Jules Dufaure

Jules, Armand, Stanislas Dufaure né le 14 frimaire an VII () à Saujon (Charente-Inférieure) et mort le à Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise), est un avocat et homme d'État français d'orientation libérale, plusieurs fois ministre sous la monarchie de Juillet, la Seconde République et la Troisième République.

Jules Dufaure

Jules Dufaure
photographié par Charles Reutlinger.
Fonctions
Président du Conseil

(1 an, 1 mois et 22 jours)
Président Patrice de Mac Mahon
Gouvernement Dufaure V
Législature IIe
Prédécesseur Gaëtan de Rochebouët
Successeur William Henry Waddington

(9 mois et 19 jours)
Président Patrice de Mac Mahon
Gouvernement Dufaure III et IV
Législature Assemblée nationale (1871)
Ire
Prédécesseur Louis Buffet (Vice-président du Conseil)
Successeur Jules Simon
Ministre de la Justice

(1 an, 1 mois et 22 jours)
Président Patrice de Mac Mahon
Président du Conseil lui-même
Gouvernement Dufaure V
Législature IIe
Prédécesseur François Lepelletier
Successeur Philippe Le Royer

(1 an, 9 mois et 2 jours)
Président Patrice de Mac Mahon
Président du Conseil Louis Buffet
lui-même
Gouvernement Buffet
Dufaure III et IV
Législature Assemblée nationale (1871)
Ire
Prédécesseur Adrien Tailhand
Successeur Louis Martel

(2 ans, 3 mois et 5 jours)
Président Adolphe Thiers
Président du Conseil lui-même
Gouvernement Dufaure I et II
Législature Assemblée nationale (1871)
Prédécesseur Adolphe Crémieux
Successeur Jean Ernoul
Sénateur inamovible

(4 ans, 6 mois et 14 jours)
Vice-président du Conseil

(2 ans, 3 mois et 5 jours)
Président Adolphe Thiers
(à partir du 31 août 1871)
Chef de l'État Adolphe Thiers
(jusqu’au 31 août 1871)
Gouvernement Dufaure I et II
Législature Assemblée nationale (1871)
Prédécesseur Louis Jules Trochu
(Président du gouvernement de la Défense nationale)
Successeur Albert de Broglie
Député de la Charente-Inférieure

(5 ans, 10 mois et 5 jours)
Élection 8 février 1871
Réélection 20 février 1876
Législature Assemblée nationale (1871), Ie

(17 ans, 9 mois et 8 jours)
Élection 21 juin 1834
Réélection 4 novembre 1837
6 mars 1839
9 juillet 1842
1er août 1846
24 avril 1848
14 mai 1849
Législature IIIe, IVe, Ve, VIe et VIIe
Assemblée nationale constituante (1848)
Assemblée nationale législative (1849)
Ministre de l’Intérieur

(4 mois et 28 jours)
Président Louis-Napoléon Bonaparte
Président du Conseil Odilon Barrot
Gouvernement Barrot II
Législature Assemblée nationale constituante (1848)
Assemblée nationale législative (1849)
Prédécesseur Léon Faucher
Successeur Ferdinand Barrot

(2 mois et 7 jours)
Chef de l'État Eugène Cavaignac
Président du Conseil Eugène Cavaignac
Gouvernement Cavaignac
Législature Assemblée nationale constituante (1848)
Prédécesseur Adrien Recurt
Successeur Léon de Malleville
Vice-président de la Chambre des députés

(5 ans, 9 mois et 15 jours)
Élection 9 juillet 1842
Réélection 1er août 1846
Législature VIe et VIIe
Ministre des Travaux publics

(9 mois et 18 jours)
Monarque Louis-Philippe Ier
Président du Conseil Jean-de-Dieu Soult
Gouvernement Soult II
Législature Ve
Prédécesseur Adrien de Gasparin
Successeur Hippolyte François Jaubert
Biographie
Nom de naissance Jules Armand Stanislas Dufaure
Date de naissance
Lieu de naissance Saujon, Charente-Inférieure (France)
Date de décès
Lieu de décès Rueil-Malmaison, Seine-et-Oise (France)
Nationalité française
Parti politique Tiers Parti
Républicains modérés
Père Pierre Stanislas Dufaure (1770-1858)
Mère Catherine de Chal (1776-1836)
Fratrie Catherine Octavie Églantine Dufaure (1797-1798)
Édouard Dufaure (1801-1865)
Conjoint Claire Jaubert (1820-1878)
Enfants Marie Catherine Claire de Monicault (née Dufaure) (1843-1903)
Gabriel Dufaure
Amédée Dufaure
Entourage Pierre Amédée Jaubert (beau-père)
Alexis de Monicault (beau-père de sa fille)
Diplômé de Congrégation de l’Oratoire à Vendôme
Études de droit à Paris
Profession Avocat

Président du Conseil des ministres
Ministre de la Justice
Ministre de l’Intérieur
Ministre des Travaux publics
Député de la Charente-Inférieure

Biographie

Famille et jeunesse

Il est le fils de Pierre Stanislas Dufaure (1770-1858), officier de marine et maire de Grézac (Charente-Maritime, alors appelée « Charente-Inférieure »), et de Catherine de Chal (1776-1836).

Il suit ses études secondaires à l'école des Oratoriens de Vendôme (à la même époque que Balzac), puis des études de droit à Paris. Reçu avocat, il s'inscrit au barreau de Saintes, puis à celui de Bordeaux (1820). Premier avocat à plaider sans avoir écrit d'avance sa plaidoirie, il ne tarde pas à acquérir une grande réputation.

Il épouse Claire Jaubert (1820-1878), fille de l'orientaliste Pierre-Amédée Jaubert ; de ce mariage, sont nés deux fils, Gabriel et Amédée, tous deux députés, et une fille, épouse d'Édouard de Monicault, officier de marine et fils d'Alexis de Monicault.

Sous la monarchie de Juillet

Le , il est élu député libéral par le 7e collège électoral de la Charente-Inférieure (Saintes)[1] ; il est réélu dans cet arrondissement jusqu'en 1848 : le , le [2], le 2 mars et le , le [3] et le [4]. À la Chambre des députés, il siège avec le tiers parti, se fait bientôt remarquer comme orateur d'affaires et conquiert une haute situation parlementaire par ses discours à la tribune ou dans les bureaux par ses rapports.

En 1836, sous le ministère Thiers, il est nommé conseiller d'État et cette circonstance détermina le premier renouvellement de son mandat législatif. Il se retire, à la chute du cabinet, avec Thiers, dont il est devenu le collaborateur, et entre avec lui dans une farouche opposition au ministère Molé.

Dufaure portraituré par Jean-Baptiste Isabey en 1844.

À la chute de celui-ci, il brave la consigne de non-participation donnée par Thiers et entre le dans le ministère Soult comme ministre des Travaux publics. Il soutient en cette qualité les grandes discussions qui s'ouvrirent au Parlement sur les modalités de réalisation des chemins de fer. Il quitte le ministère le et ne fait pas partie du second ministère Thiers, qu'il ne combat cependant pas. Néanmoins, il attaque vivement le projet de loi sur les fortifications de Paris. Il se signale également comme rapporteur du projet de loi sur l'expropriation pour cause d'utilité publique.

En 1842, il est nommé vice-président de la Chambre des députés avec l'appui du gouvernement ; il est renommé en 1845, mais cette fois grâce à l'appui de l'opposition. Il est rapporteur de la loi sur les chemins de fer de 1842 et joua un rôle déterminant dans le vote de la loi qui créa un tracé général de six lignes partant de Paris.

Louis Marie de Lahaye Cormenin évoque en ces termes son talent parlementaire : « Lorsqu'il demande la parole à la fin de la séance, c'est que la discussion s'égare et qu'il est temps de conclure. Il la prend, il la ramène dans ses voies ; il trace autour de ses débords les circonvallations puissantes de son raisonnement ; il dévide, il enroule ses preuves comme une ménagère fait tourner son fuseau sous ses doigts agiles ; ainsi il pousse ses fils dans toutes les directions ; il les rassemble, il les entre-croise et il en compose une maille si souple, si serrée et si forte que son adversaire enveloppé est obligé de mettre un genou en terre devant l'Assemblée et de s'avouer vaincu. »[5]

En août 1846, Dufaure se rapproche politiquement d'Alexis de Tocqueville et de quelques autres députés (Francisque de Corcelle, Gustave Rivet, Adolphe Billault). Ils créent ensemble le parti de la « Jeune Gauche ». Malgré son hostilité grandissante à la politique de Louis-Philippe en 1847, il blâme vivement la « campagne des Banquets » et, lorsque le ministère Guizot est mis en accusation par l'opposition dynastique, il lance aux ministres en passant devant leur banc : « Si vous aviez laissé faire le banquet, c'est alors que vous auriez mérité d'être mis en accusation ! »

Sous la Deuxième République et le Second Empire

Dufaure caricaturé par Cham, 1850.

Dufaure accepte la proclamation de la République après la Révolution de 1848 et est élu le représentant de la Charente-Inférieure à l'Assemblée constituante[6].

Du 13 octobre au , il est ministre de l'Intérieur dans le gouvernement du général Cavaignac.

Du 2 juin au , il est ministre de l'Intérieur sous la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte.

Il se retire de la vie politique après le coup d'État du , devenant membre du conseil de l'ordre puis bâtonnier du barreau de Paris. Il revient à la politique quelques années plus tard, en tant que membre de l'Union libérale. Malgré plusieurs échecs aux élections législatives — notamment en 1859, en 1862 et en 1867 — il continue de lutter contre Napoléon III lors de nombreux procès politiques mettant en cause des personnalités de l'opposition libérale ou républicaine tels que le duc d'Aumale, Prévost-Paradol et Émile de Girardin, ou encore lors du célèbre « Procès des Treize » en 1864. Il est également directeur de campagne de Thiers lors de son élection à Paris en 1869 et s'oppose au référendum plébiscitaire de Napoléon III en 1870.

Le , il est élu à l'Académie française en remplacement du duc Étienne-Denis Pasquier.

Sous la Troisième République

Dufaure photographié par Pierre Petit.

En 1871, il est élu député par cinq départements.

Député modéré en 1871, il est nommé ministre de la Justice et vice-président du Conseil de février 1871 à mai 1873, et ministre de la Justice dans le cabinet Buffet en 1875. C'est en tant que garde des Sceaux qu'il a contribué à la création du droit administratif français : lors d'une séance du Tribunal des conflits durant laquelle les voix se partageaient, il a dû voter et a choisi la compétence du Conseil d'État et non de la Cour de cassation. L'arrêt en question est aujourd'hui connu sous le nom d'arrêt Blanco rendu le , il est considéré comme l'arrêt fondateur du droit administratif français[7].

La commission des Trente présidée par Batbie, en , réunie dans une des salles du musée de Versailles, d'après un dessin de G. Janet et un croquis de Pelcoq gravure Amédée Daudenarde.

Dufaure est nommé président du Conseil — il est le premier sous la Troisième République à porter ce titre — de mars à décembre 1876 puis de nouveau en décembre 1877 après la crise du 16 mai avec le triomphe de la coalition républicaine. En janvier, il est confronté à une nouvelle majorité, hostile, qui lui demande d'épurer certaines administrations[8]. Après la mort de Thiers, Dufaure devient le chef de l'aile modérée du bloc des gauches qui oblige Mac Mahon à « se soumettre ». Avec son Gouvernement il assurera encore l'intérim de ce dernier le , jour de l'élection du président Jules Grévy.

Il est nommé sénateur inamovible en août 1876. Les 14 mois pendant lesquels Dufaure gouverne constituent une année de calme relatif, avec la tenue de l'Exposition universelle de 1878 et le congrès de Berlin. Mais endeuillé par la disparition de son épouse et âgé de 80 ans à la fin de l'année 1878, Dufaure préfère se retirer lors de la démission de Mac Mahon en , à la suite de l'ultimatum posé concernant l'épuration de la fonction publique et en particulier du commandement militaire.

Mandats électifs

  • 1834 : député de la Charente-Inférieure, élu à Saintes
  • 1842 : vice-président de la Chambre
  • 1845 : vice-président de la Chambre
  • 1848 : représentant de la Charente-Inférieure à l'Assemblée constituante
  • 1848 : député de la Charente-Inférieure à l'Assemblée nationale
  • 1871 : député de la Charente-Inférieure
  • 1876 : député de la Charente-inférieure, élu à Marennes
  • 1876 : sénateur inamovible

Fonctions ministérielles

Généalogie

Distinctions

Notes et références

  1. 319 voix sur 431 votants et 574 inscrits contre 73 à M. Brown.
  2. 354 voix sur 442 votants et 628 inscrits.
  3. 353 voix sur 464 votants et 668 inscrits contre 40 à M. Oudet, 33 à M. Boscal de Réals et 24 à M. Lemercier.
  4. 422 voix sur 493 votants et 704 inscrits contre 12 à M. Oudet.
  5. Cité par le Dictionnaire des parlementaires français.
  6. 5e sur 12 par 68 197 voix sur 111 907 votants et 136 016 inscrits.
  7. Ce rôle de Dufaure est rappelé par le rapport du Tribunal des conflits pour 2005, p. 44.
  8. Colling 1949, p. 294.

Sources et bibliographie

  • « Jules Dufaure », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition].
  • Alfred Colling, La Prodigieuse Histoire de la Bourse, Paris, Société d'éditions économiques et financières, .
  • Georges Picot, M. Dufaure. Sa vie et ses discours, Paris, Calmann-Lévy, 1883.
  • Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
  • Jean-Louis Berthet, Jules Dufaure : L'Homme de la République (1898-1881), Le Croit Vif, , 393 p. (ISBN 978-2-36199-557-7).

Liens externes

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