Alakaïevka

Alakaïevka (en russe : Алакаевка) est un village de Russie situé dans le raïon de Kinel de l'oblast de Samara. Le village d'Alakaïevka le centre administratif d'une communauté rurale, ou selsoviet, éponyme[N 1].

Alakaïevka
(ru) Алакаевка

Héraldique

Drapeau
Administration
Pays Russie
Région économique Volga
District fédéral Volga
Sujet fédéral Oblast de Samara
Kinel
Maire Issenjan Soungatovitch Aoupenov
Code postal 446404
Code OKATO 36218804001
Indicatif +7 84663
Démographie
Population 1 040 hab. (2020)
Densité 17 hab./km2
Géographie
Coordonnées 53° 25′ nord, 50° 44′ est
Superficie 6 151,8 ha = 61,518 km2
Fuseau horaire UTC+04:00
Cours d'eau Elkhovy Klioutch
Divers
Fondation 1752
Statut Village depuis le milieu du XVIIIe siècle
Ancien(s) nom(s) Leninka
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Russie
Alakaïevka
Géolocalisation sur la carte : Oblast de Samara
Alakaïevka
Géolocalisation sur la carte : Russie européenne
Alakaïevka
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Alakaïevka
Sources

    Vladimir Ilitch Lénine y vécut avec sa famille de 1889 à 1893.

    Description

    Situation et accès

    Alakaïevka est situé à un peu plus de 53 km[N 2] de Samara[1]. Le village est divisé en deux parties par une rivière qui prend sa source dans la forêt de Gorely environnante.

    Climat

    Le climat d'Alakaïevka est de type continental humide de catégorie Dfb.

    Pour être catégorisé Dfb, la région doit avoir des températures moyennes inférieures à 22 °C pour le mois le plus chaud et que les quatre mois de l'année les plus chauds doivent avoir des températures moyennes supérieures à 10 °C. De plus, la température moyenne du mois le plus froid doit être inférieure à −3 °C (ou 0 °C).

    Hydrographie

    La rivière Elkhovy Klioutch traverse le village. Elle est nommée ainsi en référence à la présence de chênes dans le bois duquel elle prend source. Initialement, la voie navigable s'appelait Barsouchka.

    Toponymie

    Le nom du village contient le nom turc Alakay[2].

    Héraldique

    Blason d'Alakaïev

    Démographie

    En 1982, le village compte environ 1 200 habitants[3] ; tandis qu'en 2020 le village en compte 1040[4].

    Politique et administration

    Historique

    Origines

    Les terres sur lesquelles se trouve actuellement le village d'Alakaïevka ont été habitées pendant très longtemps. Ceci est démontré par les outils et les armes de combat qui y ont été trouvé, parmi lesquels une épée sarmate datée du 4e siècle avant Jésus-Christ. Au début du Xe siècle, ces terres appartenaient au prince bachkir Kugurdy Chemeev[2].

    Au XVIIe siècle, la construction de structures défensives protège les frontières sud et est du Tsarat de Russie de raids menés par des Kalmouks, des Bachkirs, des Kirghizes et des Karakalpaks. Parmi elles, les bastions de Zakamsk et Novyi Zakamsk ont non seulement pour objectif de protéger les frontières de la Russie contre les raids des nomades mais aussi de repousser les nomades dans les profondeurs des steppes, protégeant ainsi la production agricole. Cela créé des conditions favorables à la colonisation des steppes de la Trans-Volga, région dans laquelle Alakaïevka se situe. Les zones de chasse — notamment des castors — et de pêche, ainsi que les abondantes prairies de fleurs mellifères attirent également les colons russes[2].

    Établissement des Bogdanov et création du village

    En 1736, la loi interdisant la vente et l'achat des terres Bashkir est annulée. Cela permet à de nombreux militaires de l'armée impériale russe d'acquérir la propriété de vastes étendues de terres. En 1736, le commissaire de Stavropol, Moisey Alexandrovitch Bogdanov, achète 30 000 acres de terre à au prince Kurugda Chemeev pour seulement 100 roubles en argent.

    En 1752, le fils de Moïse Alexandrovitch, Alexandre épouse la fille d'un propriétaire foncier. Il reçoit en guise de cadeau de mariage les terres sur lesquelles il fonde, plus tard, Alakaïevka. Des maisons paysannes sont placées des deux côtés de la vallée, le long du fond de laquelle coule un ruisseau peu profond.

    Les Bogdanov érigent une chapelle à Alakaïevka et y apportent une icône prétendue miraculeuse de Notre-Dame de Vladimir depuis la région dont Pelagueïa Glebovna est originaire[N 3]. Pendant plusieurs années, le 23 juin, les croyants se rendent à Alakaïevka pour s'incliner devant l'icône.

    Dans les années 1820, l'arrière-petite-fille de Moisey Bogdanov, Maria Azarevna Dannenberg, devient la maîtresse du village. Ce qui signifie que l'enseignement primaire y est présent, au moins à cette époque.

    Dans les années 1860, le village est divisé en trois parties entre les héritiers de Maria Dannenberg. Plus tard, la rive droite d'Alakaïevka appartient au maire de Samara, Pyotr Alabin (ru).

    Venue des Oulianov

    Au printemps ou à l'été 1889[N 4], soit peu de temps après l'exécution du fils aîné Alexandre Oulianov, la famille de Vladimir Ilitch Oulianov, plus connu sous le nom de Lénine[N 5], déménage de Simbirsk pour les environs de Samara. Maria Alexandrovna Oulianova, mère de Vladimir Ilitch, achète pour 7 500 roubles[6] par l'intermédiaire de Mark Yelizarov (en)[7], une petite ferme appartenant auparavant à Konstantin Mikhailovich Sibiryakov (ru)[7], près du village d'Alakaevka[8],[3]. La propriété est notamment composée de 225 acres[N 6] de terres que les Oulianov louent aux paysans et d'un moulin[7]. Tandis que Lénine travaille à Samara en hiver, il vient travailler à la ferme d'Alakaïevka en été[1]. C'est notamment à Alakaïevka que Vladimir Ilitch écrit son premier article scientifique intitulé Nouveaux courants économiques dans la vie paysanne et créé un premier cercle de discussion marxiste[3]. Qu'il s'agisse de surveiller le patrimoine de Konstantin Mikhailovitch Sibiriakov ou les activités de Lénine, le village fait l'objet d'une surveillance policière particulière[9],[10].

    En tout, Lénine réside par intermittence à Alakaïevka de 1889 à l'automne 1893[3],[11].

    Lorsqu'en 1897 les Oulianov déménagent pour Moscou, la ferme est vendue à un marchand nommé Daniline[N 7] qui, pour une raison inconnue, déplace la maison en rondins dans le village de Neïalovka, dans district de Krasnoyarsky (en), toujours dans l'oblast de Samara. Alakaïevka est alors un village misérable de quatre-vingt-quatre familles, dont neuf n'ont ni cheval ni vache et quatre n'ont pas la propriété des huttes qu'elles habitent[6], constituant ainsi un triste miroir d'une pauvreté déprimante de la paysannerie de la Volga[13].

    Vladimir Ilitch, qui a vécu en exil en Suisse, n'oublie pas Alakaïevka, qu'il appelle « la deuxième Suisse » du fait du relief caractéristique de la région, avec ses forêts inexploitées, ses prairies en fleurs et ses champs[14].

    Période soviétique

    À la fin des années 1920, Anna Ilyinichna, grande sœur de Lénine, aide les habitants d'Alakaïevka à s'organiser pour la création d'une crèche avec jardin d'enfants ainsi que pour l'achat de matériel pour un centre de radio, de livres pour une bibliothèque et de fournitures pour l'école[15].

    En 1921, la région de la Volga est confrontée à une catastrophe économique et humanitaire, la famine soviétique de 1921-1922, conséquence de la guerre civile et de la sécheresse sur l'économie paysanne russe.

    En 1932, la maison des Oulianov est à nouveau déplacée de Neïalovka au village d'Alakaïevka et restaurée. La Maison de la culture socialiste y est installée et dotée d'une bibliothèque, d'un cinéma, d'une radio et d'un bureau militaire.

    En 1940, il est décidé d'ouvrir la Maison-Musée de V.I. Lénine (appelée officieusement la Maison de Lénine).

    Carte du front de l'est européen schématisant le mouvement des troupes de la Wehrmacht dans le sud-ouest de l'Union Soviétique durant la Seconde Guerre mondiale du 7 mai au 18 novembre 1942.

    Durant la Seconde Guerre mondiale, également appelée Grande Guerre patriotique en Russie, Alakaïevka tombe en ruine. Pratiquement tous les hommes valides ont été enrôlés au front. Les femmes d'Alakaïevka ont participé activement à la construction de fortifications défensives situées aux abords éloignés de la Volga. En 1943, le village reçoit la visite de Dmitry Ilyich Ulyanov (en), petit frère de Lénine, qui use de ses influences pour réclamer la rénovation de l'école et de nouveaux enseignants, lors de son retour à Moscou[15]. En 1944, il ne reste que 8 hommes valides et 59 femmes dans le village. Au début de l'année 1946, il n'y a que 14 vaches, 21 porcs et 56 moutons à la ferme.

    En 1946, après rénovation, le musée est ouvert et fonctionne jusqu'en 1951, date à laquelle il est fermé sur ordre du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique.

    Le , la résolution no 403 du Conseil des commissaires du peuple de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) inclut d'Alakaïevka dans la liste des colonies d'une importance économique, historique et culturelle nationale particulière en raison de la présence de la Maison de Lénine[15].

    Le , le Conseil des ministres de la RSFSR a reconnu Alakaïevka comme un lieu mémorable d'importance républicaine.

    La maison-musée de V. I. Lénine dans le village d'Alakaïevka reprend son activité en 1966 et devient l'un des plus anciens musées de Lénine de l'époque[14].

    Ère post-soviétique

    En 2004, la source est inaugurée. Avec les dons récoltés, une croix de chêne y est érigée, de même qu'une nouvelle chapelle et un bain public.

    Depuis le , Alakaïevka possède son propre bulletin d'information municipal[2].

    À l'automne 2015, un monument dédié à V.I. Lénine est érigé dans le village. L'inauguration a lieu le , en mémoire de la date d'anniversaire de Lénine[15].

    Culture locale et patrimoine

    Le musée de la maison de Lénine

    Il s'agit d'une maison en rondins de plain-pied, ou isba, d'une superficie de 205 mètres carrés construite en 1850 par les héritiers directs du fondateur du village. Puis le domaine appartient, à Konstantin Mikhailovich Sibiryakov (ru), qui rêvait d'ouvrir une école d'agriculture près d'Alakaïevka et, à partir de 1887, à la famille Oulianov. Le verger de pommiers du domaine des Oulianov est l'un des plus anciens de la région de Samara, fondé au début du XIXe siècle[14],[16].

    La famille Oulianov déménage à Alakaïevka sur la suggestion de Mark Yelizarov (en). La maison est bien agencée: à travers sa partie centrale, il y a un couloir avec des pièces spacieuses sur les côtés droit et gauche. Aux abords du jardin, est située une petite rivière[14],[16].

    Après la mort de Vladimir Ilitch Lénine, la maison devient progressivement un musée: au début, une seule pièce où vivaient Vladimir Ilitch et son frère Dmitry Ilyich Ulyanov (en) est ouverte au public; puis à partir du milieu des années 30, toute la maison devient accessible au public[14]. Sur son mur, il y a une plaque commémorative avec le texte: « Vladimir Ilitch Lénine a vécu ici en 1889-1993. »[N 8].

    L’icône de la vierge

    Une icône sainte datant du XVIIIe siècle à effigie de Notre-Dame de Vladimir fait l'objet d'un pèlerinage.

    Steppe pierreuse d'Alakaïevsko-Tchoubovskaïa

    Elle est reconnue comme un monument naturel d'importance régionale depuis le . Elle s'étend sur 5 hectares au sud-est du village.

    Famille Oulianov

    Autres

    Mark Yelizarov (en) (beau-frère par alliance de Lénine; époux d'Anna);

    Konstantin Mikhailovich Sibiryakov (ru)(mineur d'or russe, sculpteur, éditeur, philanthrope, citoyen d'honneur de la ville d'Irkoutsk);

    Pyotr Alabin (ru)(personnalité publique russe, écrivain et journaliste militaire, Maire de Samara, citoyen d'honneur des villes de Kirov, Samara et Sofia).

    Notes et références

    Notes

    1. Cette communauté rurale est nommée en russe : Сельское поселение Алакаевка.
    2. Ou 50 verstes ; 1 verste équivaut à 1,0668 km.
    3. La vierge serait apparue sur le mont Kainskaïa près du village de Nikouline, le lieu de naissance de Pelagueïa Glebovna Bogdanova.
    4. Les sources divergent à ce sujet.
    5. Il ne prend ce surnom qu'à partir de 1901, dans une correspondance avec Plekhanov. La première missive signée Lénine date du 21 septembre 1901[5].
    6. Ou 910 543 m² ; 1 acre valant 4 046,86 m²
    7. Le marchand est tué par des paysans durant les événements révolutionnaires de 1905-1906[12].
    8. Traduction libre; en russe : « Здесь жил Владимир Ильич Ленин в 1889-1993 гг».

    Références

      1. Institut Marx-Engels-Lénine (en), Lénine, Vladimir Ilitch : bref aperçu de sa vie et de son oeuvre, Paris, Éditions de l'Ours, , 310 p., In-8° (225 x 145) (notice BnF no FRBNF33451746), p. 9.
      2. (ru) « Сельское Поселение Алакаевка Муниципального Района Кинельский Самарской Области », sur kinel.ru, Kinel (consulté le ).
      3. (en) V. Sukhodolsky, « Museum in Alakayevka », Soviet Military Review, Krasnaya Zveda Publishing House, no 10, , p. 13 (ISSN 0132-0750).
      4. (ru) Service fédéral des statistiques de l'État russe, « Численность постоянного населения Российской Федерации по муниципальным образованиям на 1 января 2020 года » [xlsx], sur rosstat.gov.ru, (consulté le ).
      5. Dominique Colas, Lénine et le léninisme, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 125 p., 1 vol. ; 18 cm (ISBN 978-2-13-041446-9, ISSN 0768-0066, notice BnF no FRBNF34976253).
      6. (en) Bertram Wolfe (en), Three Who Made a Revolution : A Biographical History of Lenin, Trotsky, and Stalin, Cooper Square Press, , 680 p. (ISBN 9781461732129), p. 84.
      7. (en) Harison E. Salisbury, Black Night, White Snow, New York, Da Capo Press, , 746 p. (ISBN 9780306801549), p. 44-45.
      8. (en) Lara Douds, Inside Lenin's Government : Ideology, Power and Practice in the Early Soviet State, Londre, Bloomsbury Publishing, (1re éd. 2018), 240 p., 15.6 x 1.43 x 23.39 cm ; 513 g (ISBN 9781474286718, OCLC 1088638801), p. 79.
      9. (ru) Vladlen Terentyevich Loginov (ru), В.И. Ленин. Полная биография, (ISBN 9785042544682).
      10. (ru) Tatiana Gridneva, « Как самарцы клад Ильича искали », sur sgpress.ru, Sgpress, Samara, (consulté le ).
      11. (en) Léon Trotski, Trotsky on Lenin, Chicago, Haymarket Books, , 557 p. (ISBN 9781608462933, OCLC 1142402430).
      12. (en) Robert Service, Lenin : A Biography, Londre, Macmillan Publishers, (1re éd. 2000) (ISBN 9780330476331).
      13. Dmitri Volkogonov, Ленин : Книга И-II, vol. I, Moscou, АСТ (издательство), , 475 p. (ISBN 9785702008660), p. 98.
      14. (ru) « Дом-музей В. И. Ленина », sur kinel.ru, Kinel (consulté le ).
      15. (ru) Ivanushkina D.A., « Судьба Моего Села », Старт в науке, Moscou, Académie russe des sciences naturelles, no 2, , p. 137-140 (ISSN 2542-0186, lire en ligne).
      16. (ru) Svetlana Kelasyeva, « В Кинеле есть свое «Золотое кольцо» », sur sgpress.ru, Sgpress, Samara, (consulté le ).
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