Achille Germain

Achille Germain était un ancien coureur cycliste professionnel né le à Beaupréau et décédé le à La Flèche. Il fut professionnel de 1908 à 1914 et fut surnommé « Germain de la Flèche ».

Biographie

Débuts cyclistes

La famille d'Achille Germain, né à Beaupréau le , s'installe à La Flèche, dans le département de la Sarthe, alors qu'il est encore très jeune[1]. Ses débuts dans le cyclisme sont assez modestes. Il participe à ses premières épreuves dans sa ville d'adoption à l'occasion des courses du sur la Promenade du Pré et se classe notamment deuxième de la course de primes[2]. L'année suivante, il intègre l'Union vélocipédique fléchoise (UVF), nouvellement créée, et lors de cette même réunion du , se classe deuxième de la finale de vitesse et troisième de la course de primes. Le suivant, il prend la deuxième place de l'épreuve de 100 kilomètres de la Coupe de l'UVF derrière le Manceau Mareau, licencié de l'Union Auto-Cycliste de la Sarthe[2].

À cette époque et comme de nombreux coureurs, Achille Germain participe aussi bien aux épreuves sur route que sur piste. Le , lors de l'ouverture du vélodrome fléchois de la rue Belleborde, il obtient sa première victoire en s'imposant dans la course de demi-fond qu'il gagne avec un demi-tour d'avance sur ses concurrents. Le même jour, il atteint la finale de l'épreuve de vitesse dans laquelle il est battu de peu par le coureur manceau Tubières. Dès lors, il obtient une série de bons résultats sur la piste fléchoise, en se classant notamment troisième du championnat départemental puis du championnat de La Flèche au mois de juin, ou encore quatrième de la finale régionale remportée le mois suivant par le coureur nantais Hardy[3]. Le , Germain remporte un succès de prestige sur la piste du vélodrome Buffalo à Neuilly en dominant nettement la course de primes de 10 kilomètres. Pendant l'épreuve, il gagne les cinq derniers des dix sprints intermédiaires, empochant à chaque fois la prime de dix francs[4]. De retour à La Flèche en septembre, il prend la deuxième place du championnat de vitesse de l'UVF derrière son camarade de club Albert Leroy, qui vient de participer au Tour de France[3].

Coureur professionnel

En 1905, Achille Germain, désormais coureur professionnel de 3e catégorie, s'affirme comme l'un des meilleurs cyclistes de sa région. Le , à La Flèche, il remporte à la fois l'épreuve de vitesse, l'épreuve de 45 tours derrière moto et la course de primes, une domination qu'il exerce de nouveau le en gagnant sur la même piste le championnat départemental de vitesse, le course de demi-fond sur 25 km et la course de primes[3]. Ses résultats pendant l'été sont plus discrets, mais Germain obtient deux nouveaux succès en septembre, le Grand Prix de Tours le 9 puis le Grand Prix de Montluçon le lendemain, à chaque fois sur l'épreuve de demi-fond. Il se distingue également dans des compétitions plus modestes, comme la course cantonale de 4 kilomètres qu'il gagne à Verron au début du mois d'octobre[5]. Alors que le cirque Pinder est de passage à La Flèche, Achille Germain tente sa chance avec plusieurs amateurs fléchois sur la « piste canadienne », une construction de 6,5 mètres de diamètre, composée de barreaux en bois espacés de dix centimètres et inclinés à 75 degrés. Après un premier essai infructueux, il réalise la meilleure performance des participants en effectuant huit tours de piste[6].

Durant l'hiver 1905-1906, Achille Germain s'entraîne sur la piste du Vélodrome d'Hiver à Paris, aux côtés des meilleurs spécialistes de l'époque. Il peut alors constater l'écart qui le sépare encore des principaux coureurs mais son obstination à l'entraînement est remarquée. Il est choisi avec Georges Parent pour intégrer l'équipe d'entraîneurs d'Henri Cornet, vainqueur du Tour de France 1904, dans le match de 50 kilomètres derrière tandems qui l'oppose à Karl Ingold. La victoire est sans appel : Cornet s'impose avec neuf tours d'avance. À titre individuel, Germain se signale dans la course de 15 kilomètres derrière motos. Troisième derrière Paul Rugère et Anton Jaeck, son comportement offensif tout au long de la course est salué par les spectateurs[7]. Le , il est associé au Danois Axel Hansen sur l'épreuve des Douze Heures à l'Américaine, dans laquelle les deux concurrents se relayent à volonté. Au terme des douze heures, quatorze équipes sont encore classées dans le même tour : la victoire se joue donc sur six tours entre les meilleurs sprinteurs de chaque formation. Hansen se classe initialement quatrième, mais les commissaires tardent à valider les résultats alors qu'une chute s'est produite dans le dernier tour. L'épreuve est finalement annulée[7]. Le , une réunion regroupe plusieurs coureurs de renom sur le vélodrome de La Flèche. À domicile, Achille Germain prend la troisième place de la course de primes derrière Charles Vanoni et Victor Thuau, puis s'incline sur 10 kilomètres derrière moto face à César Simar, médaillé olympique deux ans plus tôt[8].

La saison de plein air apporte de nombreux succès à Achille Germain. Le , il gagne à La Flèche le 15 kilomètres derrière motos devant Arthur Pasquier, puis établit le nouveau record de la piste sur 10 kilomètres. La semaine suivante, à Tours, il remporte le 50 kilomètres derrière motos, toujours devant Pasquier, puis partage la victoire avec Jean Gougoltz dans le Grand Prix du Conseil Général à Nantes le . À cet égard, ses performances attirent la bienveillance du journal L'Auto : « La course de demi-fond est revenue très aisément au crack fléchois, Germain. Ce gaillard-là s'apprête à jouer les grands rôles. »[8] Le , il découvre la piste du Parc des Princes et prend la troisième place du 30 kilomètres derrière Antoine Dussot et Henri Lautier, ce qui lui vaut d'être sélectionné par les organisateurs du Grand Prix de Paris. Grâce à l'aide financière du vicomte de Lesseville, dirigeant de l'Union vélocipédique fléchoise, il peut employer plusieurs entraîneurs pour disputer la course sur une heure derrière tandems. Opposé à deux des meilleurs cyclistes de cette époque, Henri Cornet et René Pottier, il est largement battu mais comme lors de chacune de ses sorties, son attitude est largement saluée par les spécialistes et Germain devient l'un des coureurs les plus appréciés du public[9]. Au début du mois de juillet, il échoue dans sa tentative de battre le record du monde des 10 kilomètres sans entraîneurs, détenu par Lucien Petit-Breton, mais il obtient quelques jours plus tard un net succès sur 15 kilomètres derrière motos au Vélodrome Buffalo[9]. Le , à La Flèche, devant un public tout acquis à sa cause, il remporte deux des trois épreuves organisées et s'impose au classement général[9]. Fin août, il est le seul à tenir tête à César Simar sur 30 kilomètres au Buffalo, puis il domine nettement Émile Bouhours sur la même distance à Tours au début du mois de septembre[10].

Achille Germain participe ensuite aux Six Jours de Toulouse, première course du genre en Europe, disputée sur le vélodrome de Bazacle où il est associé au coureur local Jean Gauban. Le duo y obtient une prometteuse deuxième place, seulement devancé par les frères Émile et Léon Georget. Tout au long de l'épreuve, le coureur fléchois fait preuve d'une activité intense et remporte de nombreuses primes, dont celles des 47e et 49e heures[11],[12].

À son retour, Achille Germain est accueilli triomphalement à La Flèche où il souhaite passer quelques jours avant de rejoindre Toul où il doit effectuer son service militaire au sein du 153e régiment d'infanterie[13],[14]. Il n'obtient que rarement des permissions mais parvient tout de même à disputer quelques courses en 1907 : battu par Arthur Pasquier sur 40 kilomètres à Tours le , il prend sa revanche et le devance la semaine plus tard à La Flèche à l'occasion du Grand Prix du Printemps[14].

Du Tour de France aux Six Jours de New York

Libéré du service militaire le , Achille Germain souhaite désormais se concentrer davantage aux épreuves sur route et envisage de prendre le départ de Paris-Roubaix, mais il doit finalement y renoncer. Sur la piste du vélodrome de La Flèche, début avril, il remporte le championnat de la Sarthe de vitesse puis prend la deuxième place du Grand Prix du Printemps derrière Pasquier. Germain séjourne le plus souvent à Paris pour s'entraîner mais il revient chez lui au mois de mai pour disputer une course de 12 heures qu'il remporte assez nettement avec 16 tours d'avance sur son plus proche poursuivant. Quelques jours plus tard, il est deuxième du Grand Prix d'Angers sur 40 kilomètres avec entraîneurs et annonce son engagement dans le Tour de France[15],[16]. C'est du reste le seul auquel il participe au cours de sa carrière[15]. Ses débuts sur la course sont difficiles : il n'obtient au mieux qu'une 22e place lors de la cinquième étape Lyon-Grenoble et pointe au 25e rang du classement général au soir de la sixième étape à Nice. Pour autant, les conditions de course sont très rudes en ce début de Tour et seuls 45 des 114 engagés sont encore en lice. Ses résultats sont ensuite plus probants : 19e à Nîmes et 15e à Toulouse, il se classe 17e à Bayonne et surtout 8e à Bordeaux, au terme d'une étape au cours de laquelle il ne quitte pas la roue des hommes de tête. Achille Germain achève son Tour par trois 12e places et une 14e place et se classe finalement 16e de l'épreuve avec 236 points, à 200 points du vainqueur Lucien Petit-Breton. Cette participation encourageante lui vaut les félicitations de nombreux spécialistes à l'image du journaliste de L'Auto Charles Ravaud qui considère que Germain est en mesure d'obtenir d'excellents résultats s'il choisit de s'adonner plus encore à la route[17]. Sa participation à la Grande Boucle renforce plus encore sa popularité : il est porté en triomphe à son retour en gare de La Flèche et accueilli en ville par plus de 2 000 personnes[1].

Au mois d'octobre, Achille Germain se marie à La Flèche avec Suzanne Bruon, la fille d'un couple d'épicier de la place du Marché-au-Blé[1],[18]. Au repos pendant l'hiver, il effectue sa rentrée le au vélodrome de cette ville et conserve son titre de champion de la Sarthe de vitesse. Battu à Angers par Daniel Lavalade sur 40 kilomètres derrière motos, il se distingue fin mai sur route en prenant la deuxième place du Circuit de la Loire, couru sur deux étapes, en ayant remporté la première à Loudun. Invité à prendre le départ de la huitième étape du Grand Prix Wolber, organisé par Peugeot le entre Paris et La Flèche, Achille Germain se classe sixième et acquiert, selon L'Auto, « ses galons de grand routier ». Également invité de la neuvième étape en direction de Nantes, il y termine quatrième avant d'être déclassé pour une erreur de parcours[18]. Durant l'été, il ne s'engage pas sur le Tour de France et dispute aux contraires toute une série de courses sur piste, très lucratives. Contraint à l'abandon à Marseille sur une épreuve de 24 heures, il est associé à Bouteiller sur 12 heures à Toulouse et prend la deuxième place après un rude combat face à Jean-Baptiste Dortignacq[18]. Au mois de septembre, il figure parmi les principaux favoris du Bol d'or, couru sur la piste du vélodrome Buffalo. En tête après les quatre premières heures de course, disputées sans entraîneurs, il connaît ensuite une sérieuse défaillance et perd le contact pour pointer au septième et dernier rang après sept heures. Dans le dernier quart de la course, Achille Germain dépasse deux concurrents pour finalement se classer cinquième de l'épreuve. En ayant parcouru 681,6 kilomètres, il termine bien loin du triple vainqueur Léon Georget. Germain effectue son retour sur route fin septembre en s'engageant sur Paris-Tours mais son résultat, 18e, est anecdotique[19]. Ses dernières sorties de l'année sur piste ne sont guère concluantes, à l'image de ses deux tentatives du record de l'heure sans entraîneur à La Flèche[19].

Il est pourtant sélectionné pour participer au début du mois de décembre aux Six Jours de New York, l'une des plus célèbres courses du monde, en étant associé au coureur britannique Reginald Shirley. Dès la 50e minute de course, celui-ci provoque une lourde chute en passant le relais à Germain, qui est touché à la jambe droite. Le duo concède très vite un tour de retard aux autres équipes et ne parvient pas à le reprendre malgré les efforts de Germain. À l'issue du premier jour de course, Shirley souffrant de maux d'estomac, abandonne. Achille Germain est alors associé à l'Italien Egisto Carapezzi dont le partenaire a lui aussi été contraint de se retirer. Conformément au règlement, le nouvel équipage reçoit alors un tour de pénalité, mais ce n'est rien par rapport à ceux qu concède régulièrement Carapezzi lors de ses relais. Le duo accuse 21 tours de retard après 34 heures de course. Redoublant d'efforts pour surmonter leur retard, les deux hommes connaissent une défaillance au même moment et interrompent leur course pendant deux heures. À bout de forces au cinquième jour, Carapezzi abandonne et malgré la volonté d'Achille Germain de poursuivre la course, les juges estiment qu'il est trop attardé pour continuer, son retard s'élevant alors à près de 900 tours[20].

Spécialiste du demi-fond

Au début de l'année 1910, Achille Germain donne une nouvelle fois sa priorité à la piste mais si ses résultats au niveau local sont probants, il peine à confirmer dans les grandes épreuves parisiennes. En mai, il dispute néanmoins le championnat de France sur route, couru avec entraîneurs. Lâché dès les premiers kilomètres, il se classe finalement dixième. Après un détour par la piste et un succès à Brest sur 25 kilomètres aux dépens de César Simar, il revient sur route pour prendre la dixième place de Paris-Le Mans. Durant l'été, Achille Germain obtient plusieurs places d'honneur sur les vélodromes, se classant notamment deuxième du Grand prix d'inauguration du vélodrome d'Angers, du Challenge Cointreau dans la même ville, ainsi que des Huit heures de Tours, ce qui lui vaut sa sélection pour le Bol d'or. Malmené par le rythme imposé par Léon Georget et malade, il abandonne peu après la mi-course. Comme l'année précédente, il est retenu pour participer aux Six Jours de New York, associé cette fois au Belge Verlinden. Les deux hommes ne se trouvent jamais dans le rythme et se retirent après seulement huit heures de course[21].

Au mois de , Achille Germain ouvre dans sa ville de La Flèche un atelier de réparation pour les vélos de toutes marques[1]. En parallèle, il est engagé par l'équipe J.B. Louvet pour courir sur route, mais après avoir abandonné sur Paris-Tours, il renonce à s'engager sur Paris-Roubaix, préférant s'aligner sur une épreuve sur piste à Angers. En parallèle, il devient également organisateur de course en mettant sur pied le Grand Prix Jean-Baptiste Louvet à La Flèche le . Le parcours de cette épreuve sur route de 130 kilomètres sillonne les routes de la région en passant notamment par Le Lude et Baugé, tandis que la course est ouverte aux seuls licenciés de l'Union vélocipédique de France[1]. Après plusieurs succès en demi-fond à Angers puis Nantes, notamment aux dépens de l'Américain Woody Hedspath, il revient sur route à l'occasion de Paris-Brest-Paris dans la catégorie des touristes-routiers. Une chute avant Rennes détruit son vélo et Germain parcourt à pied les 14 kilomètres qui le séparent de la ville. Dans l'impossibilité de réparer, il abandonne. Sa saison d'hiver débute par plusieurs places d'honneur mais c'est le , au Vélodrome d'Hiver, qu'Achille Germain remporte un succès convaincant dans le Prix Robl. Cette course de demi-fond, courue sur 25 kilomètres, est organisée en hommage au champion allemand Thaddäus Robl, mort dans un accident d'avion. Il est également souvent employé comme entraîneurs dans des courses derrière tandems, comme sur le Prix de Madison Square au début du mois de janvier suivant dans lequel l'Américain Joe Fogler lui doit en partie la victoire[22].

Lors de la saison 1912, Achille Germain se consacre presque exclusivement au demi-fond. Il accumule les succès, à Rouen, Paris ou Angers, mais principalement contre des adversaires de second rang. Le , sur la piste du Parc des Princes, il prend la quatrième place du championnat de France de demi-fond, couru sur 100 kilomètres, en pointant à quinze tours du vainqueur Paul Guignard et sept tours du podium. Une semaine plus tard, à Nantes, il s'impose enfin contre des adversaires de valeur, à savoir Émile Bouhours et César Simar, dans une épreuve de 50 kilomètres. En août, il se classe troisième du Critérium de demi-fond au Buffalo, puis remporte la réunion du Mans deux jours plus tard sur le vélodrome des Jacobins. Le , il connait un sévère échec dans le Grand Prix de France de vitesse au Parc de Princes, ne passant pas le cap des séries, mais revient sur le devant de la scène en fin d'année en obtenant une victoire convaincante dans le Prix Stocks, couru sur 40 kilomètres au Vélodrome d'Hiver. Le coureur danois Herman Kjeldsen est le seul à lui tenir tête dans cette épreuve, mais Germain est bien le plus fort et affiche une forme rayonnante qui lui vaut d'être sélectionné pour les premiers Six Jours de Paris, prévus pour le mois de [23].

Le départ en est donné le sur la piste du Vel' d'hiv' et lors des deux premiers jours, Achille Germain, associé à Édouard Léonard anime la course en se plaçant constamment en tête du peloton, mais les deux coureurs commencent à perdre le contact après la 50e heure de course. Le classement final du duo, neuvième à six tours des vainqueurs, est anecdotique, mais Germain et Léonard figurent parmi ceux qui ont remporté le plus de primes au cours de l'épreuve[24]. À l'issue de l'épreuve, la popularité d'Achille Germain croît de nouveau, ce qui lui permet de négocier à la hausse ses participations aux différentes réunions organisées sur les vélodromes. Après des succès à Angers en mars, il fait forte impression le en remportant un 30 kilomètres devant Daniel Lavalade et César Simar au Buffalo. Un journaliste de L'Auto déclare : « La course de demi-fond est revenue au coureur au courage personnifié. J'ai nommé Achille Germain. » Considéré comme un outsider pour le championnat de France de demi-fond, il y prend la quatrième place, assez loin du vainqueur Paul Guignard. Au Grand Prix de Paris, il prend la deuxième place du 50 kilomètres, largement devancé par Georges Sérès mais en contenant le retour de plusieurs coureurs de renom. En fin de saison, une autre place d'honneur est à mettre à son actif, avec la deuxième place dans le Grand Prix de clôture de Roubaix[25].

Comme l'année précédente, Achille Germain est associé à Édouard Léonard pour les Six Jours de Paris, à partir du . Après l'abandon de ce dernier au deuxième jour de course, Germain forme une nouvelle équipe avec Charles Meurger, et pointe à deux tours des leaders. Le Fléchois maintient le duo à flot mais Meurger, plutôt spécialiste du sprint, concède des tours de retard et finit par abandonner après la 61e heure. Germain poursuit l'épreuve avec un troisième coéquipier, Alfred Beyl, mais c'est à son tour de se retirer après 102 heures et en ayant remporté de nombreuses primes[26]. Auteur de belles prestations lors des réunions parisiennes et d'un large succès au Grand Prix du Printemps de Limoges, il obtient le meilleur résultat de sa carrière au championnat de France de demi-fond, le [27].

Fin de carrière et reconversion

Quelques jours plus tard, la Première Guerre mondiale éclate et Achille Germain, comme ses concurrents, est mobilisé. Il est affecté comme caporal cycliste au 317e régiment d'infanterie, chargé du transport du courrier à vélo. Pendant la guerre, il participe néanmoins à certaines courses au gré de ses permissions. Ainsi le , il se produit au Vélodrome d'Hiver pour une épreuve de 400 tours à l'américaine. Aux côtés de Marius Chocque, il se classe dixième. En , il y gagne le Prix de la Capitale sur 30 kilomètres. L'année suivante, il est vainqueur du Prix d'Avril de demi-fond au Vel' d'Hiv', puis bat un coureur belge dans un match de demi-fond organisé au vélodrome Beaulieu de Mans[28]. Il est démobilisé au début de l'année 1919 et reprend la compétition de façon plus intensive. Troisième du Trophée de Paris sur une heure en mai, il remporte le le Grand Handicap de demi-fond au Parc des Princes. Alors qu'il semble en pleine possession de ses moyens, il doit cependant mettre un terme à sa carrière à cause d'une blessure à l'aine, contractée pendant la guerre et qui finit par se rouvrir[28],[29].

Achille Germain se retire alors à La Flèche, pour s'occuper dans un premier temps de son atelier de réparation de cycles. Très impliqué dans la vie locale, il invite son ami Robert Spears, champion du monde de vitesse sur piste, à déposer une gerbe au cimetière à l'occasion de la commémoration de l'armistice le . Soucieux de rendre hommage aux anciens combattants de la Grande Guerre, il inaugure en 1922 une plaque commémorative apposée sur la maison natale de l'aviateur Charles Godefroy, qui s'était rendu célèbre par son vol sous l'Arc de triomphe à Paris le . Deux ans plus tard, un banquet des Poilus est organisé à son initiative dans la salle de bal de l'Hôtel du Cheval Blanc. À cette occasion, il fait don de l'un de ses vélos de course au gagnant d'une tombola organisée au profit des Anciens Combattants[30]. Achille Germain est ensuite élu vice-président du Comité des Fêtes de la ville en [31].

En parallèle, Achille Germain n'abandonne pas le sport cycliste. En 1920, il officie comme entraîneur à moto du Tunisien Ali Neffati[29]. La même année, il est l'un des créateurs d'un nouveau club multisports dans sa ville, « La Flèche-Sportive ». Entre autres réalisations, ce club organise notamment une course sur route, le Paris-La Flèche, qui connait trois éditions consécutives[32]. Dans le même temps, il s'implique directement dans la construction d'un nouveau stade-vélodrome à La Flèche, destiné à remplacer celui de Belleborde. Après plusieurs mois de négociation, celui-ci est réalisé sur un terrain jouxtant la route d'Angers, et finalement inauguré en à l'occasion d'un match de football, tandis que la piste est édifiée au début de l'année 1922 grâce au concours de plusieurs grands champions tels que Robert Spears, Oscar Egg, Maurice Brocco, l'aviateur Georges Kirsch ou encore le boxeur Georges Carpentier[29]. En 1925, Achille Germain installe face au nouveau stade le restaurant-dancing Printania, qui devient rapidement l'un des lieux de distraction les plus courus de la ville[33].

En , Achille Germain se présente aux élections municipales partielles de La Flèche en tant que candidat républicain indépendant. En obtenant 1 111 voix, soit le meilleur total, il figure parmi les cinq nouveaux élus au conseil municipal. Réélu en , toujours sous l'étiquette d'indépendant, il y siège jusqu'à son décès trois ans plus tard. Achille Germain se porte également candidat aux élections législatives de 1932. Avec 4 108 voix, il arrive en troisième position, avec plus de 5 600 voix de retard sur le candidat radical Jean Montigny, réélu dès ce premier tour[34]. Hospitalisé, Achille Germain meurt le , à l'âge de 54 ans, et son corps est inhumé au cimetière Saint-Thomas. Le , le conseil municipal de La Flèche donne son nom à la rue d'un lotissement nouvellement construit[35].

Palmarès

Sur piste

Tout au long de sa carrière, Achille Germain a remporté de nombreux succès dans des courses de plus ou moins grandes importances organisées par les différents vélodromes. Seuls figurent ici ses résultats les plus notables.

Sur route

Notes et références

  1. Potron 1999, p. 122-124.
  2. Weecxsteen 1991, p. 101.
  3. Weecxsteen 1991, p. 102-103.
  4. « Le « petit » Piard devient Piard le Grand », L'Auto, , p. 3 (lire en ligne).
  5. Weecxsteen 1991, p. 104.
  6. Potron 1999, p. 120.
  7. Weecxsteen 1991, p. 104-105.
  8. Weecxsteen 1991, p. 106.
  9. Weecxsteen 1991, p. 107-108.
  10. Weecxsteen 1991, p. 111.
  11. « À propos des « Six Jours » Toulousains », La Vie au grand air, , p. 748-749 (lire en ligne).
  12. Weecxsteen 1991, p. 112-113.
  13. « Nouvelles diverses », L'Auto, , p. 4 (lire en ligne).
  14. Weecxsteen 1991, p. 114.
  15. Weecxsteen 1991, p. 114-115.
  16. Pierre Chany et Thierry Cazeneuve, La fabuleuse histoire du Tour de France, La Martinière, , 1055 p. (ISBN 9782732447926), ch. 1908, Un seul coureur à vélo : Passerieu.
  17. Weecxsteen 1991, p. 115-116.
  18. Weecxsteen 1991, p. 116-117.
  19. Weecxsteen 1991, p. 118-120.
  20. Weecxsteen 1991, p. 121-122.
  21. Weecxsteen 1991, p. 123-125.
  22. Weecxsteen 1991, p. 125-128.
  23. Weecxsteen 1991, p. 129-130.
  24. Weecxsteen 1991, p. 131-132.
  25. Weecxsteen 1991, p. 134-135.
  26. Weecxsteen 1991, p. 138.
  27. Weecxsteen 1991, p. 129-139-140.
  28. Weecxsteen 1991, p. 141-142.
  29. Potron 1999, p. 309-311.
  30. Potron 1999, p. 280-281.
  31. Potron 1999, p. 247.
  32. Potron 1999, p. 313-314.
  33. Potron 1999, p. 285.
  34. Potron 1999, p. 201-202.
  35. Weecxsteen 1991, p. 143.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Weecxsteen, « On l'appelait Germain de La Flèche », Cahiers Fléchois, no 12, , p. 101-144.
  • Daniel Potron, Le XXe siècle à La Flèche : Première période : 1900-1944, La Flèche, Daniel Potron, , 403 p. (ISBN 2-9507738-2-6).

Liens externes

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