Aléoutes

Les Aléoutes sont un peuple autochtone rattaché à l’ensemble culturel inuit, vivant dans les îles du Commandeur, les îles Aléoutiennes, les îles Pribilof, les îles Shumagin et la péninsule d'Alaska[3],[4].

Cet article concerne le peuple aléoute. Pour la langue aléoute, voir Aléoute.

Aléoutes
Aléoutes en habits traditionnels.

Populations significatives par région
États-Unis 19 282 (2010)[1]
Russie 482 (2010)[2]
Population totale 19 764 (2010)
Autres
Langues Aléoute
Religions Animisme, orthodoxie russe
Ethnies liées Inuits
Territoires des Aléoutes, entre la Sibérie orientale et l'Alaska

Préhistoire

Il semblerait que les Aléoutes et les Inuits aient des ancêtres communs. Ils seraient venus d'Asie orientale à une époque postérieure aux ancêtres des Amérindiens, hypothèse confirmée par l'absence de parenté de leurs langues avec les langues amérindiennes.

Lors de fouilles sur l'île Anangula, située à l'extrémité orientale des Aléoutiennes, on a découvert des indices permettant de penser que les Aléoutes descendent d'un groupe venu de Sibérie vers 8000 av. J.-C. De 2000 à 1000 av. J.-C., la culture aléoute s'est développée graduellement pour aboutir à la civilisation historiquement connue.

Histoire

Les Aléoutes furent en contact avec les Russes vers la fin du XVIIIe siècle (les îles Aléoutiennes et l'Alaska sont alors devenues possessions russes). Des postes côtiers furent créés en 1784 à Attu, Agattu, Unalaska et sur l'île Kodiak ; ces colonies russes étaient gérées par la Compagnie russe d'Amérique. Après l'arrivée des popes de l'Église orthodoxe russe à la fin du XVIIIe siècle, beaucoup d'Aléoutes devinrent chrétiens. En particulier, une mission fut fondée sur l'île Kodiak en 1794, où fut construite une école bilingue russe et aléoute. Le premier saint orthodoxe d'Amérique, nommé saint Germain de l'Alaska et canonisé en 1970, a vécu de 1808 à sa mort en 1837 sur l'île aux Sapins (proche de Kodiak) aux côtés des Aléoutes. Un des premiers martyrs chrétiens d'Amérique du Nord fut saint Pierre l'Aléoute, qui a été tué à San Francisco (Californie) en 1815 parce qu'il ne voulait pas abandonner sa foi orthodoxe. Il fut canonisé en 1970 par le Synode de l'Église orthodoxe russe hors frontières. Par ailleurs les popes rapportèrent à la cour impériale russe que les gardes armés de la Compagnie russe d'Amérique méprisaient et brutalisaient les Aléoutes, dont le nombre est estimé à 25 000 à l'arrivée des Russes.

En 1867, l'Empire russe vendit aux États-Unis l'Alaska et la plupart des îles Aléoutiennes, à l'exception des îles du Commandeur. La barbarie de certains colons et trappeurs, d'abord russes, ensuite américains, et les maladies qu'ils ont importées a divisé par dix le nombre des indigènes, et il restait à peine 1 491 Aléoutes lors du recensement américain de 1910. Au XXIe siècle on compte environ 20 000 Aléoutes citoyens américains et 500 citoyens russes (aux îles du Commandeur) qui s'efforcent de défendre leur culture, bien que la plupart soient aujourd'hui métissés.

En 1942, les Japonais occupèrent les îles d'Attu et Kiska dans l'ouest des îles Aléoutiennes, et déportèrent par la suite les habitants d'Attu à Hokkaidō en tant que prisonniers de guerre. Des centaines d'autres Aléoutes de l'ouest et des îles Pribilof ont été évacués par le gouvernement des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale et placés dans des camps d'internement dans le sud-est de l'Alaska. Beaucoup y moururent. L'Aleut Restitution Act de 1988 peut être considéré comme une tentative du Congrès des États-Unis de dédommager les survivants.

Maison d'hiver traditionnelle appelée ulax.

Organisation familiale

Les Aléoutes vivaient en clans selon un régime matrilinéaire. Malgré les influences extérieures, ils ont conservé un mode de vie traditionnel jusqu'au début du XXe siècle.

Les Aléoutes habitaient des ulax ou barabaras : de vastes maisons collectives semi-souterraines, à la toiture recouverte de cuirs huilés, de terre, de mousses et d'herbes vivantes isolantes. Lillie McGarvey, un chef aléoute du XXe siècle, a écrit que ces habitations « gardaient les occupants à l'abri des pluies fréquentes, étaient tout le temps chaudes, et bien abritées des vents forts particuliers à cette zone ».

Les Aléoutes pêchaient les poissons et crustacés de la région, et chassaient les mammifères marins, tels que les loutres, les otaries et les cétacés. La chasse était précédée de rites ancestraux trouvant leur source dans la mythologie aléoute. Les chasseurs se déplaçaient en baïdarkas, les oumiaks locaux, adaptés aux conditions de navigation très rudes des îles Aléoutiennes. Ils utilisaient divers harpons garnis de flotteurs et parfois pourvus d'un propulseur. Leur technique de chasse à la baleine les rendit célèbres : ils harponnaient l'animal depuis leurs baïdarkas et anticipaient son lieu d’échouage.

La fabrication d'armes, la construction de bateaux et le tissage font partie des arts traditionnels aléoutes. Les artisans du XIXe siècle étaient connus pour leurs chapeaux en bois décorés en forme de cône asymétrique dotée d'une grande visière protégeant les yeux. Ces coiffes comportaient des dessins raffinés et colorés et pouvaient être ornés de moustaches d'otaries, de plumes et d'ivoire. Les couturières créaient des parkas imperméables finement cousues à partir de boyaux de phoques (kamleikas) ; certaines femmes maîtrisent encore l'art du tissage de paniers à partir de seigle et d'herbe poussant sur le rivage.

De nos jours, les Aléoutes vivent essentiellement de la pêche commerciale en tant que marins-pêcheurs. Ils pratiquent également la chasse au phoque.

Langue

Femme aléoute avec son enfant (1941).

L'aléoute fait partie du groupe des langues eskimo-aléoutes, avec la langues inuit et les langues yupik. Ces langues possèdent également quelques points communs avec des tribus du nord-est de la Sibérie, telles que les Tchouktches, les Koriaks et les Kamtchadales.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Waldemar Jochelson, History, ethnology, and anthropology of the Aleut, University of Utah Press, Salt Lake City, 2002, 91 p. (ISBN 0-87480-721-2)
  • (en) Katherine L. Reedy-Maschner, Aleut identities : tradition and modernity in an indigenous fishery, McGill-Queen's University Press, Montréal, 2010, 314 p. (ISBN 978-0-7735-3748-4)
  • (en) Lucien M. Turner, An Aleutian ethnography (Raymond L. Hudson, éd. scientifique), University of Alaska press, Fairbanks, 2008, 242 p. (ISBN 978-1-60223-028-6)

Filmographie

  • La saison du crabe royal : un village aléoute en 1971, film de Joelle Robert-Lamblin, CNRS Images, Meudon, 2007, 14 min (DVD)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Tina Norris, Paula L. Vines et Elizabeth M. Hoeffel, « The American Indian and Alaska Native Population: 2010 », United States Census Bureau, United States Department of Commerce, .
  2. http://www.gks.ru/free_doc/new_site/perepis2010/croc/Documents/Vol4/pub-04-01.pdf
  3. « Matriarcat en Amérique du Nord : les mères garantes des démocraties tribales amérindiennes », sur Le Mouvement Matricien
  4. « Les Aléoutes, ancêtres Amérindiens », sur Francesca Esprit Channeling
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