Brière

La Brière ou Grande Brière est un marais situé au nord de l'estuaire de la Loire sur l'océan Atlantique, à l'ouest du département de la Loire-Atlantique, en pays de Guérande.

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Géographie

Localisation

Une partie de ce marais, appelée « Grande Brière Mottière » et couvrant 6 700 hectares, est propriété indivise des habitants du voisinage (14 paroisses devenues 21 communes), selon un statut reconnu de fait par une lettre patente du duc de Bretagne François II en date du [1], puis formellement accordé par le roi Louis XVI le [2]. La Brière, ou Grande Brière est drainée par le dernier affluent de la Loire, le Brivet, qui se jette dans l'estuaire à la limite des communes de Saint-Nazaire et Montoir-de-Bretagne.

Son territoire s'étend sur 490 km2, dont 170 km2 de zones humides, au cœur desquelles le marais de Grande Brière Mottière couvre à lui seul 70 km2, qui compte 21 communes.

La Brière constitue une des limites naturelles de la presqu'île guérandaise[3].

Urbanisme

Morphologie urbaine

Les marais de la Grande Brière Mottière s'étendent principalement sur la commune de Saint-Joachim qui comprend le territoire indivis du marais.

Plusieurs communes ont une part plus ou moins importante de leur territoire sur le marais de Brière et ses annexes, ce sont :

Toutes ces communes interviennent dans la gestion du marais et du Parc naturel régional de Brière[4].

Par extension, vingt communes sont considérées comme faisant partie de la Brière : aux dix-sept communes précédentes s'ajoutent les communes de Besné, Prinquiau et Pontchâteau en raison de leurs liens avec le réseau hydrographique du Brivet (dernier affluent de la Loire), à travers les marais de Grande Brière et de Donges. Ces trois communes ne sont pas membres adhérents directs du parc naturel, mais membres du syndicat mixte d'aménagement hydraulique du bassin du Brivet.

Dans la gestion du Parc naturel régional de Brière, incluant les marais de Grande Brière et ses annexes, ainsi que les Marais du Mès, s'ajoutent d'autres intervenants, dont :

Habitat traditionnel

Les habitations traditionnelles de plus de 200 ans ne présentent pas de fenêtre, en raison des taxes sur les portes et fenêtres existant à l’époque de leur construction[5]. Les pierres sont unies par un liant d’argile mêlée à de la paille ou du roseau, et la charpente est constituée de morta[5]. La couverture est faite de chaume de roseaux (Phragmites australis[6])  le seigle, puis le jonc jusqu’au XIXe siècle ont précédé le roseau[6] , dont l’épaisseur peut dépasser un mètre ; l'inclinaison varie de 45 à 53 degrés[5]. La chaumière traditionnelle selon le bâti ancien, au toit de chaume et aux murs de pierres  schiste ou granite perspirants, souffre de peu d’apports solaires et d’une ventilation naturelle faible[6]. Les matériaux respirants participent à la régulation de l’humidité, provenant du haut niveau de pluviométrie et de la proximité des marais, et empêchent condensation et moisissures[PLU 1] ; ils contribuent à assurer une inertie thermique relative[PLU 1].

Il s’agit d’une maison longue à foyer ouvert, qui accueille humains et bétail sans séparation, dans une pièce unique prolongée par une écurie ou une étable[PLU 2]. Les récoltes sont stockées dans les combles[PLU 2] ; le plancher de ce grenier est en torchis composé de quenouilles, barreaux de châtaignier emmaillotés de foin mélangé à un enduit  ou barbotine  de terre et positionnés en appui sur les poutres[7]. La façade principale est donc percée de trois ouvertures, la porte, une fenêtre étroite, et l’accès aux combles[PLU 2]. La porte est à lucet, et empêche les animaux de basse-cour de rentrer, ou les enfants en bas âge de sortir[N 1]. Compte tenu du faible nombre d’ouvertures, mais aussi du noir de fumée déposé sur les murs et le plafond, l'intérieur de la chaumière est assez sombre ; un badigeonnage à la chaux regayait régulièrement la pièce[N 2].

Le XIXe siècle voit apparaître l’ardoise, qui remplace le chaume, et le béton en lieu et place de la pierre apparente[PLU 3]. Fours à pain, puits et croix de chemins font partie du paysage traditionnel[PLU 4]. Les fours à pain sont érigés à bonne distance des habitations, afin d’éviter d’enflammer le chaume des toitures, et l’ouverture orientée au nord-nord-est, dans le quadrant opposé aux vents dominants[9].

Les villages de Kerhinet et de Bréca, à Saint-Lyphard, ont été entièrement restaurés dans leur état original par le parc naturel régional de Brière à partir des années 1970[6].

On dénombre, en 2013, plus de 3 000 chaumières dans le parc naturel de Brière[PLU 2].

« Les chaumières constituent la forme la plus emblématique et la plus pittoresque du patrimoine rural de la Brière. Ce type d’habitat ne semble guère avoir évolué jusqu’au milieu du XIXe siècle. C’est à cette époque en effet que les plus riches propriétaires vont introduire de la brique dans leur construction et remplacer la toiture de chaume par une couverture en ardoise. L’aire de répartition des chaumières correspond aux secteurs qui étaient les plus pauvres à la fin du XIXe siècle et qui le sont demeurés jusqu’au milieu du XXe siècle [partie ouest du parc dont Saint-Lyphard fait partie].
La qualité esthétique de ces constructions, leur intérêt historique ou archéologique, leur appartenance à un ensemble bâti homogène, mais aussi la place indéniable qu’elles occupent dans notre mémoire collective, réclament qu’on prévienne la démolition et qu’on leur épargne des aménagements inadaptés. »

 Extrait de la charte paysagère du parc de Brière, [PLU 2].

Toponymie

De nombreux écarts et villages portent des noms à consonance bretonne. C'est le cas d'un grand nombre de localités et villages de la Brière situés à l'ouest d'une ligne allant de Saint-Malo-de-Guersac à La Chapelle-des-Marais ; à l'est de cet axe, les toponymes d'origine bretonne sont peu nombreux[10].

Histoire

Autrefois, on y récoltait la tourbe d'où son nom de pays noir et on y navigue encore grâce à une barque appelée « chaland ». Ses habitants s'appellent les Briérons.

Les marais de Brière sont protégés à plusieurs titres. Le Parc naturel régional de Brière a été mis en place en 1970[4].

Chaumière en Brière.
Habitat traditionnel du Pays métais, chaumière briéronne.

Population et société

Traits marquants

Selon Sylvie Postel-Vinay[N 3], les différents recensements depuis 1836 montre que la famille nucléaire ou restreinte  composée du père, de la mère et des enfants, et donc non élargie aux parents d'un des époux  représente près de 70% des ménages briérons[AV 1]. Les familles nombreuses sont fréquentes au XIXe siècle ; le recensement de 1866 à Saint-Joachim dénombre 158 familles ayant entre cinq et dix enfants, sur un total de 1 040 foyers[AV 2]. Autre trait marquant, les Briéronnes donnent naissance jusqu’à un âge avancé   49 ans, voire 54 ans[N 4]  ainsi que le révèlent les registres d’état civil.

La prédominance de la famille nucléaire est un critère qui occulte, au XIXe siècle la présence d’une communauté plus large constituant des quartiers, des hameaux ou même des communes, tant voisinage et cousinage sont confondus[AV 3]. Le petit nombre de patronymes et leur répartition géographique vient confirmer ce constat[N 5],[N 6]. Des hameaux sont même nommé du patronyme dominant, ainsi le village des « Moyons » à Fédrun et celui des « Vinces » à Pendille (Saint-Joachim[AV 3]).

Culture locale et patrimoine

Œuvres ayant pour thème la Brière

Tableaux

Ferdinand du Puigaudeau a peint de nombreux paysages de la Brière.

Patrimoine naturel

Les marais briérons s'insèrent dans un vaste ensemble de zones humides comprenant au nord le golfe du Morbihan et l'estuaire de la Vilaine, à l'ouest s'étendent les marais salants de Guérande et, au sud, l'estuaire de la Loire et le lac de Grand-Lieu. En tant que réservoir de biodiversité et comprenant de nombreux corridors biologiques, ils sont un élément très important de la trame verte et bleue, régionale, pris en compte par le SRCE.

Les marais briérons et surtout de la Grande Brière Mottière évoluent depuis un siècle vers une uniformisation en roselière cariçaie (alors que les prairies occupaient en 1940 environ 80 % de la surface de la Grande Brière Mottière, contre 15 % en 2000), au détriment de la biodiversité des milieux ouverts et de la diversité paysagère. Le pâturage remplaçait l'action des grands herbivores sauvages qui ont été peu à peu éliminés par l'Homme après la dernière glaciation.

La faune et la flore des zones humides restent riches et remarquables, mais nécessitent pour conserver une mosaïque écopaysagère gage d'une haute biodiversité des actions de gestion pour remplacer l'action de ces grands herbivores (et de la grande faune sauvage en général); « le broyage de cariçaies a été entrepris afin d’assurer la reconversion de vastes zones inutilisées en prairies pâturées » (3 parcelles gyrobroyées en été et en  : une parcelle de 15 ha sur Bréca, 40 ha sur La Pointe, Les Landes, 20 ha sur la Chaussée Neuve)[13].

La Grande Brière a été reconnue site Ramsar le [14].

Galerie

Notes et références

Notes

  1. Une porte à lucet possède une partie supérieure qui peut souvrir indépendamment de sa partie inférieure[7].
  2. Régayer est une contraction locale pour ré-égayer[8].
  3. Sylvie Postel-Vinay est docteur en ethnologie[11].
  4. Par exemple à Saint-Joachim en 1836, Marie Le Goff, 77 ans a un fils de 28 ans ; à La Chapelle-des-Marais en 1866, Jeanne Mahé, 60 ans a un fils de six ans[AV 2].
  5. À Saint-Joachim, les Moyon, puis les Vince, Aoustin, Mahé, Ollivaud et Halgand prédominent, alors qu’à Saint-André-des-Eaux, ce sont les Guéno, puis Bertho et Lechêne, et à La Chapelle-des-Marais, ce sont les Thoby, Hervy, Belliot, Broussard et Berceray[AV 3].
  6. Dans le village de Mayun (La Chapelle-des-Marais), sur 165 ménages recensés en 1866, on constate l’un des trois patronymes Hervy, Belliot ou Broussard porté par les deux conjoints dans 111 ménages et par l’un des conjoints dans 45 ménages ; dans neuf ménages seulement les patronymes cités sont absents[AV 4].

Sources institutionnelles

  1. PLU 2013, p. 133.
  2. PLU 2013, p. 100.
  3. PLU 2013, p. 101.
  4. PLU 2013, p. 102.

Sources privées

  • Augustin Vince, Claude Gracineau-Alasseur et Sylvie Postel-Vinay, Briérons naguère, Pont-Château, A. Vince,
  1. Postel-Vinay, p. 114.
  2. Postel-Vinay, p. 115.
  3. Postel-Vinay, p. 120.
  4. Postel-Vinay, p. 121.
  • Autres références.
  1. Jean Caron, « Les origines du marais indivis de Brière - des alleux aux lettres patentes », marineenboisdubrivet.fr, (lire en ligne [PDF]).
  2. « Le Marais de Grande Brière Mottière en indivision », sur www.parc-naturel-briere.com (consulté le ).
  3. Marie Rouzeau, Du Pays de Guérande à la Côte d’Amour, Plomelin, Palatines, coll. « Histoire et géographie contemporaine », , 223 p. (ISBN 978-2-35678-023-2, notice BnF no FRBNF42167321).
  4. « Le Parc naturel fête ses 50 ans | Parc naturel régional de Brière », sur www.parc-naturel-briere.com (consulté le )
  5. Gérard Locu et Nadine Froger, À la découverte de la Brière, La Baule, éditions des Paludiers, , 2e éd., 61 p. (EAN 9782402270403, notice BnF no FRBNF34694315, lire en ligne).
  6. « Chaumières de Brière », sur le site du parc naturel de Brière (consulté le ).
  7. Troublé-Hougard 2011, p. 22.
  8. La Madeleine d’hier et d’aujourd’hui, « Parlers et patois de la Madeleine en Brière », Paroles de métais, no 5, .
  9. Troublé-Hougard 2011, p. 26.
  10. Charaud 1948, p. 119.
  11. « Sylvie Postel-Vinay », sur le site de la BnF (consulté le ).
  12. « Brière et Briérons », sur le site de la cinémathèque de Bretagne (consulté le ).
  13. Alexandre Carpentier, Jean-Marc Paillisson, Jean-Patrice Damien et Éric Feunteur (université de Rennes, PNR), Gyrobroyage de cariçaies en Grande Brière Mottière : nouvelles zones d’accueil pour la faune piscicole ?, 2000.
  14. (en) « Grande Briere », sur Service d’information sur les Sites Ramsar (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Anne-Marie Charaud, « L'habitat et la structure agraire de la Grande Brière et des marais de Donges », Annales de géographie, , p. 119-130 (lire en ligne). 
  • Jean-Pierre Fleury et Michel Verret (dir.), Les Briérons : essai d'approche d'une communauté ouvrière et rurale (thèse de doctorat en sociologie), Nantes, université de Nantes, , 1055 p. (notice BnF no FRBNF12514198).
  • Fernand Guériff (ill. Jean Émile Laboureur, Jean Frélaut et Émile Gautier), Brière de brumes et de rêves : histoire, coutumes, mythes et légendes, Nantes, Bellanger, , 288 p. (notice BnF no FRBNF34650376).
  • Gérard Locu et Nadine Froger, À la découverte de la Brière, La Baule, , 2e éd., 61 p. (EAN 9782402270403, notice BnF no FRBNF34694315, lire en ligne).
  • Augustin Vince, Claude Gracineau-Alasseur et Sylvie Postel-Vinay (préf. Yves Cosson), Briérons naguère, Pont-Château, A. Vince, , 284 p. (notice BnF no FRBNF34880785). 

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Liens externes

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