CC 40100

Les CC 40100 sont une série de dix locomotives électriques bi-courant quadritension de la SNCF. Elles ont été livrées en deux phases, les quatre premières en 1964, les six dernières en 1969-1970.

CC 40100
La CC 40110 exposée au 5e régiment du génie de Versailles, en 2009.
Identification
Exploitant(s) SNCF
Désignation CC 40101 à 40110
Surnom « Nez cassés »
Type Locomotive électrique
Construction 10 locomotives
Constructeur(s) Alsthom 1964
puis 1969 - 1970
Retrait radiées de 1992 à 1996
Diffusion 3 préservées
(40101, 40109 et 40110)
Affectation France et Belgique
Caractéristiques techniques
Disposition des essieux C'C'
Écartement standard (1 435 mm)
Captage 4 pantographes
Tension ligne de contact 1,5 kV continu
3 kV continu
15 kV 16 2/3 Hz
25 kV 50 Hz V
Moteurs de traction 2 x TDQ 657 A1 (40101-3)
2 x TDQ 662 A1 (40104)
2 x TDQ 662 B1 (40105-10)
Puissance continue (40101-3) 3670 kW
(40104-10) 4480 kW
Masse totale 109,6 t
Longueur totale 22,030 m
Vitesse maximale (CC 40101 à 104) 160/240 (CC 40105 à 110) 180/220 km/h

Ces machines quadritension, les seules de la SNCF à ce jour si l'on exclut les TGV PBKA et certaines rames TGV-TMST du pool Eurostar, ont été conçues pour assurer les services internationaux entre la France, la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne. Leur équipement bi-courant leur aurait en fait permis de parcourir tous les réseaux d'Europe continentale à écartement standard, leur gabarit réduit leur permettant même de rejoindre Londres par le tunnel sous la Manche alors projeté.

Histoire

Prenant la suite des prototypes BB 30000 pour l'exploitation des liaisons rapides transfrontalières France-Belgique récemment électrifiées, ces machines sont elles-mêmes des semi-prototypes, tant elles ont connu de modifications au cours de la mise au point des 4 premiers exemplaires. Les essais à grande vitesse et dans diverses configurations ont amené les ingénieurs de la DETE (Division des Études de Traction Électrique) à effectuer un grand nombre de modifications techniques, pour apporter des améliorations sur le plan de la stabilité et sur le plan de la fiabilité.

En outre, les performances prévues au cahier des charges ont dû être revues à la baisse, compte tenu des problèmes de fiabilité de certains équipements. Les réducteurs à changement de rapport 240/160 n'ont par exemple pas pu être conservés en raison de la fragilité du système, d'autant que leur utilité fut très réduite par le choix de limiter les trains remorqués à 200km/h, réservant la grande vitesse au futur TGV.

La silhouette inédite de ces machines inaugurait le profil dit en « nez cassé » au pare-brise inversé dû au styliste Paul Arzens qui a par la suite été appliqué à plusieurs autres séries. Elle a ensuite légèrement évolué en fonction des modifications techniques apportées. Les jupes de carénage inférieur ont été supprimées sur les 4 premiers exemplaires après que des inconvénients furent constatés (CC40101 en état d'origine [1]). Les cabines de conduites ont aussi été renforcées (montants de vitrages plus épais), et les vitrages d'angles ont été obturés, comme sur la plupart des locomotives de la SNCF de cette époque.

Les six exemplaires finaux sortis en 1969-1970 ont bénéficié de ce retour d'expérience, et ont été fabriqués en intégrant ces différentes améliorations.

Les CC 40100 ont été les premières machines à être équipées d'un dispositif de freinage sans timonerie et à rattrapage automatique d'usure de semelle, le bloc-frein P60, développé par la Compagnie des Freins et Signaux Westinghouse.

La SNCB mit en service à partir de 1973 des locomotives quadritension directement dérivées des CC 40100, afin d'exploiter conjointement avec la SNCF les liaisons TEE Paris-Bruxelles et Paris-Liège-Cologne. Ces six locomotives formant la série 18 ont été assemblées en Belgique par la Brugeoise et Nivelles sur la base de composants fournis par Alsthom.

Service

La CC 40103, avec le TEE l'Oiseau Bleu.

Bien qu'équipées pour circuler en 15 kV 16 ²⁄₃ Hz, les CC 40100 n'ont jamais été utilisées en Allemagne ni aux Pays-Bas en service commercial. Leur équipement 15 kV 16 ²⁄₃ Hz a d'ailleurs été démonté, en faisant d'elles des locomotives tritension : kV continu (Belgique), 1,5 kV continu (sud de la France et Pays-Bas) et 25 kV 50 Hz (nord de la France). Pour des raisons plus politiques que techniques, leurs cousines belges de la série 18 ont été pleinement utilisées sur la liaison Liège Cologne tout au long de leur carrière.

Les CC 40100 ont donc assuré de 1964 à 1996 les trains de voyageurs internationaux entre Paris et Bruxelles (vers Amsterdam) ou Liège (vers Cologne), dont de nombreux Trans-Europ-Express (TEE Brabant, Étoile du Nord, Île de France, Oiseau Bleu, etc.).

Elles ont assuré à certaines époques la traction de trains rapides sur Paris Lille et Paris Amiens, et même un aller-retour Lille Aulnoye. Elles ont sporadiquement effectué la traction de trains de messageries nocturnes entre la France et la Belgique.

Jugées à l'usage insuffisamment fiables et très onéreuses en maintenance (du fait de la technologie utilisée pour la diminution de la résistance pour augmenter l'effort de traction de la locomotive, qui avait tendance à fondre), elles ont cédé la place aux Thalys (TGV PBA et PBKA) en 1996.

La CC 40104 avait tout de même parcouru 7 465 470 de kilomètres le jour de son amortissement, le .

Pour célébrer la fin de leur service commercial, un voyage spécial en rame TEE Inox a été organisé les 1er et , avec les CC 40109 et 40110 qui ont effectué un long périple entre la France, la Belgique, les Pays-Bas, ainsi qu'une incursion en Allemagne (alors que ces deux derniers pays n'avaient jamais accueilli ce type de machines auparavant)[2].

Parc

Liste

État du matériel au 1er mai 2009
Motrices Mise en service Radiation Livrée Dépôts Baptême (Date)
40101ArzensLa ChapellePerpignan ()
40102ArzensLa ChapelleMenton ()
40103ArzensLa ChapelleBrioude ()
40104ArzensLa ChapelleSaint-Jean-de-Luz ()
40105ArzensLa ChapelleHyères ()
40106
(machine d'origine, détruite par collision à un passage à niveau le )
ArzensLa Chapelle
40106
(nouvelle machine, construite en même temps que les 1801 à 1806 SNCB)
ArzensLa ChapelleCompiègne ()
40107ArzensLa ChapelleBayonne ()
40108ArzensLa ChapelleHendaye ()
40109ArzensLa ChapelleCannes ()
40110ArzensLa ChapelleNice ()

Machine particulière

La CC 40106 a été détruite peu de temps après sa mise en service en 1969, lors d'une collision avec un poids-lourd sur un passage à niveau, à Lembeek. Elle a été remplacée en 1973 par une nouvelle machine construite par la Brugeoise et Nivelles sur les lignes d'assemblage des machines très similaires de la série 18. La nouvelle machine a repris le numéro 40106 [3].

Machines conservées

  • CC 40101 : exposée à la Cité du train de Mulhouse depuis 2010, après une restauration réalisée par le Centre de la Mine et du Chemin de Fer à Oignies, et une préservation en réserve à l'atelier des rotondes de Mohon.
  • CC 40109 : initialement exposée à la Cité du train de Mulhouse, elle a été échangée en 2005 avec la CC 40101, pour être préservée par le Centre de la Mine et du Chemin de Fer à Oignies.
  • CC 40110 : la machine appartient au Matériel Ferroviaire, Patrimoine National (MFPN) à Drancy : désormais classée au titre objet des Monuments historiques[4] depuis le , elle est restaurée et maintenue en état de marche pour remorquer des trains spéciaux.

Modélisme

Cette locomotive a été reproduite à l'échelle HO par les firmes suivantes :

au 1/160e (échelle N) Train Nco (AIM) en 2002

  • Gégé : CC 40101, sortie entre 1959 et 1977 [5]
  • Troby : CC 40105, sortie entre 1970 et 1985 [6]
  • Jouef [7],[8]
    • CC 40101, sortie en 1965
    • CC 40108, sortie en 1976
  • Lemaco :
    • CC 40101
    • CC 40108
    • CC 40110
  • Lima : CC 40101
  • LS Models [9]
    • CC 40101
    • CC 40102
    • CC 40103
    • CC 40105
    • CC 40107
    • CC 40109
    • CC 40110
  • Märklin
    • CC 40108, sortie en 2007 [10]
    • CC 40106, sortie en 2009 [11]
    • CC 40101, sortie en 2012 [12]
  • Trix
    • CC 40105, sortie en 2007 [13]

Notes et références


Bibliographie

  • Jacques Defrance, "Le matériel moteur de la SNCF", N.M. La Vie du Rail, 1969 et réédition 1978
  • "Les locomotives polytensions", Editions Publitrains eurl (Le Train), 1997
  • Pascal Dumont, "Locomotives Polycourant Tome 1", Edition Du Cabri, (ISBN 978-2908816471)
  • Pascal Dumont, "Locomotives Polycourant Tome 2", Edition Du Cabri, (ISBN 978-2908816488)
  • Olivier Constant, « Encyclopédie du matériel moteur SNCF, Tome 8 : Les locomotives bicourant, bifréquence et polytension (1re partie) », Le Train, Publitrains, (ISSN 1296-5537)

Annexes

Articles connexes

Les autres Locomotives Nez cassés
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