Vignoble de Bretagne

Le vignoble de Bretagne est un ancien vignoble, presque intégralement disparu entre les XVIe et XXe siècles dans quatre des cinq départements bretons historiques (donc en dehors de la Loire-Atlantique où est produit entre autres le Muscadet du Pays Nantais). On observe cependant une renaissance de la culture viticole à la fin du XXe siècle dans ces quatre départements, essentiellement à des fins privées et patrimoniales.

Bretagne

Vignes devant l’église Saint-Gildas de Bohal, Morbihan.

Désignation(s) Bretagne
Reconnue depuis
Pays France
Localisation Ille-et-Vilaine, Morbihan, Côtes-d'Armor, Finistère
Superficie plantée Entre 223 et 323 ha (en mai 2021)[1]
Nombre de domaines viticoles 18 (en mai 2021)
Cépages dominants pinot noir,
chardonnay,
pinot blanc,
chenin

Situation géographique

La Région Bretagne, région administrative de l'ouest de la France, regroupe quatre des cinq départements bretons historiques : le Finistère, le Morbihan, les Côtes-d'Armor et l'Ille-et-Vilaine.

Historiquement, la Loire-Atlantique fait aussi partie intégrante de la Bretagne, donc le Pays du Vignoble nantais où on produit le Muscadet et le Gros-plant aussi. Le vignoble nantais, traité sur la page vignoble de la vallée de la Loire, est donc le seul du pays breton historique à compter aujourd'hui des vignerons professionnels (au nombre de près de 800), et à valoriser ses vins par des labels officiels de qualité (AOC, IGP).

Les Vignerons-Artisans de Bretagne et le comité des Vins Bretons (vignerons nantais) demandent la création d'un label « Vin Breton » qui leur permettrait de commercialiser sous cette marque[2].

Histoire

Antiquité et Moyen Âge

Morlaix - Ancienne porte des vignes (vers 1900)

L'existence de culture viticole antérieure au Ve siècle est discutée. La vigne a surtout été implantée en Bretagne à partir du Ve siècle par des religieux pour les besoins du culte chrétien[3], comme à l'abbaye de Landévennec[4]. Des écrits attestent de la présence de vigne dans la vallée de la Rance (Dinan, Dol, Plouër, Saint-Sulliac etc.), dans le Morbihan (presqu'île de Rhuys), autour de Redon[3]. La toponymie garde la trace de cette viticulture, surtout en Val de Rance[3].

Époque moderne et contemporaine

Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, la culture de la vigne régresse en Bretagne, pour des raisons climatiques (par exemple hiver 1709 très rigoureux qui provoque le gel des ceps) ou politiques (Louis XIV puis Louis XV veulent favoriser la culture des céréales)[3]. Seul le vignoble nantais est épargné, favorisé par la proximité du port de Nantes[5].

Cependant, la culture de la vigne n'a jamais complètement disparu. « En Bretagne, dont le duc était indépendant et traitait de pair avec le roi de France et le roi d'Angleterre, il existait aussi quelques vignobles, peu importants d'ailleurs et dont les raisins mûrissaient difficilement. Les monastères surtout se livraient à cette culture, dont quelques tracés se sont même conservées jusqu'à nos jours. Ainsi, en 1848, les documents statistiques officiels comptaient encore 800 hectares de vignes cadastrées dans cette ancienne province»[6].

Affiche publicitaire pour la fine de Rhuys de Normand Jeune distillateur à Vannes par Eugène Ogé

Les vignes bretonnes sont également touchées par le phylloxera au XIXe siècle, mais la vigne subsiste jusqu'au XXe siècle dans la presqu’ile de Rhuys et dans la région de Redon[3]. Emmanuel Normand crée à la fin du XIXe siècle une distillerie qui produit la fine de Rhuys, une eau de vie fabriquée à partir du vin des vignes de la presqu'île[7].

Aujourd'hui

Dès le début du XXe siècle, l'intérêt pour la vigne en Bretagne renaît. « Depuis la campagne de Daniel, la culture de la Vigne, qui au siècle dernier avait régressé jusqu'à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes, n'a cessé de remonter vers le nord. Elle a actuellement largement dépassé les limites de la Loire-Inférieure, et les vignobles familiaux ne sont pas rares en Ille-et-Vilaine, même au nord de Rennes. » [8]

À la fin du XXe siècle et au début du XXIe s'annonce un renouveau des activités viticoles en Bretagne : on assiste à la multiplication des vignobles communaux, associatifs et particuliers[9]. On trouve par exemple :

En Ille-et-Vilaine :

En Finistère :

Dans les Côtes d'Armor :

Dans le Morbihan :

On estime à 100 à 200 le nombre de viticulteurs qui exercent cette activité en Bretagne à la fin des années 2000[5].

Jusqu'au , l'Onivin, organisme public qui gère la production de vin en France, interdisait officiellement la création de nouveaux vignobles, même si une tolérance existait[24]. Une directive européenne a bousculé la donne : la France peut désormais accroître ses plantations de 1 % chaque année, soit 8.000 hectares, et sans aucune restriction territoriale[25].

Depuis 2016 des autorisations de plantation ont été accordées pour 3 000 à 4 000 hectares par an sur l'ensemble du territoire Français[26].

Aspect économique

La viticulture en Bretagne est souvent une viticulture dite « de plaisance »[27], de loisir, qui se met en place en dehors de la production agricole traditionnelle. Chez les particuliers le vignoble est parfois composé d'une seule treille. Le vin qui en est produit, souvent en toute petite quantité, n'est pas commercialisé [28]. Ces vignes ont essentiellement une vocation pédagogique, culturelle, touristique, et historique.

Vignes professionnelles

Jusqu'au les producteurs n'avaient pas d'autorisation de commercialisation de leur production, réclamée par l'association pour la Reconnaissance des vins bretons[29]. Depuis une directive européenne, plusieurs projets de filières voient le jour, notamment à Sarzeau et Rhuys.

Recensement des vignobles au [1]
Département Surfaces estimées Vignes en exploitation Vignes en projet
Morbihan entre 120 et 220 ha 9 16
Finistère 55 ha 2 11
Ille-et-Vilaine 28 ha 4 8
Côtes-d'Armor 20 ha 3 11
Total entre 223 ha et 323 ha 18 46

En septembre 2021, il n'existe aucun vin breton qui ne soit encore commercialisé[30],[31].

Encépagement

Dans les vignobles communaux ou associatifs les cépages les plus couramment plantés sont le pinot noir, le chardonnay, le pinot blanc, le chenin. Chez les vignerons amateurs particuliers ce sont encore parfois des hybrides producteurs directs (HPD) comme le baco, le Maréchal Foch ou des hybrides interspécifiques comme le perdin[32].

Bibliographie

  • Gérard Alle (photogr. Gilles Pouliquen), Le vin des bretons, Brest, Le Télégramme, coll. « Gestes & paroles », , 115 p. (ISBN 2-84833-109-7, notice BnF no FRBNF39247527).
  • Roger Dion, Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe siècle, Paris, 1959.
  • Pierre Galet, Cépages et vignobles de France. Tome III. Vignobles de France. Vol. 2., Paris ; Londres ; New York, Tec & doc, , 1285 p. (ISBN 2-7430-0680-3, notice BnF no FRBNF40139603).
  • Guy Saindrenan, La vigne et le vin en Bretagne : chronique des vignobles armoricains : origines, activité, disparitions et réussites du Finistère au Pays nantais, Spézet, Coop Breizh, , 574 p. (ISBN 978-2-84346-435-5, notice BnF no FRBNF42609935).

Notes et références

  1. « Association pour la reconnaissance des vins bretons », sur vigneronsbretons.bzh (consulté le ).
  2. « Le muscadet a perdu son identité bretonne », sur Ouest-France, .
  3. G. Saindrenan, La vigne et le vin en Bretagne, Coop Breizh, .
  4. ECLF, « Landévennec, haut lieu de la spiritualité bretonne - Histoires de Bretagne », sur Histoires de Bretagne (consulté le ).
  5. Agence Bretagne Presse - La renaissance de la vigne en Bretagne nord est-elle possible ?, Philippe Argouarch, 19 avril 2009.
  6. F.Malvezin, Histoire de la vigne et du vin en aquitaine depuis les origines jusqu'à nos jours, (lire en ligne), p 37.
  7. « L'histoire de Vannes à travers la vie de la famille Normand », sur Le Télégramme, .
  8. H. des Abbayes, Bulletin de la Société scientifique de Bretagne, (lire en ligne), p 59.
  9. Pierre-Henri Allain, « Le vin breton fait ses premiers pieds », Libération, 28 juin 2019.
  10. « À Rennes. 160 litres pour la cuvée 2017 du Haut-Quineleu ! », sur Ouest-France, .
  11. Ophélie Neiman, Miss Glouglou, Tribulations viticoles, « L’étrange vin breton du Mont Garrot », sur missglouglou.blog.lemonde.fr, (consulté le ).
  12. Actu.fr, « A Saint-Suliac, les premières vendanges de vin rouge au Mont Garrot », sur actu.fr, (consulté le ).
  13. « Le vin breton du Mont Garrot », sur lesvigneronsdegaro.com (consulté le ).
  14. « Le Mont-Dol va retrouver son vignoble », sur Ouest-France, .
  15. « Des Renacois sauvegardent une vigne locale », sur Ouest-France, .
  16. « Quimper. Vin sur vin au Coteau du Braden », sur Le télégramme, .
  17. « Argol. 800 ceps de vigne plantés », sur Le Télégramme, .
  18. « Premières vendanges en 2019 », sur Le Télégramme, .
  19. « Un bout de quartier se retrouve autour des vignes », sur Ouest-France, .
  20. « Le Quillio. Le vin se produit aussi en Centre-Bretagne », sur Ouest-France, .
  21. « Vignes. Les projets bretons mûrissent », sur Le Télégramme, .
  22. « Un couple de Savoyards va faire renaître le vin de la presqu’île », Le Télégramme, .
  23. « Le vin va-t-il renaître en Bretagne ? », La Revue du vin de France.
  24. « La Bretagne produit tous les ans mille litres de vin », Ouest-France.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  25. Mes Démarches, « Autorisations de plantation de vigne - Le nouveau dispositif européen », sur mesdemarches.agriculture.gouv.fr, (consulté le ).
  26. Le Point magazine, « Changement climatique et nouvelle règlementation pourraient faire renaître le vin en Bretagne », Le Point, (lire en ligne, consulté le ).
  27. Le Bihan p. 8 .
  28. Le Bihan p. 14.
  29. Frédéric Jacq, « Viticulteurs bretons. Ils sortent du bois. », Le Télégramme, .
  30. Adeline Piron, « REPORTAGE. Des vignes en Bretagne et en Normandie, un pari fou ? », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  31. Laetitia Jacq-Galdeano, « Mildiou, vols, contestation… Les débuts difficiles des pionniers de la vigne en Bretagne », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  32. « le Perdin ».

Voir aussi

Articles connexes

Autres vignobles de régions non viticoles :

Liens externes

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