Tom Ford

Thomas Carlyle Ford[1], dit Tom Ford, né le à Austin (Texas), est un styliste et réalisateur américain.

Pour les articles homonymes, voir Ford (homonymie).

Cet article concerne le styliste américain. Pour la chanson de Jay-Z, voir Tom Ford (chanson).

Tom Ford
Tom Ford en 2009 à la Mostra de Venise
Nom de naissance Thomas Carlyle Ford
Naissance
Austin
Nationalité États-Unis
Profession Styliste
Réalisateur
Films notables A Single Man
Nocturnal Animals

Dans le milieu des années 1990 il rencontre un succès international en s'inspirant de l'esthétique développée par Gianni Versace, et en propulsant avec Carine Roitfeld, le porno chic comme image d'une maison de mode : il va transformer le vieux maroquinier italien Gucci en une entreprise luxueuse et sexy de premier plan. Il cumule ensuite dans les années 2000, avec moins de succès, la responsabilité de la création du prêt-à-porter pour la marque Yves Saint Laurent. Il est depuis 2005 à la tête d'une ligne de vêtements, de parfums, de maroquinerie et de lunettes de soleil portant son nom.

Exerçant des fonctions bien plus larges que « styliste », son travail de l'image et du marketing au sein de Gucci a été source d'inspiration dans les années suivantes pour de nombreuses maisons de mode souhaitant revenir sur le devant de la scène.

Il est également réalisateur de cinéma, avec A Single Man en 2009 et Nocturnal Animals en 2016.

Biographie

Tom Ford[2] grandit à Santa Fé au Nouveau-Mexique, il ne se destinait pas à travailler dans la mode, il envisageait d'être acteur. À dix-huit ans, il part étudier l'histoire de l'art à l'université de New York, prend des cours de théâtre et apparait dans des spots publicitaires télévisés[3]. En 1982, il déménage à Los Angeles, mais ne correspond pas au canon du californien blond, aussi débute-t-il des études d'architecture bioclimatique à Otis-Parsons à Los Angeles, intéressé par l'architecture et le design intérieur. En 1983, il est accepté à la Parsons School of Design à New York, études qu'il poursuit à l'École Parsons à Paris les deux années suivantes. Les six mois suivants, il effectue un stage en entreprise, au service presse, chez Chloé, celui-ci sera déterminant pour l'orientation de sa carrière vers le stylisme[4].

Les années Gucci

En 1990, il entre chez Gucci comme designer[5],[6]. il affirme alors son style à travers des modèles très appréciés, remettant au goût du jour les modèles des années cinquante, du petit haut en satin au fameux smoking pourpre[6] et contribue ainsi, avec l'appui de Domenico De Sole, à redonner de l'éclat à Gucci, proche de la banqueroute lorsqu'il l'avait rejointe. Madonna, Bianca Jagger ou encore Gwyneth Paltrow s'affichent en Gucci, ce qui bien évidemment relance la marque et lance définitivement le styliste américain ; le porno chic sera sa quête, Carine Roitfeld et Mario Testino ses armes[6]. Il transforme l'ancien maroquinier vieillissant Gucci en une marque sexy : il renouvelle l'image, la communication, les licences, les boutiques, les gammes d'accessoires, faisant oublier la triste maroquinerie des années 1980 au profit d'un prêt-à-porter qu'il amènera au sommet de la mode mondiale. Il quittera en 2004 la maison Italienne lorsque celle-ci est rachetée par le groupe Pinault-Printemps-Redoute (aujourd’hui rebaptisée Kering)[7].

Les années YSL

À la fin des années 1990, Sanofi-Beauté propriétaire de la maison de couture française Yves Saint Laurent est à vendre, la holding de François Pinault, Artémis, s'en porte acquéreur[8]. Quelques années plus tard, Pinault-Printemps-Redoute de François Pinault, court-circuitant LVMH[9], achète Gucci pour fonder le groupe Gucci[10]. Tom Ford, souhaitant conserver son pouvoir[8], a mis tout son poids dans la balance pour cette transaction[11], menaçant de quitter Gucci si LVMH en devenait propriétaire[12]. YSL intègre le Gucci Group, et Tom Ford, tout en continuant ses activités de directeur de la création chez le maroquinier italien[9], devient « directeur du pôle Création et Communication de Yves Saint Laurent Couture[12] », sous la responsabilité de Domenico de Sole l'ancien avocat. Déficitaire, la haute couture est séparée et reste sous la direction du tandem Pierre Bergé - Yves Saint Laurent[10],[12]. Il y a maintenant deux pôles au sein de la confection d'YSL : Yves Saint Laurent Haute couture dont le grand couturier s'occupera jusqu'en 2002, et Yves Saint Laurent Couture, en fait le prêt-à-porter de luxe rive gauche et les accessoires, sous la mainmise de Tom Ford[13], aidé entre autres de Prudence Millinery. Alber Elbaz au prêt-à-porter féminin, puis Hedi Slimane à l'homme, quittent la maison[14].

Dès le début, essayant d'appliquer ses recettes de provocation du porno chic à l'ancienne maison de couture, les collections du texan sont un échec[15],[6]. Défilé après défilé, les critiques se font entendre, des médias ou en interne. Yves Saint Laurent ne reconnait pas son héritage dans le travail de Tom Ford[16], et le fait savoir publiquement.

Son activité de directeur artistique chez Gucci étant toujours reconnue, il est élu en 2000 meilleur designer international lors de la première cérémonie des VH1/Vogue Awards à New York[5]. Mais son défilé de l'année suivante, le premier pour rive gauche homme, reçoit encore des critiques négatives[17]. Pourtant, peu à peu, avec ce qui sera ses dernières collections chez YSL, Tom Ford rencontre un succès d'estime à défaut d'un succès commercial[8]. De façon plus générale, les reproches émanent essentiellement des médias français alors que les États-Unis soutiennent le styliste face à ses choix radicaux pour l'ancienne maison de couture. En 2001, il reçoit de nombreuses récompenses, et l'année suivante le prix du meilleur designer, pour la gamme d'accessoires YSL, par le renommé Conseil des créateurs de mode américains. La marque multiplie le nombre de boutiques par quatre[18], mais les ventes ne sont pas au rendez-vous, et les lancements de nouveaux parfums, sources de revenus importants, ne fonctionnent pas[6].

En 2003, les tensions entre le duo Tom ford - Domenico de Sole et PPR se font de plus en plus sentir, la renégociation du contrat de Tom Ford devient houleuse[19],[20], les deux parties n'arrivant pas à trouver un terrain d'entente[8]. Si son action chez YSL obtient un bilan plus que mitigé venant de la presse, son historique chez Gucci reste spectaculaire, mais il se dit obligé de partir[20]. La presse et les grands acheteurs s'inquiètent, craignant la chute de Gucci en cas de départ de Tom Ford[20]. Finalement, il quitte Gucci et YSL[21] en avril 2004 après les défilés prêt-à-porter[5],[19] de Milan puis Paris : il présente une dernière collection dite « Chinoise », et est salué par ses pairs Valentino, Alexander McQueen, mais également Stella McCartney[22].

Retour aux États-Unis

Il rejoint finalement la maison Estée Lauder, pour laquelle il dirige la création d'une nouvelle ligne de produits de beauté.

Tom Ford lance aux États-Unis sa propre ligne de vêtements[5] luxueux, et a même ouvert un premier magasin à New York.

En 2008, Tom Ford est choisi pour créer les costumes du célèbre agent secret James Bond dans le film Quantum of Solace ainsi que dans Skyfall plus tard[23].

Le cinéaste à la Mostra de Venise 2009, aux côtés de ses acteurs Julianne Moore et Colin Firth, têtes d'affiche de A single man.

En 2009, Tom Ford réalise son premier film, adapté d'un roman du Britannique Christopher Isherwood : A single man. Le film, présenté à la Mostra de Venise, vaut à Colin Firth le prix d'interprétation masculine. L'année suivante, alors que Vogue Paris invite chaque année une personnalité pour son numéro de décembre, c'est Tom Ford qui devient, le temps d'un numéro, le sujet et contributeur du magazine français[24]

En 2011, il est classé comme étant la 28e personne la plus influente du monde par le Time 100[25]. Cette année-là, Tom Ford soulève de nombreuses critiques, ne voulant présenter ses collections qu'à quelques invités sélectionnés[26] et surtout sans photo[27], comme il l'avait fait l'année précédente[28],[29] ; bien que soutenu dans cette initiative par quelques-uns, dont l'influente Franca Sozzani[30], il reçoit durant les mois suivants des commentaires négatifs à peine masqués comme celui de la respectée Cathy Horyn, de Amy Odell qui offre à ses lecteurs un avis plus tranché[31], ou celui très acerbe de Virginie Mouzat : « Commence ainsi ce qui va lentement tourner au cauchemar. Dès les premiers passages, on est frappé par l’apparence démodée d’une collection façon Gucci d’il y a plus de dix ans. […] la collection Tom Ford fait de sa cliente une professionnelle… de la vulgarité. Tom Ford, ce pape du glam, fût-il porno-chic, embarrasse. Les minutes qui vont suivre enfoncent ce pénible fashion faux pas. Tom Ford apparaît. S’avance. Et reste là demandant aux gens de se lever. Mais tout le monde regarde ses pieds. […] Sauf qu’ici on ne se lève toujours pas. »[n 1].

En 2013, le rappeur américain Jay-Z lui rend hommage dans la chanson Tom Ford. La même année, il participe au clip vidéo de Queenie eye de Paul McCartney. En 2014, il a un premier enfant avec l'aide d'une mère porteuse Alexander John Buckley Ford, avec son mari Richard Buckley.

En , une vidéo comprenant la participation de Lady Gaga sort pour promouvoir la collection été 2016 de la marque.[32]

Il soutient Hillary Clinton lors de l'élection présidentielle de 2016[33].

En 2019 Tom Ford est élu président du Council of Fashion Designers of America (CFDA), la plus haute instance de la mode américaine ; il succède dans ce rôle à la créatrice Diane von Fürstenberg[34].

Distinctions

Tom Ford est plusieurs fois récompensé par le Conseil des créateurs de mode américains[35] au cours de sa carrière : pour la première fois en 1995, avec le prix « International Designer of the Year Award ». Il reçoit en 2001 le prix du vêtement féminin (« Womenswear Designer of the Year »), l'année suivante pour son rôle dans la maison Yves Saint Laurent avec le prix « Accessory Designer of the Year » et en 2008 celui du meilleur vêtement masculin (« Menswear Designer of the Year »).

Filmographie

Réalisateur, scénariste et producteur

Acteur

Costumier

Distinctions

Notes et références

Notes

  1. Court extrait de son article du Figaro repris par plusieurs médias dont le New York Magazine ou Hint Fashion Magazine. Un extrait plus long est disponible sur la page de Virginie Mouzat

Références

  1. (en) Time, Rita Wilson, The 2011 TIME 100 : Tom Ford, 21 avril 2011
  2. (en) « Tom Ford | Biography & Facts », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  3. (en) Los Angeles Times, Booth Moore, A designer ready for a change, 27 mars 2004
  4. (en) Claudia Chiari, Everlasting Luxury. The Future of Inaccessibility, Éditrice Le Fonti, 2009, p. 121
  5. Tom Ford - Vogue Paris
  6. Paquita Paquin, Cédric Saint-Andre Perrin, « Tom Ford, le créateur omnipotent », Évènement, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  7. Vogue, « Tom Ford », sur Vogue (consulté le )
  8. Valérie Gas, « Gucci : la succession est ouverte », Entreprises, sur rfi.fr, RFI, (consulté le )
  9. « Tom Ford met sa griffe sur Yves Saint-Laurent », Entreprise, sur lexpansion.lexpress.fr, L'Expansion, (consulté le )
  10. Nicolas Penicaut, « Une affaire cousue d’or », Culture, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  11. (en) Dana Thomas, « Brawling For Beauty », sur thedailybeast.com, Newsweek, (consulté le )
  12. Nicolas Penicaut, « Tom Ford dans les murs d'YSL.Seule la haute couture échappe au gourou de Gucci. », Économie, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  13. « Tom Ford taille dans YSL », Économie, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  14. « Heidi Slimane quitte Saint Laurent », Culture, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  15. Paquita Paquin, Cédric Saint-Andre Perrin, « Saint Laurent façon Ford », Culture, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  16. « Yves Saint Laurent : un point c'est tout »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), Archives, sur larousse.fr (consulté le )
  17. Paquita Paquin, Cédric Saint-André Perrin, « La guerre en flanelle », Culture, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  18. « Gucci. A Savoir », Évènement, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  19. Nathalie Bensahel, « François Pinault, fashion victim », Évènement, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  20. (en) Cathy Horyn, « Tom Ford and the Showdown at the Gucci Corral », Fashion Industry, sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le )
  21. Jean-Michel Thenard, « Vitrine », Évènement, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  22. « Les adieux de Tom Ford à Yves Saint Laurent », Culture, sur nouvelobs.com, Le Nouvel Observateur, (consulté le )
  23. (en) Isla Cunningham, « Tom Ford and Adele bring new look and sound to James Bond », Latest news, sur harpersbazaar.co.uk, Hearst, (consulté le )
  24. (en) Kellina de Boer, « Vogue Paris December 2010 Preview: Tom Ford », sur iwanttobearoitfeld.com, (consulté le )
  25. (en) The 2011 TIME 100 - Time
  26. Clément Ghys, « Tom Ford, un retour glamour », Mode, sur liberation.fr, Libération (journal), (consulté le )
  27. Géraldine ormoy, « Tom Ford refuse toujours que l'on photographie son défilé », Styles, sur lexpress.fr, Groupe l'Express-l'Expansion, (consulté le )
  28. Clément Ghys, « Tom Ford, retour glamour », Mode, sur liberation.fr, Libération (journal), (consulté le )
  29. Clément Ghys, « Tom Ford dévoile enfin son dernier défilé », Mode, sur liberation.fr, Libération (journal), (consulté le )
  30. (en) Tamara Abraham, « Bloggers' backlash over Tom Ford's secretive fashion week presentations », sur dailymail.co.uk, The Daily Mail, (consulté le )
  31. (en) Amy Odell, « Fashion Critic Dares to Critique Tom Ford », TheCut, sur nymag.com, New York Magazine, (consulté le )
  32. (en) « Watch Lady Gaga Bust a Move in Tom Ford’s Spring Collection Video », Vogue (consulté le )
  33. Arnaud Sagnard, « Trump et les couturiers : l'embrouille continue », nouvelobs.com, 20 janvier 2017.
  34. https://www.fashions-addict.com/Tom-Ford-succede-a-Diane-von-Furstenberg-a-la-tete-du-CFDA_408___18413.html
  35. (en) « CFDA Fashion Awards », sur cfda.com, CFDA (consulté le )
  36. (en-US) « 2016 Honorees | Hollywood Film Awards », Hollywood Film Awards, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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