Saumon rose à bosse

Oncorhynchus gorbuscha

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Le saumon rose à bosse (Oncorhynchus gorbuscha) ou saumon bossu est une espèce de poisson « anadrome obligatoire » de la famille des Salmonidae.
Parmi les saumons sauvages du Pacifique, c'est le plus petit en taille, mais il constitue le stock aujourd'hui le plus abondant (40 % en poids et 60 % en nombre – 440 000 t par an en moyenne – des pêches commerciales)[1]. Il a été introduit hors de son aire de répartition, y compris en Europe. La première observation en France (et la plus au sud jamais faite côté atlantique) date du 20 aout 2017 sur la Canche à Brimeux à 22 km de l’estuaire (il s'agissait d'un jeune mâle de 40 cm environ, photographié et relâché dans le cadre d'une pêche no-kill[2]. Il présente certaines caractéristiques d'espèces potentiellement invasives[3].

Grâce à ses réserves énergétiques, ce saumon peut franchir de nombreux obstacles. Certains bonds semblent être destinés à l'observation et préparer le franchissement.

Distribution et habitats

Il est naturellement présent dans l'océan Pacifique sur les côtes et cours d'eau américains et asiatiques du Pacifique (entre 40° N et 70° N), du nord de l'Alaska au sud de la Californie et dans l'ouest du Pacifique, de la Sibérie au large des côtes coréennes et japonaises, ce qui en fait le saumon qui a la plus grande aire de distribution[4]. Il a été introduit hors de son aire de répartition (en Russie notamment) et cette aire tend à se modifier, sans doute en partie sous l'influence du dérèglement climatique[4] en s'élargissant aux eaux de l'Arctique canadien[2].

En Europe après une transplantation ratée à la fin des années 1930[5],[6], ce saumon a été volontairement introduit pour le développement de sa pêcherie[7] dont sur la Péninsule de Kola (mer de Barents et mer blanche) où les retours d'adultes ne sont encore constatés que les années impaires de fin juin à début septembre (Figure 2 et Figure 3), avec un pic fin juillet [8],[9].
Il a été introduit en Norvège, en Lettonie et en Allemagne[10] et en 1960 il colonise déjà la Norvège et l’Islande puis rapidement les fleuves se jetant dans la Baltique, ou venant d'Écosse, d’Angleterre et d’Irlande[11],[12],[13]. Dans les années 1960, il est signalé dans plus de 40 rivières norvégiennes[6].

De 1956 à 2000 les Russes l'introduisent dans divers cours d'eau à raison de parfois plus de 35 millions de juvéniles par an selon Niemelä et ses collègues en 2016)[6] mais les premières souches (provenant de l'île de Sakhaline et de rivières du Kamtchatka) survivent mal dans les régions froides car pondant trop tardivement. En 1985 des souches frayant plus tôt (importées de la rivière Ola probablement) s'adaptent et colonisent la mer Blanche (Gordeeva et al., 2015) et d'autres sont ensuite trouvées en Norvège[6] puis en Écosse [14]. Une tonne/an environ de cette espèce serait pêchée en Norvège en 2015-2017 et les populations vraiment autonomes ne sont connues que dans onze rivières norvégiennes (du comté de Finnmark selon Fiske et al., 2013) (sur 400 encore fréquentées par le saumon atlantique)[2].
En 2017, il est trouvé Irlande (une trentaine d'individus selon Inland Fisheries Ireland, 2017), au Royaume-Uni (une centaine de cas dont 70 dans 18 rivières écossaises), en Finlande, Islande, Danemark et Allemagne (Fisheries Management Scotland, 2017).

Il pèse en Europe de 960 grammes à plus de 2 kilogrammes pour des tailles comprises entre 43 et 52 cm [8],[9]. On le pêche au moins depuis les années 1970 en Norvège. Les femelles dominent parfois (48 à 80 % des prises) et leur fécondité absolue a été estimée à 2000 œufs environ [8],[9]. La ponte se fait de septembre à novembre[6] et on a constaté sur la rivière norvégienne Vestre beaucoup de juvéniles ont déjà résorbé leur sac vitellin à la mi-mai (bien avant l'émergence des saumons atlantique qui se fait en juillet sur ce cours d'eau)[6]. De plus Gordeeva et al. (2015) ont constaté que là où il a été introduit la taille des smolts est souvent plus grande (jusqu’à 427 mg dans la Megra (peut être en raison d'une nourriture abondante[8]), et il peut être plus fécond[8], ce qui peut aussi faire craindre une compétition trophique et pour les zones de repos, voire une certaine invasivité ou une progression au détriment d'autres espèces (de saumons autochtones y compris) [2].

Habitats

Il est moyennement tolérant concernant les températures et nécessite une eau oxygénée et froide à fraiche : les jeunes se développant en rivières dans des eaux de 3 à 15 °C[1].

Description

Le juvénile est petit (3 cm) et blanchâtre, sans marque transversale sur les flancs (Kottelat & Freyhof, 2007). Il devient argenté alors qu'il dévale vers la mer (smoltification[6]).

Dans l'océan, il est franchement argenté mais lors de son retour vers sa zone de frai, il change de couleur devenant gris pâle sur le dessus avec le ventre d'un blanc jaunâtre (bien que certains prennent entièrement une couleur vert terne). Comme tous les saumons, en plus de la nageoire dorsale, il a également une nageoire adipeuse sur le dos qui est orné de grandes taches ovales noires. La queue a une forme de V et la nageoire anale a 13 à 17 rayons mous.
Sa bouche est blanche et ses gencives noires, avec une absence de dents sur la langue.
Lors de la migration de reproduction, les mâles développent une bosse dorsale prononcée (d'où leur nom de saumon rose à bosse et leur surnom en anglais de « humpies ») et leur dos prend une couleur brune à noire alors que celui de la femelle devient vert olive avec des barres ou des taches sombres, le ventre restant blanc-brillant pour les deux sexes. La tête se déforme (élargissement, croissance de « dents nuptiales » sur les deux mâchoires alors qu'un « bec crochu» se forme à la mâchoire supérieure (Kottelat & Freyhof, 2007 cités par l'AFB[2]). (les mâles du genre Salmo ont aussi un bec qui se développe au moment de la reproduction mais qui se forme au bout de la mâchoire inférieure)[2].

Taille, poids,

  • Les records enregistrés sont de 76 cm de long et de 6,8 kg mais la taille moyenne est de 50 cm ;
  • Poids moyen : 2 à 2,2 kg [1] selon les auteurs[6],[1].

Reproduction et cycle de vie

Son cycle de vie dure 2 ans, dont 18 mois sont passés en mer, ce qui fait que les lignées des années paires et impaires sont génétiquement distinctes (phénomène d'isolement reproducteur[1]).

Côté asiatique, la migration des reproducteurs débute en juin et se prolonge jusqu'en août (juin-juillet pour les populations les plus au Sud), alors que sur la façade ouest des États-Unis elle est plus tardive (juillet à septembre selon Heard, 1991)[1].

Le frai a lieu de août à novembre, plutôt en aval des rivières sur des radiers. Les reproducteurs meurent peu après la ponte[1]. Chaque femelle pondra de 1 200 à 1 900 œufs[1] ont l'incubation est de 560 à 580 degrés-jours ; l'alevin se transforme en smolt à 889 - 1000 degrés-jours[1].

La dévalaison des smolts varie de fin février (rivière Fraser) à mi-août (rivière Amour) à une taille moyenne de 28 à 35 mm pour un poids de 130 à 260 mg[1]. Néanmoins sur certaines rivières la taille des smolts peut aller jusqu’à 70 mm[6]. L’espèce parcourt plus de mille kilomètres en mer et la survie marine varie de 2 à 5 %[1].

Liens externes

Bibliographie

Références

  1. Heard W.R (1991) Life history of pink salmon (Oncorhynchus gorbuscha). In C. Groot & L. Margolis, Pacific salmon life histories (UBCPress, pp. 119–230). Vancouver, Canada.|résumé
  2. Beaulaton L, Josset Q & Baglinière JL (2017) Le saumon rose (Oncorhynchus gorbuscha, Walbaum, 1792) | Pôle AFB-INRA Gest’Aqua (Agence française de la biodiversité)| 9 Sept 2017
  3. Loury Romain (2014) Quand le saumon se fait encombrant, Journal de l'environnement ; publié 04 avril 2014
  4. Nielsen, J. L., Ruggerone, G. T., & Zimmerman, C. E. (2013). Adaptive strategies and life history characteristics in awarming climate: Salmon in the Arctic? Environmental Biology of Fishes, 96(10–11), 1187–1226.https://doi.org/10.1007/s10641-012-0082-6
  5. Fiske, P., Gjøsæter, H., Hansen, L. P., Jensen, A. J., & Saegrov, H. (2013). Rainbow trout and pink salmon in Norway, and their potential threat to Atlantic salmon. In North Atlantic salmon Working group (p. 12).
  6. Niemelä, E., Johansen, N., Zubchenko, A. V., Dempson, J. B., Veselov, A., Ieshko, E. P., … Kalske, T. H. (2016) Pink salmon in the Barents region With special attention to the status in the transboundary rivers Tana and Neiden, rivers in North West Russia and in East Canada (No. 3) (p. 137). Office of the Finnmark County Governor
  7. Munro A.L.S (1979). Introduction of pacific salmon to Europe (Mariculture committee No. ICES CM1979/F:28) (p.6). ICES
  8. Gordeeva, N. V., Salmenkova, E. A., & Prusov, S. V. (2015). Variability of biological and population genetic indices in pink salmon, Oncorhynchus gorbuscha transplanted into the White Sea basin. Journal of Ichthyology, 55(1), 69–76. |URL:https://doi.org/10.1134/S0032945215010051
  9. Zubchenko, A. V., Popov, N. G., & Svenning, M. A. (1998). Salmon rivers on the Kola Peninsula. Some results of acclimation of pink salmon (Oncorhynchus gorbuscha (Walbaum)). In Theme session (N) on Ecology of Diadromous fishes during early marine phase (Vol. CM 1998/N:13). ICES
  10. Solomon D.J (1980). Pacific salmon in the North Atlantic; a history and assessment of current status (Anadromous and catadromous fish committee No. CM1980/M:15) (p. 9). ICES
  11. Crawford, S. S., & Muir, A. M. (2008). Global introductions of salmon and trout in the genus Oncorhynchus: 1870– 2007. Reviews in Fish Biology and Fisheries, 18(3), 313–344. https://doi.org/10.1007/s11160-007-9079-1
  12. Harache, Y. (1992). Pacific salmon in Atlantic waters. ICES Marine Science Symposia, 194, 31–55
  13. Went, A.E.J (1974). Some Interesting Fishes Taken from Irish Waters in 1973. The Irish Naturalists’ Journal, 18(3), 57–65. | URL:https://doi.org/10.2307/25537743
  14. ‘“Invader” pink salmon seen in UK waters for first time- BBC News’, 2017
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