Thanatopraxie

La thanatopraxie, ou soins de conservation (embaumement au Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis), est le terme qui désigne l'art, la science ou les techniques modernes permettant de préserver les corps de défunts humains de la décomposition naturelle, de les présenter avec l'apparence de la vie pour les funérailles et d'assurer la destruction d'un maximum d'infections et micro-organismes pathologiques contenus dans le corps des défunts[1],[2],[3],[4],[5].

Les momies égyptiennes (ici exposée au British Museum) comptent parmi les plus anciens témoignages de la momification volontairement pratiquée par l'homme.
Poteries, récipients et outils pour l'embaumement, trouvés dans la tombe de Toutânkhamon
Plusieurs fluides d'embaumement sont utilisés pour conserver un corps (ici échantillons de Sterilol, Degage, Supremol, Rectifiant, Hydrol-bleachol concentré datant du XXe siècle)
Outils de thanatopraxie et de réparation esthétique (modelage à la cire ou en argile de parties manquantes, mercurochrome comme colorant…) utilisés par certains employés des pompes funèbres ou par les thanatopracteurs (Musée des coutumes funéraires, Springfield, Illinois, États-Unis
Instruments de thanatopracteur
Corps de Jean-Paul II, thanatopraxié
La momie de Rosalia Lombardo, embaumée vers 1920 par le thanatopracteur italien Alfredo Salafia, est un des plus célèbres exemples de corps ayant subi une thanatopraxie définitive.

La thanatopraxie est une pratique distincte de la taxidermie. La thanatopraxie préserve l'intégrité du corps humain (hors fluides), alors que la taxidermie recrée la forme d'un animal en utilisant uniquement la peau et certains éléments de la créature.

Objectifs

Dans la grande majorité des cas, il s'agit de limiter provisoirement le processus naturel de la thanatomorphose qui se met en œuvre dès le décès survenu, qu'on appelle communément putréfaction.

Ceci permet aux proches :

  • de veiller un corps aseptisé (environ 90 % de germes en moins) diminuant par là les risques sanitaires ;
  • un deuil facilité par l'image du mort que la thanatopraxie reconditionne voire recrée, ne serait-ce qu'à l'aide d'artifices, elle facilite considérablement le travail de deuil (ces injections formolées ne sont pas et ne remplacent pas le maquillage, la coiffure et l'habillage) ;
  • une mise en attente du corps en cas de manque d'officiant religieux, en raison d'attentes plus longues pour les crématoriums français ou enfin pour la conservation d'un cadavre devant être transporté vers un pays lointain (contrainte légale).

La thanatopraxie est rarement demandée par la famille mais souvent suggérée par la société de pompes funèbres contactée par la famille du défunt. Elle n'est pas obligatoire si l'on doit déplacer le corps du défunt sans mise en cercueil en France dans les premières 48 heures après le décès et peut être interdite (pour certaines causes de décès).
Certaines confessions (musulmane, israélite, orthodoxe et bouddhiste notamment) s'y opposent par principe religieux, sans avoir force de loi dans les cas visés par les règlements de santé publique (uniquement pour un rapatriement vers certains pays). En France, si la thanatopraxie est réalisée par un service extérieur aux pompes funèbres, ce dernier doit proposer la liste des thanatopracteurs de la région avec leurs tarifs.

La majorité des pays européens interdisent la thanatopraxie avant une crémation. Les produits formolés ou chlorés, à haute température, sont sources d'émission de toxines (dont dioxines en présence de chlore ou sel) dans l'atmosphère.

Beaucoup plus rarement, la thanatopraxie sert à assurer la conservation définitive du corps d'un défunt. Cet usage, peu courant d'une façon générale, est interdit dans certains pays, tandis que d'autres le tolèrent sous certaines conditions.

Origine du mot

« Thanatopraxie » est un néologisme adapté vers 1960 par André Chatillon, à partir des mots « Thanatos » (θανατος, divinité grecque de la mort) et « praxein » (exécuter une opération manuelle au sens d'opérer). Il s'agit donc d'une chirurgie (au sens étymologique du terme) post-mortem, visant à conserver le corps d'un défunt. Jusqu'au milieu des années 1960, ce sont souvent des médecins qui pratiquent les « embaumements ».

Remarque : Les francophones réservent de plus en plus le terme embaumement aux pratiques de l'Antiquité ou à des soins visant une conservation de longue durée (ex : le cadavre de Lénine).

Histoire de la thanatopraxie

Elle remonte sans doute aux débuts de l'Antiquité avec les procédés chimiques de momifications notamment développés par les Égyptiens ou l'empire sankar alors que les Incas ou d'autres peuples du Pérou utilisaient la déshydratation naturelle. Ces peuples pensaient que préserver les corps permettrait aux âmes des morts de les retrouver ensuite. Les Égyptiens utilisaient en effet des techniques complexes pour préserver ces corps : ils extrayaient les viscères du défunt et les mettaient dans des vases dits canopes, ils conservaient le cœur dans le corps du défunt, ils laissaient ensuite le cadavre dans du natron sec durant 40 jours. Pour finir, ils enduisaient les chairs du défunt d'huiles pour les rendre plus souples et les parfumer, et ce n'est qu'après tous ces processus de conservation qu'ils enveloppaient le corps de bandelettes. Cette technique d'embaumement est aujourd'hui la plus connue dans le monde depuis les découvertes de la Vallée des Rois. Toutefois, pour ce qui est des peuples d'Amérique du Sud, la momification naturelle est souvent due aux conditions d'inhumation des défunts et aux pratiques funéraires particulières de certains peuples comme les Nazcas au Pérou.

Les corps les mieux préservés semblent dater de la dynastie Han en Chine à Mawangdui. On a cru que des sels de mercure et d'antimoine, qu'on pensait assez toxiques pour tuer tous les microbes expliquaient un exceptionnel état de préservation. Mais, les corps exhumés se sont vite dégradés. Ce sont plutôt les conditions de température et d'hygrométrie des tombes, et le fait que les cadavres aient été placés sous plusieurs couches de charbon de bois et d'argile qui étaient en cause. Ces momies sont aujourd'hui entreposées dans des chambres spéciales réfrigérées qui simulent les conditions d'origine dans lesquelles elles ont été découvertes pour éviter une nouvelle accélération de la putréfaction.

L'embaumement semble, en Europe, n'avoir été que rarement utilisé, par exemple pour le rapatriement des corps de croisés morts loin de chez eux. Des anatomistes de la Renaissance s'y sont essayés pour conserver leurs spécimens.
L'embaumement « artériel » est censé avoir été découvert aux Pays-Bas au XVIIe siècle par Frederik Ruysch, mais sa recette de liqueur balsamique préservative est restée secrète jusqu'à sa mort, et ses méthodes n'ont pas été largement copiées.

L'inventeur français Jean-Nicolas Gannal dépose en 1837 un brevet pour son procédé d'embaumement[6]. Son livre Histoire des embaumements, paru en 1838, est traduit en anglais en 1840 et devient le premier document publié aux États-Unis à propos de l'embaumement. Le docteur Holmes de New York, s'inspirant du procédé Gannal, est le père de la thanatopraxie en Amérique.

C'est à l'occasion de la guerre de Sécession qu'on a cherché à conserver les corps d'officiers morts loin de chez eux avant de les renvoyer à leur famille pour inhumation. Le Dr Thomas Holmes a été commissionné par le Corps médical de l'armée pour embaumer les cadavres des officiers morts de l'Union. L'armée a également permis à des embaumeurs civils privés de « travailler » dans les zones sous contrôle militaire. Le corps d'Abraham Lincoln a été embaumé avant son enterrement. C'est ainsi que les États-Unis deviennent le pays où la thanatopraxie est le plus à l'honneur.

En 1867, un chimiste allemand, August Wilhelm von Hofmann, découvre le formaldéhyde. Ses propriétés biocides ont été vite reconnues et il est devenu une des bases de l'embaumement artériel moderne. À la charnière du XIXe et du XXe siècle, les embaumement artériels à base de formaldéhyde ont été poussés à la perfection par l'embaumeur italien Alfredo Salafia, qui mit au point une formule capable de conserver définitivement les cadavres, en mêlant notamment le formaldéhyde et le sulfate de zinc.

Au XIXe et au début du XXe siècle l'arsenic a aussi été très utilisé avant d'être finalement supplanté par d'autres produits réputés moins dangereux pour les manipulateurs. On a aussi craint que des personnes soupçonnées d'assassiner par empoisonnement à l'arsenic puissent prétendre que les niveaux de poison trouvés dans le corps d'un défunt ne proviennent que de l'embaumement post-mortem plutôt que d'être une preuve d'homicide ou de suicide. Ce n'est que bien plus tard qu'on s'est interrogé sur les capacités de cet arsenic (non biodégradable) à polluer le sol et les nappes dans et autour des cimetières.

En France, la thanatopraxie semble apparaître dans les années 1960, avant de lentement se banaliser. Pour environ quatre cents thanatopraxies réalisées en France en 1963, cent mille ont eu lieu en 2003 dans ce pays. Certains estiment que 30 % des cadavres pourraient dans le futur être « thanatopraxiés », avec des taux très variables selon les régions et les populations concernées.

Thanatopraxie et croyances religieuses

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  • La religion islamique l'interdit. Elle est tolérée uniquement pour le rapatriement du cercueil vers certains pays.
  • La religion chrétienne (catholiques, protestants) accepte la thanatopraxie. Celle-ci n'est pas admise chez les orthodoxes.
  • La religion juive l'interdit ; contrairement à de fausses rumeurs, il n'y a aucune exigence de la part de l’État d’Israël pour le retour d'un cercueil en Israël, sauf si cela est imposé par le pays d'origine ou la compagnie aérienne.
  • Le bouddhisme n'accepte pas les injections de formol.

Dans le monde

Dans le monde

Dans le monde, la thanatopraxie (au sens moderne du mot) est récente, et différemment répandue et acceptée selon les régions et les populations. Elle semble notamment se développer en Amérique du Nord et en Nouvelle-Zélande.

En Europe

En Europe, selon l'AFIF, la thanatopraxie par injection d'un biocide formolé concernerait environ 3 % des défunts, mais la thanatopraxie reste interdite dans la majorité des pays européens[7].

C'est au Royaume-Uni et surtout en France que cette pratique se serait essentiellement et récemment développée. Elle est encore peu utilisée en Allemagne, Espagne, Irlande ; quasi inexistante sauf dans les capitales en Autriche, Grèce, Italie, Malte, Portugal, Suisse.

La thanatopraxie est interdite aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg et dans les pays scandinaves (hors traitement obligatoire de formolisation pour rapatrier un cercueil vers certains pays).

L'utilisation du froid, plus respectueuse de l'intégrité du corps défunt et de l'environnement, reste la technique la plus employée en Europe (pose de glace carbonique ou utilisation de lit ou de rampe réfrigérante).

En France

En France, selon Florence Fresse[8] s'exprimant au nom des 450 entreprises de la Fédération française des pompes funèbres[9], la thanatopraxie était en 2007 « le secteur porteur du monde funéraire », au point même d'être « victime d'un succès médiatique. »

Selon un rapport[7] du Défenseur des droits de 2012, la thanatopraxie a connu en France un développement bien plus large qu'en Europe ; elle serait pratiquée sur 40 % à 50 % des défunts, soit 200 000 actes environ par an en France (seulement 15 % à Paris), 65 nouveaux thanatopracteurs sont formés annuellement. Au moins 1/3 des thanatopraxies sont faites à domicile (où les garanties idéales d'hygiène et de sécurité ne peuvent être réunies)[7].

Cette profession nouvelle regrouperait en 2012 « 1500 à 2000 diplômés » (dont 800 praticiens réguliers)[7]. Elle dispose d'un diplôme national, mais non d'un diplôme d’État, et elle n'est ni fédérée ni soumise à formation continue obligatoire[7]. Il s'agit d'un diplôme technique universitaire[10] comportant des épreuves théoriques et des épreuves pratiques.

Le métier de thanatopracteur

Rôles

Le rôle d'entrepreneur de pompes funèbres et celui d'embaumeur diffèrent. Le premier peut préparer ou non la personne décédée. L'embaumeur est quant à lui formé dans l'art et la science de l'embaumement et peut n'avoir aucun contact avec la famille ou les proches. Il arrive souvent qu'une même personne remplisse ces deux rôles.

Études

Ce métier fait appel à de nombreuses notions d'anatomie, de médecine légale, toxicologie, histologie, anthropologie, hygiène et sécurité, rites religieux ainsi qu'au droit funéraire en vigueur, etc. Tout thanatopracteur devrait donc avoir étudié l'anatomie, la thanatologie et les théories de l'embaumement. Ces formations ont cependant des niveaux et des durées très variables selon les régions du monde. Parfois elles sont combinées à l'enseignement des métiers du traitement de la mort, avec une qualification formelle nécessitant le passage d'un examen pratique final. Dans certains cas, l'acceptation dans une société reconnue d'embaumeurs professionnels est nécessaire.

En France, le thanatopracteur est normalement issu d'une école spécialisée et a obtenu un diplôme national de thanatopraxie, puis une habilitation préfectorale lui permettant d'intervenir sur le cadavre, après constat de décès, signature du certificat de décès par un médecin, et après demande expresse de la famille et autorisation de réalisation de « soins ». Une autorisation municipale préalable est également obligatoire préalablement à tout travail de conservation sur le corps défunt.

En 2005, selon leurs représentants, il y aurait en France environ sept cents thanatopracteurs, effectuant ces soins pour environ 20 % des décès.

Il y a plusieurs écoles, qui n'ont pas uniformisé leurs programmes d’enseignement (hormis les cent cinquante heures de théorie et deux cents opérations sous l’égide d’un praticien diplômé, définies en Conseil d’État). Les fiches de sécurité, les études toxicologiques et épidémiologiques ne sont pas facilement disponibles, et ne le sont notamment pas pour les élèves et stagiaires en formation, ni pour la plupart des professionnels.

Obligations juridiques

Elles varient selon les pays ; certains n'ont pas ou peu d'exigences particulières quant à savoir qui pratique l'embaumement. Parfois, l'embaumement n'est pas fait par un embaumeur formé, mais plutôt par un médecin, avec des coûts pouvant être relativement élevés[11]. Ailleurs, un simple permis ou une licence sont requis.

Aux États-Unis, le titre d'embaumeur a un contenu variant selon l'État où le praticien a reçu sa licence (en Pennsylvanie, en Virginie, au Minnesota et dans le Maryland, un directeur de funérailles n'est pas autorisé à embaumer un cadavre, alors qu'un croque-mort le peut.).

Statut

Dans les pays développés, le thanatopracteur est généralement un technicien indépendant ou salarié d'une entreprise spécialisée dans la thanatopraxie, aux pompes funèbres ou à la fourniture de fluide d'embaumement.

Genre

Cette profession (relativement physique), d'abord masculine, tendrait à se féminiser.

Compétences psychosociologiques

Le métier nécessite une acceptation de la mort et du cadavre humain, parfois difficile dans le cas des accidentés graves, enfants décédés.

Mode opératoire

Les pratiques varient selon les pays et praticiens, mais en général, dans les pays dits développés, les étapes sont celles décrites ci-dessous :

  • le défunt est positionné sur la table mortuaire en décubitus dorsal avec la tête surélevée ;
  • les « réveils » sur table de préparation relèvent a priori de récits de fiction ou de légendes urbaines, mais la première étape de la tâche du thanatopracteur consiste à vérifier que le corps est bien mort (les tests de base des signes de la mort sont notamment l'absence de pouls, la froideur et rigidité cadavérique du corps (rigor mortis), la lividité du corps, les pupilles dilatées et ne réagissant plus à la lumière, ainsi qu'une cornée d'aspect terne ;
  • le praticien vérifie ensuite l'identité de l'individu (étiquetage au poignet ou à la cheville) ;
  • puis le thanatopracteur opère généralement seul, avec comme première étape le déshabillage du corps ; Tous les vêtements du mort sont enlevés et mis de côté ainsi que tous éventuels effets personnels tels que bijoux, qui sont inventoriés. Pour des raisons de pudeur, une pièce de tissu dite modesty cloth chez les anglophones est parfois placée sur les organes génitaux ;
  • le cadavre est lavé avec une ou plusieurs solutions désinfectantes. Au cours de cette toilette mortuaire, le praticien fléchit et masse les bras et les jambes pour diminuer la rigidité mortuaire ;
  • les yeux sont traités avec des couvres œils maintenant les yeux fermés pour éviter une expression inappropriée. Les paupières sont éventuellement collées entre elles. La bouche peut être fermée par une suture (ligature) ou une colle ou un fil réunissant le maxillaire et la mandibule (via un injecteur à aiguilles, dispositif spécialisé plus couramment utilisé en Amérique du Nord et spécifique à la pratique des soins mortuaires). On cherche à donner l'impression d'un visage et d'un corps aussi détendus et naturels que possible, idéalement en s'aidant d'une photographie récente de la personne décédée. La position de la bouche, des yeux, le rasage, la coiffure, les fards complètent ce travail ;
  • l'étape suivante consiste en l'injection de six à dix litres d'un premier produit biocide, généralement essentiellement à base de formol. Ce produit est injecté par une canule introduite dans une artère (carotide primitive, humérale ou fémorale) préalablement rendue accessible par une incision. Cette opération a pour but d'une part de stopper l'évolution bactérienne envahissante et d'autre part, de freiner la destruction cellulaire, conduisant à la thanatomorphose (décomposition).
    Selon l'état de décomposition et la durée de conservation recherchée, les fluides injectés seront plus ou moins concentrés en formaldéhyde (de 16 à 35 %). À faible dose, ces biocides préservent les tissus, à forte dose, ils les fixent en les durcissant. Des mélanges d'agents et additifs conservateurs et désinfectants, connus sous le nom de « fluide d'embaumement », sont maintenant utilisés ; ils contiennent en général 5 à 35 % de formaldéhydes, du glutaraldéhyde, du méthanol, de l'éthanol. Tous ces produits sont toxiques et pour certains très inflammables.
    Cette injection artérielle repousse le sang et certains liquides interstitiels qui sont - avec la solution artérielle en excès - récupérés vers le système veineux qui est généralement drainé par une incision à la veine jugulaire. Les liquides physiologiques sont hautement bactériens (ils seront par la suite obligatoirement incinérés avec preuve de traçabilité).
    De nos jours, la solution d'embaumement est injectée au moyen d'une pompe centrifuge. À ce stade, l'embaumeur doit masser le corps pour briser ou décoller les caillots circulatoires et assurer une distribution homogène et complète des fluides d'embaumement. En cas de mauvaise circulation artérielle de la solution, des points d'injection supplémentaires (6 points d'injections) sont pratiqués (communément à l'artère axillaire, l'artère brachiale ou fémorale, avec l'artère cubitale, radiale et tibiale si besoin). Les veines correspondantes sont également sollicitées à des fins de drainage ;
  • un drainage des gaz qui ont pu s'accumuler dans le corps ;
  • une seconde étape de conservation est l'embaumement des organes cavitaires. Des produits chimiques biocides et « fixateurs » concentrés sont injectés dans les différentes cavités du corps, après élimination des liquides internes qu'elles contiennent. Ceci se fait au moyen d'un trocart. L'embaumeur peut généralement se contenter d'une discrète incision au-dessus du nombril (qui lui permet de pousser le trocart jusque dans la poitrine (atrium droit du cœur), l'estomac et les autres cavités en perforant les organes creux et en aspirant leur contenu. L'incision est ensuite fermée (suturée ou munie d'un bouchon « trocart » vissé en position fermée) ;
  • une troisième étape consiste parfois en injection complémentaire hypodermique de produits chimiques stabilisant les parties sous-cutanées ;
  • si nécessaire (sur un corps blessé, brûlé…), un embaumement de surface complète le processus ;
  • enfin, le thanatopracteur suture et nettoie les incisions, procède au méchage des orifices naturels et effectue une dernière toilette et un séchage du corps ;
  • la toute dernière étape est le nettoyage et rangement des instruments, avant le rhabillage du défunt, suivi par un dernier maquillage au moyen de cosmétiques adaptés (fond de teint, fards, poudre)… avant la présentation en salon funéraire ou au domicile, ou une mise en bière pour transport par train, bateau ou avion. Une perruque est parfois utilisée. Des poudres parfumées sont appliquées sur le corps pour éliminer les odeurs. Pour les bébés et jeunes enfants morts, l'embaumeur peut utiliser des cosmétiques particulier, dont un produit empêchant la déshydratation des lèvres (car la bouche de l'enfant est souvent laissée entrouverte pour une expression plus naturelle). Le responsable du service funéraire peut aussi utiliser des cosmétiques opaques ou jouer avec la lumière (lumière douce et une « couleur » chaude) pour rendre moins visibles d'éventuelles contusions, coupures, brûlures ou zones décolorées.

Le processus normal d'embaumement nécessite une heure quinze à une heure et demie de travail.
Il est plus long quand il faut effacer les traces d'une autopsie ou d'un don d'organe(s) ou quand les proches demandent au praticien de compenser des organes disparus dans un accident ou à la suite d'une maladie, ou de faire un masque mortuaire du défunt.

Le matériel de thanatopraxie de l'inventeur français de cette discipline, Jean-Nicolas Gannal, a été proposé en vente publique à l'Hôtel Drouot à Paris le [12].

En France, les soins de conservation mentionnés au 3° de l'article L. 2223-19 ayant pour finalité de retarder la thanatomorphose et la dégradation du corps par drainage des liquides et des gaz qu'il contient et par injection d'un produit biocide, le législateur a prévu à l'article R2213-4 du CGCT qu' "Un flacon scellé, qui renferme au moins cinquante millilitres du liquide utilisé et porte toutes indications permettant son identification, est fixé sur le corps de la personne qui a subi les soins de conservation, de préférence à la cheville.".

Cas particuliers

Certains cas particuliers relèvent de spécialistes plus qualifiés :

  • c'est le cas de corps en décomposition avancée, ou affectés par des traumatismes graves (brûlures, organes écrasés, ou corps congelés ou décongelés, noyés, etc.).
    La restauration des corps et des éléments endommagés par accident, suicide ou maladie est communément appelé « art de restauration » (ce qui inclut la déchirurgicalisation ou « demisurgery » pour les anglophones) ;
  • les cadavres à transporter sur de longues distances en zone chaude ou sur des routes difficiles nécessitent aussi un traitement spécial ;
  • la Thanatopraxie post-autopsie diffère de l'embaumement standard car l'examen post-mortem a irrévocablement perturbé le système circulatoire, en raison notamment de la suppression des organes et des viscères. Dans ces cas, six points d'injection sont nécessaires ; Dans les morgues des États-Unis et France, les vaisseaux nécessaires à la thanatopraxie sont soigneusement épargnés lors de l'autopsie; dans les pays où l'embaumement est rare (Australie, Japon…), ils ne le sont pas.
    Les viscères et cavités sont traités séparément avec un fluide de cavité et une poudre d'embaumement spéciale ;
  • la conservation à long terme nécessite des techniques différentes, telles que l'utilisation de biocides chimiques plus puissants en termes de conservation, et des sites d'injection multiples pour assurer la saturation complète des tissus du corps.

Expositions professionnelles

Les fluides corporels, chargés de microbes doivent être soigneusement collectés, tracés et éliminés conformément à la réglementation sur les déchets à risque. Ils peuvent contenir des restes de médicaments, des produits radioactifs issus de traitements médicaux et des biocides issus de la thanatopraxie elle-même.

Le métier de thanatopracteur expose à de nombreux risques[13] :

  • risques chimiques
    Les produits biocides utilisés, comme le méthanol ou le formaldéhyde sont des agents chimiques dangereux, et leur toxicité est certaine. L'utilisation du formaldéhyde, en particulier, expose à un risque cancérogène reconnu[14]. La volatilité de ces produits rend la présence de ventilations indispensable dans les locaux où ils sont utilisés. Dans une pièce fermée sans ventilation, la situation est jugée inacceptable, du point de vue du risque toxicologique, dès la seconde injection. Dans les salles de préparation le risque est moindre, mais il faut prévoir des aspirations au plus près des points d'émission des polluants, ce qui n'est pas toujours le cas. On peut enfin se demander s'il y a des impacts écotoxicologiques à l'envoi dans l'atmosphère de l'air aspiré ;
  • risques biologiques
    Le thanatopracteur est en contact direct avec des corps qui peuvent être ceux de personnes atteintes de maladies infectieuses. Les fluides biologiques ou excrétats peuvent ainsi contenir des agents infectieux, avec un risque élevé car de nombreux patients ont pu recevoir de longs traitements médicaux, ou ont pu être hospitalisés dans des services à risque nosocomial avant leur mort. Parmi ces agents infectieux, on peut citer le VIH (Sida), le virus de l'hépatite C (la vaccination des thanatopracteurs contre l'hépatite B est obligatoire) voire les prions, de même que le bacille de Koch de la Tuberculose (qui aurait infecté 15 % des thanatopracteurs en Amérique du Nord) ou le virus grippal, en particulier dans un contexte pré-pandémique possible de grippe aviaire ;
  • risques d'accidents par utilisation d'instruments piquants ou tranchants (pouvant être source d'infections) ;
  • risques de troubles musculo-squelettiques par suite de la manutention des corps, entre autres ;
  • risques sociopsychologiques, liés au contact avec la mort et avec des corps parfois fortement endommagés, ainsi qu'à une relative solitude et au contact avec la souffrance des proches du défunt.

Il est plus facile de maîtriser certains de ces risques dans une salle de préparation, mais ces opérations doivent souvent se faire chez l'habitant, dans un cas sur deux estiment les dernières études en France. En moyenne un soin sur deux serait effectué sans équipement doté d'aspiration contrôlée et/ou permettant la protection du praticien.

Il existe des fiches de prévention contre certains risques, dont celui de l'exposition au formaldéhyde[15].


La thanatopraxie serait en France pratiquée[réf. souhaitée] à :

  • 39 % dans les chambres funéraires ;
  • 24 % dans les chambres mortuaires ;
  • 23 % au domicile ;
  • 7 % dans les cliniques ;
  • 5 % dans les maisons de retraite ;
  • 2 % dans d'autres lieux.

Les thanatopracteurs indépendants ne sont par ailleurs pas soumis aux visites médicales, ni ne font l’objet d’un suivi épidémiologique ou de la médecine du travail [réf. souhaitée] . Ce qui concerne la mort et le traitement des cadavres est encore très tabou, mais quelques indices laissent penser que la fréquence de cancers et certaines allergies ou pathologies sont anormalement élevées chez les opérateurs qui manipulent ces produits, et une étude de risque de 2004, basée sur une extrapolation à partir des données disponibles a montré que la thanatopraxie expose environ dans un cas sur deux l’opérateur à des taux de vapeurs toxiques jusqu’à deux fois supérieurs aux seuils acceptables.

Thanatopraxie, environnement et sécurité sanitaire

Réduisant la décomposition des corps, la thanatopraxie est proposée comme une solution sanitaire pour les corps des défunts qui ne peuvent pas arriver au cimetière ou au crématorium dans des durées assez courtes. C'est aussi le cas pour des catastrophes climatiques (inondations, canicules, sécheresses, tempêtes, glissements de terrains d'occurrences croissantes) et des catastrophes sanitaires (cf. notamment risque pandémique de type grippal ou autre), car les problèmes environnementaux, écoépidémiologiques et sanitaires posés par les cadavres sont préoccupants. Elle est parfois choisie pour conserver les corps requérant des traitements plus forts (et toxiques).

Néanmoins, la thanatopraxie présente une solution très partielle, et génère des risques toxiques importants :

  • elle n'évite pas les limitations de l'inhumation (pression foncière qui pousse les grandes villes à supprimer les concessions à perpétuité par manque de place), ni celles de la crémation qui a aussi une forte empreinte écologique (pollution atmosphérique). On remarquera cependant que sur 10 m2, on ne loge que quatre cercueils, contre deux cents urnes…
  • elle ajoute surtout des dangers toxiques et sanitaires : les produits utilisés (solvants organiques volatils, biocides) génèrent un déversement important de toxiques dans l'environnement, ce quelle que soit la pratique. Elle potentialise en outre les composants toxiques déjà présents dans les corps (prothèses, valves cardiaques, stérilets, amalgames dentaires, etc.).
    Les produits incluent notamment le formaldéhyde et paraformaldéhyde, produits très toxiques, utilisés comme déshydratants et raffermissant des chairs), mais aussi des fongicides, bactéricides, virucides… Le logo « tête de mort » qui rappelle la dangerosité de ces produits figure d’ailleurs sur presque tous les bidons de produits destinés à être injectés à la place des « fluides corporels » (6 à 10 litres) dans les cadavres lors des opérations de thanatopraxie. Dans certains pays on a utilisé le mercurochrome rouge pour la thanatopraxie. C’est un puissant biocide qui empêche la décomposition des corps, en restant toxique dans le temps (le mercurochrome médical ne contient désormais plus de mercure, mais il reste toxique). On utilise aujourd'hui en thanatopraxie de 15 à 35 % formaldéhyde, du méthanol, du glycol, du phénol, et de l'éosine[16] comme colorant à la place du mercurochrome).
    Divers produits répondent à la définition de biocides ou de pesticides des directives européennes, mais ne sont pas recherchés dans les analyses environnementales classiques.
    Les dangers toxiques et sanitaires exposent particulièrement les thanathopraxistes malgré des mesures de protection plus ou moins observées, et les personnes vivant sur les lieux de soin. Mais la pollution générée se dissémine à longue distance rapidement par l'air (volatils) et plus ou moins longuement par infiltration et ruissellement, et durablement.

Selon certaines études[Lesquelles ?] (conduites en Amérique du Nord notamment), les amalgames dentaires (riches en mercure et métaux toxiques) ou les organomercuriels ou du mercurochrome ou d’autres toxiques qui ont pu être utilisés pour l’embaumement ou la thanatopraxie seraient à l’origine d’une pollution non négligeable de l’environnement, d'autant qu'en fin de concession, ou après les cérémonies funèbres, le cadavre peut être incinéré dans des installations qui ne sont pas équipées pour filtrer et inerter le mercure, le plomb ou d'autres toxiques.

Les déchets de soins

Ce sont des liquides ou des solides, non inertes et dangereux, dits Déchets d’Activité de Soins à Risque Infectieux ou DASRI. Ils doivent être manipulés, étiquetés et transportés comme tels.

Ils sont soumis à réglementation européenne traduite dans le droit des États membres, ce qui implique leur élimination par une filière agréée, définie en France par un décret du Conseil d’État.

Remarque : Les fluides corporels gélifiés présenteraient moins de risques en cas d'accident. Ces fluides sont congelés puis brûlés par un organisme spécialisé.

Cas d'interdiction pour raisons sanitaires (sous réserve de modifications)

Des législations, différentes selon les pays peuvent interdire ou limiter la conservation par injection d'un produit formolé.

En France, la loi interdit la thanatopraxie pour les décès avec obstacle médico-légal, les accidents du travail ou résultant d'une maladie professionnelle, et en cas de certaines affections définies par l'Arrêté du  :

Un arrêté du Conseil d'État () a à nouveau autorisé la thanatopraxie pour :

Pour le SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère), la mise en bière immédiate a été conseillée, et les soins de conservation déconseillés. En cas de pandémie grippale, induite par exemple par la grippe aviaire, la mise en cercueil doit être faite sans délai sur le lieu de la mort ou du transport des cadavres (chambre froide, etc.), tout soin de conservation étant interdit.

VIH/SIDA : L’arrêté du ministère de la Santé du fixe dans son Article 2 les maladies qui interdisent des soins funéraires pour conserver les corps. Quatorze années après la découverte du VIH et de ses modes de transmission, le secrétaire d’État à la Santé de l’époque intégrait l’infection au virus du sida dans cette liste, au même titre que la rage. Un maire est donc en droit de refuser les soins de conservation du corps d’une personne séropositive ; mais des autopsies à titre scientifique peuvent être pratiquées. Cet arrêté fixe la liste des maladies contagieuses portant interdiction de certaines opérations funéraires. Il concerne le transport, la mise en bière et la fermeture du cercueil pour les corps des personnes décédées de certaines maladies contagieuses énumérées à l’article 1er : orthopoxviroses, choléra, peste, charbon, fièvres hémorragiques virales.
Il interdit la délivrance d’une autorisation de pratiquer des « soins de conservation » sur les corps des personnes décédées de plusieurs maladies énumérées à l’article 2 dont l’infection à VIH, l’hépatite virale, la rage, la maladie de Creutzfeld-Jakob et l’état septique grave. Suivant l’article 1er, « les corps des personnes décédés des maladies contagieuses suivantes (…) doivent être déposés en cercueil équipé d’un système d’épurateur de gaz, immédiatement après le décès en cas de décès à domicile et avant la sortie de l’établissement en cas de décès dans un établissement de santé. Il est procédé sans délai à la fermeture définitive du cercueil ».

L'année suivante (), le Conseil d’État annule partiellement cet arrêté, rappelant que le ministre n’est compétent pour fixer par arrêté que la liste des maladies contagieuses qui doivent conduire le médecin à s’opposer au transport du corps et l’entreprise funéraire à recourir à un cercueil hermétique, le reste relève de la compétence du maire. Le maire de la commune du lieu de décès ou de la commune où sont pratiqués les soins est le seul compétent pour apprécier l’opportunité de délivrer une autorisation de pratiquer des soins de conservation conformément aux dispositions Article R2213-2 du Code général des collectivités territoriales. En dépit de ce rappel, et pour des raisons de procédure, le Conseil d’État limite la portée du texte en annulant uniquement l’obligation de fermeture immédiate d’un cercueil, et l’adjonction de nouvelles maladies faisant obstacle à la pratique de soins de conservation des corps (hépatite A, Creutzfeld Jacob, états septiques graves). L'interdiction de soins de conservation sur les corps des personnes décédées infectées par le VIH subsiste.

En 2009, le Conseil national du sida (CNS) estime[17] que cette réglementation « rajoute trouble et complications administratives » en plein deuil d’une famille et « renforce par ailleurs une représentation de l’infection du VIH comme une maladie dangereuse qui nécessite des procédures dérogatoires au droit commun ». Le CNS estime ces procédures injustifiées et demande la suppression de l’Article 2 de l'arrêté en tant qu’il mentionne le VIH. Il conseille une réflexion sur d’autres pathologies mentionnées, comme les hépatites virales. Il déplore la persistance du principe d'interdiction de thanatopraxie sur les corps de personnes infectées par le VIH et l’interprétation qui a pu être faite de ce principe, à savoir l’interdiction de transport du corps avant mise en bière. Il estime qu'aucun argument technique ou scientifique ne justifie l’application de mesures spécifiques en matière d’opérations funéraires sur les corps des personnes décédés infectées par le VIH dès lors que sont strictement suivies les précautions universelles qui s’imposent lors de toute opération funéraire ; précautions standards d’hygiènes qu'il soutient depuis des années quand existe un risque de contact ou de projection avec du sang ou des liquides biologiques (et ce quel que soit le statut sérologique de la personne source ou du praticien). Ces principes de précautions universelles, conçus à la fin des années 1980 sous l’impulsion de l’Organisation mondiale de la santé et adoptés depuis par l’ensemble du personnel de santé, requièrent un équipement de protection individuelle pour les professionnels, des mesures d’élimination des risques sur le lieu de travail et des pratiques susceptibles de réduire les risques d’exposition. Elles révèlent d’autant plus nécessaires que les cadavres sont porteurs d’une flore microbienne composée d’espèces bactériennes potentiellement pathogènes et susceptible de proliférer en période post-mortem. Tout corps traité doit donc être considéré comme une source de transmission possible. C'est pourquoi les opérations funéraires sont soumis à une réglementation particulière notamment sur le suivi médical du personnel et sur les pratiques à suivre dans les salles de pratique des soins.

Les personnels de pompes funèbres et des entreprises de transport de corps avant mise en bière, sont astreints à une surveillance médicale renforcée pour prévenir les risques résultant d’une exposition à des agents biologiques pathogènes. Ils doivent être vaccinés contre l’hépatite B, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.

En pratique, ce refus n’est pas systématiquement appliqué. Des cas sont cependant régulièrement rapportés où des maires, parfois des médecins, s’opposent à ces soins ou utilisent le décret de façon abusive. Il convient donc d’abord de s’assurer du caractère règlementaire de la décision. L’interdiction des soins funéraires ne signifie pas la mise en bière immédiate, précaution rendue obligatoire dans le cas de l’Article 1 du décret qui concerne des maladies comme la peste ou le choléra, mais pas le VIH. Le décret n’autorise pas non plus le médecin concerné à s’opposer au transport du corps avant la mise en bière, seules les maladies de l’Article 1er le lui permettent.

Devant une décision d’interdiction de soins funéraires, au sens strict de l’Article 2, seul le maire responsable de la décision peut la modifier s'il entérine l’avis du CNS[18],[19].

Alternatives à la thanatopraxie

Des pratiques anciennes, éprouvées et moins onéreuses peuvent être utilisées pour la conservation du corps, sans régler les dangers sanitaires, mais avec un impact écologique moindre : la réfrigération ou congélation (outre la promession)

  1. Les cases réfrigérées (température négative possible)
  2. La mise en place de glace carbonique qui congèle le corps.
  3. Un lit ou d'une rampe réfrigérante peuvent être mis à disposition.

Plus récente, l' Aquamation (ou hydrolyse alcaline) s'avère une technique efficace, non pas pour conserver les corps, mais pour combattre la dissémination des maladies générée par les cadavres, et avec un très faible impact écologique. L'équipement nécessaire n'est cependant que rarement disponible - sauf lié aux activités d'abattoirs industriels d'animaux.

Une simple toilette funéraire, effectuée par un thanatopracteur ou un infirmier, n'offre pas les garanties d'un soin de conservation, mais vise néanmoins une asepsie complète du corps suivie d'une éventuelle restauration tégumentaire faciale (ligature des maxillaires), puis d'un habillage. La toilette sera dite mortuaire lorsqu'elle sera réalisée par un agent hospitalier. Celle-ci consiste alors en un seul lavage du corps suivi de l'habillage du défunt. Une restauration tégumentaire sera possible en présence d'un chirurgien (cas des corps autopsiés).
Enfin, elle est dite religieuse lorsqu'elle est effectuée par un religieux de la communauté musulmane ou israélite. Les toilettes mortuaires et religieuses n'étant pas des actes de thanatopraxie, elles ne réunissent pas en France les garanties sanitaires minimales requises pour les endeuillés présents autour d'un défunt.

L'incorruptibilité ou absence de thanatomorphose est rare mais il semble que le corps s'embaume lui-même. Le prêtre catholique Herbert Thurston fait, à la fin du XIXe siècle, la première étude des cas d'incorruptibilité physique après la mort. Ce jésuite avance le chiffre de 42 saints incorrompus, morts entre les années 1400 et 1900. Ces corps parfaitement intacts de nombreuses années après le décès n'ont fait l'objet d'aucuns soins. Après la découverte d'une incorruptibilité le corps est ensuite souvent placé dans une chasse de verre.

Thanatopraxie définitive

Le corps du vice-consul italien Giovanni Paterniti, mort en 1911 et conservé par Alfredo Salafia grâce à un embaumement par injection, repose dans un cercueil de verre garni de plomb qui a contribué à son excellent état de conservation.

Les méthodes d'embaumement par injection utilisées lors des opérations de thanatopraxie peuvent également servir à pratiquer des embaumements définitifs, capables d'assurer la conservation d'un corps pendant plusieurs siècles. Le procédé utilisé pour injecter les fluides préservateurs et nettoyer les cavités et les organes internes est le même que celui employé lors des soins qui ne visent qu'à conserver un corps quelques jours ou quelques semaines. Cependant, les produits biocides diffèrent. Dans le cas d'un embaumement définitif, le thanatopracteur n'injecte pas dans le cadavre une solution diluée, mais une composition faite de formol presque pur, auquel il ajoute d'autres produits désinfectants très puissants comme de l'acide salicylique, de l'alcool à 90° et du sulfate de zinc. Ces substances ont pour effet de détruire radicalement toute la flore microbienne présente dans l'organisme, et de rendre impossible toute putréfaction provenant de l'intérieur du corps. L'association du formol et du sulfate de zinc donne en particulier d'excellents résultats, parce qu'elle entraîne une pétrification des muscles qui favorise ensuite la dessiccation du cadavre. Une fois cette dessiccation réalisée, l'histolyse n'est plus possible, ce qui interdit tout développement des bactéries anaérobies à l'origine de la décomposition[20].

Comme un embaumement provisoire, une thanatopraxie définitive s'accompagne de soins pour rendre au défunt une apparence aussi attrayante que possible. Les effets de la déshydratation postérieure à l'embaumement (visage émacié, membres amaigris, etc.) peuvent être compensés par l'injection de glycérine dans le système circulatoire. Cette substance permet au corps de conserver une apparence proche de celle d'un individu vivant, en évitant un amincissement excessif des muscles. Des injections localisées de paraffine, notamment au niveau du visage, contribuent aussi à conférer au mort une allure comparable à celle d'une personne endormie[21].

La dernière étape d'un embaumement définitif est le dépôt du corps conservé dans un réceptacle susceptible d'assurer sa conservation définitive. Un cercueil doublé de plomb à l'intérieur constitue une excellente protection, ce métal ayant notamment pour propriété de ralentir la thanatomorphose. Naturellement, ce cercueil doit être hermétiquement fermé pour ne pas laisser passer d'humidité, cette dernière pouvant dégrader lentement le cadavre en favorisant le développement des moisissures.

La thanatopraxie définitive est autorisée aux États-Unis. En revanche, elle est interdite en France, car elle va à l'encontre des principes de la loi française qui visent à favoriser autant que possible la disparition des corps après la mort. Toutefois, l'administration française peut accepter une telle forme d'embaumement, dans le cas de personnes destinées à être inhumées dans des pays où cette pratique est autorisée[22].

Conclusion

Peu de données sont disponibles sur la pratique de la thanatopraxie dans le monde, ainsi que sur les risques y afférant. Les thanatopracteurs semblent sous-estimer la gravité des dangers auxquels ils sont exposés et le décret qui cadre l'examen de thanatopraxie ne définit pas le niveau d'hygiène et de sécurité relatif aux soins de conservation. Les écoles qui forment à ces métiers intègrent ces aspects dans leurs formations, mais sans code de bonne pratique, et sans socle commun minimal.

Tout cadavre devrait être considéré comme à « risque infectieux », par précaution, même si le certificat de décès ne mentionne pas de maladie. Il est recommandé aux praticiens et aux familles et proches de respecter des précautions minimales (en particulier l'aération de la pièce dans laquelle sont faits les soins et où reposera le défunt).

Les études de risques concluent qu'il serait préférable d'interdire la pratique de ces soins au domicile (la concentration en formaldéhyde, reconnu cancérigène pour l'homme, peut y être deux fois supérieure à la valeur limite) ou hors des salles de préparation spécialement conçues. Le protocole et les salles de préparation peuvent être améliorés.

En France, en 2012, le Défenseur des droits[7] dans un rapport sur la législation funéraire a recommandé aux pouvoirs publics d'« intervenir pour encadrer cette activité » (thanatopraxie), afin notamment de mieux informer des familles pour qu'elles puissent prendre une décision éclairé quant aux choix des soins post-mortem (de plus en plus proposés par les conventions d’obsèques) ; Le défenseur des droits recommande également de mieux informer les professionnels de santé ( médecins généralistes, urgentistes, ou médecins de garde chargés de rédiger les certificats médicaux, du personnel para-médicaux…)[7].
Cette information devrait porter tant sur « les soins de présentation et d'esthétiques mortuaires de restauration (qui sont autorisés pour tous les défunts sans restriction) » que pour « les soins de conservation (thanatopraxie). Il a été constaté lors des auditions un manque d’information et de communication envers les familles et une confusion fréquente chez les maires et les médecins, entre soins de présentation et soins de conservation. Cette confusion les a amenés, parfois à tort, à refuser les soins de présentation (toilette et soins esthétiques de restauration). Des soins de thanatopraxie (coûteux) ont parfois été imposés à l’entourage du défunt, alors que de simples soins de présentation étaient suffisants[7] », alors que « rien n’oblige à réaliser des soins de conservation (ce qui était auparavant le cas) sur un défunt, compte tenu des délais de transport de corps avant mise en bière, passés par décret du 28 janvier 2011, de 24H à 48 H, après le décès. Aucune disposition législative ou règlementaire n’impose d’avoir recours à des soins de conservation[7]. » (« les techniques de conservations et de réfrigération des corps des défunts ont évolué et ne justifient plus nécessairement des soins de conservation aussi invasifs que la thanatopraxie »). Il a également recommandé de « limiter les lieux dédiés à la pratique des actes de thanatopraxie aux chambres funéraires et aux chambres mortuaires[7]. » Le Défenseur des droits demande aussi que soient mieux encadrées et formées les pratiques professionnelles des thanatopracteurs pour mieux les protéger, ainsi que l’entourage du défunt et de la population[7]

Télévision

La série télévisée Six Feet Under relate la vie de personnages liés à l'entreprise funéraire Fisher & Sons, dont ses deux thanatopracteurs. Chaque épisode se base sur la mort d'un inconnu, dont on suit parfois les soins ou les rites funéraires.

Notes et références

  1. Embaumement et deuil
  2. Embaumement en Australie
  3. Medscape
  4. Embaumement et deuil de mort d'enfant
  5. Document anglais
  6. brevet 1BA6018, consultable sur la base historique de l'INPI : http://bases-brevets19e.inpi.fr/Thot/FrmLotDocFrame.asp?idlot=214809&idfic=0011567&resX=1152&resY=864&init=1
  7. Le défenseur des droits, Rapport relatif à la législation funéraire, République française PDF, 34 pages. Voir en particulier le chapitre IV intitulé « Soins funéraires aux personnes décédées porteuses de certaines pathologies infectieuses », page 31 et suivantes
  8. Florence Fresse est Déléguée générale de la Fédération française des pompes funèbres (450 entreprises ; petites et moyennes)
  9. Article du journal Le Monde daté du 27 juillet 2012 intitulé « Embaumer le corps des défunts, une pratique en plein essor »
  10. http://www.cidj.com/article-metier/thanatopracteur
  11. Procédures modernes d'embaumement (Britannica) (en anglais)
  12. Par la SVV Beaussant-Lefèvre
  13. Thanatopraxie. État des Pratiques et Risques Professionnels Dossier médico-technique INRS.
  14. Fiche d'aide au repérage de cancérogène. Thanatopraxie. Document INRS
  15. Fiche de prévention - Exposition au formaldéhyde en milieu de travail - La thanatopraxie
  16. AFIF, Procédé chimique (formolisation ou thanatopraxie), consulté 2012-11-21
  17. avis daté du 12 mars 2009
  18. « Accueil », sur Conseil national du sida et des hépatites virales (consulté le ).
  19. http://pmb.santenpdc.org/opac_css/doc_num.php?explnum_id=9735
  20. Cf. et
  21. cf.
  22. Cf.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Les imputrescibles, par Nicolas Delestre, 2018, éditions du murmure
  • Pratique de la thanatopraxie, par Michel Guenanten et Michel Durigon, 2016
  • Petite histoire de l'embaumement en Europe au XIXe siècle, par Nicolas Delestre, 2017, éditions du murmure
  • Histoire des embaumements et de la préparation des pièces d'anatomie normale, par Jean-Nicolas Gannal 1838 : l'édition de 1841 est librement consultable sur Googlebooks
  • L'Art de l'embaumement, introduction à la thanatopraxie par Éric Bourgeois, Éditions Berger (Canada) (diffusé en Europe par DG Diffusion rue Max Planck BP 734 31683 LABEGE)
  • L'Embaumement : théorie et pratique, guide technique de thanatopraxie, par E.F. Scudamore (F.B.I.E) : Ouvrage de base, destiné à la formation théorique des thanatopracteurs. (Diffusé en Europe par Christian Raffault)
  • Le Manuel à l'usage des thanatopracteurs de M. Paul CLERC, Éditions Sauramps médical.
  • ASSTAS (2000), Guide de référence en prévention des infections, à l'intention des travailleurs et des comités paritaires de santé et de sécurité du travail (CPSST), Association pour la santé et la sécurité du travail, Canada, (ISBN 2-922036-57-X) ; PDF, 2000, 130 pages
  • INRS, M Guez-Chailloux et al. (2005), La thanatopraxie: état des pratiques et risques professionnels ; INRS, travailetsecurite.fr

Liens externes

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