Échange colombien
L’échange colombien (aussi appelé le grand échange) est un échange biologique intercontinental survenu à la suite de l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique. Il s'agit de l'un des événements les plus importants de l'histoire de l'écologie, de l'agriculture et de la culture.
Le terme, inventé par Alfred W. Crosby en 1972 et maintenant reconnu par la grande majorité des historiens[1], désigne les nombreux échanges de biens agricoles, de bétail, de populations humaines et de micro-organismes (en particulier ceux responsables de maladies infectieuses[2]), à partir de 1492, entre l'Ancien et le Nouveau Monde : c'est-à-dire entre l'Afro-Eurasie et l'Amérique, ou encore entre les hémisphères ouest et est. Beaucoup de choses furent échangées entre les deux hémisphères, ce qui bouleversa les patrimoines biologiques et culturels de part et d'autre.
D'un point de vue strictement biologique, c'est-à-dire abstraction faite de son importance dans l'histoire humaine, l'échange colombien reste un événement d'importance majeure car il mit en contact des lignées évolutives séparées depuis le fractionnement du Gondwana il y a plus de cent millions d'années. Avant lui, le plus récent grand échange biologique intercontinental fut le grand échange inter-américain.
Selon certains auteurs, l'échange colombien pourrait marquer le début d’une nouvelle époque géologique appelée Anthropocène, car elle correspond au début d’une période, inconnue jusqu’alors sur Terre, de prédominance de l'activité humaine sur les forces géologiques, et d’homogénéisation du biote terrestre[3].
Exemples
Cet échange de plantes et d'animaux transforma les modes de vie européens, américains, africains et asiatiques. Des denrées jamais vues auparavant devinrent rapidement des aliments de base, pendant que de nouvelles régions s'ouvraient à l’agriculture. Par exemple, avant 1492, la pomme de terre ne poussait pas en dehors de l'Amérique du Sud. Dans les années 1840, l'Irlande dépendait tellement de la pomme de terre qu'une récolte infectée par le mildiou (Phytophthora infestans) mena à la grande famine irlandaise. La première importation européenne en Amérique, le cheval, changea la vie de beaucoup de tribus amérindiennes des Grandes Plaines, leur permettant d'adopter un nouveau mode de vie nomade basé sur la chasse au bison. La sauce tomate, faite avec un fruit originaire d’Amérique du Sud, devint un symbole de l'Italie, tandis que le café de l'Afrique et la canne à sucre de l'Asie devinrent les cultures principales des plantations latino-américaines.
Avant l'échange colombien, il n'y avait ni orange en Floride[4], ni banane en Équateur, ni paprika en Hongrie, ni courgette en Italie, ni ananas à Hawaii, ni manioc ni patate douce en Afrique, ni taureau au Texas, ni âne au Mexique, ni piment en Thaïlande, ni tabac, maïs ou haricots en Europe, ni chocolat en Suisse. Même le pissenlit fut importé aux Amériques par les Européens pour être utilisé en tant qu'herbe aromatique.
Avant qu'une communication fréquente ne fut établie entre les deux hémisphères, la variété d'animaux domestiqués et de maladies infectieuses était nettement plus grande dans l'Ancien Monde que dans le Nouveau. Ceci mena, en partie, aux effets dévastateurs des maladies de l'Ancien Monde sur les Amérindiens. Les peuples du Nouveau Monde ont ainsi payé un très lourd tribut aux épidémies de variole.
Il n'y eut quasiment aucune société sur Terre qui ne fut pas affectée par cet échange écologique planétaire.
Tableau de comparaison
Notes et références
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Columbian Exchange » (voir la liste des auteurs).
Références
- Philippe Norel et Laurent Testot, Une histoire du monde global, coll. « Sciences humaines », , 448 p. (ISBN 978-2-36106-093-0, lire en ligne), p. 432.
- (en) Nathan Nunn et Nancy Qian, « The Columbian Exchange: A History of Disease, Food, and Ideas », Journal of Economic Perspectives, printemps 2010, vol. 24, no 2, 2010, p. 163-188, http://scholar.harvard.edu/files/nunn/files/nunn_qian_jep_2010.pdf.
- (en) Simon L. Lewis et Mark A. Maslin, « Defining the Anthropocene », Nature, 2015, vol. 519, no 7542, p. 171-180 DOI:10.1038/nature14258.
- (en) VISIT FLORIDA staff (Florida Department of Citrus), « Facts About Florida Oranges & Citrus », sur visitflorida.com
Voir aussi
Articles connexes
- Anthropocène
- Contacts trans-océaniques précolombiens
- Domestication
- Espèce invasive
- Histoire démographique des Amérindiens
- Pandémie
- De l'inégalité parmi les sociétés, livre de Jared Diamond
- Le grand échange inter-américain, un autre échange biotique, ayant quant à lui pour origine un événement non pas anthropique, mais géologique.
Bibliographie
- (en) Alfred W. Crosby, The Columbian Exchange: Plants, Animals, and Disease between the Old and New Worlds, 1972 ; rééd. 2003.
- (en) Jeremy Adelman, Stephen Aron, Stephen Kotkin et al., Worlds Together, Worlds Apart.
Listes
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