Jacques de Zébédée

Jacques de Zébédée ou Jacques le Majeur ou saint Jacques (en grec Ἰάκωβος, Iakôbos, de l'hébreu יעקב, Ya'aqov) est un juif de Galilée et l'un des Douze Apôtres de Jésus-Christ. Nommé « Jacques, fils de Zébédée » dans le Nouveau Testament, il est le frère de l'apôtre Jean. Tous deux sont des pêcheurs du lac de Tibériade.

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Jacques de Zébédée dit le Majeur
Saint chrétien

Saint Jacques par Rembrandt en 1661.
Apôtre et martyr
Naissance début du Ier siècle
(Galilée)
Décès v. 44 
Jérusalem
Vénéré à Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle
Vénéré par L'ensemble de la Chrétienté
Fête (catholicisme)
(christianisme orthodoxe)
(rite mozarabe)
Attributs Coquille Saint-Jacques, bâton de pèlerin
Saint patron Pueblo Acoma, Santiago de Querétaro, Galice, Gréasque (France), Guatemala, Nicaragua, Espagne;
vétérinaires, cavaliers, tanneurs, fourreurs, pharmaciens, alchimie

Les « Jacques » du Nouveau Testament

Plusieurs personnages se prénomment Jacques dans le Nouveau Testament : Jacques de Zébédée, l'un des Douze, frère de l'apôtre Jean ; Jacques d'Alphée, un autre des Douze, souvent mis en rapport avec Thaddée et surnommé Jacques le Mineur dans la tradition romaine ; un autre Jacques, le père de l'apôtre Jude (mais il reste quasiment inconnu et la tradition ne l'a pas étudié) ; enfin, Jacques le Juste, « frère » (ou, selon l'Église latine, cousin) de Jésus, qui joue un rôle considérable dans l'Église de Jérusalem[1].

Il convient d'ajouter le rédacteur de l'épître de Jacques, qui semble ne pas correspondre aux personnes précédentes, mais être plutôt un « chrétien cultivé d'origine païenne de la deuxième ou de la troisième génération chrétienne », le texte datant de la fin du Ier siècle ou du premier tiers du IIe siècle[2]. À moins que ce ne soit Jacques le Juste l'auteur.

Le rédacteur de l'épître de Jacques serait selon une autre hypothèse le frère de Jude rédacteur de l'épître qui porte son nom (cf. Jude 1). Tous deux demi-frères de Jésus-Christ (cf. Matthieu 13:55).

Jacques de Zébédée dans le Nouveau Testament

Jacques de Zébédée, ou Jacques le Majeur, est mentionné dans les Évangiles synoptiques (par exemple en Mc 3:17, Mt 10:2 et Lc 6:14) ainsi que dans les Actes des Apôtres (Ac 1:13)[1]. Il est le frère de l'apôtre Jean, et tous deux sont surnommés Boanerges, ce qui d'après l'Évangile selon Marc veut dire « fils du tonnerre » (Mc 3,17). Le plus ancien des évangiles, celui de Marc, présente les deux frères comme des pêcheurs du lac de Tibériade qui laissent leur barque pour suivre Jésus, épisode repris par Matthieu et Luc[1].

Saint Jacques par Albrecht Dürer (1516), galerie des Offices, Florence.

Avec Pierre et son frère André, Jacques est donc l'un des tout premiers disciples de Jésus, et l'un de ses plus proches. La tradition synoptique en fait un des trois principaux apôtres puisqu'il est choisi, avec Pierre et Jean, comme témoin d'événements cruciaux comme la résurrection de la fille de Jaïre, le chef de la synagogue, la Transfiguration sur le mont Thabor et la prière de Jésus au mont des Oliviers[1]. Cependant, à l'instar des autres apôtres, il abandonne Jésus quand celui-ci est arrêté. Jacques est également cité parmi les disciples qui se trouvent dans la chambre haute lors de la descente de l'Esprit (Ac 1:13)[1].

Sa mort en martyr est rapportée dans le Nouveau Testament : « Il (Hérode) fit périr par le glaive Jacques, frère de Jean » (Ac 12:2), au moment de l'arrestation de Pierre[1], et il est donc décapité.

Légendes ultérieures

Le voyage en Espagne

Statue de Jacques de Zébédée (XVIe siècle, musée du Pays rabastinois)[3].

Selon une légende, Jacques partit avec quelques disciples, pour l’Espagne pendant quatre années et plus particulièrement vers la cité de Gadès (l’actuelle Cadix), où le travail d’évangélisation rencontra de multiples obstacles et difficultés. Selon une tradition chrétienne transmise à partir des Catalogues apostoliques, textes apocryphes grecs rédigés vers le commencement du VIIe siècle et remaniés en latin dans le breviarium apostolorum l’abrégé » ou « bréviaire des Apôtres »), il ne réussit à convertir que neuf disciples. Pour Bernard Gicquel, le thème de cette prédication en Espagne serait en fait une contamination ultérieure de cette tradition avec celle du voyage espagnol d'évangélisation de saint Paul alors que les catalogues ne mentionnent jamais l'Espagne[4].

Après un voyage de six mois à Rome où il fut brièvement emprisonné, il revint à Gadès. Le nombre de disciples y avait notablement augmenté à la suite d'une immigration. Jacques poursuivit son apostolat à Cæsaraugusta (l'actuelle Saragosse), où il obtint des conversions massives. Il continua son évangélisation par la Galice se dirigeant vers Compostelle[réf. nécessaire].

À la suite d'une nouvelle persécution à Jérusalem, Jacques retourna vers cette ville avec sept disciples pour soutenir la communauté de croyants. C'est à cette occasion, selon la Légende dorée, qu'il affronta et convertit le magicien Hermogène. Il fut tué « par l'épée » dans un endroit inconnu de Palestine et son exécution provoqua un soulèvement populaire. Ses dépouilles furent retenues par les persécuteurs. Selon la tradition des Catalogues Apostoliques, le lieu d'inhumation de saint Jacques fut l’Achaia Marmarica (expression grecque qu'on interprète comme la région égyptienne de Marmarique, confusion probable avec saint Jacques le Mineur dont la tradition mentionne qu'il est crucifié en Basse-Égypte[5]) qui aurait été déformé dans la traduction latine en arca marmorica », signifiant « tombeau de marbre ». Or, la colline dominant Compostelle où fut trouvé dans une nécropole chrétienne le prétendu tombeau de Jacques par le moine Pélage vers 813 s'appelait Arcis marmoricis[6].

État de la recherche

Selon l'état actuel de la recherche, il n'y a en dehors du Nouveau Testament aucune preuve de l'historicité de Jacques. De fait, il n'existe aucune indication à la présomption que Jacques ait effectivement séjourné dans la péninsule Ibérique. La source la plus ancienne qui mentionne un séjour en Espagne est le Breviarium Apostolorum d'environ 600, où il est seulement affirmé qu'il avait prêché en Espagne et « à des endroits occidentaux ». Cette idée a été par la suite reprise par divers auteurs (dont Isidore de Séville, Aldhelm de Sherborne et Beatus de Liébana), mais pas développée[7]. C'est seulement dans l'hymne O dei verbum patris ore proditum de la fin du VIIIe siècle que Jacques est appelé saint et protecteur de l'Espagne[8]. L'affirmation selon laquelle les os de Jacques ont été apportés en Espagne apparaît pour la première fois dans des documents du IXe siècle, se référant à la découverte de la tombe présumée de l'apôtre sous le roi Alphonse II des Asturies (791-842) qui est à dater d'après 818[9]. Cette affirmation n'est pas considérée par la recherche comme crédible, car depuis la fin de l'Antiquité et pendant toute la période du royaume wisigoth dans la péninsule Ibérique, qui a duré jusqu'à la période 711-719, aucune sépulture de l'apôtre en Espagne n'a jamais été mentionnée[10].

Iconographie

Saint Jacques et Saint Étienne, Marx Reichlich.
Saint Jacques le Grand vainqueur des Maures, de Giambattista Tiepolo (1749-1750), musée des Beaux-Arts de Budapest[11].

L'apôtre est souvent représenté de trois façons :

  • en majesté, assis : c'est la figure auréolée du saint qui trône sur le maître autel de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle ;
  • en pèlerin, debout : à partir du XIIIe siècle, sous l’influence du pèlerinage de Compostelle, il porte la tenue traditionnelle du jacquet, avec le bourdon de pèlerin (le bâton), la besace, la calebasse (gourde), le mantelet (grande cape) et le chapeau de feutre à larges bords orné d'une coquille Saint-Jacques. Cependant, si cette représentation inclut un chien, il s'agit non de saint Jacques mais de saint Roch. Parfois aussi, il porte une épée en souvenir de son martyre ;
  • en tueur de Maures, armé d'une épée sur un cheval blanc appelé Jacques Matamore (en) (Santiago Matamoros).

Les symboles qui le représentent et qui permettent de le reconnaître sur les peintures et les sculptures :

Célébration

Il est fêté le dans le christianisme occidental, le dans le christianisme oriental et le dans le rite mozarabe. L'islam le reconnaît également comme disciple de Jésus (ʿĪsā)[12].

Notes et références

  1. André Benoit, « Les personnages de l'Évangile nommés Jacques », dans Pierre Geoltrain (dir.), Aux origines du christianisme, Folio/Histoire, 2000 (ISBN 978-2-07-041114-6), p. 246-250.
  2. François Vouga, « L'Épître de Jacques », dans Daniel Marguerat (dir.), Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, 2008 (ISBN 978-2-8309-1289-0), p. 438-440.
  3. Notice no PM81002043, base Palissy, ministère français de la Culture.
  4. Bernard Gicquel, Campus stellæ : les chemins de Saint-Jacques et la culture européenne, Klincksieck, , p. 20.
  5. (en) Philip Schaff, History of the Apostolic Church, Charles Scribner, .
  6. Pierre Macaire, Montpellier et Saint-Guilhem : sur le chemin de Saint-Jacques, S.l., Le plein des sens, coll. « Pas à pas », , 175 p., 20 cm (ISBN 87-90493-26-5, présentation en ligne, lire en ligne), p. 169 (consulté le 24 février 2018).
  7. (en) Jan van Herwaarden, « The origins of the cult of St James of Compostela », Journal of Medieval History, no 6, 1980, p. 3-7.
  8. Herwaarden, p. 7-18.
  9. Herbers, p. 196 ; Deswarte, p. 102.
  10. Herwaarden, p. 23-30.
  11. Musée de Budapest
  12. Historical Dictionary of Prophets In Islam And Judaism, Brandon M. Wheeler, Disciples of Christ : « Muslim exegesis identifies the disciples as Peter, Andrew, Matthew, Thomas, Philip, John, James, Bartholomew, and Simon ».

Annexes

Bibliographie

  • Robert Beylot, Jacques-Noël Pérès et Pierluigi Piovanelli, « Prédication de Jacques fils de Zébédée et Martyre de Jacques fils de Zébédée », dans Pierre Geoltrain, Jean-Daniel Kaestli, Écrits apocryphes chrétiens II, Paris, Gallimard, , p. 933-957.

Articles connexes

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