Vignoble d'Île-de-France

Le vignoble d'Île-de-France a le même âge que son implantation dans le Nord de l'Europe par les Romains. Ces derniers laissent place à la civilisation chrétienne pour créer autour de la ville un décor méditerranéen grâce à la vigne. Les vins d'île-de-France datent du IVe siècle et constituent la principale production du pays à destination de la table royale ainsi qu'à l'export. Aujourd'hui, comme à cette époque, la vigne est mentionnée partout en région parisienne notamment à travers des noms de rues comme : « rue des Vignes » à Tacoignières et Auteuil-Le-Roi, dans les Yvelines « chemin de la Butte des Vignes » à Chevreuse ou encore Jouars-Pontchartrain, ou bien « avenue des Vignes-Benettes » au Pecq toujours dans les Yvelines.

La vigne de Saint-Germain-en-Laye (en arrière-plan le viaduc du RER A)

Histoire

Vigne municipale de Suresnes.

Apogée

Le vignoble d'Île-de-France a connu son apogée au XVIIIe siècle puis a complètement disparu après la Seconde Guerre mondiale. À cette époque, le vignoble francilien occupait 42 000 hectares et constituait, à l'époque, le plus important vignoble de France[1]. Il concernait environ 300 communes de la région. Des vins franciliens ont été très réputés car servis aux tables royales, comme celui de Suresnes, puis la qualité s'en est allée à la baisse au XIXe siècle, notamment avec les replantations à la suite de la crise du phylloxéra et de la construction du chemin de fer permettant la consommation de vin en provenance d'autres régions[2].

Survivance et renaissance

Alors qu'il ne reste que deux vrais vignerons anciens, la famille de Jacques Defresnes à Argenteuil (Clos Passemay) et la famille Berrurier à Conflans-Sainte-Honorine, il est admis que le vignoble francilien renaît en 1933 avec la plantation du clos de Montmartre (2 000 ceps). C'est la plus connue de ces vignes, elle est située sur le flanc nord de la butte Montmartre à Paris. Puis en 1965, c'est la plantation de la vigne municipale de Suresnes (5 000 pieds), professionnalisée à partir de 1983 et la seule autorisée à commercialiser son vin, un chardonnay[3],[2]. Le mouvement s'amplifie à la fin du XXe siècle avec des plantations par des personnes privées, des associations et des collectivités territoriales. Il y a près de 130 vignes en 2000 et 200 en 2011, dont 150 ont plus de 100 pieds. Elles représentent environ 12 hectares et 300 hectolitres, ou 40 000 bouteilles de 75 cl.

Ces vignes sont dites « vignes franches » car elles n'ont pas de vocation économique et, de ce fait, se développent d'abord en marge de la très complexe réglementation viti-vinicole européenne et française. Quelques-unes ont une autorisation de plantation à titre expérimental délivrée par le ministère de l'agriculture. Certaines mènent avec brio des activités pédagogiques, culturelles et touristiques, c'est le cas des vignes du Parc départemental du Sausset à Villepinte (2 480 ceps).

La qualité des vins produits par ces vignes franches s'est très sensiblement améliorée depuis le début du XXIe siècle. Quelques vins sélectionnés sont présentés à chaque salon de l'agriculture sur le stand des produits franciliens et ils connaissent un succès grandissant. Les vins de ces vignes sont comme le prélude à la renaissance d'une viticulture professionnelle dont l'ampleur, bien évidemment, ne sera pas celle du temps jadis mais qui aura à cœur une démarche de qualité.

À noter que cinq communes de Seine-et-Marne (Citry, Méry-sur-Marne, Nanteuil-sur-Marne, Saâcy-sur-Marne et Sainte-Aulde) sont incluses dans le périmètre de l'appellation Champagne et ne sont pas concernées par ce mouvement de renaissance[4]. Thomery, également située en Seine-et-Marne, a conservé longtemps une tradition de culture de raisin de table avec le chasselas de Thomery qui se conservait durant l'hiver et jusqu'au printemps grâce à des techniques particulières.

Sur les côteaux de la Mauldre, à Nézel, 3 500 pieds de vigne devraient arriver à maturité d'ici 2024[5].

Association des Vignerons franciliens réunis et obtention de l'IGP « Île-de-France »

Vin rouge de Meulan (Yvelines) Les treilles du Fort, cépage Baco

C'est pour défendre et promouvoir ce mouvement de renaissance du vignoble francilien que le a été créée une association loi 1901, les « vignerons franciliens réunis » (VFR). L'un des éléments de sa mission est de « favoriser la connaissance et le progrès de la vigne et du vin à Paris et en Île-de-France ». Elle a publié une carte touristique de la vigne et du vin en Île-de-France (édition de 2004). En liaison étroite avec la Région Île-de-France, le rôle de VFR est maintenant centré sur le développement de la viticulture patrimoniale et la renaissance d'une viticulture professionnelle. La difficulté majeure rencontrée est liée à l'interprétation extrêmement restrictive de la France en matière de droits de plantation. VFR agit comme un organisme de défense et de gestion (ODG), travaille à vaincre cette difficulté en liaison avec l'union européenne [réf. nécessaire] en vue d'obtenir une indication géographique protégée (IGP) pour l'Île-de-France.

Cette appellation IGP est accordée par l'Institut national des appellations d'origine (INAO) en et le cahier des charges est validé en 2020[1]. Elle définit également cinq dénominations géographiques complémentaires que sont les coteaux de Suresnes-Mont-Valérien, Blunay et de Provins, ainsi que pour les vignes de Guérard et de Paris.

Union vigneronne Vals d'Oise et de Seine

De par son action sur la région Île-de-France, l'Union vigneronne Vals d'Oise et de Seine (UVVOS), œuvre à maintenir et à promouvoir le patrimoine viticole local, par une démarche pour la préservation de l'identité des vignes existantes, mais également par l'implantation de petites vignes, qu'elles soient communales, associatives, ou privées. Au regard du manque de directives actuelles, particulières en Ile-de-France, en matière d'implantation de nouvelles vignes, et droits de plantation, l'association, s'en tient à ce jour à une interprétation « bienveillante » mais respectueuse des règles en vigueur, dans une démarche liée à une tradition viticole séculaire, et ainsi de faire valoir, à terme, l'idée d'une reconnaissance de l'exploitation légale d'une viticulture raisonnée, expérimentale à caractère culturel, pédagogique et touristique, sans but lucratif. À ce jour plusieurs vignes ont été réhabilitées ou plantées, telles qu'Argenteuil, Sannois, Saint-Prix, Taverny, Pontoise, Auvers-sur-Oise, Ermont, Villiers-Adam, Montgeroult, Marines, Osny, Sartrouville, Louveciennes, Saint Germain/Le Pecq, Courbevoie « La Défense », mais aussi dans Paris intra-muros.

L'activité de l'association se porte sur des rencontres techniques, et des conseils vitivinicoles, des initiations à la dégustation, des rencontres œnologiques, l'organisation d'expositions et participations à de nombreux salons et manifestations locales. Elle publie un journal trimestriel.

Notes et références

  1. David Livois et Florence Hubin, « Ile-de-France : la qualité de la vigne enfin reconnue », Le Parisien, 8 février 2020.
  2. Matthieu Frachon, avec le concours de la Société d'histoire de Suresnes, « Grandeur et renaissance du vin de Suresnes », Suresnes Mag n°312, , p. 40-41 (lire en ligne).
  3. Renée Grimaud, Hauts-de-Seine insolites : Trésors cachés et lieux secrets, Parigramme, 2013, p. 47.
  4. « Fiche AOC Champagne », INAO (consulté le ).
  5. « Yvelines. Nézel : un vignoble émerge sur les coteaux » (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Alain Poret et Christian Dupuy, Histoire du grand vignoble Île-de-France, Charenton-le-Pont, Presses de Valmy, , 237 p. (ISBN 978-2-84772-090-7).
  • Michel Surun, Marchands de vin en gros à Paris au XVIIe siècle : Recherches d'histoire institutionnelle et sociale, L'Harmattan, coll. « Histoire de paris », , 562 p. (ISBN 978-978-2296-03-0).
  • Gilles Ragache, Vignobles d'Île-de-France : Deux siècles de viticulture (XIXe et XXe siècles), Presses du Village, , 143 p. (ISBN 978-2-914700-25-2).
  • Galet, P. (2006) Cépages et vignobles de France. Tome III. Vignobles de France. Vol. 2. Paris : Tec & Doc, éd. Lavoisier, 1285 p.
  • Roger Dion, Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe siècle, Paris, 1959.
  • Étienne Lafourcade, Paris, pays du vin : histoire du grand vignoble parisien du VIe au XIIe siècle, Presses de Valmy, , 336 p. (ISBN 978-2-910733-25-4).
  • Christine Boiron, Les vins de Paris, Glénat, coll. « Vins, vignes et vignerons », , 125 p. (ISBN 978-2-7234-0975-9).
  • Marcel Lachiver, La Vigne et le vin en Île-de-France : actes du quatrième colloque de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Île-de-France, Suresnes, 15-16 octobre 1983, vol. 35, Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Île-de-France, coll. « Paris et Île-de-France : mémoires », , 397 p.
  • Marcel Lachiver, Vin, vigne et vignerons en région parisienne du XVIIe au XIXe siècle, Compiègne : Société historique et archéologique de Pontoise, du Val-d'Oise et du Vexin, , 957 p.
  • Marcel Lachiver, La Vigne et les vignerons à l'ouest de Paris du XVIIe au XIXe siècle (thèse), Université de Paris 1-Sorbonne, , 2400 p.
  • Paul Peyre, Les Vins et vignobles de la Seine, Bourgogne, Champagne et Ile-de-France, impr. Chantenay, , 119 p.

Articles connexes

Liens externes

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