musulmans (homonymie).
Indonésie | 230 000 000[1] |
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Pakistan | 200 000 000[1] |
Inde | 195 000 000[1] |
Bangladesh | 150 000 000[1] |
Nigeria | 104 650 000[1] |
Égypte | 95 000 000[1] |
Iran | 82 000 000[1] |
Turquie | 79 000 000[1] |
Algérie | 42 000 000[1] |
Soudan | 40 000 000[1] |
Irak | 41 000 000[1] |
Maroc | 35 000 000[1] |
Afghanistan | 40 000 000[1] |
Arabie saoudite | 30 000 000[1] |
Ouzbékistan | 32 000 000[1] |
Yémen | 32 000 000[1] |
Éthiopie | 37 000 000[1] |
Chine | 30 000 000[1] |
Syrie | 22 000 000[1] |
Malaisie | 22 000 000[1] |
Mali | 19 000 000[1] |
Tunisie | 11 000 000[1] |
Population totale | 1,9 milliard[1] |
Régions d’origine | Péninsule arabique |
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Religions |
Islam sunnite : 85-90 %[1] Islam chiite : 10-15 %[1] autres courants musulmans : 1 %[1] |
Étymologie
D'après le TLFi, le terme « musulman » provient soit directement, soit par l'intermédiaire du turc müslüman, du persan musulmān ou muslimān (où la terminaison -ān correspond au pluriel des noms d'êtres animés), lui-même issu de l'arabe muslim, participe actif du verbe aslama qui signifie « se confier, se soumettre, se résigner (à la volonté de Dieu) » et dont le nom d’action est islam[2]. On y retrouve une racine s-l-m également représentée en arabe par salaam et en hébreu par shalom, et commune à la plupart des langues sémitiques — comme l'araméen, le phénicien ou le nabatéen — où elle couvre un ensemble de significations très large « comprenant bien-être matériel, sécurité affective et plénitude spirituelle »[3].
Définition et usage du terme
Le musulman marque habituellement son intégration dans la pratique de l'islam par le prononcé de la profession de foi musulmane, la chahada : أشهد أن لآ إلَـهَ اِلا الله وأشهد أن محمدا رسول الله / Ašhadu an lā ilāha illa-llāh, wa-ašhadu anna Muḥammadan rasūlu-llāh, qui peut se traduire par : « J'atteste qu'il n'y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Muḥammad est l'envoyé de Dieu »[4]. Cependant, au-delà de ce trait commun, la diversité des formes que connait l'islam dans le monde fait obstacle, même sur le plan strictement religieux, à une définition unique du musulman[5].
Il arrive aussi que le terme soit utilisé en un sens plus large, pour renvoyer par exemple à une « origine musulmane » ou à une « culture musulmane » ; en France notamment, il est possible de rencontrer, illustrant cette acception étendue, des individus qui se définissent ou sont définis en même temps comme musulmans et athées[6]. La sociologue Marie-Claire Willems impute aux pesanteurs de l'histoire et de la société françaises le fait que dans ce pays, « le mot « musulman » ne peut et n’a jamais pu décrire l’unique pratique d’un monothéisme »[7].
Situation juridique
Le terme peut aussi correspondre, dans certains pays et à certaines époques, à une catégorie juridique particulière. Ainsi, la constitution de la Yougoslavie, depuis un amendement de 1971, reconnaissait les Musulmans — c'est-à-dire les Slaves de tradition musulmane — comme l'une des nationalités constitutives du pays[8].
Dans l'Algérie coloniale, le statut d'« indigène musulman » entraînait l'application d'un système juridique différent du droit commun, en particulier en matière civile (mariage, succession…). Dans les faits, ce statut avait un caractère ethnique et politique, et non pas simplement religieux et civil : ainsi, un « indigène » converti au catholicisme mais non « naturalisé » (c'est-à-dire n'ayant pas acquis la citoyenneté française) restait considéré juridiquement comme un « indigène musulman ». Confirmant en 1903 ces dispositions, la cour d'appel d'Alger a été amenée à expliquer que le terme de musulman « n’a pas un sens purement confessionnel, mais qu’il désigne au contraire l’ensemble des individus d’origine musulmane qui, n’ayant point été admis au droit de cité, ont nécessairement conservé leur statut personnel musulman, sans qu’il y ait lieu de distinguer s’ils appartiennent ou non au culte mahométan »[9],[10],[11].
Dans les pays où l'islam est religion d'État, l'application de textes comme la Déclaration des droits de l'homme en islam ou la Charte arabe des droits de l'homme, qui tendent à ce que la loi ne s'inspire que de la seule charia, peut conduire à imposer certaines prescriptions de l'islam y compris aux non-musulmans. Par exemple, dans certains de ces pays, il est interdit sous peine de prison, même aux non-musulmans, de manger ou de boire en public pendant le jeûne du ramadan[12],[13],[14].
Le musulman peut lui-même être confronté à des incohérences entre les lois humaines et divines. Selon l'essayiste Waleed Al-Husseini, « l’islam refuse par définition la suprématie des lois humaines par rapport aux lois divines »[15]. Cependant, des publications islamiques mettent l'accent sur l'obligation pour le musulman de se soumettre à la fois à la loi du pays dont il est citoyen et où il réside, et à sa propre religion[16],[17],[18].
Répartition géographique
Selon le Pew Forum, en 2009, plus de 60 % des musulmans vivent en Asie et environ 20 % vivent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Également, environ 300 millions de musulmans (sur un total d'environ 1,9 milliard) sont localisés dans des pays où l'islam n'est pas la religion majoritaire. Les trois pays comportant le plus de musulmans (2009) sont, respectivement, l'Indonésie (202 867 000), le Pakistan (174 082 000) et l'Inde (160 945 000)[19].
Notes et références
- (en) « Religious Composition by Country, 2010-2050 », sur Pew Research Center (consulté le ).
- « Musulman : étymologie », sur CNRTL - TLFi (consulté le ).
- Odon Vallet, Petit Lexique des idées fausses sur les religions, Albin Michel, , 288 p. (ISBN 978-2-226-38925-1, lire en ligne), « Soumission ».
- Jacques Jomier, « Les fondements », dans Dictionnaire de l’Islam, religion et civilisation, Encyclopaedia Universalis, , p. 1, 156.
- Mohammed Ababou, Changement et socialisation de l'identité islamique, Fès, Info-print, , 321 p. (ISBN 978-9981-1686-2-6, lire en ligne), p. 30.
- Willems 2020, « Une étymologie questionnée ? ».
- Willems 2020, « Ethniciser/raciser les musulman.es ou confessionnaliser les Arabes ? ».
- Alexis Troude, Géopolitique de la Serbie, Ellipses, (ISBN 2-7298-2749-8 et 978-2-7298-2749-6, OCLC 300177511, présentation en ligne), p. 97.
- Patrick Weil, Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, Paris, Grasset, 2002, p. 235.
- Patrick Weil, « Histoire et mémoire des discriminations en matière de nationalité française », Vingtième Siècle, vol. 84, no 4, , p. 5-22 (DOI 10.3917/ving.084.0005, lire en ligne).
- Willems 2020, « Fixer les catégories du droit ».
- « Tunisie : un mois de prison pour avoir mangé en public lors du ramadan », France 24, (lire en ligne).
- AFP, « Algérie/ramadan : 3 ans de prison requis pour 2 chrétiens non jeûneurs », Jeune Afrique, (lire en ligne).
- AFP, « Cinq Marocains risquent la prison pour ne pas avoir respecté le ramadan », Le Point International, (lire en ligne).
- « Quel avenir pour la laïcité dans les pays arabes ? », Libération, 29/9/2015.
- « Respecter la loi du pays et se référer aux Coran et Sunna : comment ? », sur La maison de l'islam, .
- « Question d'un concitoyen non-musulman : "Demeure-t-il fidèle à la République française, celui qui trouve une loi française injuste ?" », sur La maison de l'islam, .
- « Obéir aux lois des pays non-musulmans ? », sur islamophile.org, .
- (en) « Mapping the Global Muslim Population », sur Pew Research Center's Religion & Public Life Project, (consulté le ).
Bibliographie
- Marie-Claire Willems, « Histoire du mot « musulman » », La Vie des idées, (lire en ligne)