Jean Montigny

Jean Auguste Montigny, né le à Guéret (Creuse) et mort le à Paris, est un homme politique français radical, député de la Sarthe. Collaborateur, disciple et ami de Joseph Caillaux, il défend comme lui avec la quasi-totalité des élus de gauche des positions pacifistes. Il est secrétaire général du groupe radical-socialiste à la Chambre du Front populaire de 1936 quand il refuse l'investiture à Léon Blum, tente d'empêcher la déclaration de guerre à l'Allemagne et vote avec la majorité les pleins pouvoirs au dernier président du Conseil de la IIIe République, le Maréchal Pétain après la défaite en 1940. Il exerça par la suite les fonctions de directeur de la censure de l'État français et présida l'Union des intellectuels indépendants qui fut en partie à l'origine des lois d'amnistie votées en 1951 et 1952.

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Biographie

Fils de Maurice Montigny et de Mathilde Pabot du Chatelard, amie d'enfance de Marcel Proust. Jean Montigny est docteur en droit. Il est député de la Sarthe de 1924 à 1942[1] et devient secrétaire général du puissant groupe radical-socialiste de la Chambre[2],[1]. Il intervient particulièrement dans le domaine agricole et pour réclamer la mise en place de lois sociales[1].

En 1936, avec son groupe, il vote contre l'investiture du Gouvernement du Front populaire[3].

Il a été également délégué à la Société des Nations (SDN)[1]. Aux côtés de Pierre-Étienne Flandin et de Georges Bonnet, il tente de s'opposer à ceux qui veulent la deuxième guerre mondiale comme Georges Mandel et Paul Reynaud.

Le , il fait partie des 17 parlementaires qui se sont associés à Pierre Laval pour réclamer un ordre nouveau et la collaboration avec l'Allemagne[1].

Il vote avec la majorité de la Chambre du Front Populaire la délégation de pleins pouvoirs au dernier Président du Conseil de la Troisième République Philippe Pétain le pour lui permettre de traiter avec l'occupant. Au sein de l'État Français, il est nommé directeur de la censure au ministère de la Propagande et de l’Information.

Dès , dans son ouvrage "Toute la vérité sur un mois dramatique de notre Histoire", il décrit de l'intérieur les oppositions entre les tenants du départ du gouvernement de la métropole, pour l'Afrique du Nord (il parle de la ligne Reynaud, Mandel, Churchill en référence à la volonté de continuer le combat sous la forme d'une Union franco-britannique avec nationalité commune, proposition qui assimile la France à un véritable Dominion) et ceux de son maintien en France, en négociant sa liberté par un armistice (ligne Pétain, Laval, Weygand).

Après la guerre, on le retrouve en 1951 au congrès de l'Union des républicains d'action sociale. Il est élu en 1951 président de l'Union des intellectuels indépendants, fondée l'année précédente. Il participe à des réunions du Front des forces françaises, favorable à l'amnistie des épurés ; il se présente aux législatives en janvier 1956, dans le 1er secteur de la Seine, avec l'étiquette du Rassemblement national français de Jean-Louis Tixier-Vignancour[4]. Il est battu par Jean-Marie Le Pen candidat de l'Union et fraternité française dirigé par Pierre Poujade.

Il se consacre désormais à l'Union des intellectuels indépendants, qu'il préside jusqu'en 1957[5]. Hostile à la décolonisation de l'empire française, il contribue en 1956 à la fondation d'un éphémère Comité Défense de la France, avec le général Jean Touzet du Vigier, Pierre Baruzy, Jean Ebstein-Langevin, Pierre Juhel notamment[6]. Il travaille ensuite à la publication de son œuvre majeure : Le Complot contre la paix, 1935-1939, parue en 1966, dans laquelle il décrit les jeux d'acteurs des partisans de la guerre et de la paix jusqu'à la déclaration de guerre à l'Allemagne.

Mandats électoraux

Député[2]
Maire

Décorations

Il est officier de la Légion d'honneur et titulaire de la croix de guerre 1914-1918 (avec cinq citations)[1]. Il a aussi reçu la Francisque[9].

Publications

Source : Catalogue de la BNF

  • Jean Montigny et Jacques Kaiser (préf. Édouard Daladier), Le Drame financier, les responsables, Paris, A. Delpeuch, , 68 p.
  • Jean Montigny, Le Problème franco-allemand, Paris, André Delpeuch, , 64 p.
  • Jean Montigny (préf. Joseph Caillaux), La République réaliste, Paris, Éditions de La Renaissance, http://www.worldcat.org/title/republique-realiste/oclc/22698576/editions?referer=di&editionsview=true vers 1927, 254 p.
  • Jean Montigny, France, libère-toi, Le Mans, Impr. de la Sarthe, , 39 p.
    En annexe : le texte des obligations internationales contractées par la France depuis les traités de paix
  • Jean Montigny, Heures tragiques de 1940 – La Défaite, Paris, Grasset, , 271 p.
  • Jean Montigny, De l'armistice à l'Assemblée nationale, 15 juin-15 juillet 1940 – Toute la vérité sur un mois dramatique de notre Histoire, Clermont-Ferrand, Éditions Mont-Louis, , 159 p.
  • Baron Werner von Rheinbaben (préf. Jean Montigny), Vers une Nouvelle Europe, Paris, Groupe Collaboration, , 40 p.
  • Claude Hisard (préf. Jean Montigny), Histoire de la spoliation de la presse française, Paris, Éditions de La Renaissance, , 496 p.
  • Jean Montigny, Le Complot contre la paix, 1935-1939, Paris, La Table ronde, , 355 p.

Sources

  • « Jean Montigny », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960

Notes et références

  1. [PDF] Biographie de Jean Montigny sur le site de l'Assemblée nationale, p. 2506-2507.
  2. « Jean, Auguste Montigny (1892-1970) », sur assemblee-nationale.fr, Assemblée nationale.
  3. « Présentation du Ministère Léon Blum - Séance du samedi 6 juin 1936 », Chambre des députés, interventions de Jean Montigny sur la position de son groupe lors du vote d'investiture du Gouvernement du Front Populaire : « Messieurs, au nom de la gauche démocratique et radicale indépendante, qui groupe quarante députés [...] j'ai la mission, [...] d'exposer la raison essentielle pour laquelle, unanimes, nous ne pourrons pas accorder au Gouvernement une confiance [...] ». Sur le site de l'Assemblée nationale, consulté le 28 juillet 2008.
  4. http://www.france-politique.fr/wiki/Rassemblement_National_Fran%C3%A7ais_(RNF).
  5. Il est encore président lorsque l'UII fête l'anniversaire du général Maxime Weygand en janvier 1957
  6. Le Monde, 26 mars 1956, "Formation d'un Comité Défense de la France" (« Les personnalités dont les noms figurent ci-dessous viennent de constituer, au nom des groupements qu'elles représentent, un comité : Défense de la France, chargé d'unir les efforts de tous leurs adhérents " en vue de manifester, tant aux yeux du gouvernement qu'aux yeux de l'opinion étrangère, la volonté profonde de la nation française de voir mettre un terme à des abandons et à des déchéances qui se sont précipités jusqu'ici, et qui ne peuvent conduire qu'à une catastrophe irrémédiable. (Il) " prend acte des mesures que le gouvernement vient d'arrêter pour reprendre en main la situation militaire en Algérie. Il convient maintenant que ces mesures soient appliquées avec la rigueur, avec la brutalité requises pour que l'entreprise soit efficace, et qu'elle soit économe du sang à verser et des sacrifices a consentir. ". Général Barre, secrétaire général de Présence française - Tunisie ; comte Baruzy, du Centre d'études politiques et civiques ; M. Daber, conseiller de l'Union française, secrétaire général du Comité d'action contre la désagrégation de l'Union française ; M. Jean Ebstein, président de l'Union nationale et sociale de salut public ; M. Jacquier, secrétaire général de Présence française-Algérie ; M. Juhel, secrétaire général de Restauration nationale ; M. Matignon, président du comité A.P.S. ; M. Montigny, ancien ministre, président des Intellectuels indépendants et de Vigilance française ; M. Nabonne, secrétaire général de Présence française-Maroc ; général Touzet du Vigier, C.R. »
  7. Assemblée nationale, « Les députés-maires », moteur de recherche, entrer : « Montigny ».
  8. Henry Coston, L'Ordre de la Francisque et la révolution nationale, Paris, Déterna, coll. « Documents pour l'histoire », , 172 p. (ISBN 2-913044-47-6), p. 137.

Annexes

Article connexe

Liens externes

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