Édouard Lalo
Édouard Victoire Antoine Lalo est un compositeur français né à Lille[2] le [3] et mort à Paris le [3].
Pour les articles homonymes, voir Lalo.
Nom de naissance | Édouard Victoire Antoine Lalo |
---|---|
Naissance |
Lille, Royaume de France |
Décès |
(à 69 ans) Paris, France |
Activité principale | Compositeur |
Activités annexes | violoniste |
Formation | Conservatoire de Lille |
Maîtres | Pierre Baillot, François-Antoine Habeneck |
Descendants | Pierre Lalo |
Distinctions honorifiques | Officier de la Légion d'honneur[1] |
Œuvres principales
- Symphonie espagnole
- Concerto pour violoncelle
- Concerto pour violon
- Symphonie en sol mineur
- Le Roi d'Ys
Biographie
Édouard Lalo entra en 1833 au conservatoire de Lille où il apprit le violon et peut-être le violoncelle, sous la direction des professeurs Müller et Baumann puis, en 1839, partit pour Paris afin de continuer ses études musicales, contre la volonté de son père. Il y eut comme professeur de violon Pierre Baillot, puis François-Antoine Habeneck. En 1843, le pianiste Julius Schulhoff l'initia à la composition. Il se perfectionna au contact de Joseph-Eugène Crèvecœur (deuxième grand prix de Rome). Ses premières compositions connues, des chants accompagnés au piano, datent de 1848, année durant laquelle il soumit deux de ses partitions à Hector Berlioz. Il se lia d’amitié avec le violoniste Jules Armingaud (1820-1900) — son seul confident — et avec le violoniste et compositeur Pablo de Sarasate. Au nombre de ses amis on compte aussi les peintres Maurice Courant et Auguste Delacroix[4]. Lalo n'entra jamais au Conservatoire de Paris, ni comme élève, ni comme professeur. Il y participa seulement à deux jurys de concours en 1876. Bien qu'admirant l'orchestre wagnérien, Lalo s'astreignit à suivre sa propre personnalité. Il bénéficia à plusieurs reprises de l'appui de Charles Gounod qui appréciait ses musiques. Il fut l'alto, puis le second violon du Quatuor Armengaud à partir de la fondation de celui-ci en 1856. Édouard Lalo vécut pauvrement, notamment à Puteaux avec sa première épouse, jusqu'en 1865. Veuf en 1864, il épousa la mezzo-soprano Julie-Marie-Victoire Bernier de Maligny (1816-1911) et vécut plus confortablement à Paris, notamment boulevard Malesherbes. Il faisait salon de musique chez lui chaque vendredi soir et fréquentait les autres salons musicaux privés de la capitale. Lalo était d'un caractère réservé et répugnait à parler de lui. Beaucoup des correspondances qu'il a écrites et reçues ont été détruites. Il composait avec ardeur des mélodies et des symphonies instrumentales qui furent plus appréciées à l'étranger qu'en France.
Hormis deux symphonies — détruites, semble-t-il, par le compositeur —, ses premières compositions furent destinées à un petit effectif vocal ou instrumental, avec notamment six Romances populaires (1849), puis six Mélodies, sur des poèmes de Victor Hugo (1856), deux Trios avec piano (vers 1850 et 1852) et différentes pièces pour violon et piano.
En 1856, il participa, d'abord comme altiste, à la création du Quatuor Armengaud, dont l’ambition était de promouvoir les œuvres des maîtres allemands. Quatre ans plus tard, il composa son propre Quatuor à cordes. En 1866, il termina Fiesque, son premier opéra, qui ne fut jamais porté à la scène (avant 2006), mais alimenta d’autres œuvres, comme le Divertissement pour orchestre (1872) ou la Symphonie en sol mineur (1886).
Les années 1870 furent particulièrement fécondes : outre le Concerto pour violon (1873) et le Concerto pour violoncelle (1877), Lalo écrivit ses deux plus célèbres opus, la Symphonie espagnole (1874) et l'opéra Le Roi d'Ys (1875-1881). Il acquit sa notoriété grâce à la Symphonie espagnole, qui est en fait un concerto pour violon en cinq mouvements, composition flamboyante créée pour le violoniste virtuose Sarasate et toujours très populaire. Son Concerto pour violoncelle, bien que moins apprécié, est une œuvre très intéressante. Quant au Roi d'Ys, il ne fut créé que tardivement, mais triomphalement, en 1888. Un an après ce succès, Édouard Lalo fut promu officier de la Légion d'honneur le .
Le , il donne à l'Hippodrome au pont de l'Alma Néron, pantomime en trois actes avec chœurs, texte de Paul Milliet[5].
Parmi ses compositions d'envergure, le ballet Namouna (1882) fut commandé par l’Opéra de Paris et chorégraphié par Lucien Petipa. Cette musique reçut un accueil mitigé, entre huées du public et enthousiasme de confrères tels que Claude Debussy, Gabriel Fauré ou Emmanuel Chabrier. Il s’est maintenu au répertoire sous forme de suites d’orchestre. À propos de Namouna[6], Claude Debussy écrivit : « Parmi trop de stupides ballets, il y eut une manière de chef-d'œuvre : la Namouna d'Édouard Lalo. On ne sait quelle sourde férocité l'a enterrée si profondément que personne n'en parle plus… C'est triste pour la musique. »[7]
Édouard Lalo repose au cimetière parisien du Père-Lachaise (67e division).
Son apport
Lalo, apprécié notamment pour la richesse de son orchestration, a contribué, à la fois comme interprète et comme compositeur, au renouveau de la musique de chambre en France. Il est d'ailleurs lauréat en 1878[8] du prix Chartier de l'Institut, qui vise à récompenser l'excellence d'une production musicale dans ce genre. Si son Quatuor à cordes révèle une certaine influence de Beethoven, il est aussi empreint d’une vigueur rythmique novatrice et toute personnelle[9]. Quant à son Trio en la mineur avec piano op. 26, Florent Schmitt le qualifie d' « œuvre splendide et originale, qui (avec le Quatuor n° 1 de Fauré, à peu près contemporain) marque l'entrée officielle de la musique moderne française dans le plus pur et le plus noble de ses domaines. »[10]
Contemporaine de Carmen de Bizet, sa Symphonie espagnole pour violon et orchestre est une des premières œuvres orchestrales françaises à faire appel au folklore espagnol et à ses rythmes de danses. Cet intérêt pour les folklores se retrouve dans la Fantaisie norvégienne (1878), dans la Rhapsodie norvégienne (1879), dans le Concerto russe (1879), mais aussi dans la « légende bretonne » du Roi d’Ys, dont Lalo renonce volontairement à faire un « drame lyrique » wagnérien[11]. Privilégiant les formes brèves, il y fait preuve d’une grande invention mélodique et rythmique, soutenue par une riche écriture harmonique.
Edouard Lalo a fortement inspiré le compositeur de musiques de films Maurice Jarre dont le thème du film Lawrence d'Arabie présente une forte parenté avec le Concerto pour piano[réf. nécessaire].
Œuvre
Édouard Lalo laisse environ 70 œuvres.
Orchestre
- Aubade, pour dix instruments (1872)
- Divertissement, de l'opéra Fiesque (1872)
- Concerto en fa majeur pour violon et orchestre (1873)
- Symphonie espagnole pour violon et orchestre (1874)
- Concerto en ré mineur pour violoncelle et orchestre (1877)
- Rapsodie norvégienne (1879)
- Concerto russe (1879)
- Symphonie en sol mineur (1886)
- Concerto pour piano (1889)
- Scènes de Savonarole, opéra inédit
- Néron, grande pantomime romaine pour l'hippodrome au pont de l'Alma
Musique de chambre
- Sonate pour violon (1853)
- Sonate pour violoncelle (1856)
- Trois trios avec piano
- Quatuor à cordes
Vocale
Trente mélodies dont :
- Six romances populaires, La Pauvre Femme, Beaucoup d'amour, Le Suicide, Si j'étais petit oiseau, Les Petits Coups, Le Vieux Vagabond, sur des paroles de Pierre-Jean de Béranger (1849).
- Six mélodies, Puisqu'ici-bas toute âme, L'Aube naît, Dieu qui sourit et qui donne, Oh ! quand je dors, Amis, vive l'orgie : chanson à boire, Ballade à la lune, sur des poèmes de Victor Hugo (1855).
- Trois mélodies, À une fleur, Chanson de Barberine, La Zuecca, sur des poésies d'Alfred de Musset (1870).
- Cinq lieder, Prière de l'enfant à son réveil et Viens !, sur des poèmes de Lamartine, À celle qui part et Tristesse sur des poèmes d'Armand Silvestre, La Chanson de l'alouette sur un poème de Victor de Laprade (1879).
Opéras
- Fiesque (1866), créé en version de concert en au festival de Montpellier (travaux de Hugh Macdonald et Hervé Lussiez ; interprétation de Roberto Alagna). Première exécution scénique en 2007 à Mannheim.
- Le Roi d'Ys (1888), ouvrage lyrique en trois actes dont l'ouverture se fit dans les concerts populaires et au conservatoire en 1877. Paroles de M. Blau. Le roi d'Ys fut produit, après plus de dix années, le à l'opéra-comique. Peu après, la partition obtint le prix Monbinne à l'Académie des beaux-arts.
- La Jacquerie (1891–1892), ouvrage lyrique en 4 actes (l'acte I achevé par Lalo, le reste est complété après sa mort par Arthur Coquard), la première eut lieu à Monte-Carlo le .
Discographie
Musique de chambre
- Le Quatuor à cordes op. 45 - Quatuor Daniel (avec les Quatuors à cordes de Charles Gounod et Ambroise Thomas ), Discover, 1991.
- Lalo, Complete piano trios, Trio Parnassus, MDG, 2003.
- Lalo, Piano trios, Leonore piano trio, Hyperion, 2016[12].
Musique concertante
- Concerto pour Piano et orchestre. Marylène Dosse (piano), Orchestre philharmonique de Stuttgart , dirigé par Matthias Kuntzsch (avec les Concertos pour Piano de Boieldieu, Chaminade, Françaix, Massenet et Pierné) (1978, Vox).
- Concerto Russe pour violon et orchestre op. 29, Concerto en fa pour Violon et orchestre op. 20. Jean-Pierre Wallez (violon), Orchestre philharmonique de Radio France, dir. Kazuhiro Koizumi (1975, PG).
- Symphonie espagnole. Itzhak Perlman (violon), London Symphony Orchestra, dir. André Previn (avec le Concerto pour violon de Sibélius. Boston Symphony Orchestra, dir. Erich Leinsdorf. Avec Tzigane de Ravel) (RCA).
- Symphonie espagnole. Pierre Amoyal (violon), Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, dir. Paul Paray (avec le Concerto pour violoncelle de Lalo, Frédéric Lodéon et le Philharmonia Orchestra, dirigé par Charles Dutoit (1973–1981, Erato).
- Symphonie espagnole. Christian Ferras (violon), Orchestre national de l'Opéra de Monte Carlo, dir. René Klopfenstein (1967-1969, Guilde du Disque).
- Symphonie espagnole. Ruggiero Ricci (violon), Orchestre de la Suisse romande, dir. Ernest Ansermet (avec les Œuvres pour orchestre : Namouna, Andantino, Scherzo, Rapsodie Norvégienne de Lalo, et Œuvres pour orchestre de Chabrier (1959–1968, Decca).
- Concerto pour violoncelle en ré mineur :
- David Cohen (violoncelle), Orchestre philharmonique de Liège, dir. et Jean-Pierre Haeck (2002, Cyprès)
- André Navarra, Orchestre des Concerts Lamoureux, dir. Charles Munch (1965, Erato).
- Frédéric Lodéon, Philharmonia Orchestra, dir. Charles Dutoit, (1981, Erato).
- Pierre Fournier, Orchestre Lamoureux, dir. Jean Martinon, avec : Namouna, suites d'orchestre nos 1 & 2, et Rapsodie Norvégienne (1971/72, DG 437 371-2) (OCLC 221894665)
Musique symphonique
- Symphonie en sol mineur. Orchestre national de l'ORTF, dir. Thomas Beecham (1959, EMI) avec la Symphonie de César Franck.
- Symphonie en sol mineur. Orchestre philharmonique de Liège, dir. Jean-Pierre Haeck (2002, Cyprès).
- Namouna, suites de ballet nos 1 & 2. Orchestre philharmonique de Londres, dir. Jean Martinon (1955, Decca).
- Namouna, suites d'orchestre nos 1 & 2, Rapsodie Norvégienne. Orchestre national de l'ORTF et l'Orchestre Lamoureux, dir. Jean Martinon (1971/72, Deutsche Grammophon).
Musique lyrique
- 25 Mélodies, dont : Guitare, Prière de l'enfant à son réveil, À celle qui part…, Teresa Żylis-Gara (soprano) ; Christian Ivaldi (piano) (1987, Rodolphe).
- Fiesque, opéra en 3 actes de 1866-1868. Roberto Alagna, Béatrice Uria-Monzon, solistes et Orchestre national de Montpellier, dir. Alain Altinoglu (2006, Deutsche Grammophon).
- Le Roi d'Ys, opéra en 3 actes de 1888. Janine Micheau, Rita Gorr, Henri Legay, solistes et Orchestre de la RTF, dir. André Cluytens (1957, EMI) avec un récital Rita Gorr : Berlioz, Gluck, Massenet et Saint-Saëns.
- La Jacquerie, opéra en 4 actes complété par Arthur Coquard, 1895. Véronique Gens, Nora Gubisch, Charles Castronovo, Boris Pinkhasovich, Jean-Sébastien Bou, Patrick Bolleire, Enguerrand de Hys, Orchestre philharmonique de Radio-France, direction Patrick Davin. 2 CD, collection « Opéra français », Palazzetto Bru Zane (2016, Ediciones Singulares ES 1023)[13].
Notes et références
- Le , « Cote LH/1452/27 », base Léonore, ministère français de la Culture
- Au no 10 de la rue des Tours.
- Marc Honegger, Dictionnaire de la musique : Tome 2, Les Hommes et leurs œuvres. L-Z, Paris, Bordas, , 1232 p. (ISBN 2-04-010726-6), p. 607
- Qu'il ne faut pas confondre, comme le voulut Pierre Lalo, avec l'illustre Eugène Delacroix.
- Voir cette œuvre sur le site data.bnf.fr.
- « 1882 à Paris : Le ballet "Namouna" d'Edouard Lalo », sur France Musique (consulté le )
- Dans La Revue blanche, 15 mai 1901. Reproduit dans : Claude Debussy, Monsieur Croche et autres écrits, Gallimard, L'Imaginaire, 1987, pp. 39-40
- « Almanach des spectacles : continuant l'ancien Almanach des spectacles publié de 1752 à 1815 », sur Gallica, (consulté le )
- Voir à ce sujet l'article consacré par Jean-Alexandre Ménétrier dans le Guide de la musique de chambre, François-René Tranchefort (dir.), Fayard, Paris, 1989, p. 522. Avec ce commentaire : « quel jalon dans l'histoire de la musique de chambre ! »
- Article "Lalo" du Dictionnaire encyclopédique de la musique de chambre de Walter Willson Cobbett, complété sous la direction de Colin Mason, traduit de l'anglais par Marie-Stella Pâris, édition française revue et augmentée par Alain Pâris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1999, p. 871
- J.-M. Fauquet, « Edouard Lalo et la Bretagne », Musique et société, La Vie musicale en province aux XVIIIe et XIXe siècle, Actes des journées d’études de la Société française de musicologie, 8-9 sept. 1981, Université de Rennes 2, 1982, p. 29.
- « Lalo: Trios avec piano », sur Hyperion Records (consulté le )
- Pierre Degott, « Coup de cœur pour La Jacquerie de Lalo et de Coquard « À Emporter « ResMusica » (consulté le )
Annexes
Bibliographie
- Domenico Gabrielli, Dictionnaire historique du cimetière du Père-Lachaise XVIIIe et XIXe siècles, Paris, éd. de l'Amateur, , 334 p. (ISBN 978-2-85917-346-3, OCLC 49647223, notice BnF no FRBNF38808177).
- Gilles Thieblot, Edouard Lalo, Bleu-Nuit éditeur (Collection Horizons, no 17), 2009, 176 p. (ISBN 9782-913575-96-7).
- Édouard Lalo, Correspondance, Joël-Marie Fauquet éd., Paris., Aux Amateurs de Livres, 1989, 352 p.
Liens externes
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