TGV POS

Le TGV POS (POS pour Paris - Ostfrankreich - Süddeutschland, en français : Paris - Est de la France - Allemagne du Sud) est un TGV tricourant conçu et produit par Alstom pour la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) dans les années 2000, à l'occasion de l'ouverture de la LGV Est européenne, afin d'assurer des dessertes au-delà de Strasbourg vers l'Allemagne et la Suisse où l'alimentation électrique est en 15 kV 16,7 Hz.

TGV POS
La rame no 4417 à Forchheim (de), en 2009.
Identification
Exploitant(s) SNCF (Voyages SNCF)
Désignation TGV 384000
Rames : 4401-4419
Surnom TGV
Type rame à grande vitesse
Composition 10 caisses dont
8 articulées
(M+8R+M)
Couplage UM entre elles et avec TGV Réseau, TGV Duplex, TGV 2N2
Construction 38 motrices
Constructeur(s) Alstom
Transformation 19 tronçons TGV Réseau
Mise en service de 2006 à 2007
Effectif 19 (au )
Caractéristiques techniques
Disposition des essieux Bo'Bo'-8*2'-Bo'Bo'
Écartement standard (1 435 mm)
Alimentation Tricourant :
continu 1,5 kV,
15 kV 16,7 Hz
et 25 kV 50 Hz
Moteurs de traction 8 asynchrones
6 FHA à ventilation forcée
Puissance continue 3 680 kW
(1,5 kV CC)
6 880 kW
(15 kV 16 ⅔ Hz)
9 280 kW
(25 kV 50 Hz)
Tare 390 t
Longueur 200.190 m
Places 1re cl. 120 pl.
+ 8 strapontins
Places 2e cl. 257 pl.
+ 15 strapontins
Vitesse maximale 320 km/h

[1],[2],[3]

Depuis le changement de service annuel 2012 de la SNCF, la totalité du parc avait été cédée à Lyria, filiale commune de la SNCF et des Chemins de fer fédéraux suisses (CFF). En , ce parc est retransféré à la SNCF qui assure désormais des services domestiques TGV inOui, sur les LGV Nord et Est européenne.

Description

Contrairement aux premières lignes à grande vitesse, mais comme pour la LGV Méditerranée, la SNCF n'a pas mis en service des rames entièrement neuves. En effet, les 19 TGV POS sont en fait l'assemblage de :

  • 38 motrices neuves tricourant aptes à rouler en Allemagne et en Suisse ;
  • 19 ensembles de remorques existantes type TGV Réseau rénovées selon le design de Christian Lacroix, avec installation d'une paire de patins électromagnétiques (pour le freinage d'urgence en Allemagne) sur chacun des bogies extrêmes des voitures d'extrémité R1 et R8.

Les motrices sont construites sur la base d'un chaudron identique à celui des TGV Duplex et PBKA, comme toutes les motrices TGV des générations actuelles.

Outre le fait qu'elles soient tricourant, elles sont également équipées de technologies nouvelles :

  • chaîne de traction de type asynchrone ;
  • signalisation multiple : KVB et TVM (France), PZB et LZB (Allemagne), ZUB (Suisse) et ERTMS niveau 2) ;
  • les transformateurs sont fabriqués par Areva T&D au Petit-Quevilly. Les cinq premiers transformateurs, deux dans chaque rame, ont été fabriqués sur le site, aujourd'hui fermé, de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis ;
  • une paire de patins électromagnétiques est installée sur le deuxième bogie de chaque motrice.

Les 38 motrices ont été commandées dans le cadre d'un marché entre la SNCF et Alstom, incluant aussi 19 sections de voitures Duplex, progressivement attelées aux motrices Réseau libérées, pour former des rames Réseau Duplex.

Ces motrices ne sont pas les premières à pouvoir circuler en Suisse sous 15 kV 16,7 Hz, mais ce sont les premières à développer la puissance nécessaire à la grande vitesse sous cette tension : plus de 6 800 kW contre 5 160 kW pour les PBKA et 2 800 kW pour les motrices des anciennes rames TGV Sud-Est tricourant qui n'avaient pas besoin de dépasser les 100 km/h entre Vallorbe et Lausanne (ces motrices furent modifiées afin d'être aptes à circuler à 160 km/h sur la ligne Mattstetten-Rothrist afin d'assurer les liaisons Berne - Zürich ; les transformateurs subirent des modifications afin d'augmenter la vitesse maximale sous tension de 15 kV 16,7 Hz).

Le , l'Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF) délivre l’autorisation de mise en exploitation commerciale des rames TGV POS en France[4].

Historique

Les rames POS ont été conçues à l'origine pour la desserte des liaisons internationales au départ de Paris-Est en direction du sud de l'Allemagne et de la Suisse, via la LGV Est Européenne et Strasbourg. C'est à ces dessertes prévues qu'elles doivent leur nom.

Elles ont aussi assuré des liaisons domestiques en creux de roulement en pool avec les rames Réseau bicourant.

Le parc de 19 rames est alors partagé entre deux exploitants, SNCF pour 18 rames, CFF pour la dernière (la 4406).

Durant le cours de l'année 2011, il a été décidé par les deux compagnies d'offrir une plus grande autonomie de gestion à leur filiale commune, Lyria[5]. Dans ce but est notamment prévue la cession du parc afin de rendre Lyria propriétaire des rames (à l'image de Thalys avec les PBA et PBKA et Eurostar avec les rames Transmanche) et de ce fait beaucoup moins dépendant de la location de rames à SNCF Voyages[6].

La cession est ainsi devenue effective au changement de service annuel SNCF 2012. À cette occasion, une rénovation est prévue, avec réaménagement intérieur et nouvelle livrée réalisée par pelliculage que quelques rames arborent déjà.

Lyria a souhaité transférer le départ de toutes ses dessertes à Paris-Gare de Lyon, abandonnant par là-même le départ depuis Paris-Est.

Dans un souci de commodité vis-à-vis de cette nouvelle gare de départ, et afin d'éviter des transferts parasites de rames via la LGV d'interconnexion, la gérance et l'entretien des rames a été transféré du Technicentre de Paris-Ourcq au Technicentre Sud-Est Européen de Conflans.

En 2019, Lyria débute un renouvellement de son matériel roulant. Ainsi, d’ici la fin de l’année, les rames POS devraient être remplacées par des rames Euroduplex 3UA (4716 à 4730) spécialement pelliculées[7].

Service

La rame 4402 en gare d'Arras, en .

Lors de leur mise en exploitation commerciale, les rames assuraient les services :

À partir du et leur cession à Lyria, les rames roulent en totalité pour cet opérateur, sur les liaisons antérieurement en place vers la Suisse mais aussi de nouvelles :

Depuis le , la plupart des rames ont commencé à être transférées sur des dessertes empruntant la LGV Nord, pour remplacer les derniers TGV Sud-Est bicourant[8] :

Depuis la même date, d'autres rames circulent sur la LGV Est européenne :


Les rames particulières

La rame 4402 en service commercial, arborant son ancienne livrée, en gare de Paris-Est en juin 2007.
  • Rame 4401 : rame de présérie. Les huit remorques, provenant de la rame Réseau 515, pas encore rénovées « Lacroix », ont été couplées pour les essais aux deux motrices 384001 et 384002. Dès janvier 2007, la rame 4401 est composée des motrices de la 4401 associées aux remorques de série de la 4402. Les remorques de la rame 4401 (ex-516) sont alors en cours de rénovation. Les motrices de la rame 4401 possédaient à leur sortie d'usine une livrée différente des autres rames, la délimitation des couleurs bleue et grise de leur nez ressemblant à celle d'un TGV Duplex. Cette rame a par la suite retrouvé l'aspect des rames de série par pelliculage du nez.
  • Rame 4402 : après la mise en rame pour des essais, les motrices 384003 et 384004 ont été découplées, pour former une rame spéciale fin 2006, en vue de réaliser un nouveau record de vitesse sur rail. Le projet V150, pour 150 m/s (soit 540 km/h), a été réalisé au printemps 2007. Les motrices ont été modifiées, avec des roues de diamètre plus important, et un rapport d'engrenages modifié. Les deux motrices POS encadrent une section Duplex raccourcie à trois voitures (composition : R1 et R8 de la rame Réseau-Duplex 618, et R4 spécifique conçue par Alstom[12]), montées sur quatre bogies dont les deux intermédiaires sont dotés d'une motorisation de type AGV. Trois transformateurs sont embarqués dans la rame : deux de chez Areva T&D, situés chacun dans les motrices, et un de chez ABB, situé sous la voiture-bar (R4). La rame a été entièrement recouverte d'un pelliculage spécifiquement créé pour l'occasion. En février 2007, les 553 km/h sont atteints sur la LGV Est européenne. Ce record a été obtenu officieusement pendant la période de test de la rame. La marche officielle pour le record, validée par huissier le , a atteint les 574,8 km/h. Depuis, les motrices ont été réaccouplées à leurs voitures d'origine, mais ont conservé leur pelliculage aux couleurs du record, également rappelé sur l'extrémité des voitures R1 et R8 (pour faire la transition avec la livrée Lacroix). Avec le passage à la livrée Carmillon Lyria, les motrices ont conservé les mentions du record sans le pelliculage évènementiel de 2007[13].
  • Rame 4403 : « Train d'essai LGV Est européenne » (première phase)[14].
  • Rame 4404 : cette rame a été utilisée lors de l'opération V150 pour assurer l'ultime vérification de la voie (à 380 km/h) avant chaque marche à très haute vitesse. Ses motrices ont reçu des roues de plus grand diamètre, afin d'avoir les attelages au même niveau que celui de la 4402 pour pouvoir la remorquer hors des périodes d'essais.

Galerie de photographies

Modélisme

En livrée « Lacroix » :

  • la rame a été reproduite en HO, par les firmes Jouef (4405), Mehano (4404) et Märklin (4414 et 4415) ;
  • la rame a été reproduite en échelle N, par la firme Kato (4401 et 4404).

En livrée « V150 / Record du monde à 574,8 km/h » (rame 4402) : la rame a été reproduite en HO, par les firmes Jouef et Märklin[15].

En livrée « Lyria » : par Märklin (4410), à l'échelle HO.

Sources

Notes et références

  1. Denis Redoutey, Le matériel moteur de la SNCF, page 132, 133, 140, 161, La Vie du Rail, 2007 (ISBN 978-2-915034-65-3)
  2. Revue bimestrielle Voies Ferrées, Le matériel moteur de la SNCF, en plusieurs articles sur plusieurs numéros par année
  3. Revue mensuelle Rail Passion, État trimestriel du matériel moteur SNCF, un article par trimestre
  4. Autorisation de mise en exploitation commerciale des rames TGV POS sur le réseau français, article du 11 mai 2007, sur securite-ferroviaire.fr, consulté le 22 décembre 2014.
  5. Les CFF investissent 100 millions dans 19 TGV, article du 17 février 2011, sur rts.ch, consulté le 22 décembre 2014.
  6. Lyria change de braquet, article du 27 septembre 2012, sur traincabview.wordpress.com, consulté le 22 décembre 2014.
  7. « TGV Lyria dévoile le pelliculage de sa nouvelle flotte de rames à deux niveaux » [PDF], sur tgv-lyria.com, communiqué de presse du (consulté le ).
  8. Marc Carémantrant, « SA 2020 : les mouvements dans le parc TGV », sur railpassion.fr, (consulté le ).
  9. Liste des TGV POS [PDF] (consultée le ).
  10. Revue bimestrielle Voies Ferrées, « Le matériel moteur de la SNCF en 2006 », no 161, mai , p. 17.
  11. Revue mensuelle Rail Passion, « Parc matériel TGV : encore du mouvement en 2008 », no 125, , p. 20.
  12. Revue bimestrielle Voies Ferrées, Le matériel moteur de la SNCF, no 179, mai/juin 2010, p. 41.
  13. Photo prise en janvier 2014 [image] (consultée le 7 août 2015).
  14. Images de la rame d'essai (cf. les photos nos 5, 6, 7, 8 et 11) du 15 mars 2007, sur rail.lu (consulté le 7 août 2015).
  15. (en) « Gauge H0 - Article No. 37797 : TGV Duplex V 150 High-Speed Train », sur maerklin.de (consulté le ).

Bibliographie

  • Denis Redoutey, Le matériel moteur de la SNCF, Paris, La Vie du Rail, , 399 p. (ISBN 978-2-915034-65-3).

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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