Jules Simon

Jules-François-Simon Suisse dit Jules Simon est un philosophe et homme d'État français, né le à Lorient (Morbihan) et mort le dans le 8e arrondissement de Paris.

Pour les articles homonymes, voir Simon.

Jules Simon

Jules Simon.
Fonctions
Président du Conseil des ministres français
et ministre de l'Intérieur

(5 mois et 5 jours)
Président Patrice de Mac-Mahon
Gouvernement Simon
Législature Ie législature
Prédécesseur Jules Dufaure
Successeur Albert de Broglie
Sénateur inamovible

(20 ans, 5 mois et 26 jours)
Biographie
Nom de naissance François-Jules Suisse
Date de naissance
Lieu de naissance Lorient, Morbihan (France)
Date de décès
Lieu de décès Paris, France
Nationalité française
Parti politique Républicain
Diplômé de École normale
Profession Professeur

Présidents du Conseil des ministres français

Biographie

Jeunesse et formation

Jules-François-Simon Suisse[1] est le fils d'Alexandre-Simon Suisse, marchand de drap originaire de Loudrefing en Lorraine (1768-1843), d'abord établi à Lorient, puis à Saint-Jean-Brévelay (1818) et enfin à Uzel. Protestant, il a abjuré sa religion pour épouser en secondes noces une Bretonne catholique, Marguerite Vincente Fontaine (1775-1845), qui est la mère de Jules Simon.

Après de bonnes études aux collèges de Lorient et de Vannes (aujourd'hui collège Jules-Simon), il devient répétiteur au lycée de Rennes. Il commence, de bonne heure, à collaborer à la Revue de Bretagne. Il entre à l'École normale en 1833 et devient professeur de philosophie à Caen (1836) puis à Versailles (1837). Agrégé puis docteur en philosophie, il supplée Victor Cousin dans sa chaire à la Sorbonne, où il donne un cours très suivi sur les philosophes grecs, notamment Platon et Aristote.

Débuts républicains

Jules Simon collabore à la Revue des Deux Mondes et fonde, avec son ami Amédée Jacques, la Liberté de penser (1847). Ayant songé à la politique et, malgré une campagne électorale des plus actives, il échoue aux élections législatives à Lannion en 1847 contre la coalition des partis d'extrême droite et d'extrême gauche. Il prend sa revanche, et une revanche éclatante, le . Le département des Côtes-du-Nord l'envoie à la Constituante où il siège parmi les modérés.

Député républicain à l'assemblée constituante de 1848, il publie des études sur la question universitaire et la liberté de l’enseignement.

Opposant au Second Empire

Jules Simon photographié par Nadar, vers 1855-1859.

Le , quelques jours seulement après le coup d'État du 2 décembre instaurant le Second Empire, Jules Simon se rend à son cours de la Sorbonne et prononce l'allocution suivante, devenue célèbre :

« Messieurs, je vous fais ici un cours de morale. Je vous dois aujourd'hui non une leçon, mais un exemple. La France est convoquée demain dans ses comices pour blâmer ou approuver les événements qui viennent de se passer. N'y eût-il qu'un vote de blâme, je viens vous dire publiquement que ce sera le mien. »

Il est révoqué le lendemain et privé, par suite, de sa conférence de l'École normale supérieure. Il se retire d'abord à Nantes où il emploie ses loisirs à des recherches historiques. Pour marquer son opposition à l'Empire, il publie Le Devoir (1854) dont le retentissement est énorme. Bientôt suivent La Religion naturelle (1856), La Liberté de conscience (1857), La Liberté (1859), et une série de conférences sur des questions de philosophie, de droit puis enfin d’économie politique. Son ouvrage La Liberté politique sera lu et traduit par les démocrates japonais des années 1880, notamment Chōmin Nakae[2].

Il est d’ailleurs le premier libéral à s’intéresser à la question ouvrière, dont il dénonce les abus dans une série de livres très populaires en leur temps.

Élu, le , député du département de la Seine, Jules Simon rejoint au Parlement le groupe de l’opposition libérale, alors dirigée par Jules Favre. Ses convictions libre-échangistes le font choisir par les habitants de Bordeaux pour les représenter à la députation : le , Jules Simon est élu député de la Gironde.

Membre du gouvernement de la Défense nationale

Pendant la guerre de 1870, il devient ministre de l'instruction publique, des cultes et des beaux-arts du gouvernement provisoire au lendemain du . « Il n'y a pas d'école neutre », disait-il, « parce qu'il n'y a pas d'instituteur qui n'ait une opinion religieuse ou philosophique ».

Responsabilités parlementaires et ministérielles sous la IIIe République

Jules Simon photographié par Charles Gallot.

Jules Simon, sachant être autoritaire sous des formes douces et aimables, remet de l'ordre dans l'Université et oblige à démissionner Francisque Bouillier et Octave Feuillet. Il dépose le projet d'enseignement primaire obligatoire et brusquement se retire le à la suite d'un discours officiel où il attribue à Thiers tout seul l'œuvre de la libération du territoire, discours qui soulève à l'Assemblée nationale d'assez vives polémiques.

Il est élu sénateur inamovible le et, le même jour, membre de l’Académie française.

Le , il prend la présidence du conseil et le portefeuille de l’Intérieur. Dans le discours annonçant son programme ministériel, qu’il prononce pour obtenir l’investiture de l'Assemblée, une phrase est devenue historique, celle où il se déclare « profondément républicain et résolument conservateur ». Âgé de 21 ans, Paul Deschanel, futur président de la République, est son secrétaire particulier[3].

Dans la période d’instabilité que le pays traverse alors, Jules Simon représente une politique de conciliation entre la droite et l’extrême gauche, très agitées par la question religieuse. Il crée par une circulaire de 1877 le livret de famille. Simon ne peut maintenir longtemps la balance égale entre les partis et son ministère prend fin à la suite de la crise du 16 mai 1877.

Jules Simon, au Sénat, continue à s'occuper surtout des questions d’enseignement et combat les décrets sur les congrégations. Lors de sa dernière mission officielle, d’un grand éclat d’ailleurs, il représente la France à la conférence internationale de Berlin sur le Travail du . Il a à cette époque comme secrétaire Paul Redonnel[4].

De 1889 à 1896, Jules Simon devient le premier président de l’Association Valentin Haüy, créée en 1889 par Maurice de La Sizeranne pour venir en aide aux aveugles. Il est le premier président de l'Union française pour le sauvetage de l'enfance créée en 1887 (UFSE) et le président d'honneur de la Ligue nationale contre l'athéisme.

Jules Simon s'est marié à Louise, Marie, Émilie Boissonnet[5]. Il est le père de l’écrivain et journaliste Gustave Simon et du dramaturge Charles Simon.

Les papiers personnels de Jules Simon sont conservés aux Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine, sous la cote 87AP : Inventaire du fonds.

Distinctions et hommages

Décorations

Œuvres

Première de couverture de Le Devoir.
  • Étude sur la théodicée de Platon et d'Aristote (1840)
  • Histoire critique de l'école d'Alexandrie (1844-1845)
  • La Mort de Socrate (1853)
  • Le Devoir (1854)
  • La Religion naturelle (1856)
  • La Liberté de conscience (1857) ; La Liberté de conscience sur Google Livres
  • La Liberté (1859)
  • L'Ouvrière (1861) En ligne sur archive.org
  • L'École (1864)
  • Le Travail (1866)
  • L'Ouvrier de huit ans (1867)
  • La Politique radicale (1868)
  • La Peine de mort (Bordeaux, 1869) édité par les éditions Marpon et Flammarion, 1870 (4 ° édition), 186 pages dédicacé à V H
  • La Famille (Paris, 1869)
  • Le Libre Échange (1870)
  • La Liberté politique (1871)
  • Le Gouvernement de Thiers (1871, 2 vol. in-8)
  • La Réforme de l'enseignement secondaire (1874) En ligne sur le site de la Bibliothèque Numérique de l'Université d'Artois.
  • Souvenirs du (1874)
  • Dieu, Patrie, Liberté (1883)
  • Une académie sous le Directoire (1884)
  • Thiers, Guizot, Rémusat (1885)
  • Nos hommes d'État (1887)
  • Victor Cousin (1887). En ligne sur archive.org
  • Souviens-toi du (1889)
  • La Femme au XXe siècle (1891)
  • Notice historique sur la vie et les travaux de M. Fustel de Coulanges, Paris, Imprimerie Firmin Didot, , 116 p., in-4°. — Précédé du discours de Léon Aucoc prononcé à l’Académie des sciences morales et politiques, lors de la séance publique annuelle du .
  • L'Affaire Nayl
  • Premières années, publié par Gustave et Charles Simon, Paris, Éditions Flammarion, 1901 ; En ligne sur archive.org

Notes et références

  1. Base Léonore.
  2. Eddy Dufourmont, Rousseau au Japon. Nakae Chômin et le républicanisme français (1874-1890), Presses Universitaires de Bordeaux, (ISBN 979-1030002768)
  3. Thierry Billard, Paul Deschanel, Paris, Belfond, , 298 p. (lire en ligne), p. 33-38.
  4. Guy Barral (2009), Études héraultaises, no 12.
  5. Acte de mariage de son fls, Gustave Suisse, dit Gustave Simon sur archivesenligne.paris.fr, page 9, no 75].
  6. Musée des beaux-arts de Bordeaux, Jules Chaplain dans les collections
  7. « Carte détaillée Rennes - plan Rennes - ViaMichelin », sur www.viamichelin.fr (consulté le )

Voir aussi

Jules Simon photographié par Nadar.

Bibliographie

  • Julien Broch, "La place de la religion dans la République: le cas Jules Simon (1814-1896)", in Pensée politique et religion, XXVe colloque de l'Association Française des Historiens des Idées Politiques, Aix, Presses Universitaires d'Aix-Marseille, 2017, p. 409-424.
  • Philippe Jaunet, Jules Simon, le libéral oublié (1814-1896), Nice, Éditions Libréchange, coll. « Intemporel », 2017, 434 pages.
  • Léon Séché, Jules Simon, sa vie et son œuvre; documents nouveaux et inédits, avec un autographe et les portraits de Jules Simon, Paris : A. Dupret, 1887. En ligne sur archive.org
  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, 1893 ; lire en ligne sur Gallica
  • Benoît Yvert (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 pages.

Iconographie

Articles connexes

Liens externes

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