Cuissarde

La cuissarde est une botte dont la tige monte au-dessus du genou, jusqu'à recouvrir la cuisse entière.

Cet article possède un paronyme, voir Cuissard.

Sulfureuses et dominatrices, les cuissardes renvoient une métaphore érotique. Avant de se généraliser au milieu des années 2000, elles restaient l'apanage des tenues de scène[1]. Ici Tess Merkel en cuissardes et hot pants en concert (2004).

Les hauteurs de tige varient et font prendre à ce genre de botte le nom de botte genouillière lorsque le genou seul est couvert, soit une hauteur de tige allant jusqu'à 55 centimètres environ.

La cuissarde au sens propre du terme est une botte où la cuisse entière (jusqu'à l'aine) ou une partie seulement de la cuisse est couverte, soit une hauteur de tige allant de plus de 55 centimètres à environ 90 centimètres, pour les plus hautes.

Les cuissardes de qualité sont fabriquées en différents types de cuir : cuir lisse ou cuir d'aspect daim appelé suede ou cuir verni. Elles peuvent être fermées par une fermeture à glissière sur une partie ou sur la totalité de la botte, pour faciliter le chaussage. Certains modèles peuvent être lacés sur tout le devant de la cuissarde ou seulement sur la partie haute de la botte, soit au-dessus du genou. Les cuissardes peuvent également être seulement lacées sur la partie haute à l'arrière du modèle ou sur toute la hauteur de la tige, ce qui est toutefois assez rare.Certains modèles sont confectionnés avec des crochets ou avec des œillets, sur le devant du modèle, sur une partie de la hauteur de tige ou sur toute la totalité. Les cuissardes de qualité en cuir sont faites principalement notamment en Italie, au Portugal, en Espagne et en France. Le nombre de fabricants de cuissardes en cuir en France est très peu élevé : il se compte sur les doigts d'une main.

Le talon des cuissardes peut être bas de type "cavalier" (2 ou 3 centimètres de hauteur), moyen (hauteur d'environ 5 ou 6 centimètres), ou de forme "escarpin" (environ 7 ou 8 centimètres) ou alors plus haut avec un talon aiguille (à compter de 9 centimètres et au-delà). Il peut être droit ou incliné comme le talon dit cubain.

Comme les autres modèles de bottes, elles peuvent montées avec des semelles plateformes dont la hauteur est variable (entre environ 3 centimètres et 7 centimètres).

Les autres modèles, de moindre coût et de moindre qualité, sont réalisés dans divers matériaux synthétiques (du PVC notamment) ou dans des tissus. Les pays asiatiques ou pays européens à coût faible de main d’œuvre fabriquent ce type de modèles.

Devenues depuis les années 2000 un accessoire de mode courant, les cuissardes continuent à véhiculer une image péjorative pour un public qui associe la cuissarde à une mode érotique ou fétichiste. L'iconographie populaire les assimile dans leur version les plus vernaculaires, à la tenue des prostituées ou de dominatrices. À partir du début des années 2000, elles retrouvent grâce au yeux des stylistes des plus grandes maisons et participent de plus en plus aux défilés de couture[2] qu'elles pimente par leur coté transgressif. Réhabilitées par le courant « porno chic »[3] et les créations de grandes marques telles que Christian Louboutin, Free Lance (chaussures), Jimmy Choo, Gucci[4] et de Tom Ford[5], jusqu'à en devenir un symbole[6].

Histoire

Une paire de cuissarde au XVIIe siècle. Une fonction utilitaire de protection.
Anciennes cuissardes de garde-chasse en Brière

Jusqu'au XIXe siècle, la cuissarde, née dans l'Antiquité, est réservée aux soldats et a une fonction exclusivement utilitaire : protéger la jambe. On peut en trouver également pour d'autres professions au XIXe siècle, par exemple les gardes-chasse sur des territoires marécageux.

À partir des années 1930, elle fait ses premier pas comme objet de mode féminine. Elle connaitra un succès populaire au cours des années 1960[7] grâce notamment au fait que Brigitte Bardot en portait relativement souvent.

Mode

cuissardes Jill Stuart au défilé automne hiver 2010.

La cuissarde, à l'origine une protection de la jambe, devient un objet de mode dès les années 1930, à l'image de l'actrice Bette Davis qui l'adopte en 1933[8]. Dans les années 1960, plusieurs créateurs tels Pierre Cardin, Paco Rabanne, ou Roger Vivier pour YSL, commercialisent des cuissardes : Brigitte Bardot, Sylvie Vartan ou Jane Birkin apparaissent ainsi vêtues[8].

Durant la vague punk, Siouxsie apparait ainsi chaussée et Vivienne Westwood contribue avec sa boutique Sex a populariser l'esthétique sado-masochiste dont les cuissardes font partie[9].

Certains auteurs déclarent que la scène de Pretty Woman en cuissardes bas de gamme à talon aiguille aura largement contribué à nuire à l'image de ce type de bottes auprès des fashionistas[10]. Même largement réhabilité par les grands stylistes au cours des années 2000, la cuissarde conservera une certaine connotation et demeure un objet de fantasme[8]. Cet objet vestimentaire à l'odeur sulfureuse envahit les podiums dans les années 2010 dans des matières plus nobles et des couleurs sobres, comme chez Chanel, Tom Ford ou Maison Martin Margiela en 2013[7].

Quelque peu délaissées des collections du milieu des années 2010 en raison des préjugés restés coriaces à leur égard, les cuissardes reviennent sur le devant de la scène pour devenir des accessoires chics et sexy[11]

Fétichisme

De la botte de scène ou du vêtement à connotation fetischiste, la cuissarde est devenue une It-pièce[12].
Cuissardes dans une version "slouchy boots" ou botte plissée[13].

Les cuissardes sont considérées comme un accessoire symbole fétichiste, qui s'affirme à partir des années 1950, à l'époque où Irving Klaw les illustre dans ses photographies. Elles se généralisent ensuite dans la photographie fétichiste. En 1982, l'américain Bob Guccione photographie Corinne Alphen (en) portant une paire de cuissardes noires pour l'un des articles de son magazine Penthouse. La même année, Dwight Hooker photographie le mannequin Candy Loving pour le 25e anniversaire du magazine Playboy portant une paire de cuissardes blanches[14].

Elles sont également un composant de l'uniforme de la dominatrice[15].

Quelques vendeurs européens se sont spécialisés dans les cuissardes haut de gamme. Il semblerait que ce soit le magasin Little Shoe Box basé à Londres, au Royaume-Uni, qui aurait inventé et stylisé les cuissardes en cuir[réf. nécessaire]. Cependant, la Little Shoe Box, cesse ses opérations en 2005, après quarante ans d'existence.

Iconographie et symbolisme dans les films

Les films dans lesquels les cuissardes sont portées incluent :

Références

  1. « Porter des cuissardes : 25 looks qui nous inspirent », sur cosmopolitan.fr, (consulté le ).
  2. Les vertiges de la cuissarde l'express.fr 08 octobre 2008
  3. « Emmanuelle Alt, nouvelle rédactrice en chef de «Vogue» » 20 Minutes, 8 janvier 2011.
  4. Paquita Paquin, Cédric Saint-André Perrin, « Tom Ford, le créateur omnipotent », Évènement, sur liberation.fr, Libération, (consulté le ).
  5. « elle vampirise Vogue à coup de campagnes scandaleuses » tendances-de-mode.com, 28 août 2007.
  6. Hélène Petit, « Xavier Romatet, le PDG de Condé Nast France » [archive du ], Économie, sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ) : « Interrogé sur les reproches formulés à l'égard du caractère provocateur du travail de Carine Roitfeld, volontiers qualifiée de prêtresse du «porno chic», […] ».
  7. « La cuissarde à l'origine », M, le magazine du Monde, semaine du 11 janvier 2014, page 60.
  8. Clémene Pouget, « La cuissarde en 4 dates », L'Express Styles, Groupe Express, no 3247, , p. 26
  9. Steele 1997, Mode et fétichisme, p. 42
  10. "Thigh High Boots Trend — Like it or Not Here it Comes." Red Carpet Fashion Awards, 3 septembre 2009. http://www.redcarpet-fashionawards.com/2009/09/03/thigh-high-boots-trend-like-it-or-not-here-it-comes/. Consulté le 3 septembre 2010.
  11. « Mode : les cuissardes plus tendance que jamais ! / Pratique.fr », sur Pratique.fr, (consulté le ).
  12. « Comment porter des cuissardes (sans faire pupute) ? », sur doitinparis.com (consulté le ).
  13. Cassia Carter, « Tendance "Slouchy boots" : qu'est-ce que c'est ? », sur Grazia.fr, Grazia, .
  14. Hooker, Dwight : « Picture Perfect », Playboy, janvier 1979, p. 196–205.
  15. Steele 1997, Fétiches, fantasmes et fanfreluches, p. 164

Sources

  • Valerie Steele (trad. de l'anglais), Fétiche : Mode, sexe et pouvoir [« Fetish, Fashion, Sex and Power »], Paris, Abbeville, , 2e éd. (1re éd. 1996 Oxford University Press, New York), 203 p. (ISBN 2-87946-125-1)

Voir aussi

Articles connexes

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