Jean Ebstein-Langevin

Jean Ebstein-Langevin, né le à Strasbourg et mort le à Paris 10e[1], est un résistant, avocat, journaliste et militant politique d'extrême droite.

Biographie

Le résistant royaliste

Né Jean Ebstein, fils de Bernard Ebstein, négociant, et de Madeleine Langevin, née Weil, Jean Ebstein suit ses études secondaires au lycée Fustel-de-Coulanges (Strasbourg), puis gagne Paris pour étudier à la Faculté de droit.

Il adhère à l'âge de 13 ans aux Jeunesses royalistes d'Alsace. Vice-président de la Corpo de droit auprès d'André Pertuzio, il participe à la Manifestation du 11 novembre 1940 à Paris. Il gagne ensuite la Zone libre en 1941, passe en Espagne où il est interné 8 mois, puis rejoint l'Afrique du Nord où il s'engage dans les Forces françaises libres (FFL) et sert comme officier de renseignement dans la 1re armée. Il participe aux combats de la Libération.

Plus tard, il fonde vers 1959 et devient le délégué général de l'Association des Résistants du . Il est aussi membre du conseil d'administration des « Premiers de résistance », de l'ORA, de l'Amicale des réseaux[2]. Comme vice-président (ou délégué général ?) de l'Association des résistants du , il fait connaitre son opposition à mai 68[3]. Dans une lettre au Monde en 1980, il minimise la présence des communistes à la manifestation du [4]. Comme ancien résistant, il est un témoin à décharge dans le procès de Paul Touvier[5].

Le militant politique

Après la guerre, il est chargé de la presse de la Confédération générale des combattants (dite ARC, organisme de droite) en 1946, il collabore à l'hebdomadaire Paroles Françaises qui milite pour l'amnistie des épurés et contre le « résistantialisme »[6], fonde en 1947 et devient secrétaire général de 1947 à 1948 du Comité français pour la défense des droits de l'homme, qui vient en aide aux épurés et tente de réhabiliter les pétainistes, aux côtés du colonel Rémy, autre maurrassien gaullo-pétainiste, de Jacques Isorni, un des avocats de Pétain, André Mutter, Robert Aron mais aussi Edmond Michelet, Maurice Schumann, Jacques Bardoux, André François-Poncet[7]. Son ami Alain Griotteray a pu écrire : « (…) Epstein-Langevin (sic) dont j’ai encore à l’oreille les reproches qu’il proférait à mon égard, jugeant mon gaullisme trop mou (…) devint après la guerre l’un des plus fervents défenseurs du maréchal : m’adressant tous ses écrits, ses discours, me reprochant alors mon gaullisme attardé »[8].

Comme secrétaire général du Centre d'études franco-britanniques, il écrit deux articles dans Le Monde en 1947[9]. Il participe au congrès proeuropéen de La Haye de 1948 et adhère au mouvement La Fédération[10].

Il milite ensuite en 1954 au Rassemblement national de Jean-Louis Tixier-Vignancour qui lutte alors contre « le système pourri, incapable de remédier à la décadence intérieure comme de défendre le pays à l’extérieur »[11], fréquente des cercles de droite comme le Centre d'études politiques et civiques auquel il adhère, dirige en 1956 l'Union nationale et sociale de salut public - il est candidat en à la tête d’une liste du même nom -, et contribue à la constitution de Défense de la France la même année[12]. Il est ensuite membre de la Coordination nationale présidée par le général Lionel-Max Chassin, en 1958. Il signe en le manifeste des intellectuels français pour la résistance à l'abandon qui s'oppose au manifeste des 121, à propos de l'Algérie française[13].

C'est un ami du polémiste d'extrême droite Albert Paraz ; il fait partie du bureau de l'Association des Amis d'Albert Paraz, fondée en 1958, aux côtés notamment de Paul Rassinier[14].

Devenu avocat, il renoue avec le mouvement royaliste de sa jeunesses strasbourgeoise, est proche de la Nouvelle Action royaliste de Bertrand Renouvin[15], participant en aux journées royalistes à Paris[16] et écrivant dans une nouvelle mouture de l'Action française dans les années 1990.

L'avocat

Un temps directeur commercial de la Compagnie française de téléphonie (1949-1957), il est ensuite avocat au barreau de Paris.

Il défend un ingénieur français, Robert Juge, inculpé "d'intelligence avec une puissance étrangère" (en l'occurrence l'URSS) en 1983[17].

Il plaide au nom de François Lehideux et de Jacques Isorni devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à partir de 1994, à propos d’un encadré publicitaire de Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP) publié dans Le Monde en 1984 et intitulé « Français, vous avez la mémoire courte ». L’encadré récapitulait sous la forme d’un plaidoyer les grandes étapes de la vie de Pétain, ce qui entraina le dépôt d’une plainte de l’Association nationale des anciens combattants de la résistance et le début d’une longue affaire judiciaire, jugée en 1998 au bénéfice des plaignants[18].

Œuvres

  • Le principe de légitimité et le conflit entre deux légitimités prétendues : Vichy et de Gaulle , mémoire de DEA d'études politiques, Université de droit de Paris, 1980, 74 p. et annexes

Sources

  • Who's who, 1998, p. 659
  • Maxime Tandonnet, 1940, un autre , Tallandier, 2009
  • François-Marin Fleutot, Des royalistes dans la résistance, Flammarion, 2000, p. 238
  • Henry Coston (dir.), Partis, journaux et hommes politiques d'hier et d'aujourd'hui, Lectures françaises,
  • Jérôme Cotillon, Ce qu'il reste de Vichy, Armand Colin, 2003

Notes et références

  1. Relevé généalogique sur Filae
  2. Cf. Mauthausen (bulletin intérieur de l'amicale des déportés et familles de Mauthausen), décembre 1992, N° 253, droit de réponse de Me Ebstein-Langevin en ligne sur le site de l'association: Bulletins de l'année 1992
  3. Danielle Tartakowsky, Les manifestations de rues en France, 1918-1968, Publications de la Sorbonne, 1997, p. 777
  4. Le Monde, 26/11/1980
  5. Jacques Trémolet de Villers (avocat de Touvier), L'affaire Touvier: chronique d'un procès en idéologie, DM Morin, 1994, p. 160
  6. Cf. la page Résistancialisme
  7. Mathias Bernard, La guerre des droites, Odile Jacob, 2007, p. 109, Droit et liberté, 15/4/1948 [PDF]
  8. Alain Griotteray, De Gaulle encore et toujours, L'Âge d'homme, 2006, op. cit., p. 32. Cf. aussi Philippe Prévost, Le temps des compromis : mai-décembre 1940, CEC, 2005, la dédicace de l’auteur à Ebstein-Langevin : « Etudiant d’Action française, (il) organisa la manifestation du 11 novembre 1940, s’engagea dans la Résistance et passa sa vie à tenter de réconcilier les Français et à défendre la mémoire du maréchal Pétain » et Général Jacques Le Groignec (alors président de l'ADMP), Pétain face à l’histoire, NEL, 2000, p. 118
  9. Le Monde, 31/5/1947; 2/6/1947
  10. Revue d'histoire diplomatique, vol. 117, 2003, p. 140. Et futur dirigeant selon cette source
  11. Ariane Chebel d'Appollonia, L'extrême droite en France, Complexe, 1998, p. 288
  12. Le Monde, 26/3/1956
  13. Le Monde, 7/10/1960
  14. Jacques Aboucaya, Paraz le rebelle, L'Age d'homme, 2002, p. 216
  15. Royaliste, 5-18/2/1981, p. 11: conférence-débat pour la N.A.R, Royaliste, 2-16/6/1982: liste des souscripteurs. Une polémique l'oppose cependant en 1992 à B. Renouvin à propos de l'affaire Touvier: cf. Mauthausen (bulletin intérieur de l'amicale des déportés et familles de Mauthausen), bulletins de juin et décembre 1992 : Bulletins de l'année 1992
  16. Site de Royaliste: journées de 1980
  17. Le Monde, 11/7/1983
  18. "itemid":%5B"001-62802"%5D} Arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme, 23/9/1998
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