Hayao Miyazaki

Hayao Miyazaki (宮崎 駿, Miyazaki Hayao), né le à Tokyo, est un dessinateur, réalisateur et producteur de films d'animation japonais, cofondateur du Studio Ghibli avec Isao Takahata.

Ne doit pas être confondu avec Hidetaka Miyazaki.

Pour les articles homonymes, voir Miyazaki (homonymie).

Hayao Miyazaki
Hayao Miyazaki au Festival international du film de Venise
en 2008.
Naissance
Tokyo (Japon)
Nationalité  Japonais
Profession Réalisateur
Dessinateur
Films notables Nausicaä de la vallée du vent
Mon voisin Totoro
Princesse Mononoké
Le Voyage de Chihiro
Le Château ambulant
Site internet ghibli.jp

Presque inconnu en Occident en dehors des cercles d’amateurs d’anime et de manga jusqu’à la sortie internationale de Princesse Mononoké en 1999, ses films rencontrent ensuite un grand succès partout dans le monde et surtout au Japon où certains ont battu des records d’affluence.

Il explore souvent les mêmes thèmes centraux, la relation de l’humanité avec la nature, l’écologie et la technologie, ainsi que la difficulté de rester pacifiste dans un monde en guerre. Les protagonistes de ses films sont le plus souvent de jeunes filles ou femmes fortes et indépendantes, et les « méchants » ont des qualités qui les rendent moralement ambigus, comme les kamis de la religion shintoïste.

Ses œuvres sont tout aussi accessibles aux enfants qu’aux adultes. Au Japon, il est considéré comme l’égal d’Osamu Tezuka, et en Occident on le compare souvent à Walt Disney[1],[2],[3]. Toutefois, Miyazaki reste modeste et explique le succès de son entreprise par la chance qu’il a eue de pouvoir exploiter pleinement sa créativité.

Biographie

Enfance et jeunesse

Né le à Tokyo[4] (au quartier d’Akebono dans l’arrondissement de Bunkyō), deuxième d’une fratrie de quatre garçons[5] (Arata, né en , Yutaka, né en , et Shirō)[6], sa petite enfance est marquée par un Japon dévasté par la Seconde Guerre mondiale. L’œuvre de Miyazaki en sera beaucoup inspirée.

Chasseur zéro modèle A6M3.

Son père, Katsuji Miyazaki, est alors directeur de Miyazaki Airplane, une entreprise en aéronautique appartenant à son frère (l’oncle de Hayao) qui produisait des gouvernes pour des avions de chasse de type zéro. C’est certainement à ce contexte que Miyazaki doit cette passion pour les avions et le vol en général, thèmes omniprésents dans son œuvre[7].

La mère de Hayao est une femme intelligente, plutôt réservée et stricte. En 1947, elle est diagnostiquée du mal de Pott (une forme de tuberculose). Elle reste alitée, d’abord à l’hôpital pendant trois ans puis chez elle jusqu'en 1955[8]. Hayao est très proche d’elle ; par bien des aspects le film Mon voisin Totoro s'avère autobiographique[5]. Dans Le vent se lève la tuberculose touche Nahoko Satomi, l'héroïne principale[9],[10]. Shirō Miyazaki, le frère cadet de Hayao, dit du personnage de Dora dans Le Château dans le ciel qu'il est basé sur leur mère, non physiquement mais en ce qui se rapporte à la personnalité[6].

Fuyant la guerre et les bombardements, la famille Miyazaki déménage souvent entre 1944 et 1945 (entre autres à Utsunomiya et Kanuma, tous les deux dans la préfecture de Tochigi au nord de Tokyo). L’usine de Miyazaki Airplane était à Kanuma. Le petit Hayao connaît trois écoles différentes en six ans : entre 1947 et 1949, il est inscrit dans une école primaire d’Utsunomiya, en 1950, il étudie à l’École Omiya au quartier Suginami de Tokyo, sa famille s’étant réinstallée dans la capitale, et de 1951 à 1955 à l’École Eifuku. Il passe ses années lycéennes à l’École Omiya (1956 et 1957) et au lycée Toyotama (1958)[6],[7].

Pendant sa dernière année au lycée, il découvre le premier film d’animation japonais en couleurs : Le Serpent blanc (Hakuja den), de l’animateur Taiji Yabushita (ja) du studio Toei, inspiré d’un conte populaire chinois. Pour le jeune Hayao, c'est une révélation ; il dit être tombé amoureux de l’héroïne, Pai-nyan, et avoir pleuré toute la nuit[5]. Il est également grand amateur d’Osamu Tezuka et exerce alors ses talents de dessinateur, d’abord en réalisant des croquis d’avions en imitant son héros, mais trouve qu’il ne peut pas dessiner les personnes[6]. Un jour, prenant conscience qu’il ne fait que copier le style de Tezuka, il brûle tous les mangas qu’il a dessinés ; il dit s'être rendu compte que créer son propre style s'avère très difficile[5]. En 1962, il entreprend des études en économie à Gakushūin et rédige un mémoire sur l’industrie japonaise. La même année, il rejoint un club de recherches à Gakushūin sur la littérature enfantine[6].

Début de carrière au studio Toei

Miyazaki commence sa carrière en avril 1963 comme intervalliste au studio Toei[4]. Il se fait connaître d’abord avec son travail sur Garibā no Uchū Ryokō (1965) ; ayant trouvé la fin du film non satisfaisante, il en propose une autre qui est acceptée et incorporée au film. Après une formation de trois mois, il est affecté au film Les Fidèles Serviteurs canins (Wan wan chushingura) puis à la première série télévisée du studio, Ken, l'enfant-loup, concurrente de Astro, le petit robot d’Osamu Tezuka. Il perçoit un salaire de dix-neuf mille cinq cents yens (le loyer de son petit appartement dans le quartier Nerima lui coûte six mille yens)[6].

Quand quelques troubles syndicaux éclatent en 1964 au sein du studio, Miyazaki prend la tête des manifestants et devient secrétaire en chef du syndicat des travailleurs[7]. Isao Takahata est alors le vice-président du syndicat. C’est à cette époque qu’il rencontre Akemi Ōta, également animatrice au studio, qu'il épouse en octobre 1965 ; le jeune couple déménage à Higashimurayama[6].

L’année 1965 marque aussi le début d’une longue collaboration avec Takahata avec un premier projet commun, Hustle Punch. Lorsque Takahata commence à travailler sur le film Horus, prince du Soleil, Miyazaki, qui a alors 24 ans, est volontaire pour rejoindre le projet[11] qu’il considère comme sa dernière chance de travailler sur un long métrage et d’arrêter les séries télévisées. Takahata, Miyazaki et Yasuo Ōtsuka se font la promesse de terminer ce projet, coûte que coûte. Le film, réussite artistique mais échec commercial, ne sort finalement que le .

La même année, Miyazaki travaille avec sa femme sur Le Chat botté mais cette fois, est promu animateur clé[11],[6]. Il assure l’animation de la course-poursuite qui marque le climax du récit. En 1969, il anime quelques plans du film Le Vaisseau fantôme volant, un autre long métrage, toujours en compagnie de sa femme[11].

Le couple donne naissance à deux fils : Gorō Miyazaki en janvier 1967, qui devient lui aussi réalisateur, travaillant parfois pour le studio de son père, et un second en avril 1969, Keisuke, artiste ayant fait des gravures et figurines en bois, dont une qui apparaît dans le film Si tu tends l’oreille[5],[6]. La famille déménage à Tokorozawa dans la préfecture de Saitama en 1970[6]. Sa femme quitte son travail pour élever les garçons.

Parallèlement, Miyazaki travaille sur diverses séries télévisées : Sally la petite sorcière, Caroline et se lance dans le manga. Le Peuple du désert, paraît de septembre 1969 à mars 1970 dans Shōnen Shojo Shinbun, sous le pseudonyme de Akitsu Saburo.

Il participe en 1970 et 1971 à l’animation d’un film réalisé par Ikeda Hiroshi, Les Joyeux Pirates de l’île au trésor[11], adaptation du célèbre roman de Stevenson. Un personnage original voulu par Miyazaki apparait : Cathy, une jeune fille rousse vêtue de bleu, que l’on revoit par la suite sous différentes formes au fil de son œuvre.

L’après Toei, l’avant Ghibli

En 1971, Miyazaki quitte Toei et rejoint Isao Takahata et Yōichi Kotabe aux studios A-Pro[4]. Il accompagne Yutaka Fujiota (président de Tokyo Movie) en Suède pour essayer d’obtenir les droits d’adaptation de Fifi Brindacier (Nagakutsushita no Pippi), pour lequel ils ont déjà créé des storyboards, et pour parler à l’auteur du livre, Astrid Lindgren. Leur démarche échoue et le projet est annulé[6],[7]. Ce voyage constitue son premier à l’étranger. Les paysages de Scandinavie seront souvent utilisés dans ses films, notamment dans Kiki la petite sorcière, où l'aspect de Koriko et ses environs sont basés sur Stockholm, en particulier sa vieille ville, le Gamla stan, et Visby sur l’île de Gotland[12].

Il visite également de nombreux endroits à Tokyo pour un possible nouveau bâtiment pour le studio. Le trio Miyazaki, Takahata, Kotabe réalise plusieurs épisodes de la série Lupin III et le court métrage Panda Petit Panda. En 1973, la suite Panda Petit Panda : Le Cirque sous la pluie sort en salle et déjà, le trait rond et jovial du panda augure le célèbre Totoro.

En juin 1973, le trio quitte A-Pro pour Zuiyō Eizō (qui deviendra en 1975 Nippon Animation)[4],[6]. Heidi, la petite fille des Alpes série de Takahata sur laquelle Miyazaki a travaillé en tant que concepteur scénique et pour laquelle il a fait un voyage en Suisse pour s’inspirer des paysages, est née de ce studio. Ils travaillent ensuite pendant cinq ans sur les World Masterpiece Theater, séries de la Nippon Animation inspirées de romans occidentaux et pour la plupart distribuées en France. En 1975, Miyazaki se rend également en Italie et en Argentine pour préparer Marco.

En 1978, Miyazaki obtient chez Nippon Animation la possibilité de passer à la réalisation. Il en résulte une série de 26 épisodes de 26 minutes chacun, intitulée Conan, le fils du futur. Cette série, basée sur le roman pour enfants The Incredible Tide (en) d’Alexander Key (en), aborde d’ailleurs des thèmes similaires à ceux de Nausicaä (monde post-apocalyptique, graves problèmes écologiques) ou Laputa (similarité des héros) et présente les premières machines volantes créées par Miyazaki.

La même année, un jeune reporter – Toshio Suzuki – récemment transféré à un nouveau mensuel, Animage (qui traite de l'animation japonaise et de l'activité artistique), appelle Takahata pour lui parler de Horus, prince du soleil, sur lequel il comptait écrire un article pour sa rubrique sur les classiques de l’animation. Takahata lui parle pendant une heure, mais refuse de parler de Horus, se concentrant sur ses projets plus récents. Il passe le téléphone à Miyazaki, qui lui parle de Horus et ne demande pas moins de seize pages dans Animage. Suzuki renonce à citer les deux noms dans le magazine, mais ne les oublie pas. Il devient plus tard producteur en chef du Studio Ghibli et ami inséparable de Miyazaki[13].

En 1979, Miyazaki rejoint la Tōkyō Movie Shinsha. La même année sort son premier film en tant que réalisateur : Le Château de Cagliostro. Devenu depuis un classique, ce film représente une étape marquante dans la carrière de Miyazaki. Suzuki et Miyazaki se voient pour la première fois. Miyazaki l’ignore complètement, refusant même d’être pris en photo (Suzuki n’en a qu’une seule). Malgré cette expérience, Suzuki continue à écrire sur le travail de Miyazaki dans Animage[13].

L’année suivante, Miyazaki travaille pour Telecom Animation Film et coiffe la casquette d’instructeur en chef pour les nouveaux animateurs. À la même période, il réalise les épisodes 145 et 155 de la série Lupin III et utilise Telecom, le nom de sa société, comme pseudonyme[6].

Le succès de Nausicaä et les années Ghibli

En 1982, il réalise les six premiers épisodes (dont il signe également le scénario) de la série Sherlock Holmes (finalement diffusée en 1984 et 1985) en coproduction avec la RAI italienne. Cette série raconte les aventures d'un Sherlock Holmes présenté sous les traits d'un renard anthropomorphe.

C’est vers cette époque qu’il côtoie régulièrement Suzuki, avec qui il parle de ses idées de projets. Celui-ci décide de l’aider à les réaliser, en commençant par Nausicaä de la vallée du vent[14]. Il essuie refus après refus des producteurs, qui demandent à l’époque des mangas ou de la musique avant d’accepter un projet. Suzuki ne baisse pas les bras, et fait publier dans Animage la version manga de Nausicaä, grande saga épique et écologique que Miyazaki met douze ans à terminer. Le manga est un grand succès et est élu manga préféré des lecteurs d’Animage l’année suivante[13]. Miyazaki publie également Le Voyage de Shuna (Shuna no tabi), manga assez proche de Princesse Mononoké (Mononoke Hime).

En 1983, le projet de faire un long métrage des premiers volumes de Nausicaä est lancé. Le frère cadet de Miyazaki, Shirō, travaillant à Hakuhōdo, la seconde plus grande agence de publicité du Japon, le film est une coproduction Tokuma-Hakuhōdo[6]. Miyazaki, de nature très exigeant sur la qualité, la production prend du retard. Une petite annonce est publiée dans Animage pour trouver plus d’animateurs et le jeune Hideaki Anno (mieux connu aujourd’hui pour son travail dans Neon Genesis Evangelion) répond à l’appel. Miyazaki, ébloui par la qualité de son travail, l'embauche immédiatement et le met au travail sur la scène clé du film : l’arrivée du « soldat géant ». En , le film sort dans les salles japonaises ; on voit de longues files d’attente devant les cinémas du pays[13].

Le succès de l’adaptation cinématographique de Nausicaä lui permet en 1985 de fonder le Studio Ghibli (basé dans le quartier Suginami de la capitale japonaise), en compagnie d’Isao Takahata ; ils occupent le bâtiment lui-même depuis [6]. Le succès du film et la fondation du studio surviennent à une époque difficile pour Miyazaki, sa mère étant décédée un an avant la sortie du film, en , à l’âge de 71 ans[6].

Miyazaki entend dès lors se concentrer sur les longs métrages d’animation alors que le genre est essentiellement représenté au Japon par les séries et OAV. Il produit donc des films d’animation en nombre beaucoup plus restreint mais de grande qualité. Le premier projet du studio est le long métrage Le Château dans le ciel, qui sort en .

Reproduction en taille réelle de la maison des petites Satsuki et Mei de Mon voisin Totoro

La consécration doit attendre 1988 avec la sortie de Mon voisin Totoro (Tonari no Totoro). Le film connaît un tel succès au Japon qu’à l’heure actuelle tous les Japonais connaissent le personnage éponyme qui est devenu l’emblème et mascotte du studio. La chanson d’introduction, chantée par Azumi Inoue, devient aussi un standard parmi les comptines chantées à la maternelle par les enfants japonais. Toutefois, quand Toshio Suzuki parle du projet chez les producteurs Tokuma pour la première fois en 1986, il est tout de suite refusé. Il en est de même lors de son second essai, en couplant Totoro (réalisé par Miyazaki) avec Le Tombeau des lucioles (de Takahata). Le travail sur les deux films commence seulement après le soutien de l’éditeur du roman du Tombeau. Le studio travaille alors sur les deux films en même temps. Ce sont deux années difficiles pour Miyazaki et son équipe, qui doivent plaire à deux maisons d’édition à la fois (Totoro étant lui aussi tiré d'un livre, celui-ci pour enfants) et jongler avec deux équipes d’animateurs[13].

Peu après la sortie de ces films, Miyazaki s’assoit devant une gare toute une journée pour observer le mouvement des jupes des passantes. Il incorpore ce qu'il voit dans son prochain film ; en 1989, Kiki la petite sorcière, dont l’héroïne porte toujours une longue robe noire de sorcière, est un véritable succès. Tiré du roman d’Eiko Kadono, le film est classé premier au box-office japonais pour l’année 1989, récolte 2 170 millions de yens et cumule 2 604 619 entrées en salle[13]. La réalisation de Kiki la petite sorcière n'aura cependant pas été de tout repos. En effet, lorsque le studio Ghibli a obtenu les droits d'adaptation en 1987, Miyazaki travaillait sur Mon voisin Totoro. Le film devait donc initialement être réalisé par Sunao Katabuchi et écrit par Nobuyuki Isshiki, mais Miyazaki, mécontent du script, a fini par reprendre la réalisation du film. Par la suite, Eiko Kadono s'est dite mécontente des différences entre son roman et le film mais Miyazaki et Suzuki sont parvenus à la convaincre d'autoriser la poursuite du projet[15].

Suzuki, fidèle ami de Miyazaki et de Takahata, travaille pour le studio à temps plein après Kiki et devient producteur dès le film suivant, Souvenirs goutte à goutte[13].

Le studio vit encore des temps difficiles pendant la production de Kiki. Bien que le budget pour ce film soit le double de celui de Totoro, la qualité des images étant supérieure, les animateurs gagnent beaucoup moins par rapport au travail effectué. En effet, ils sont alors payés à la pièce, par image ou par dessin, rémunérés environ cent mille yens par mois. Pour éviter que le studio ne s’effondre, Miyazaki et Suzuki décident d'intégrer leur personnel vacataire au studio à temps plein et ainsi de pouvoir former d'autres animateurs. Miyazaki pense à un petit plan simple pour le studio : créer un bon environnement de travail puis former et guider les jeunes animateurs[13] (la plupart des animateurs ont entre 18 et 25 ans[16]).

Le studio sort Porco Rosso en 1992, long métrage relatant l’histoire d’un mercenaire italien transformé en cochon, pilote d'hydravion en mer Adriatique dans les années 1920. Ce film se démarque de l’univers de Miyazaki par plusieurs aspects, notamment par son héros adulte et l’histoire, située dans un contexte historique et géographique réel.

Le même jour de la sortie de Porco Rosso sont inaugurés les nouveaux bureaux du Studio Ghibli dans la banlieue ouest de Tōkyō[13].

En 1994 sort Pompoko de Takahata, grand succès dont les héros sont des chiens viverrins, petits animaux endémiques au Japon, les tanukis.

En 1995, On Your Mark, un clip musical au budget considérable est réalisé pour la chanson du même nom du célèbre groupe jpop Chage and Aska. Il est diffusé au Japon avec le film Si tu tends l'oreille de Yoshifumi Kondō. Le scénario est écrit par Miyazaki, d’après un manga d’Aoi Hiiragi, mais c’est le premier film du Studio Ghibli qui n’est réalisé ni par Miyazaki ni par Takahata.

Accord avec Disney et succès international

En 1996, un accord entre Disney et Studio Ghibli charge le géant américain de distribuer tous les longs-métrages Ghibli (hors DVD) dans le monde, y compris le Japon, mais excluant le reste de l’Asie[17].

À cette époque, Miyazaki a énormément de mal à choisir entre deux projets qui lui tiennent à cœur, et dit à Suzuki qu’il voudrait faire les deux en même temps. Les projets en question sont Boro la petite chenille, histoire épique du voyage d’une chenille jusqu’à l’arbre d’à côté, et Princesse Mononoké. Suzuki le convainc de faire Mononoké en premier, en partie parce que « passé un certain âge, c’est dur de faire des films d’action. Miyazaki a alors 54 ans et c'est peut-être sa dernière chance de réaliser un film comme Mononoké »[13]. Miyazaki suit le conseil de son ami, et sort Princesse Mononoké en 1997.

Le film est annoncé à tort comme « le dernier long métrage de Miyazaki » par la presse, après une conférence de presse où Miyazaki a déclaré : « Je crois que c’est le dernier film que je ferai de cette manière. » En effet, Miyazaki aime beaucoup être présent à toutes les étapes de la création d’un film et vérifier tous les dessins des animateurs, un par un, ce qu’il fait pour tous ses films. Cependant, les deux ans de production de Mononoké le fatiguent. Son âge ne lui permet plus d’être aussi impliqué dans ses projets. Il dit que ses yeux s’affaiblissent, que ses mains deviennent plus lentes, et ne croit pas tout pouvoir faire comme auparavant. La presse ignore cette nuance de la fin de la phrase et annonce donc sa retraite[18].

Le film est considéré comme un chef-d’œuvre de l’animation et propulse la renommée de Miyazaki du niveau national au niveau mondial. Il est distribué dans de nombreux pays dont la France (en 2000) par Miramax Films (Disney) qui demande à l’auteur de le couper pour la diffusion internationale. Miyazaki refuse. Un énorme succès au box-office nippon le classe premier, dépassant E.T. l'extra-terrestre et totalisant plus de treize millions d’entrées (il est par la suite dépassé par Titanic). En France, environ 335 000 entrées ont été enregistrées.

Miyazaki quitte formellement Ghibli le pour s’occuper d’une nouvelle structure, Butaya[Quoi ?] La maison du cochon ») près du Studio Ghibli, en vue de sa proche retraite. À partir de ce moment, Miyazaki annonce en effet vouloir prendre sa « retraite » à la fin de la réalisation de chacun de ses films, sans jamais rendre effective cette retraite. Devant le vide laissé par le décès de Yoshifumi Kondō, le , Miyazaki revient au Studio Ghibli en tant que shochō (ce titre signifie approximativement « tête du service »).

Pendant une longue période de vacances, il fait connaissance avec les filles d’un ami ; l’une d’elles l'inspire pour son prochain film, Le Voyage de Chihiro. En 2001, Miyazaki termine sa réalisation et annonce, lors d’une conférence de presse, qu’il s’agit de son dernier long-métrage[18]. Ce film est présenté en en première internationale au festival Nouvelles Images du Japon, au Forum des images à Paris. Hayao Miyazaki, invité de la manifestation, reçoit à cette occasion la Médaille de la Ville de Paris (Grand Vermeil) et les insignes de chevalier des Arts et des Lettres, premières distinctions officielles hors Japon. Le film devient le plus gros succès cinématographique de tous les temps au Japon (surpassant Titanic) avec 23 millions d’entrées[19]. Il bénéficie d’une importante reconnaissance internationale en remportant de nombreux prix (dont l’Ours d'or du meilleur film à Berlin, une première pour un film d’animation, et l’Oscar du meilleur film d'animation en 2002). En France, il totalise plus de 1 400 000 entrées.

La même année voit l’inauguration du musée Ghibli dans le quartier de Mitaka, dans l’ouest de Tōkyō[13].

En 2003 sort Le Royaume des chats, qu’il produit pour Hiroyuki Morita, et fin 2004, Le Château ambulant sort au Japon. Inspiré d’un roman de Diana Wynne Jones intitulé Le Château de Hurle, il relate l’histoire fantastique d’une jeune fille transformée en vieille femme.

Miyazaki est distingué par un Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière cinématographique à la Mostra de Venise de 2005. Pendant la conférence de presse, il déclare : « Je n’ai pas été trop enthousiaste au début parce qu’il avait l’air d’être un prix pour les vieux. Mais on m’a dit qu’on a donné ce prix à des personnes qui sont encore actives, comme Eastwood, donc je l’ai accepté [humblement]. J’ai une envie intarissable [de continuer à faire des films]. Je veux créer des films qui inspirent les enfants. »[18]

Il reçoit les honneurs du magazine Time en 2006 qui le place comme l’une des personnalités asiatiques les plus influentes des soixante dernières années[20].

En 2008 sort Ponyo sur la falaise, qui raconte les aventures d’un petit garçon de cinq ans et d’une princesse poisson rouge qui voudrait devenir humaine. Ce film marque un changement notable de style graphique puisque les dessins sont au pastel et que le CGI n'a pas été employé. Toshio Suzuki confie que « 70 % à 80 % du film se déroule en mer ». Le film est sorti en salles en au Japon et est projeté lors de la Mostra de Venise de 2008 pour le public européen. Il arrive finalement le en France.

Fin 2011, il est annoncé que son prochain film pourrait s'inspirer de l'autobiographie de Jiro Horikoshi, un ingénieur japonais qui conçut de nombreux avions de guerre japonais durant la Seconde Guerre mondiale, et de la catastrophe de Fukushima[21]. Le vent se lève, inspiré de l’histoire romancée de Jiro Horikoshi, et faisant du séisme de 1923 de Kantō - suivi d’incendies ravageant Tokyo - le cadre de la rencontre des héros. Le film est sorti dans les salles au Japon le et le en France.

En 2013, il prend sa retraite comme réalisateur après la 70e Mostra de Venise à laquelle son dernier film, Le vent se lève, est sélectionné[22].

En 2016, le dessinateur annonce qu'il travaille sur un court métrage d'animation dénommé Boro la petite chenille[23],[24].

Depuis 2016, Hayao Miyazaki travaille sur un long métrage, Kimi-tachi wa dō ikiru ka[25],[26] (君たちはどう生きるか, Kimi-tachi wa dō ikiru ka), adapté du roman Et vous, comment vivrez-vous ? (en) de Genzaburō Yoshino (ja), publié en 1937. Le film raconte l'histoire d'un jeune garçon de quinze ans qui vit chez son oncle[27].

En , environ 36 minutes auraient été réalisées, au rythme d'une minute par mois (soit 12 minutes de film par an). En se basant sur ce rythme de production, il est probable que le film ne sorte qu'en 2023 voire 2024[28].

Travail et processus de création

Hayao Miyazaki en juillet 2009.

Miyazaki s’implique énormément en créant ses films, souvent en tant que scénariste et réalisateur à la fois. Il vérifie personnellement tous les dessins de ses premiers films mais, à la suite de problèmes de santé provoqués par la surcharge de travail[29], il délègue maintenant une partie de ce travail à d’autres membres du Studio Ghibli. Dans une entrevue en 1999, il déclare : « À cet âge, je ne peux plus faire le travail que je faisais. Si mes employés peuvent me seconder et si je peux me concentrer sur la réalisation, il y a encore plusieurs films que j’aimerais faire[30]. »

À la différence de ce qui se fait dans les studios d’animation américains, le scénario et les storyboards sont créés en même temps et l’animation commence avant même la fin du travail sur le scénario, ainsi que pendant la création des storyboards[31],[32]. C’est une méthode qu’il désapprouve lui-même pour son manque d’organisation mais qui, dans son cas, fonctionne. Les films sont parfois tirés de ses mangas, comme ce fut le cas pour Nausicaä de la vallée du vent.

Miyazaki utilise l’animation traditionnelle (à la main, avec pinceaux, peinture et encre), quoique des effets produits sur ordinateur (peinture numérique) soient utilisés depuis Princesse Mononoké pour donner « une petite touche d’élégance »[29] (dans Mononoké, ils sont utilisés pour respecter les délais). Dans une autre entrevue, Miyazaki déclare : « C’est très important pour moi de retenir le bon ratio entre le travail à la main et le travail sur ordinateur. J’ai appris cet équilibre maintenant, comment utiliser les deux et encore pouvoir dire que mes films sont en 2D. »[33]

Son dévouement au travail aurait souvent eu un impact négatif sur sa relation avec son fils aîné, Gorō[34].

Influences

Animation

Les mangas de Miyazaki sont très influencés par le travail d’Osamu Tezuka, auquel il est souvent comparé dans son pays natal. Il l’a fortement imité quand il a commencé à dessiner dans le but de devenir un jour mangaka. Plus tard, il critique toutefois Tezuka en tant que créateur d’anime et dit ne pas aimer du tout son travail[5]. On le compare aussi à Walt Disney, l’appelant « le Disney japonais », ce qu’il n’aime pas. Il n’apprécie en effet guère les productions du studio américain, à l’exception des œuvres les plus anciennes, dont les Silly Symphonies[5].

Dans les premières années – très difficiles – de sa carrière en tant qu’animateur, il visionne La Reine des neiges (Снежная королева, Snejnaïa Koroleva), un film d’animation du Russe Lev Atamanov. Il est tellement ému par le film qu’il se résout à se remettre au travail avec « une détermination renouvelée ». Il est possible de voir cette influence dans Horus, le prince du soleil[5]. La Bergère et le ramoneur (1952, réédité en 1979 sous le titre de Le Roi et l’oiseau), film d’animation classique français de Paul Grimault, convainc quant à lui Miyazaki qu’il est possible de faire des films d’animation pour adultes. Ce film aura une influence déterminante sur l'œuvre d'Isao Takahata et de Hayao Miyazaki qui lui rend hommage à diverses reprises, notamment dans Le Château de Cagliostro[5], Le Château dans le ciel, Nausicaä… En 2008, une grande exposition à l'abbaye de Fontevraud, conçue par Xavier Kawa-Topor, Jean-Pierre Pagliano et Ilan Nguyen et intitulée « Grimault, Takahata, Miyazaki : mondes et merveilles du dessin animé », met en évidence cette filiation artistique déterminante.

Takahata a écrit un livre sur le Russe Iouri Norstein qui a réalisé, entre autres, Le Conte des contes, une source d’inspiration pour Miyazaki[5]. Miyazaki est aussi ébloui par le travail du Canadien Frédéric Back (Crac, l'Homme qui plantait des arbres), en particulier son talent pour dessiner les plantes. Crac l'a déprimé parce qu’il jugeait son propre travail inférieur[5].

Littérature

Il dit être très influencé par plusieurs écrivains occidentaux, dont Lewis Carroll, Diana Wynne Jones et Ursula K. Le Guin, à qui il a avoué avoir ses livres sur sa table de chevet[35]. Il a été influencé par d’autres auteurs britanniques, dont Eleanor Farjeon, Rosemary Sutcliff, et Philippa Pearce[36]. Il aime également beaucoup les contes sur l’aviation écrits par Roald Dahl (qui fut pilote à la RAF pendant la Seconde Guerre mondiale) ; la scène de Porco Rosso dans laquelle apparait un nuage de pilotes morts est inspirée de They Shall Not Grow Old (Ils ne vieilliront pas).

Il est inspiré par deux écrivains français, Antoine de Saint-Exupéry et Jean Giraud (Mœbius). Il a dessiné les couvertures des éditions japonaises de Vol de nuit et de Terre des hommes (et rédigé un épilogue pour ce dernier, ainsi que pour un recueil des dessins de l'aviateur). Quant à Mœbius, ils se sont influencés réciproquement et ont été amis. La Monnaie de Paris a tenu une exposition sur leur travail, réalisée par Jean-Jacques Launier et intitulée Miyazaki et Mœbius : Deux artistes dont les dessins prennent vie, de à  ; ils ont été d’ailleurs présents lors de la cérémonie d’ouverture de l’exposition[37]. Mœbius a prénommé sa fille Nausicaä en l’honneur de l’héroïne du film de Miyazaki.

En littérature japonaise, il dit aimer le travail de plusieurs auteurs, dont Ryōtarō Shiba, Yoshie Hotā et Sasuke Nakao[5].

Plusieurs des films de Miyazaki incorporent des éléments de mythologie japonaise comme les yōkai, notamment dans Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké et Le Voyage de Chihiro.

Style

Miyazaki dit se refuser à réaliser ses films en se laissant guider par un schéma préétabli et éprouvé ou un thème identique. Même si nombre de ses films présentent des récurrences au niveau des thèmes abordés, du scénario ou encore des personnages, ces récurrences sont liées aux thématiques et valeurs universelles qui ont une place centrale dans le scénario. L'univers de Miyazaki repose sur la pédagogie, l'éveil de l'enfance et la curiosité, les valeurs universelles et écologiques.

L’enfance

Beaucoup des héros des films de Miyazaki sont des enfants ou des adolescents. Miyazaki explique que lorsqu’il imagine ses scénarios, ses personnages, ce sont spontanément des enfants.

Les films de Miyazaki sont destinés à tous : ses personnages permettent à la fois l’identification du jeune public et un développement psychologique important. Les enfants sont caractérisés par leur naïveté liée à la découverte de leur environnement, leur spontanéité, leur enthousiasme et n’ont souvent pas encore acquis la réserve des adultes (en particulier au Japon). Ce type d'animation permet donc une appropriation rapide pour le jeune public. Toutefois, leur rôle les met souvent dans des situations où les événements leur confèrent une forte responsabilité (d’eux-mêmes comme des autres) et les poussent à agir en adulte.

Personnages féminins

Miyazaki est, selon Suzuki, un féministe convaincu : « Miyazaki est un féministe. En tant que féministe, il est convaincu que les sociétés valorisant les femmes réussissent mieux. »

Les femmes occupent donc une place importante dans son œuvre. On les retrouve dans tous ses films, jouant souvent un rôle majeur lorsqu’elles ne tiennent pas le rôle principal. Elles sont à la fois fortes et vulnérables, craintives et téméraires. Tous les âges sont représentés dans sa filmographie, allant des petites filles de Mon voisin Totoro à l’aïeule de Nausicaä. Ce sont des femmes, dirigées par Dame Eboshi, qui travaillent à la forge dans Princesse Mononoké, et des femmes qui réparent l’hydravion de Marco dans Porco Rosso[13].

Les liens filiaux présentés par Miyazaki sont presque exclusivement de type mère-fille. Il met souvent en scène la rupture de ce lien, un pas vers l’âge adulte et la transmission d’un patrimoine de la mère à sa fille, comme dans Kiki la petite sorcière.

Hayao Miyazaki affirme : « Beaucoup de mes films comportent des personnages féminins. Des filles courageuses, indépendantes, qui n’hésitent pas à se battre pour ce en quoi elles croient de tout leur cœur. Elles auront besoin d’un ami ou d’un allié, mais jamais d’un sauveur. Toute femme étant tout aussi capable d’être un héros que n’importe quel homme[38]. »

Guerre et machinerie

Miyazaki s’inscrit dans la lignée des artistes traumatisés, obsédés par la bombe atomique. En effet, l’idée d’armes dévastatrices est un thème très représenté, aussi bien dans les mangas, que dans les œuvres d’art ou les films d’animation. Bien que Miyazaki ait été très jeune lors de cette guerre (il avait quatre ans lors des bombes nucléaires de Hiroshima et de Nagasaki), il l’a vécue et ressentie au travers de sa mère et son entourage durant toute son enfance et sa vie d’aujourd’hui. Le Château dans le ciel, inspiré d’un épisode des Voyages de Gulliver, a pour sujet une pierre flottante aux pouvoirs apocalyptiques que l’armée convoite. Dans Nausicaä de la vallée du vent, on retrouve des guerriers géants, plus grands et plus dévastateurs que tout, puisqu’en « sept jours de feu », ils ont réduit le monde à néant.

Les engins volants, machines souvent représentées, rappellent le passé de Miyazaki, qui a longtemps dessiné des avions avant de s’essayer aux personnages. Son intérêt pour les machines volantes et tout ce qui vole en général se retrouve dans la plupart de ses films. Dans Porco Rosso, c'est l'histoire des aviateurs des années 1920-1930 qui constitue le fil conducteur de la narration, et notamment celle des as du ciel, tels que le personnage principal. Le film montre à ce titre différents avions au design largement inspiré des avions ayant existé. Dans Nausicaä de la vallée du vent, l’héroïne pilote son moeve. Dans Le Château dans le ciel, les engins volants sont très présents avec notamment les survoleurs, le dirigeable et la forteresse volante Le Goliath. Dans Le Château ambulant, Hauru et Sophie volent au-dessus de leur village tandis que dans Le Voyage de Chihiro, l’héroïne est portée sur le dos d’un dragon. Dans Totoro, le personnage éponyme porte les fillettes au-dessus des arbres, et finalement dans Kiki la petite sorcière, Kiki vole sur un balai ; enfin, le dernier film du réalisateur, Le vent se lève, a pour thème central l’aéronautique. À titre de remarque, deux films notables de l'auteur font exception à la règle : Princesse Mononoke qui se déroule presque exclusivement dans un environnement terrestre et Ponyo sur la falaise qui met à l'honneur le milieu marin.

Écologisme

Miyazaki fait souvent référence à l’écologie, thème exploré dans plusieurs de ses films. Dans une entrevue avec The New Yorker il dit qu’une grande partie de la culture moderne est « légère, superficielle et fausse », et qu’il attend, « pas complètement en plaisantant », une ère apocalyptique où les « herbes vertes sauvages » reprendront la Terre[39],[40]. Toutefois, il suggère que les adultes « ne devraient pas imposer leur vision du monde aux enfants »[31]. En , à la suite de l’accident nucléaire de Fukushima, il se prononce officiellement contre le recours à l'énergie nucléaire[41].

Lui-même proche de la nature, Hayao Miyazaki s’inspire notamment d’une forêt appelée Fuchi no Mori située entre la ville de Tokorozawa et Higashimurayama afin de réaliser Mon Voisin Totoro. Il fera même un don de 300 millions de yens en 1997 afin de protéger cette “forêt Totoro” de la destruction d’un projet immobilier. Représentant de l’association Fuchi no Mori no Kai, il organise chaque année des activités de désherbage des mauvaises herbes ainsi que le nettoyage de la rivière qui traverse cette forêt[42].

Autre

Miyazaki dénonce également l’inutilité de la violence et la bêtise humaine. Ses personnages montrent qu'il n'y a pas de bons ou de mauvais côtés mais des choix. Il dépasse ainsi les clichés du « héros face au méchant », ses personnages principaux faisant des choix et des actions dont la finalité n'est pas le plus important. Dame Eboshi dans Princesse Mononoké est le reflet exact de l’humain avide de pouvoir, souhaitant asseoir son autorité sur la nature. Mais bien que cruelle, elle se montre juste envers les siens, abritant des lépreux et des prostituées (mis au ban de la société dans un certain nombre de cultures).

Certains des premiers films de Miyazaki avaient des « méchants » effectivement méchants, comme dans Le Château de Cagliostro et Le Château dans le ciel. D’autres sont remarquables par l’absence totale d'antagonistes, comme dans Mon voisin Totoro et Kiki la petite sorcière.

Conformément à la culture japonaise, le respect des personnes âgées se voit très bien dans la plupart des films de Miyazaki : la doyenne du village dans Nausicaä est consultée pour sa sagesse ; dans Le Château ambulant, le grand âge de la Sorcière des Landes la rend respectable (Sophie veille sur elle comme une parente après sa transformation), bien qu'elle soit une antagoniste ; dans Ponyo sur la falaise, Sôsuke s'avère très poli envers les personnes âgées dont sa mère s'occupe. Aussi, même les personnages « méchants » sont respectés : dans Princesse Mononoké, on s'excuse auprès de la dépouille du sanglier possédé par le démon de l'avoir tué. Car les « méchants » possèdent néanmoins un fond de bonté, qui les rend parfois ambigus : ils s'avèrent victimes d'un sort ou d'une incompréhension qui les empêchent d'être bons. Les héros de Miyazaki vont parfois jusqu'à sauver leurs ennemis de leurs propres méchancetés.

Dans tous les films de Miyazaki, quel que soit le sujet, on trouve un endroit de paix éternelle loin de la civilisation, calme, où seul le bruit du vent, des oiseaux et de l’eau vient troubler le silence : un décor pur et verdoyant, sans trace de l’homme. Plaine à l’herbe haute, cœur d’un arbre ou d’une forêt, îlot flottant en plein ciel ; subtiles, ces images établissent souvent le contexte le plus fort de ses mondes animés.

On peut percevoir son intérêt pour le marxisme dans certains de ses premiers films, notamment Porco Rosso et Le Château dans le ciel, où les travailleurs sont décrits en termes idéalisés. Miyazaki semble avoir pris du recul avec son ancienne conception du marxisme lors de la création du manga de Nausicaä : « J’ai arrêté de voir les choses en “classes” parce que c’est un mensonge de dire qu’on a raison seulement parce qu’on est travailleur manuel[43],[44]. » sans cependant avoir renié le penseur : « J’aspire toujours au fond de moi à une société plus juste, et je reste influencé par l’idéal communiste formulé par Marx […][45]. »

Filmographie

Longs métrages

Courts métrages

Séries télévisées

  • 1971-1972 : Lupin III (ルパン三世, Lupin sansei), coréalisateur avec Isao Takahata des épisodes de la seconde moitié de la saison.
  • 1978 : Conan, le fils du futur (未来少年コナン, Mirai shōnen Conan)
  • 1980 : Lupin III (2 épisodes : no 145, Albatros les ailes de la mort et no 155, Adieu Lupin bien-aimé)
  • 1984 : Sherlock Holmes (6 épisodes : La Petite Cliente, L'Enlèvement de Mme Hudson, Le Rubis bleu, Le Trésor de la mer, L'Aéropostale, La Disparition des pièces d'or)

Scénariste

Producteur

Animateur

Livres

Distinctions

Mangas

Films

Prix personnels

Annexes

Bibliographie

  • (en) Dani Cavallaro, The Anime Art of Hayao Miyazaki, McFarland & Company, , 204 p. (ISBN 0-7864-2369-2)
  • (en) Helen McCarthy, Hayao Miyazaki : Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry, Berkeley (Calif.), Stone Bridge Press, , 239 p. (ISBN 1-880656-41-8)
  • Vincent-Paul Toccoli et Gersende Bollut, Miyazaki L'enchanteur : essai, Nantes, Amalthée, , 318 p. (ISBN 978-2-35027-961-9)
  • Raphaël Colson et Gaël Régner, Hayao Miyazaki : Cartographie d’un univers, Lyon, Les Moutons électriques, coll. « La bibliothèque des miroirs-BD », (réimpr. 2013), 364 p., 21 × 26 cm, couverture couleur, broché (ISBN 978-2-915793-84-0, notice BnF no FRBNF42275487, présentation en ligne)
  • Raphaël Colson et Gaël Régner (ill. Marie-Pierre Jeffard, David Alvarez, photogr. Stéphanie Lebouchard), Hayao Miyazaki : Cartographie d’un univers, Montélimar, Les Moutons électriques, coll. « La bibliothèque des miroirs-BD », (1re éd. 2010), 360 p., 21 × 26 cm, couverture couleur, broché (ISBN 978-2-36183-135-6, ISSN 1968-5955, présentation en ligne)
  • Stéphane Le Roux, Hayao Miyazaki : cinéaste en animation, poésie de l'insolite, Paris/Rennes, L'Harmattan, , 195 p. (ISBN 978-2-296-55074-2, lire en ligne)
  • Hervé Joubert-Laurencin, Quatre films de Hayao Miyazaki, Yellow Now, 2012
  • Xavier Kawa-Topor et Ilan Nguyen, « Hayao Miyazaki ou l'enfance de l'art », in Catalogue du festival international de Zagreb, 2004
  • Xavier Kawa-Topor et Ilan Nguyen, « Hayao Miyazaki ou le réenchantement du monde », dossier de presse de Le Vent se lève, Walt Disney Company France, 2014
  • Xavier Kawa-Topor et Ilan Nguyen, « Le Magicien du vent », Télérama hors-série : La grande vague du cinéma d'animation,
  • La Septième Obsession, numéro spécial, mai- (no 28), Hayao Miyazaki : incontournable, intemporel, universel[73]

Documentaires

  • 2013 : The Kingdom of Dreams and Madness, documentaire par Mami Sunada[74].
  • 2019 : 10 Years with Hayao Miyazaki, documentaire (quatre parties de 50 minutes) par Kaku Arakawa[75].
  • 2019 : Never Ending Man : Hayao Miyazaki, documentaire de Kaku Arakawa[76],[77].

Radiographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

(en)/(pt)/(it) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Hayao Miyazaki » (voir la liste des auteurs), en portugais « Hayao Miyazaki » (voir la liste des auteurs) et en italien « Hayao Miyazaki » (voir la liste des auteurs).
  1. « Hayao Miyazaki : Retour sur la carrière du Walt Disney japonais », sur programme-tv.net,  : « En rattachant Hayao Miyazaki au papa de Mickey, certains crieront au scandale. Lui-même n'apprécie guère la comparaison qui lui est souvent faite et n'est d'ailleurs guère friand des produits de son homologue américain. Et pourtant… S'il est vrai qu'entre les Walt Disney et les œuvres du réalisateur japonais, le fossé est profond, c'est surtout la réussite de ces deux maîtres de l'animation que l'on associe, chacun franchissant leurs frontières pour une reconnaissance planétaire. »
  2. Jérôme Lachasse, « Hayao Miyazaki: les secrets du maître de l'animation », sur bfmtv.com,  : « Comme Walt Disney avec Mickey Mouse et Osamu Tezuka avec Astro Boy avant lui, il a créé des figures mythiques, comme Totoro. »
  3. Clément Arbrun, « Les derniers secrets d'Hayao Miyazaki, le roi de l’animation japonaise », sur lesinrocks.com,  : « Aussi emblématique que Walt Disney, créateur d’œuvres familiales sensibles, le cinéaste est surtout une bête de travail aux deux visages. »
  4. (en) « Hayao Miyazaki », sur nausicaa.net (consulté le )
  5. (en) « Details about Miyazaki », sur nausicaa.net (consulté le )
  6. (en) « Hayao Miyazaki Biography, Revision 2 », sur nausicaa.net, (consulté le )
  7. (en) Helen McCarthy, Hayao Miyazaki : Master of Japanese Animation, Berkeley (Calif.), Stone Bridge Press, , 239 p. (ISBN 1-880656-41-8)
  8. « Biographie de Hayao Miyazaki », sur kanpai.fr, (consulté le )
  9. (en) « Horikoshi’s Wife: Affective Binding and Grief in The Wind Rises [3QD] », sur new-savanna.blogspot.fr, (consulté le ) : « She’s an artist and she’s dying of tuberculosis. While the real Horikoshi was married, his wife wasn’t tubercular and didn’t die before Japan began its war against America. Miyazaki based that aspect of his story on a short story, “The Wind Has Risen”, by Tatsuo Hori. »
  10. Ceiba, Xavier et Fabrice, « Buta Connection - Le vent se lève », sur www.buta-connection.net (consulté le ) : « Nahoko est inspirée du personnage principal du Vent se lève, livre de Tatsuo Hori sur sa femme tuberculeuse vivant dans un sanatorium et son prénom est tiré du livre Nahoko du même auteur. »
  11. (en) Les films de Miyazaki antérieurs à la création du studio Ghibli
  12. (en) FAQ: Kiki's Delivery Service
  13. (ja) La naissance du Studio Ghibli, documentaire diffusé le 5 juillet 1998 sur Nihon TV. Bonus du coffret DVD de Nausicaä de la vallée du vent.
  14. Hayao Miyazaki, Nausicaä de la vallée du vent, Paris, Glénat [détail des éditions] (ISBN 978-2-7234-5388-2)
  15. « NAEA News, Volume 59, Number 1, February-March 2017 », NAEA News, vol. 59, no 1, , p. 1–40 (ISSN 0160-6395 et 0160-6395, DOI 10.1080/01606395.2017.1271667, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) An Interview with Hayao Miyazaki, magazine Protoculture Addicts, no 12, 1992
  17. (en) The Disney-Tokuma Deal
  18. (en) The future -- Is Miyazaki retiring? Nausicaa.net
  19. La production du Voyage de Chihiro, Buta-connection.net
  20. (en) « Hayao Miyazaki: In an era of high-tech wizardry, the animé auteur makes magic the old way », sur Time Asia archive en pdf, (consulté le )
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  26. Eriko Chiba, « Japon. Rencontre avec Hayao Miyazaki, le magicien de l'animation », sur www.courrierinternational.com, Courrier international, (consulté le )
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  29. (en) Jeannette Ng, Japanese anime wrestles with use of computer graphics, Japan Today
  30. (ja + en) The Making of Spirited Away, émission spéciale de Nihon TV mis en bonus du DVD anglophone du Voyage de Chihiro.
  31. (en) Midnight Eye interview: Hayao Miyazaki, Midnight Eye
  32. (en) Drawn to oddness, The Age, 7 juin 2003
  33. (en) Nigel Andrews, Japan's visionary of innocence and apocalypse, Financial Times, 1999
  34. (en) Gorō Miyazaki, Translation of Goro Miyazaki's Blog, post 39, Nausicaa.net
  35. (ja) 世界一早い「ゲド戦記」インタビュー 鈴木敏夫プロデューサーに聞く, Yomiuri Shinbun, 26 décembre 2005
  36. Entrevue à la radio BBC Choice, 10 juin 2002
  37. Site officiel de l’exposition Miyazaki-Mœbius
  38. (en) « The best female heroes from the world of Studio Ghibli » (version du 12 juin 2015 sur l'Internet Archive), sur theguardian.com, .
  39. (en) Margaret Talbot, The Animated Life (via le Internet Archive), The New Yorker, 10 janvier 2005. “He's said, not entirely jokingly, that he looks forward to the time when Tokyo is submerged by the ocean and the NTV tower becomes an island, when the human population plummets and there are no more high-rises.”
  40. (en) bookofjoe, Hayao Miyazaki - « The Auteur of Anime », Blogcritics, 18 janvier 2005. “I'd like to see when the human population plummets and there are no more high-rises, because nobody's buying them. I'm excited about that. Money and desire--all that is going to collapse, and wild green grasses are going to take over.”
  41. (ja) Neppū (熱風, litt. « vent chaud »), magazine du Studio Ghibli, 11 juin 2011
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  72. (en) « World Fantasy 2019 Award Winners », sur WFC2019
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  74. Mami Sunada, Yumiko Miyoshi, Toshio Suzuki et Shinsuke Nonaka, Yume to kyôki no ôkoku, Bun-Buku, Dwango, Ennet, (lire en ligne)
  75. « 10 Years with Hayao Miyazaki », sur www.mcjp.fr, MCJP (consulté le )
  76. Mathieu Macheret, « « Never-Ending Man : Hayao Miyazaki » : deux années dans la vie du maître de l’animation », Le Monde, (lire en ligne)
  77. « "Never-ending Man" : un documentaire inédit sur Hayao Miyazaki en salles le 2 janvier 2019 », sur www.lesinrocks.com, Les Inrockuptibles (consulté le )
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