Guerre de Cologne

La Guerre de Cologne est un conflit qui ravagea l'Électorat de Cologne entre 1583 et 1588 dans un contexte de tensions religieuses qui affectaient alors le Saint-Empire romain germanique, en marge de la révolte des Pays-Bas et des guerres de religion en France.

Guerre de Cologne
Destruction de la forteresse de Godesberg en 1583
Informations générales
Date 1583-1589
Lieu Électorat de Cologne
Issue Victoire catholique
Belligérants
Ernest de Bavière, prince-électeur de Cologne (1583-1612)
Maison de Witelsbach
Ville de Cologne
Maison d'Autriche
Maison de Mansfeld
Maison de Berlaymont
Maison Farnèse
Gerhard Truchsess de Waldbourg, prince-électeur de Cologne (1578-1588)
Maison de Neuenahr
Maison de Waldbourg
Maison de Deux-Ponts
Maison de Nassau
Maison de Solms-Braunfel
Commandants
Ferdinand de Bavière
Alexandre Farnèse
Karl von Mansfeld
Frédéric de Saxe-Lauenburg
Claude de Berlaymont
Salentin IX d'Isenburg-Grenzau
Francisco Verdugo
Jean Casimir du Palatinat
Adolf van Nieuwenaar
Karl von Waldburg
Martin Schenk von Nydedeck
Friedrich Cloedt
Forces en présence
Variable : 10 000-28 000 jusqu'en 1586 plus 18 000-28 000 hommes de l'armée des Flandres espagnole après 1586Variable : 10 000-28 000 jusqu'en 1586
Pertes
InconnuesInconnues

Guerres de religion en Europe

La Paix d'Augsbourg de 1555 qui avait mis fin aux conflits religieux en Allemagne entre les États catholiques et luthériens reposait sur l'application du principe cujus regio, ejus religio selon lequel le prince avait le pouvoir d'imposer sa propre religion à ses sujets. Toutefois Charles Quint imposa une clause de réservation ecclésiastique pour les principautés ecclésiastiques selon laquelle un prince-évêque ou un prince-abbé optant pour la Réforme, devait renoncer à son siège et être remplacé par un catholique.

En , Gerhard Truchsess de Waldbourg, le prince-électeur et archevêque de Cologne se convertit au protestantisme. Au lieu de renoncer à sa fonction, il déclara la parité religieuse pour ses sujets, épousa Agnès de Mansfeld-Eisleben en 1583 et chercha à transformer la principauté ecclésiastique en une principauté civile et héréditaire. Il fut excommunié par le pape et le chapitre de chanoines nomma un autre archevêque, Ernest de Bavière.

Initialement les combats entre les troupes des deux archevêques ennemis furent confinées à l'électorat mais plusieurs barons et comtes inféodés à l'électeur détenaient également des territoires dans les provinces voisines des Pays-Bas, de Westphalie, de Liège et des Pays-Bas espagnols. Les nombreux apanages et liens féodaux entraînèrent la participation à cette dispute locale de mercenaires palatins, hollandais, écossais et anglais du côté protestant et de mercenaires bavarois et papaux du côté catholique. Le conflit s'élargit encore en 1586 avec l'implication directe de mercenaires italiens et de troupes espagnoles du côté catholique et le soutien financier et diplomatique d'Henri III de France et d'Élisabeth Ire d'Angleterre du côté protestant.

Le conflit coïncida avec la révolte des Pays-Bas (1568-1648) et encouragea les soulèvements dans les provinces hollandaises et espagnoles. La guerre de Cologne entraîna le renforcement de la maison de Witelsbach dans les territoires du nord-ouest de l'Allemagne et un renouveau catholique au sud de la Rhénanie. Elle fournit également un précédent concernant les interventions extérieures dans les conflits religieux et dynastiques allemands.

Contexte

Divisions religieuses du Saint-Empire

Jusqu'au XVIe siècle, le catholicisme était la seule foi chrétienne officielle dans le Saint-Empire romain germanique. Dans les années 1510, Martin Luther chercha à réformer les doctrines et les pratiques de l'Église catholique mais après son excommunication, ses idées entraînèrent la création d'un mouvement religieux séparé, le luthéranisme. L'empereur Charles Quint commença par ignorer ce qu'il considérait comme une querelle religieuse sans importance mais les idées de réforme des doctrines de l'Église, considérées comme infaillibles et sacro-saintes par l'enseignement catholique, aggravèrent les tensions sociales, politiques et territoriales dans de nombreuses régions du Saint-Empire. Ces tensions furent incarnées par des alliances militaires comme la ligue de Smalkalde protestante regroupant la plupart des princes luthériens et la ligue catholique centrée autour des princes restés catholiques. Au milieu des années 1530, les états germanophones du Saint-Empire s'étaient répartis en factions armées formées suivant les liens familiaux, la géographie, les loyautés religieuses et les aspirations dynastiques. La question religieuse accentua et masqua cependant ces problèmes séculiers[1].

Les princes et le clergé comprenaient bien que les abus de l'Église empêchaient la pratique des croyants mais divergeaient sur la manière de répondre à ce problème[2]. Les protestants considéraient qu'une réforme de la doctrine était nécessaire (en particulier les enseignements de l'Église sur le purgatoire, la justification, les indulgences et la papauté) tandis que ceux qui restaient catholiques privilégiaient une réforme morale du clergé sans toucher aux questions de doctrine. Le pape Paul III rassembla un conseil pour examiner le sujet en 1537 et instaura plusieurs réformes institutionnelles visant à éliminer certains des abus les plus flagrants comme la simonie et le népotisme. Malgré les efforts de Charles Quint et du pape, l'unification des deux courants religieux échoua du fait des divergences sur les concepts d'« Église » et de justification. Les catholiques restaient fidèles à l'enseignement traditionnel selon lequel l'Église catholique était la seule vraie Église alors que les protestants avançaient que l'Église du Christ était invisible et non liée à une seule institution religieuse[3]. Au sujet de la justification, les luthériens considéraient qu'elle avait lieu par la foi seule tandis que les catholiques défendaient la doctrine traditionnelle selon laquelle la justification implique la foi et la charité. La ligue de Smalkalde créa son propre conseil œcuménique en 1537 et présenta plusieurs préceptes de foi. Lorsque les délégués se rassemblèrent à Ratisbonne en 1540-1541, les représentants s'accordèrent sur la doctrine de la foi et de la justification mais pas sur les sacrements, la confession, l'absolution et la définition de l'Église[4]. L'opposition entre catholiques et protestants était de plus en plus forte et il ne restait plus beaucoup de villes où les deux communautés pouvaient vivre dans un semblant d'harmonie. À partir de 1548, les disputes politiques s'ajoutèrent aux questions religieuses éloignant un peu plus la possibilité d'un accord[5].

Après sa victoire sur la ligue de Smalkalde en 1548, Charles Quint déclara l'intérim d'Augsbourg par lequel il cherchait à apaiser les tensions religieuses. Ce compromis s'attira l'hostilité des princes protestants et catholiques et du pape et même Charles Quint était insatisfait de ses dimensions politiques et diplomatiques[6]. La session de 1551-1552 du concile de Trente convoqué par le pape Jules III ne résolut aucune des principales questions religieuses, mais réaffirma l'enseignement catholique et condamna les idées protestantes comme hérétiques[7].

Paix d'Augsbourg

L'intérim étant un échec, Charles Quint convoqua une diète d'Empire à Augsbourg au sein de laquelle les divers états discuteraient de la question religieuse et des solutions à y apporter. Il n'y assista pas personnellement et délégua à son frère Ferdinand l'autorité pour régler les disputes territoriales, religieuses et politiques locales[7]. Au cours de la diète, Ferdinand persuada, par le biais de menaces et de récompenses, les différents représentants de s'accorder sur trois principes importants. Le principe de cujus regio, ejus religio (littéralement « tel prince, telle religion ») instaurait l'unité religieuse au sein de l'état puisque la religion du prince devenait la religion de l'état et de tous ses habitants. Ceux qui refusaient de se conformer à la religion du prince étaient autorisés à partir ce qui représentait une idée novatrice pour l'époque. Le second principe concernait le statut particulier des principautés ecclésiastiques appelé reservatum ecclesiasticum ou réservation ecclésiastique. Si le prélat d'un état ecclésiastique changeait de religion, les habitants du territoire n'étaient pas obligés de se convertir. En revanche, le prélat devait quitter ses fonctions même si cela n'était pas clairement établi dans l'accord. Le troisième principe, connu sous le nom de « déclaration de Ferdinand », exemptait certaines villes des obligations d'uniformité religieuse si la religion réformée y était pratiquée depuis le milieu des années 1520. Elle protégeait également l'autorité des familles princières, des chevaliers et de certaines villes qui pouvaient déterminer ce que signifiait l'uniformité religieuse dans leurs territoires. La paix d'Augsbourg entérinait de fait la division religieuse de l'Allemagne[8].

Problèmes non résolus

Après 1555, la paix d'Augsbourg devint le document juridique légitime concernant la coexistence des fois luthériennes et catholiques dans le Saint-Empire et il servit à désamorcer de nombreuses tensions mais il avait deux défauts fondamentaux. Premièrement, Ferdinand avait présenté rapidement la réservation ecclésiastique et elle n'avait pas fait l'objet des mêmes discussions et études qui avaient permis de rassembler un large soutien pour le principe du cujus regio, ejus religio. Sa formulation ne couvrait en conséquence pas tous les cas de figures possibles et était rejetée par les protestants. De même la Declaratio Ferdinandei ne fut pas débattue en session plénière et Ferdinand utilisa son pouvoir pour l'ajouter à la dernière minute sous la pression des familles princières[9].

Alors que ces défaillances revinrent hanter le Saint-Empire dans les décennies qui suivirent, le plus gros défaut de la paix d'Augsbourg fut son échec à prendre en compte la diversité croissante des mouvements religieux émergeant des soi-disant traditions évangéliques et réformées. D'autres confessions avaient obtenu une légitimité populaire et en 1555, les réformes proposées par Luther n'étaient plus les seules possibilités. Les anabaptistes de Menno Simons, les partisans de Jean Calvin et ceux d'Ulrich Zwingli furent exclus des débats et des protections de la paix d'Augsbourg. Selon le document, leurs croyances religieuses restaient hérétiques[10].

Abdication de Charles Quint

En 1556, Charles Quint décida d'abdiquer et de diviser ses possessions et ses fonctions. L'Empire espagnol comprenant l'Espagne, les Pays-Bas, Naples, Milan et les colonies espagnoles en Amérique revinrent à son fils, Philippe. Son frère Ferdinand était déjà en possession des terres autrichiennes et était également le candidat évident pour succéder à Charles Quint en tant qu'empereur du Saint-Empire[11].

Les choix de Charles Quint étaient appropriés puisque Philippe était culturellement espagnol : il était né à Valladolid et avait été élevé à la cour d'Espagne, sa langue natale était l'espagnol et il préférait vivre en Espagne. De son côté, Ferdinand connaissait et était connu des autres princes du Saint-Empire et même s'il était né en Espagne, il administrait les affaires de son frère dans le Saint-Empire depuis 1531[10]. Certains historiens avancent que Ferdinand avait été influencé par les idées réformées et il fut probablement ce qui se rapprocha le plus d'un empereur protestant. Il resta nominalement catholique tout au long de sa vie même s'il aurait refusé l'extrême-onction sur son lit de mort[12]. D'autres considèrent en revanche que si Ferdinand était un catholique pratiquant, il considérait, à la différence de son frère, que la religion se trouvait en dehors de la sphère politique[13].

L'abdication de Charles eut des conséquences majeures dans les relations diplomatiques impériales avec la France et les Pays-Bas en particulier du fait de l'attribution du royaume d'Espagne à Philippe. Les Français craignaient de plus en plus d'être encerclés par les Habsbourg et cherchèrent des alliés contre l'hégémonie Habsbourg dans les territoires allemands frontaliers ; ils étaient même prêts à s'allier avec des princes protestants. L'accession au pouvoir de Philippe inquiéta également les Hollandais car Charles Quint n'avait pas bloqué la Réforme dans les Pays-Bas et leur avait accordé une large autonomie pour préserver la paix et la prospérité. En catholique fervent et autocrate rigide, Philippe poursuivit une politique religieuse et économique agressive qui entraîna un soulèvement dans les Pays-Bas peu après qu'il fut devenu roi. Le contrôle des provinces hollandaises impliquait le déploiement de troupes espagnoles ou de mercenaires recrutés par l'Espagne et le flux constant de soldats et de ravitaillement le long du soi-disant chemin des Espagnols depuis le nord de l'Italie, à travers les terres bourguignonnes jusqu'en Flandres[14].

Causes de la guerre

Carte de l'électorat de Cologne montrant les principales villes. La ville de Cologne ne faisait pas partie de l'électorat même si elle appartenait au diocèse. Les lignes grises représentent les frontières actuelles et les limites des territoires sont approximatives.

L'électorat de Cologne (allemand : Kurfürstentum Köln or Kurköln) était une principauté ecclésiastique du Saint-Empire qui regroupait les possessions temporelles de l'archevêque de Cologne (allemand : Erzbistum Köln) : l'Obershift au sud de l'électorat, le Niederstift au nord, le fief de Vest Recklinghausen et le duché de Westphalie ainsi que divers petits territoires séparés de l'électorat par les duchés voisins de Clèves, Berg, Juliers et de La Marck. Encerclé par le territoire électoral, Cologne faisait partie de l'archevêché mais n'appartenait pas aux possessions temporelles de l'électeur. L'électorat était gouverné par un archevêque-prince-électeur du Saint-Empire. De par son rôle d'archevêque, il contrôlait l'un des diocèses les plus riches du Saint-Empire et avait le droit de se servir de ses richesses. En tant que prince, il appartenait à la plus haute classe sociale du Saint-Empire avec de larges droits judiciaires et économiques. Son statut d'électeur lui permettait également de désigner le nouvel empereur issu d'un groupe de candidats impériaux[15].

L'électorat tirait son nom de la ville de Cologne et cette dernière avait été la capitale de l'archevêché jusqu'en 1288. Après cette date, l'archevêque et le prince-électeur utilisa les villes plus petites de Bonn, 30 km au sud de Cologne, et de Brühl, 12 km au sud de Cologne, le long du Rhin comme résidence et capitale. En 1580, Bonn était sa capitale et son lieu de résidence. Même si Cologne avait obtenu son statut de ville libre d'Empire en 1478, l'archevêque de Cologne conservait des droits judiciaires dans la ville. Il jouait le rôle de Vogt exerçant le pouvoir de blutgericht (« justice sanglante ») ; il était ainsi le seul à pouvoir condamner à mort ou à des peines physiques versant du sang[16]. Malgré son rôle de juge, il ne pouvait pas entrer dans la ville de Cologne en dehors de circonstances particulières et ses relations avec le conseil municipal étaient souvent tendues[17].

La position de l'archevêque était habituellement tenue par une famille noble et pas nécessairement par un ecclésiastique ; cette pratique répandue permettait aux fils cadets de maisons nobles d'obtenir des positions prestigieuses et riches sans avoir besoin d'être prêtre[17]. L'archevêque et le prince-électeur était choisi par un chapitre de chanoines dont les membres jouaient également un rôle de conseillers. La prêtrise n'était pas obligatoire mais ils pouvaient entrer dans les ordres. En tant que prébendes, ils recevaient également une part des revenus de la cathédrale qui pouvait représenter une somme importante[18]. L'électorat de Cologne comprenait 24 chanoines de divers rangs sociaux ; ils avaient chacun leur place dans le chœur selon leurs rangs qui étaient eux-mêmes liés du statut social de leurs familles[16].

Élection de 1577

Lorsque son neveu Arnold mourut sans descendance, Salentin von Isenburg-Grenzau quitta ses fonctions d'électeur en et en décembre, il épousa Antonia Wilhelmine d'Arenburg, sœur de Charles d'Arenberg[19]. La démission de Salentin entraîna l'élection d'un nouvel archevêque-prince-électeur issu du chapitre de chanoines. Deux candidats émergèrent. Gerhard était le second fils de William Truchsess de Waldbourg et de Joanna de Fürstenberg. Il descendait de la lignée jacobine de la maison de Waldbourg ; son oncle était cardinal et sa famille avait d'importants contacts impériaux[20],[21]. Le second candidat, Ernest de Bavière était le troisième fils d'Albert V de Bavière[17]. Appartenant à la puissante maison de Witelsbach, Ernest pouvait compter sur le soutien des importantes relations de sa famille auprès des maisons catholiques du Saint-Empire ; il avait également des contacts dans les importantes principautés ecclésiastiques de Salzbourg, Trèves, Wurtzbourg et Münster qui pouvaient exercer une influence sur l'élection à Cologne[22].

Ernest était chanoine à Cologne depuis 1570 et il avait le soutien du duc voisin de Juliers et plusieurs alliés dans le chapitre. Même s'il avait été soutenu par la papauté et par l'influence de son père, il avait échoué en 1571 à obtenir la fonction de coadjuteur de l'électorat de Cologne. Il était néanmoins parvenu à devenir évêque de Liège, de Freising et de Hildesheim qui étaient d'importants bastions de la Contre-Réforme. En tant qu'ecclésiastique de carrière, il n'était pas nécessairement qualifié pour devenir archevêque sur la base de son érudition théologique mais grâce à ses relations familiales. Son appartenance à plusieurs chapitres élargissait l'influence de sa famille et son statut de prébende lui donnait accès aux revenus de plusieurs cathédrales[22]. Il avait été éduqué par les jésuites et la papauté considérait la collaboration avec sa famille comme un moyen de limiter la progression des doctrines luthériennes et calvinistes dans les provinces du nord[17].

Gerhard était également un fils cadet qui avait entamé une carrière ecclésiastique avec une éducation humaniste. En plus de l'allemand, il parlait latin, italien et français et avait étudié l'histoire et la théologie[23]. Après avoir étudié, entre autres, dans les universités de Dillingen, d'Ingolstadt, de Pérouse, et de Louvain, il avait commencé sa carrière ecclésiastique en 1560 à Augsbourg. Sa conduite y fit scandale et son oncle, également évêque, demanda au duc de Bavière de lui faire des remontrances qui furent apparemment efficaces[20]. En 1561, il devint diacre de la cathédrale de Cologne, chanoine de la basilique Saint-Gereon de Cologne, chanoine à Strasbourg, à Ellwangen et à Wurtzbourg. En 1571, il devint également diacre de la cathédrale de Strasbourg et le resta jusqu'à sa mort. En 1576, une nomination papale le fit prévôt de la cathédrale d'Augsbourg[20],[24]. Comme son adversaire, ces fonctions lui donnaient une influence et une richesse importante et il se préoccupait peu de son rôle religieux[20].

Si l'élection avait été laissée à la papauté, Ernest aurait été élu mais le pape n'appartenait pas au chapitre de chanoines et Gerhard avait le soutien de plusieurs chanoines catholiques et protestants. En , il fut élu électeur et archevêque de Cologne après un vote serré contre le candidat de la papauté : Ernest ne perdit que de deux voix[25]. Même si cela n'était pas obligatoire, Gerhard accepta d'être ordonné prêtre ; il fut consacré en et jura de défendre les décrets du concile de Trente[26].

Conversion de Gerhard

Agnès de Mansfeld-Eisleben, vers 1570

Agnès de Mansfeld-Eisleben était une chanoinesse protestante du cloître de Gerresheim, un district de la ville actuelle de Düsseldorf. Sa famille était une branche cadette de l'ancienne maison de Mansfeld qui, au milieu du XVIe siècle, avait perdu une grande partie de sa richesse[27] mais pas son influence. La ligne Mansfeld-Eisleben conservait une grande autorité dans son district ; plusieurs des cousins et oncles d'Agnès avaient signé le Livre de Concorde et la famille était influente parmi les Réformés[28]. Agnès avait été élevée à Eisleben où était également né Martin Luther[27]. Les possessions de la famille se trouvaient en Saxe mais la sœur d'Agnès vivait dans la ville de Cologne où elle était mariée au Freiherr (ou baron), Peter von Kriechingen[29]. Même si elle appartenait au cloître de Gerresheim, Agnès était libre de ses mouvements et pouvait sortir quand elle le voulait. Les comptes rendus divergent sur la manière dont elle rencontra Gerhard. Certains avancent qu'il l'aurait vu lors d'une de ses visites auprès de sa sœur à Cologne[30]. D'autres affirment qu'il l'aurait remarquée durant une procession religieuse[31]. Quoi qu'il en soit, elle attira l'attention de Gerhard à la fin de l'année 1579 ou au début de l'année 1580 et ils entamèrent une liaison. Deux de ses frères, Ernest et Christopher Hoyer, se rendirent rapidement à la résidence de l'archevêque et le convainquirent le l'épouser[32]. Selon l'historien Johann Hennes, « La foi catholique de Gerhard, pour laquelle il n'avait absolument aucune conviction profonde, commença à vaciller lorsqu'il dut décider de renoncer à sa mitre d'évêque et rester fidèle à la femme qu'il aimait ou renoncer à son amour et rester dans la hiérarchie de l'église[33] ». Alors qu'il réfléchissait à la question, les rumeurs d'une éventuelle conversion commencèrent à circuler dans l'électorat[31].

La simple possibilité d'une conversion de Gerhard sema la consternation dans l'électorat, dans le Saint-Empire et même en France et en Angleterre. Gerhard écouta ses conseillers dont les plus influents étaient son frère Karl von Waldburg et Adolf von Neuenahr. Ses opposants au chapitre de chanoines reçurent les soutiens extérieurs de la maison de Wittelsbachs en Bavière et du pape. Des diplomates de toute la Rhénanie présentèrent à Gerhard des promesses de soutien s'il se convertissait et restait à la tête de l'électorat, ainsi que des menaces de destruction s'il se convertissait. Les magistrats de Cologne s'opposaient fermement à toute conversion et à l'extension de la parité aux protestants dans l'archidiocèse. Ses amis protestants dirent à Gerhard qu'il pourrait épouser Agnès et conserver l'électorat en le transformant en duché héréditaire. Dans tout l'électorat et à ses frontières, ses partisans et ses opposants rassemblèrent leurs troupes, préparèrent leurs garnisons, stockèrent des provisions et se préparèrent à la guerre[31],[34]. Le , Gerhard annonça sa conversion de, selon ses mots, « les ténèbres de la papauté vers la Lumière » de la parole de Dieu[35],[36].

Implications de sa conversion

La conversion de l'archevêque de Cologne au protestantisme eut des répercussions politiques et religieuses dans tout le Saint-Empire romain germanique. Elle avait en particulier une importance majeure sur le futur du processus électoral impérial établi par la Bulle d'or en 1356. Selon ce document, sept princes-électeurs, quatre électeurs séculiers de Bohème, de Brandebourg, du Palatin et de Saxe et trois électeurs ecclésiastiques de Mayence, de Trèves et de Cologne, élisaient l'empereur du Saint-Empire. La présence d'au moins trois électeurs ecclésiastiques (de fait catholiques) qui gouvernaient certains des territoires ecclésiastiques les plus riches du Saint-Empire garantissait que le futur empereur resterait dans la soi-disant Ancienne Foi. La possibilité que l'un de ces électeurs passe dans le camp protestant et que ce changement soit permanent du fait de la possible transmission héréditaire du titre ferait basculer l'équilibre du collège électoral en faveur des protestants[37].

Gerhard Truchsess de Waldbourg, 1579

La conversion de la principauté ecclésiastique en royaume dynastique gouverné par un prince protestant menaçait le principe de réservation ecclésiastique dont l'objectif était précisément d'empêcher cette situation. Ce principe avait déjà été appliqué auparavant : Hermann von Wied, électeur et archevêque de Cologne, s'était converti au protestantisme mais avait quitté ses fonctions et le prédécesseur de Gerhard, Salentin von Isenburg-Grenzau, s'était effectivement marié en 1577 mais avait démissionné avant son mariage. De plus, la raison de son mariage n'était pas applicable à Gerhard car la maison de Waldburg n'était pas en danger de disparition : Gerhard avait cinq frères et un seul autre avait choisi une carrière ecclésiastique[21],[24]. À la différence de ses prédécesseurs, lorsque Gerhard se convertit, il annonça la Réforme dans la ville de Cologne ulcérant le conseil municipal catholique et la faction catholique du chapitre de chanoines. De plus, Gerhard n'adhérait pas aux enseignements de Martin Luther mais à ceux de Jean Calvin qui n'étaient pas reconnus par la paix d'Augsbourg de 1555. Enfin il refusa de quitter son titre de prince-électeur[37],[38].

La controverse se compliqua encore plus lorsque Gerhard épousa Agnès le durant la fête de la Chandeleur à Rosenthal près de Bonn. Après la cérémonie, le couple se rendit à la résidence de l'électeur à Bonn où le banquet était organisé. Au même moment et à l'insu des convives, Frédéric de Saxe-Lauenburg, un membre du chapitre de chanoines, et ses soldats traversèrent le Rhin et s'emparèrent de la forteresse de Kaiserswerth près de Düsseldorf après un bref combat. Lorsque les citoyens de Cologne apprirent la nouvelle, ils organisèrent une grande fête[39].

Deux jours après le mariage, Gerhard investit son frère Karl avec la fonction de Statthalter (gouverneur) de Bonn[40]. Lui et Agnès se rendirent ensuite à Deux-Ponts puis dans le territoire de Dillingen dont le comte l'aiderait à tenir l'électorat avec des armes et des troupes. Adolf von Neuenahr revint dans l'électorat pour préparer sa défense[41].

Le pape Grégoire XIII excommunia Gerhard en et le chapitre le remplaça[42] par Ernest de Bavière, frère du pieux Guillaume V de Bavière[43]. L'élection d'Ernest assurait l'implication de la puissante maison de Witelsbach dans le conflit à venir[44].

Déroulement de la guerre

Dispute locale

Même si Gerhard avait rassemblé quelques troupes autour de lui, il espérait obtenir le soutien des princes luthériens[17]. Malheureusement pour lui, il s'était converti à une autre branche de la foi réformée et des princes luthériens comme Auguste Ier de Saxe refusèrent de fournir un soutien militaire[45]. Gerhard avait trois principaux soutiens. Son frère, Karl, avait épousé Éléonore, comtesse de Hohenzollern et Gerhard pouvait compter sur le soutien de cette puissante famille. Adolf von Neuenahr, un allié de longue date de Gerhard était un commandant habile dont l'armée sécurisait le nord du territoire[27]. Enfin, Jean Casimir du Palatinat, le frère de l'électeur palatin, avait exprimé son soutien et réalisé une grande démonstration de force dans le sud de l'électorat[46].

Dans les mois qui suivirent la conversion de Gerhard, deux armées opposées saccagèrent la partie sud de l'électorat. Des villages, des abbayes, des couvents et plusieurs villes furent pillés et incendiés par les troupes des deux camps. Linz am Rhein et Ahrweiler évitèrent la destruction en jurant loyauté à Salentin[47]. À l'été 1583, Gerhard et Agnès se réfugièrent, initialement à Vest dans le Vest Recklinghausen, un fief de l'électorat puis dans le château d'Arnsberg dans le duché de Westphalie. Dans les deux territoires, Gerhard fit appliquer autant de mesures réformées qu'il put[46] même si ses soldats se livrèrent aux pillages et à l'iconoclasme[48].

Le château d'Arensberg vers 1588. Gerhard y passa ses premières années d'électeur et finança la fin des reconstructions du château. Lui et Agnès y restèrent jusqu'au début de l'année 1584 avant de fuir à Delft à l'approche de l'armée d'Ernest.

Après quelques affrontements, les combats semblèrent tourner en faveur de Gerhard jusqu'en octobre 1583 lorsque l'électeur palatin mourut et Jean Casimir retira ses troupes pour revenir à la cour de son frère et devenir régent pour le jeune duc âgé de 10 ans. En , depuis son château d'Arensberg en Westphalie, Gerhard écrivit à Francis Walsingham, conseiller et maître-espion d'Élisabeth Ire d'Angleterre : « Nos besoins sont pressants et, vous [Walsingham] et les autres conseillers vertueux de la reine, nous croyons que vous pouvez nous aider ; De plus, depuis que Dieu nous a donné une connaissance de Lui-même, nous avons entendu de nos conseillers que vous aimez et servez Dieu[49] ».

Le même jour, Gerhard écrivit à l'Archevêque de Cantorbéry et à l'Évêque de Londres pour défendre son cas : « Véritablement, l'Antéchrist déplace chaque pierre pour nous opprimer nous et nos églises[50] ». Deux jours plus tard, il rédigea une longue lettre à la Reine : « Nous prions donc humblement votre Majesté de nous prêter 10 000 angelots (en) et de nous les faire parvenir rapidement pour que nous puissions préserver nos églises de l'invasion de l'ennemi ; car si nous perdons Bonn, elles seraient en extrême danger tandis que si Dieu nous permet de la garder, nous espérons que par Sa grâce, l'Antéchrist et ses agents échoueront dans leurs maudites tentatives contre ceux qui prient le véritable Dieu[51] ».

Godesberg, une forteresse à quelques kilomètres de Bonn, la capitale de l'électorat, fut assiégée au milieu du mois de par les troupes d'Ernest de Bavière. Ne parvenant pas à percer les murs avec leur artillerie, les sapeurs creusèrent sous les épaisses murailles et firent sauter les fortifications par-dessous. Les forces de l'archevêque catholique ne purent cependant pas traverser les décombres et rampèrent dans les conduits des garde-robes[52]. Les assaillants massacrèrent tous les défenseurs sauf un capitaine de la garde qui put prouver qu'il était un citoyen de Cologne et le fils d'un important politicien de Cologne ainsi que le commandant de la forteresse et son épouse. Les km de route entre Godesberg et Bonn étaient tellement encombrés de soldats, qu'ils ressemblaient à un camp militaire et Bonn tomba peu après[53]. Au même moment, dans l'un des quelques batailles rangées de la guerre, les partisans de Gerhard battirent les forces catholiques de Frédéric de Saxe-Lauenbourg à Alost[54].

Les catholiques offrirent à Gerhard une forte somme d'argent en échange de la restauration de la principauté ecclésiastique mais il refusa[55]. Lorsque de nouvelles négociations entre les électeurs et l'empereur à Francfort-sur-le-Main, puis à Mühlhausen en Westphalie échouèrent à régler la dispute, le pape obtint le soutien de plusieurs milliers de soldats espagnols au début de l'année 1584[56].

Engagement de troupes étrangères

L'élection d'Ernest de Bavière élargit la dispute locale au niveau du Saint-Empire. Le pape rassembla 55 000 couronnes pour payer les soldats combattant au service d'Ernest et 40 000 autres allèrent directement dans les coffres du nouvel archevêque[57]. Sous le commandement de son frère Guillaume V, les forces d'Ernest progressèrent en Westphalie et menacèrent Gerhard et Agnès dans leur forteresse d'Arensberg. Gerhard et Agnès s'échappèrent dans les provinces soulevées des Pays-Bas avec 1 000 cavaliers et se réfugièrent chez Guillaume Ier à Delft[46]. Sur place, Gerhard demanda des troupes et de l'argent à l'indigent Guillaume Ier[58],[59]. Il fut cependant assassiné en et Gerhard écrivit à la Reine Élisabeth Ire pour lui demander de l'aide. Élisabeth Ire lui répondit à la fin de l'année 1585 en lui demandant de prendre contact avec Robert Dudley, le lieutenant-général anglais chez les Hollandais révoltés[60]. Élisabeth Ire avait ses propres problèmes avec les partisans de sa cousine Marie Ire d'Écosse et les Espagnols[61].

Impasse militaire

À la fin de l'année 1585, Guillaume V avait réalisé d'importantes incursions dans l'électorat de Cologne mais aucun des camps n'était parvenu à prendre clairement l'avantage. D'importantes parties de la population suivaient la doctrine calviniste et pour les soutenir, Strasbourg et la Suisse calvinistes fournirent de nombreux théologiens et juristes ainsi que des livres et des idées[62]. Les barons et les comtes calvinistes comprenaient le danger d'une intervention espagnole qui signifierait l'application sévère de la Contre-Réforme dans leurs territoires. La France, menée par Henri III, s'inquiétait également d'un possible encerclement par les Habsbourg. Une autre portion importante de la population de l'électorat adhéraient au catholicisme et était soutenue par les jésuites financés par la maison de Witelsbach[63]. Les partisans des deux camps commirent chacun des atrocités. Dans la ville de Cologne, la simple rumeur de l'approche de l'armée de Gerhard causa des émeutes et l'assassinat de plusieurs personnes suspectées de sympathie pour la cause protestante[64].

Ernest dépendait de son frère et des barons catholiques du chapitre de chanoines pour tenir le territoire qu'il avait acquis. En 1585, Münster, Paderborn, Osnabrück et Minden furent capturés[65]. Avec leur aide, Ernest pouvait tenir Bonn et le soutien de la ville de Cologne était également certain. Néanmoins, Ernest dut faire appel à Alexandre Farnèse, le commandant des troupes espagnoles dans les Pays-Bas pour chasser définitivement Gerhard[66].

Farnèse était tout à fait disposé à l'aider car l'électorat était une route stratégique pour approcher les provinces rebelles du nord des Pays-Bas. La route reliant les possessions espagnoles sur les côtes méditerranéennes menant jusque dans ses territoires dans l'actuelle Belgique était longue et difficile du fait des populations potentiellement hostile sur le trajet[66]. Un itinéraire alternatif le long du Rhin promettait un meilleur accès aux Pays-Bas espagnols. De plus la présence d'un électorat calviniste presque sur la frontière hollandaise pouvait retarder les plans espagnols pour écraser le soulèvement et ramener les Hollandais dans le giron catholique et espagnol. Philippe II d'Espagne et ses généraux pouvaient être convaincus par de telles considérations de la nécessité de soutenir Ernest. De fait en 1581, les forces espagnoles, financées par le pape, avaient capturé Aix-la-Chapelle, qui était tombée aux mains des protestants. Au milieu des années 1580, les troupes d'Alexandre Farnèse, encouragées par la maison de Witelsbach et les catholiques de Cologne avaient constitué des garnisons dans le nord de l'électorat[67]. En 1590, ces garnisons donnèrent à l'Espagne un accès aux provinces du Nord et Philippe II soulagé par son accès militaire et par l'isolement des Hollandais des protestants allemands réorienta son attention vers la France[68],[66].

De l'autre côté, Gerhard avait besoin du soutien complet de son frère et de von Neuenahrh pour contrôler son territoire. Un soutien supplémentaire était cependant nécessaire pour repousser Ernest. Il avait demandé de l'aide aux Anglais et aux Hollandais car cela était clairement dans leurs intérêts. Tant que les Hollandais retenaient l'armée espagnole dans les Flandres, Philippe II ne pourrait menacer l'Angleterre ou la France[69]. Ses diplomates présentèrent le sujet comme une question brûlante concernant tous les princes protestants. En , l'un de ses conseillers, Wenceslaus Zuleger, écrivit à Francis Walsingham : « Je vous assure que si l'électorat de Cologne n'est pas soutenu, vous verrez que la guerre dans les Pays-Bas s'étendra rapidement à toute l'Allemagne[70] ». Le soutien des troupes de Robert Dudley et des mercenaires de Martin Schenck eut des résultats mitigés. Les troupes anglaises de Dudley, professionnelles et bien commandées, se battirent bien mais leur utilité était limitée car Élisabeth Ire n'avait pas accordé de financement pour aider Gerhard. Martin Schenck était un commandant talentueux et charismatique mais il était également un soudard dont les exactions firent plus de mal que de bien à Gerhard[71].

Sac de Westphalie

Cloedt et Schenck capturèrent la ville fortifiée de Werl avec une version du cheval de Troie. Gravure de 1650 réalisée par Matthäus Merian

À la fin du mois de , Friedrich Cloedt, que Gerhard avait placé à la tête de la garnison de Neuss et Martin Schenck entrèrent en Westphalie avec 500 fantassins et 500 cavaliers. Après avoir pillé Vest Recklinghausen, ils capturèrent Werl par ruse[72]. Ils dissimulèrent des soldats dans des chariots de sel qui passèrent devant les portes de la ville. Les habitants de Werl les firent immédiatement entrer car le sel était un produit d'une grande valeur. Les soldats surprirent alors les gardes et ouvrirent les portes. Certains défenseurs se réfugièrent dans la citadelle et ne purent en être délogés. Claude de Berlaymont rassembla ses 4 000 soldats et assiégea Schenck et Cloedt dans Werl. Pris entre les troupes de Berlaymont et les soldats réfugiés dans la citadelle, Schenck et Cloedt tentèrent une sortie le mais échouèrent à percer les lignes ennemies. Certains soldats ne parvinrent pas à rejoindre la ville et pillèrent les villages voisins dont 250 habitants furent tués. Le , Schenck et Cloedt remplirent leurs chariots avec leur butin et 30 magistrats en otage et attaquèrent Berlaymont. Ils parvinrent à s'échapper malgré la perte de 200 hommes et les otages furent relâchés après le paiement d'une forte rançon[73]. Schenck se replia à Venlo et Cloedt retourna à Neuss[74].

Intervention espagnole

Martin Schenck et Friedrich Cloedt pillèrent Recklinghausen à la fin du printemps 1586. Gravure de 1647.

En quelque sorte, les difficultés qu'avaient Gerhard et Ernest à gagner la guerre étaient similaires à celles que rencontraient les Espagnols dans leur lutte contre les Hollandais. La durée de la guerre entre les Hollandais et les Espagnols, 80 ans d'âpres luttes entrecoupées de pauses durant lesquelles les belligérants recouvraient leurs forces, était liée au type de guerre menée. Les adversaires vivaient dans des villes fortifiées défendues par des bastions à l'italienne ce qui signifiait que les villes devaient être prises, fortifiées et entretenues. Pour Gerhard et Ernest, de même que pour les commandants espagnols dans les Pays-Bas voisins, gagner la guerre signifiait non seulement mobiliser suffisamment d'hommes pour encercler un nombre apparemment illimité de forteresses ennemies mais également entretenir les garnisons chargées de défendre les possessions acquises[75]. La Guerre de Cologne était donc une guerre de siège avec très peu de batailles rangées comme cela avait été le cas les siècles précédents. Ce nouveau type de conflit nécessitait des hommes pour faire fonctionner la machine de guerre, une économie solide pour payer les soldats et financer les dépenses militaires ainsi qu'une organisation politique et militaire pour organiser l'ensemble. Les Espagnols devaient, en plus de ces difficultés, prendre en compte le problème de la distance et à cet égard une intervention dans l'électorat permettrait d'améliorer leur situation[76].

Destruction de Neuss

Adolf von Neuenahr, combattant pour Gerhard, encercla Neuss en et persuada la petite garnison d'Ernest de capituler. Il refortifia et ravitailla la ville et le jeune Friedrich Cloedt fut placé à la tête de la garnison de 1 600 hommes, essentiellement allemands et hollandais. Les fortifications de la ville étaient solides. Un siècle auparavant, elle avait résisté pendant près d'un an aux troupes de Charles le Téméraire de Bourgogne. De plus la ville était adossée au Rhin et le fleuve fournissait une défense supplémentaire[77]. En , Alexandre Farnèse approcha et encercla la ville à la tête de l'armée des Flandres espagnole. Ironiquement, le cousin d'Agnès, Karl von Mansfeld[78] et ses troupes servaient dans l'armée espagnole assiégeant Neuss[79]. Farnèse possédait une armée impressionnante sous son commandement. En plus des 2 000 hommes de Mansfeld, il possédait 6 000 fantassins ou tercios, 2 000 cavaliers italiens, allemands et espagnols et environ 45 canons qu'il disposa dans des redoutes de l'autre côté du Rhin et sur des hauteurs à proximité des murs de la ville[80]. Comme le voulaient les règles de la guerre de l'époque, Farnèse demanda la capitulation de la ville avant le bombardement d'artillerie[75] mais Cloedt déclina l'offre poliment. Le lendemain étant le , jour de la Saint-Jacques, saint-patron des Espagnols, le bombardement fut repoussé. Des rapports mensongers circulant dans le camp espagnol et rapportant que les protestants avaient brûlé vifs deux soldats espagnols pendant un jour saint catholique aviva l'enthousiasme des soldats pour la bataille à venir[81].

Gravure de la ville de Neuss réalisée en 1646.

Le , l'artillerie espagnole pilonna les murs de Neuss durant 30 heures avec des boulets métalliques de 20 kg ; au total, les canons tirèrent plus de 2 700 coups. Plusieurs assauts espagnols furent repoussés par les 1 600 hommes de Cloedt mais le neuvième parvint à percer la muraille. Les Espagnols et les Italiens entrèrent dans la ville de deux côtés et se rejoignirent au milieu[82]. Cloedt, gravement blessé (sa jambe avait été arrachée et il souffrait de plusieurs autres blessures graves) avait été emmené dans la ville. Les troupes de Farnèse découvrirent Cloedt soigné par sa femme et sa sœur dans l'abbaye de la ville. Farnèse souhaitait accorder la vie sauve au commandant de la garnison mais Ernest demanda son exécution immédiate. Le mourant fut pendu à une fenêtre avec d'autres officiers sous son commandement[83].

Farnèse ne fit rien pour retenir ses soldats. Durant leur saccage de la ville, les soldats italiens et espagnols massacrèrent le reste de la garnison y compris les hommes qui s'étaient rendus. Ils commencèrent ensuite le pillage[84]. Les civils qui s'étaient réfugiés dans les églises furent ignorés mais lorsqu'un incendie éclata, ils furent obligés de sortir dans les rues avec les soldats. Farnèse rapporta à Philippe II que 4 000 corps reposaient dans les douves. Les observateurs anglais confirmèrent ce rapport et avancèrent que seuls huit bâtiments restaient encore debout[84].

Poursuite de la guerre de siège

L'intervention des troupes espagnoles changea la balance des forces en faveur d'Ernest. En 1586, ses alliés avaient sécurisé Vest Recklinghausen et même s'ils n'étaient pas parvenus à capturer Schenck, ils avaient réduit Neuss à un tas de ruines. En 1587, ils encerclèrent et capturèrent les villes fortifiées du sud de l'électorat, reprirent Bonn, Godesberg et Linz am Rhein et de nombreux villages[85],[20]. Les soldats des deux camps maraudaient et pillaient la campagne à la recherche de butin ou d'officiels pouvant être rançonnés. Le , l'un des informateurs de Walsingham écrivit, « les soldats de Vartendonc (Martin Schenck) réalisent des excursions journalières et causent de très grands torts partout où ils passent[86] ». Au début de l'année 1588, les partisans de Gerhard reprirent une nouvelle fois Bonn et l'un des observateurs de Walsingham dans le Palatinat rapporta que le prince de Taxis avait été exécuté en dehors de la ville avec 300 soldats espagnols[87].

Au printemps 1588, Gerhard était à court d'options. En 1583, il avait refusé l'offre de quitter son titre car il comptait sur le soutien des autres électeurs protestants. Lorsque ces derniers refusèrent de le soutenir, il se rapprocha des Français, des Hollandais et des Anglais qui ne lui apportèrent qu'un soutien limité. Après la destruction de Neuss en 1586 et la perte de la plus grande partie du sud de l'électorat en 1587, il ne contrôlait plus que Rheinberg et ses environs et il perdit leur contrôle en 1588. Il avait épuisé ses possibilités diplomatiques, financières et militaires et ses problèmes de santé l'empêchaient de monter à cheval et limitaient donc sa capacité à voyager. Au printemps 1588, il abandonna ses revendications sur l'électorat à von Neuenahr et Schenck et se retira à Strasbourg où il devint évêque jusqu'à sa mort en 1601[88]. Schenck et Neuenahr continuèrent de combattre pour lui mais le premier fut tué lors d'un assaut contre Nimègue en et le second périt lors de l'explosion d'un canon en . Sans eux pour défendre ses revendications, Rheinberg, le dernier bastion de Gerhard dans le nord de l'électorat tomba en 1589[89].

Conséquences

Après l'expulsion de Gerhard, Ernest assuma entièrement la charge d'électeur de Cologne. À la fin de sa vie, un nonce apostolique assura la gestion administrative de l'archidiocèse et le neveu d'Ernest, Ferdinand de Bavière, fut élu au chapitre de chanoines. À la mort d'Ernest en 1612, le chapitre nomma rapidement son neveu à sa place et la maison de Witelsbach conserva l'électorat jusqu'en 1761[90],[17]. La direction d'Ernest et de ses quatre successeurs renforça la position de sa famille dans les affaires impériales[91],[17]. Le succès catholique consolida la Contre-Réforme dans le nord-ouest du Saint-Empire, en particulier dans les évêchés de Münster, de Paderborn, d'Osnabrück et de Minden qui bordaient des territoires protestants[92]. Après la reprise du territoire par Guillaume V et Alexandre Farnèse, les jésuites identifièrent les protestants récalcitrants et les convertirent au catholicisme. La Contre-Réforme fut complètement appliquée au sud de la Rhénanie pour essayer de ramener tous les protestants, qu'ils soient calvinistes ou luthériens, dans la foi catholique. Grâce à leur participation les Espagnols obtinrent d'importantes points de passage sur le Rhin et sécurisèrent une route terrestre jusque dans les provinces rebelles au nord[93].

La tradition allemande de décentralisation et d'autonomies locales différait fortement du renforcement de l'autorité centrale en France, en Angleterre et en Espagne. Cette différence permettait les interventions de mercenaires espagnols, français, italiens, hollandais, anglais et écossais dans les disputes religieuses et dynastiques elle-même encouragées par l'argent du pape. Les puissances européennes réalisèrent qu'elles pouvaient renforcer leurs positions en s'ingérant dans les oppositions régionales entre princes allemands comme cela fut le cas entre Gerhard et Ernest. À l'inverse, les princes allemands comprirent qu'ils pourraient prendre l'ascendant sur leurs adversaires en défendant les intérêts de leurs puissants voisins[94]. L'ampleur de l'engagement d'armées étrangères comme celle de l'armée des Flandres espagnole marqua un précédent dans l'internationalisation des conflits religieux et politiques entre les états allemands qui ne fut pas résolu avant les traités de Westphalie en 1648[93].

Notes et références

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  3. Holborn 1959, p. 242 avance que la papauté était assez faible du fait de la mort du pape Jules III en 1555 et de son successeur six semaines plus tard ; Jedin 1980, p. 85
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  78. Certains historiens ont avancé qu'il était son frère mais cela a été réfuté par des analyses généalogiques plus récentes ; Voir par exemple Hennes 1878, p. 30. Le père d'Agnès et le père de Karl étaient des fils d'Ernest II, comte de Mansfeld zu Vorderort et de sa seconde épouse, Dorothea zu Solm-Lich ; Voir Miroslav Marek, « Descendants of Günther II von Mansfeld-Querfurt (1406-1475) »,
  79. Sur la présence de Mansfled et le nombre et la composition des troupes, voir Hennes 1878, p. 159
  80. Davies 1851, p. 188 avance que l'armée comptait au plus 18 000 hommes ; les autres sources donnent des effectifs proches de 10 000 soldats. Voir Hennes 1878, p. 158-159
  81. Hennes 1878, p. 159
  82. Hennes 1878, p. 163. Dans les codes de la guerre de l'époque, une ville ayant capitulé était occupée et devait subvenir aux besoins des troupes à ses propres frais. Une ville capturée après des combats était en revanche pillée et sa garnison était massacrée. Voir Parker 2004, p. 17
  83. Hennes 1878, p. 164. Sa femme, sa sœur et sa jeune fille furent emmenées à Düsseldorf et confiées à un ambassadeur. Hennes 1878, p. 164-165
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