Jules Lefebvre

Jules Joseph Lefebvre, né le à Tournan-en-Brie et mort le [1] à Paris, est un peintre français.

Pour les articles homonymes, voir Lefebvre.

Professeur à l'École des beaux-arts de Paris et à l'Académie Julian, il est considéré comme un des représentants de l'art académique en France.

Biographie

Jeunesse et formation

Jules Lefebvre dans son atelier entre 1885 et 1890, photographie anonyme, New York, Frick Collection.

Venant de Seine-et-Marne, la famille de Jules Lefebvre s'établit à Amiens vers 1836. Son père y exerce la profession de boulanger. L'enfant fréquente l'école communale de dessin où son professeur, Joseph Fusillier, remarque son talent. Jules Lefebvre entre à l'École des beaux-arts de Paris en 1852 dans l'atelier de Léon Cogniet. Son père n'ayant pas les moyens de l'entretenir à Paris, fait appel à la ville d'Amiens qui lui alloue une bourse afin qu'il puisse se consacrer tout entier à la peinture.

Il remporte le grand prix de Rome en 1861 avec une peinture intitulée La Mort de Priam[2].

Peintre et professeur

Jules Lefebvre expose 72 portraits dans les Salons parisiens entre 1855 et 1898. En 1891, il est élu membre de l'Académie des beaux-arts.

Enseignant à l'Académie Julian, professeur réputé et sympathique, il a de nombreux élèves, dont le peintre paysagiste d'origine écossaise William Hart, des peintres américains tels que Childe Hassam, Frank Weston Benson, Edmund Charles Tarbell et John Noble Barlow, ainsi que les peintres français Georges Rochegrosse, Henri-Lucien Doucet, Gaston Darbour, Adolphe Déchenaud, Camille Bourget et Marie Antoinette Marcotte, le sculpteur français Paul Landowski, les portraitistes Gustave Brisgand, Marie Bermond et le peintre belge Fernand Khnopff.

Il a son atelier au no 5, rue La Bruyère à Paris[3].

Peintre du nu féminin

Jules Lefebvre est connu principalement pour ses nus féminins, genre dans lequel il rivalise avec William Bouguereau. Il fait sensation en 1868 avec une Femme couchée. Son œuvre la plus célèbre est sans doute La Vérité, une femme nue sortant d'un puits portant un miroir à bout de bras (Paris, musée d'Orsay). On peut citer également, en 1890, Lady Godiva[Note 1]. (Amiens, musée de Picardie). Parmi ses meilleurs portraits figurent ceux de M. L. Reynaud et celui du Prince impérial (1874).

Il peint également les plafonds de l'hôtel Vanderbilt à New York, de la cour de cassation, et du salon des Lettres à l'hôtel de ville de Paris[4].

Un artiste critiqué

Jules Lefebvre meurt des suites d'une longue maladie le [5], dans son hôtel de la rue La Bruyère à Paris. Les articles de presse parus à cette occasion reflètent à la fois le respect dû à un artiste reconnu et une certaine condescendance, voire une franche critique, envers un artiste académique passé de mode. Le Gil Blas fut le plus sévère : « Jules Lefebvre était un grand mauvais peintre. Et ses élèves s'étonnaient qu'un patricien mou, lâche, inconsistant, fût en même temps un homme exigeant, autoritaire et roide dans les formes […]. La carrière de Jules Lefebvre fut d'ailleurs laborieuse. » Ce jugement paraît aujourd'hui bien sévère.

Inhumation au cimetière Montmartre

Jules Lefebvre est inhumé à Paris au cimetière Montmartre, 14e division, chemin Saint-Éloy[6].

Sépulture de Jules Lefebvre, Paris, cimetière Montmartre.

Sa tombe, œuvre de l'architecte Samson, est ornée d'un buste et d'un bas-relief en marbre, La Vérité, de Maurice Lefebvre et du sculpteur Ernest Dubois. Le Gaulois du consacra un article à l'inauguration du monument : « L'histoire de ce monument est des plus émouvantes. Il fut commencé, voici trois ans, par M. Maurice Lefebvre, fils du célèbre peintre, un jeune sculpteur de grand talent que la mort impitoyable a ravi prématurément à l'art. À cette époque, la santé de Jules Lefebvre inspirait les plus vives inquiétudes, et Mme Jules Lefebvre, pressentant la fin prochaine de son mari, avait demandé au jeune statuaire de préparer le monument de son père. L'œuvre était presque terminée lorsque, soudainement, le jeune artiste tomba malade et mourut, précédant de quelques mois son père au tombeau. Deux amis du maître, M. Ernest Dubois, qui fut le professeur de M. Maurice Lefebvre, et l'architecte Samson, se chargèrent, dans une pieuse et touchante pensée, de mettre à point le monument inachevé. C'est ce monument qui a été inauguré en présence seulement de la famille Lefebvre et de quelques intimes. »

Hommages et distinctions

Œuvres

Tableau Titre Date Dimensions Notes Lieu de conservation
Abraham lavant les pieds aux trois anges185432,5 x 40,5 cmParis, École nationale supérieure des beaux-arts
Figure peinte185481 x 65 cmParis, École nationale supérieure des beaux-arts
Portrait de Monsieur Fitzgerald1855143 x 104 cmCambrai, musée municipal
Portrait de Madame Auguste L.185772,5 x 59 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
L'Origine du chapiteau corinthien185838 × 46 cmParis, École nationale supérieure des beaux-arts
Thétis consolant Achille185832,5 x 40,5 cmParis, École nationale supérieure des beaux-arts
La Contemplation185855 x 46 cmParis, École nationale supérieure des beaux-arts
Adam et Eve découvrant le corps d'Abel1858Localisation inconnue
Portrait de Monsieur Auguste L.185972,5 x 59 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
Coriolan se réfugie chez Tullus, roi des Volsques1859Amiens, musée de Picardie
Portrait du père de l'artiste185961 x 50 cmAmiens, musée de Picardie
Portrait de la mère de l'artiste186061,1 x 50,5 cmAmiens, musée de Picardie
Sophocle accusé par ses fils1860114 x 146 cmAmiens, musée de Picardie
La Mort de Priam1861114 × 146 cmParis, École nationale supérieure des beaux-arts
La Rieuse186166 × 51 cmAmiens, musée de Picardie
Théodore Dubois
(portrait du compositeur)
1863dimensions inconnuesExposé à Paris en 1912 (Grand Palais ?)Reims, Musée des beaux-arts[8]
Cavalier samnite
(copie d'après une fresque romaine)
vers 1862-186692 × 92 cmParis, musée d'Orsay
La Charité romaine1863155 × 133 cmMelun, hôtel de Ville
Nymphe et Bacchus1864188 × 133 cmParis, musée d'Orsay
Jeune homme peignant un masque grec186534,9 × 22 cmValenciennes, musée des beaux-arts
Portrait d'Antonio, modèle italien186556 x 46 cmNemours, château-musée
La Cène
(d'après Andrea del Sarto)
1866Paris, École nationale supérieure des beaux-arts
Jeune homme peignant un masque antique1867182,2 × 120,2 cmAuxerre, musée d'art et d'histoire
Femme couchée1868
Le Prince impérial187056 × 46,5 cmCompiègne, musée national du château
La Vérité1870264 x 112 cmParis, musée d'Orsay
La Cigale1872186,7 × 123,8 cmMelbourne, National Gallery of Victoria
Odalisque1874102,4 × 200,7 cmArt Institute of Chicago
Esclave avec un plat de fruits187492,3 × 65,5 cmGand, musée des beaux-arts
Étude pour Chloé187528,2 × 14 cmOmaha, Joslyn Art Museum
Chloé1875260 × 140 cmMelbourne, hôtel Young & Jackson
Rêve1875Localisation inconnue
Marie Madeleine dans la grotte187671 × 113 cmnuméro d'inventaire : ГЭ-4841Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage
Pandore1877132 × 63 cmBuenos Aires, Museo Nacional de Bellas Artes
Graziela1878200 × 112,4 cmNew York, The Metropolitan Museum of Art
Nymphe entrant dans la Source1878Localisation inconnue, autrefois au musée de Boulogne-sur-Mer
Portrait de Louis-Napoléon Bonaparte, prince impérialvers 1879Versailles, musée national du château
Le Matin1879118,7 × 75,6 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
Baigneuse ou Nymphe187925 × 18 cmPau, musée des beaux-arts
Diane187930,5 x 26,7 cmNew York, Dahesh Museum of Art
Diane surprise1879279 x 371,5 cmBuenos Aires, Museo Nacional de Bellas Artes
Portrait du cardinal de Richelieu
(d'après Philippe de Champaigne)
vers 1880226 x 155 cmAmiens, musée de Picardie
Portrait de Louis XIII
(d'après Philippe de Champaigne)
vers 1880226 x 155 cmAmiens, musée de Picardie
Esquisse pour la chambre de Vanderbilt's Housevers 188045,7 × 63,2 cmBaltimore, Museum of Art
L'Innocence1880120 × 77,5 cmRome, Villa Médicis, Académie de France à Rome
La VéritéOvale du plafond de la Grand-chambre de la Cour de cassationParis, palais de Justice
Le CrimeOvale du plafond de la Grand-chambre de la Cour de cassationParis, palais de Justice
La Servante1880128 x 82,5 cmIstanbul, Pera Museum
Une Japonaise1882130,8 × 90,2 cmNorfolk, Chrysler Museum of Art
Ondine1882151 x 92,5 cmBudapest, musée des beaux-arts
La Palette de l'artiste1882Baltimore, Museum of Art
Psyché1883250 × 170 cmLocalisation inconnue
Portrait d'Edith Warren Miller188570,7 x 50,5 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
Portrait de Madame Guy1885113,5 x 82,5 cmAmiens, musée de Picardie
Portrait de Frédéric Petitaprès 188574 x 57,5 cmAmiens, musée de Picardie
Mignon188665,4 × 40,6 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
Un moment pensif188688,9 x 58,4 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
Jeune fille assisevers 188755,2 x 38,4 cmCambridge, Fogg Art Museum
Rachel188857,2 × 28,6 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
Portrait de Maurice, fils de l'artiste1888131 x 90 cmAmiens, musée de Picardie
Le Printempsvers 1890141 x 86,4 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
Lady Godiva1890620 × 390 cmAmiens, musée de Picardie
Portrait de Monsieur Guy1891127 × 96 cmAmiens, musée de Picardie
Les Muses parisiennesvers 1891 - 189638 x 41 cmEsquisse pour le Salon des Lettres de l'Hôtel de Ville de ParisParis, Petit Palais
L'Inspirationvers 1891 - 189618,6 x 8,5 cmEsquisse pour le Salon des Lettres de l'Hôtel de Ville de ParisParis, Petit Palais
La Méditationvers 1891 - 189618,6 x 8,5 cmEsquisse pour le Salon des Lettres de l'Hôtel de Ville de ParisParis, Petit Palais
Les Muses parisiennesCaisson carré du plafond du Salon des Lettres à l'hôtel de Ville de ParisParis, hôtel de ville
L'Inspiration ou La PoésieCaisson rectangulaire du plafond du Salon des Lettres à l'hôtel de Ville de ParisParis, hôtel de ville
La Méditation ou L'HistoireCaisson rectangulaire du plafond du Salon des Lettres à l'hôtel de Ville de ParisParis, hôtel de ville
Judith189292,5 x 61 cmCollection particulière
Portrait de la comtesse Oswald de Kerchove de Denterghem1898157,8 x 93,3 cmGand, musée des beaux-arts
Portrait du comte Oswald de Kerchove de Denterghem1898135,2 x 114,8 cmGand, musée des beaux-arts
Portrait d'Édouard Corroyer1898130,5 x 115,5 cmAmiens, musée de Picardie
Yvonne, portrait1901148 x 117 cmParis, musée d'Orsay
Portrait d'Alexander Agassiz1901148,2 x 100,5 cmCambridge, Harvard Art Museums
La Vestale1902190,5 x 135,9 cmAmiens, musée de Picardie
Giovannina1907
Lady Godiva190741,6 x 37,5 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
L'Abandonnée1908
La Vestale condamnée1909
Clémence Isaure67,4 x 54,6 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
Portrait d'un ottoman61 x 51 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
La Cape rouge56,8 x 46,7 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
Beauté méditerranéenne51,5 x 34 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
Portrait du sculpteur Sanson43 x 35 cmNemours, château-musée
Baigneuse28,5 x 15,5 cmAbbeville, musée Boucher de Perthes
Nymphe chasseresse151 x 78,5 cmAmiens, musée de Picardie
Winter street C1910 49 x 64 cm Fondation Alexandre Vassiliev
Académie d'homme nu83 x 47 cmAmiens, musée de Picardie
Tête de religieuse37,8 x 27,3 cmAmiens, musée de Picardie
Grisélidis (la prière)72 x 60 cmRouen, musée des beaux-arts
Portrait de Nadeja Dumas fils, née Van Knorring, veuve Naryschkine130,5 x 99 cmVillers-Cotterêts, musée Alexandre Dumas
Le Petit Pifferaro40,6 x 32,4 cmDijon, musée Magnin
L'Aurore206 x 108 cmCollection particulière[réf. nécessaire]
Jeune Femme nue tenant des fruits119 x 81 cmPoughkeepsie (New York), The Frances Lehman Loeb Art Center
L'Esprit du matin27 x 49,2 cmBaltimore, Museum of Art
Mignon50,3 x 29,7 cmBaltimore, Museum of Art
Allégorie de la Victoire55 x 44 cmCollection particulière[9]

Élèves

Bibliographie

  • Dictionnaire Bénézit.
  • Fernand Bertaux, Les Artistes picards, études sur MM. Hippolyte Berteaux, Louis Debras, Jules Lefebvre, Francis Tattegrain : peintres ; Emmanuel Fontaine, statuaire. Première série, Paris, E. Lechevalier, 1894, 33 p.
  • Dictionnaire biographique des hommes du Nord : Nord, Ardennes, Aisne, Somme, Pas-de-Calais et Oise. I, Les contemporains, Paris, Henry Carnoy, [1894], 57 p.
  • Arsène Alexandre, « Les morts d'hier : M. Jules Lefebvre », Le Figaro, .
  • « Mort du peintre Jules Lefebvre, Le Petit parisien », .
  • « Mort de Jules Lefebvre », Gil Blas, .
  • « Mort de Jules Lefebvre », L'Aurore, no 5212, .
  • André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre au XIX et XXe siècles, Éd. A. Roussard, Paris, 1999, p. 365 (ISBN 9782951360105).
  • Anna Zsófia Kovács, « L’Ondine de Jules Lefebvre : un nu académique français dans les collections du musée des Beaux-Arts », Bulletin du musée hongrois des Beaux-Arts, no 120-121, 2015-2016, pp. 147-164.

Notes et références

Notes

  1. La ville de Coventry offrit d’acheter le tableau pour une somme importante, mais Jules Lefebvre préféra le vendre à la Ville d’Amiens pour un prix quatre fois inférieur, en reconnaissance de l'aide financière que la ville lui avait accordée pour poursuivre ses études

Références

  1. André Roussard dans son dictionnaire page 365 donne comme année de décès 1911
  2. « La Mort de Priam », notices d'œuvres, sur Cat'zArts, Beaux-arts de Paris, l'école nationale supérieure (consulté le ) et Notice no 50510011474, base Joconde, ministère français de la Culture
  3. André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, 1999, p. 365 (ISBN 9782951360105).
  4. Le Petit parisien, .
  5. « acte de décès no 232 de Jules Lefebvre », sur archives.paris.fr (consulté le ), p. 3.
  6. Où il repose avec son épouse Louise Deslignières, sœur de Geneviève Deslignières (1852-1940), épouse de Paul Taffanel et de Marcel Deslignières (1847-1914) architecte, et sa fille Yvonne Lefebvre (1874-1920), épouse de Georges-Frédéric Rötig (1873-1961), élève de Jules Lefebvre, aquarelliste français, peintre animalier, né au Havre, prix Rosa Bonheur en 1913, et son fils Maurice, sculpteur, (1885-1911).
  7. « Cote LH/1546/82 », base Léonore, ministère français de la Culture
  8. « Répertoire des arts du spectacle - Fonds : "Oeuvres sur le thème du cirque et de l'opéra" », sur rasp.culture.fr (consulté le )
  9. Vente Sotheby's New York, 22 novembre 2016, n°44
  10. Catalogue de la 27e Exposition de 1885 à Amiens, p. 23.

Annexes

Liens externes

  • Portail de la peinture
  • Portail de l’histoire de l’art
  • Portail de Seine-et-Marne
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.