Îles Komandorski

Les îles Komandorski ou îles du Commandeur (en russe : Командорские острова, Komandorskié ostrova) sont un groupe d'îles isolées de la mer de Béring, à l'est de la péninsule du Kamtchatka, en Russie. Administrativement, elles forment le raïon Aleoutski, une subdivision du kraï du Kamtchatka.

Pour les articles homonymes, voir Commandeur (homonymie).

Îles Komandorski
Командорские острова (ru)

Îles Komandorski à l'est de la péninsule du Kamtchatka.
Géographie
Pays Russie
Localisation Mer de Béring (océan Pacifique)
Coordonnées 55° N, 167° E
Superficie 1 846 km2
Île(s) principale(s) Île Béring, île Medny
Administration
Statut Raïon
Démographie
Population 613 hab. (2009)
Densité 0,33 hab./km2
Plus grande ville Nikolskoïe
Autres informations
Géolocalisation sur la carte : Kraï du Kamtchatka
Îles Komandorski
Géolocalisation sur la carte : Russie
Îles Komandorski
Archipel de Russie

Géographie

Carte détaillée montrant les Îles du Commandeur.

L'archipel se compose de l'île Béring, l'île Medny et d'une quinzaine d'îlots rocheux. Les Îles du Commandeur forment l'extrémité occidentale de l'arc volcanique constitué dans ses parties centrales et orientales par les îles Aléoutiennes, lesquelles font partie de l'État américain de l'Alaska. Une distance de 182 km sépare l'île Béring de la péninsule du Kamtchatka. L'île Medny, la plus orientale, se trouve à 338 km de l'île américaine la plus proche, Attou, et du reste de la chaîne. Cet espace est d'ailleurs traversé par la ligne de changement de date. Le relief est varié, depuis les vallonnements, plateaux volcaniques, plaines et montagnes érodées, vestiges de volcans du bord de la plaque du Pacifique et de la plaque nord-américaine depuis longtemps éteints. Le point culminant est le pic Steller sur l'île de Bering (755 m), et celui de l'île Medny est le pic Stenjeger (647 m).

Le climat est océanique avec des précipitations fréquentes (220–240 jours/an). Les étés doux sont marqués par une forte brume.

Faune et flore

Détail d'une ancienne carte de l'est du Kamchatka, de S. Khitrov, membre de l'expédition Béring, montrant la position des îles du Commandeur, avec des dessins du Rhytine de Steller, de l'Otarie à fourrure du Nord et du lion de mer de Steller.
L'île Medny.
Une vallée de l'île Medny.

Compte tenu de la forte productivité du plateau sous-marin de la mer de Béring et du Pacifique, et de l'éloignement des populations humaines, les îles du Commandeur se caractérisent par une faune marine très abondante et la rareté d'animaux terrestres[1]. Les populations de mammifères les plus considérables sont celles d'otaries (environ 200 000 individus) et de lions de mer (approximativement 5 000 individus) qui y passent l'été ; viennent ensuite les Loutres de mer, les phoques ordinaires et les phoques mouchetés. En effet, la population de loutres reste stable et augmente même sans doute, même si leur effectif s'effondre dans le reste de l'archipel des Aléoutiennes[2].

Les eaux environnantes fournissent un important habitat pour la subsistance, l'hibernation et la migration de diverses espèces de cétacés, la plupart menacées d'extinction : ainsi le Grand cachalots, orques, plusieurs espèces de Ziphiidae et de marsouins, les baleines à bosse, et d’espèces en danger telles les baleines franches[1],[3] et les rorquals[4].

Parmi la faune terrestre, assez pauvre, on distingue deux variétés endémiques de Renard polaire, (Alopex lagopus semenovi and A. l. beringensis). Quoique stables désormais, ces populations avaient été gravement affectées par le passé à cause du trafic des fourrures. Les autres mammifères terrestres : le caribou sauvage, le Vison d'Amérique et les rats ont été amenés par l'Homme[1].

Plus d'un million d'oiseaux de mer nidifient sur ces îles par immenses colonies le long des falaises du littoral. Les plus répandus sont le Fulmar boréal, le Guillemot de Troïl, le Guillemot de Brünnich et le Guillemot colombin ; le Macareux cornu et le Macareux huppé ; les cormorans; les mouettes et les rissas dont la Mouette des brumes autochtone, que l'on retrouve dans quelques autres points du monde. Les Sauvagines et les bécassines abondent également le long des lacs et des vallées de l'île Béring, bien qu'elles soient absentes de l'Île Medny. Les migrateurs les plus dépendants de ces îles sont l'eider de Steller, le Pluvier fauve et la Sterne des Aléoutiennes. Les rapaces les plus notables sont le Pygargue empereur et le Faucon gerfaut. Au total, on a recensé plus de 180 espèces d'oiseaux sur les îles du Commandeur[5].

L'île Béring.

La faune piscicole des torrents glaciaires se compose principalement de salmonidés migrateurs, parmi lesquels l'Omble chevalier, Salvelinus malma, la truite mouchetée, la truite chinook, le saumon nerka, le Saumon argenté et le Saumon rose à bosse.

L’île Béring était le seul habitat connu du Rhytine de Steller, un énorme veau marin (poids supérieur à 4 000 kg) similaire au Lamantin. Ce veau de mer a été chassé jusqu'à provoquer son extinction 27 ans seulement après sa découverte en 1741[6]. Le Cormoran de Pallas, palmipède essentiellement incapable de voler, a disparu pour les mêmes raison dans les années 1850[7].

Il n'y a pas de forêt à proprement parler : la végétation est dominée par les lichens, les mousses et différentes colonies symbiotiques de plantes marécageuses faites d'herbacées et d'arbustes nains. On trouve aussi fréquemment des ombellifères très hautes.

Ces îles n'abritent aucun amphibien ni aucun reptile[1].

Population

Le seul village est Nikolskoïe sur l'île Béring (613 habitants en 2009, en baisse rapide). Les habitants sont russes et aléoutes, pêcheurs et chasseurs de baleines ou d'autres mammifères marins. La garnison de gardes-frontière de Medny a été dissoute en 2001.

Histoire

Groupe de chasseurs aléoutes de l'île Béring (vers 1884–1886).

Les îles ont été découvertes par Simon Dejnev en 1684.

Elles ont été nommées en l'honneur de Vitus Béring, qui y est mort l'hiver 1741 de maladie de même que la majorité de son équipage, après que son navire le Sviatoï Piotr y eut fait naufrage lors de son voyage de retour d'Alaska. Un modeste monument marque sa sépulture. Environ la moitié de l'équipage parvint à survivre à l'hivernage, en partie grâce à l’abondance de gibier (notamment le veau de mer de Steller) et aux efforts du naturaliste et médecin Georg Wilhelm Steller, qui guérit la plupart des marins du scorbut en les forçant à manger des algues[8]. Finalement, ces survivants parvinrent à construire une petite embarcation à partir des débris de leur trois-mâts, le St. Peter, et à regagner le Kamchatka, chargés à craquer de fourrures de loutres de mer. La découverte de loutres a déclenché la grande chasse aux fourrures (Promyshlenniky) qui a joué un rôle moteur dans l'expansion russe vers l'Alaska. Le veau de mer de Steller, dont l'habitat se bornait apparemment aux lits de kelp entourant l'île Béring, avait été exterminé avant 1768.

Timbre soviétique de 1966 représentant le second voyage de Bering et la découverte des îles du Commandeur.

Des Aléoutes (Unangan) ont été transférés vers les îles du Commandeur au début de 1825 par la Compagnie russe d'Amérique pour le commerce du phoque. La plupart des Aléoutes habitant l'île Béring venaient de l'île Atka, tandis que ceux de l'île Medny sont originaires d'Attou. Ces eskimos ont développé un créole appelé « aléoute de Medny », aux racines aléoutes mais mâtiné de déclinaisons russes. Actuellement la population de ces îles est pour ⅔ russe et ⅓ aléoute.

La bataille des îles Komandorski (1943) s'est déroulée au large des côtes, à 160 km au sud de l'archipel[9].

Notes

  1. I. Barabash-Nikiforov, « Mammals of the Commander Islands and the Surrounding Sea », Journal of Mammalogy, vol. 19, no 4, , p. 423–429 (DOI 10.2307/1374226, JSTOR 1374226)
  2. A. Doroff, J.A. Estes, M.T. Tinker et al., « Sea otter population declines in the Aleutian archipelago », Journal of Mammalogy, vol. 84, no 1, , p. 55–64 (ISSN 1545-1542, DOI 10.1644/1545-1542(2003)084<0055:SOPDIT>2.0.CO;2)
  3. Cf. S. V. Makarova, « Eubalaena japonica Lacepede, 1818 ».
  4. Cf. S. V. Makarova, « Balaenoptera physalus (Linnaeus, 1758) », sur Kommandorskii
  5. H. Johansen, « Revised List of the Birds of the Commander Islands », The Auk, vol. 78, no 1, , p. 44–56 (JSTOR 4082233)
  6. P. Anderson, « Competition, predation, and the evolution and extinction of Steller's sea cow, Hydrodamalis gigas », Marine Mammal Science, vol. 11, no 3, , p. 391–394 (DOI 10.1111/j.1748-7692.1995.tb00294.x)
  7. (en) Référence UICN : espèce Phalacrocorax perspicillatus
  8. G.W. Steller et O.W. Frost (trad. M. A. Engel; O. W. Frost), Journal of a Voyage with Bering, 1741–1742, Stanford, Stanford University Press, (ISBN 0-8047-2181-5)
  9. D'après John A. Lorelli, The Battle of the Komandorski Islands, March 1943, Annapolis, Md, Naval Institute Press,, , 212 p. (ISBN 0-87021-093-9).

Bibliographie

  • Richard Ellis, Encyclopedia of the Sea (2001), New York: Alfred A. Knopf.
  • Youri B. Artyoukhine, Commander Islands (2005), Petropavlovsk-Kamchatsky.

Voir aussi

Liens externes

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