Corticoïde

Les corticostéroïdes, appelés plus simplement corticoïdes[1], sont des hormones stéroïdiennes sécrétées chez les êtres humains par le cortex de la glande surrénale. Cette partie superficielle de la glande, en partant de la zone la plus superficielle jusqu'à la zone la plus proche de la médullaire surrénalienne, produit des substances différentes en fonction de la zone. Dans la zone glomérulée, les minéralocorticoïdes (principalement aldostérone) qui agissent sur la régulation de l'eau et du sel dans le corps (rétention d'eau et de sodium, élimination de potassium) ; Dans la zone fasciculée, les glucocorticoïdes (cortisol) qui ont des propriétés anti-inflammatoires et une action sur le métabolisme protidique et glucidique ; Enfin, dans la zone réticulée, les androgènes, qui ont un rôle dans le développement des caractères sexuels.

En général, lorsque l'on parle de « corticoïdes », il s'agit de glucocorticoïdes, qu'ils soient naturels ou de synthèse.

Classification

Les glucocorticoïdes naturels sont sécrétés par l'organisme humain à faibles doses et à un rythme circadien (70 % étant sécrétés entre 2 et 8 heures du matin[2]). La cortisone et le cortisol (ou hydrocortisone) - sont utilisés essentiellement dans l’hormonothérapie de substitution des insuffisances surrénales.
L’hémisuccinate d’hydrocortisone a un effet très rapide et doit donc être réservé aux problèmes d’urgence[pourquoi ?].

Les glucocorticoïdes de synthèse ont une activité majorée pour permettre une meilleure action anti-inflammatoire et leurs effets minéralocorticoïdes sont très réduits. Ils sont utilisés dans les autres indications thérapeutiques (anti-inflammatoires, immunosuppressives, anti-allergiques) et sont définis en :

  • corticoïdes à effets courts (prednisone, prednisolone, méthylprednisolone) : de pouvoir anti-inflammatoire à 4-5 (mesuré par référence à celui du cortisol coté à 1) ;
  • corticoïdes à effets intermédiaires (triamcinolone, paraméthasone) : de pouvoir anti-inflammatoire à 5-10 ;
  • corticoïdes à effets prolongés (bétaméthasone, dexaméthasone, cortivazol) : de pouvoir anti-inflammatoire de 25-30 (jusqu’à 60 pour le cortivazol).

Historique

Les glucocorticoïdes de synthèse sont des anti-inflammatoires connus depuis les années 1950, au cours desquelles ils ont pour la première fois été utilisés avec succès dans les maladies inflammatoires, et en particulier les affections rhumatismales[3].

Inscrits sur la liste noire des produits dopants par le Comité international olympique en 1978, les corticoïdes n'ont pu être décelés qu'à partir de 1999[4].

Action des glucocorticoïdes

Les différentes actions sont :

  • augmentation du métabolisme glucidique et protidique
  • anti-inflammatoire
  • antipyrétique (font baisser la fièvre)
  • analgésique (lutte contre la douleur)
  • anti-allergique (action non immédiate contre les effets du contact avec un allergène chez un sujet allergique)
  • baisse des défenses immunitaires (utilité dans la lutte contre le rejet des greffes).
  • bronchodilatateurs
  • régulateur de la sécrétion de mucus

Indications des glucocorticoïdes

Les glucocorticoïdes de synthèse sont utilisés pour traiter de très nombreuses maladies allergiques, immunologiques ou cancéreuses[5]. Néanmoins, la grande majorité des patients recevant des glucocorticoïdes sont traités pour des maladies pulmonaires ou rhumatologiques[5].

Maladies pulmonaires

Maladies rhumatologiques et/ou auto-immunes

Allergie (souvent en association avec des traitements d'action rapide : adrénaline par exemple)

Réactions inflammatoires sévères

Maladies générales

Soins de support et soins palliatifs

Effets secondaires

Les effets secondaires d'un traitement par glucocorticoïdes se rencontrent surtout en cas de traitement prolongé mais peuvent également, pour certains d'entre eux, apparaitre dès les tout premiers jours du traitement[6]. Certaines précautions (voir paragraphe suivant) peuvent les éviter ou en limiter les risques[7]

Les effets secondaires principaux sont :

  • troubles endocriniens : diabète, dérégulation de la synthèse naturelle de glucocorticoïdes à la fin du traitement, troubles du cycle menstruel (règles irrégulières), apparition (ou aggravation) d'une acné, pilosité excessive ou hypertrichose, fragilisation cutanée, ecchymoses ;
  • troubles digestifs : ulcère gastro-duodénal (les glucocorticoïdes augmentent la secretion d'acide par l'estomac), hémorragie digestive, sur ulcère gastro-duodénal, gastrite aigüe, entérite ou colite, pancréatite aiguë ;

Précautions d'emploi

Les précautions d'emplois sont donc systématiques dans les traitement longs, à dose élevée. Dans ce cas, on prescrit les mesures suivantes :

Régime alimentaire et supplémentations

  • apports de calcium (prévention des fractures)
  • apports de vitamine D (même remarque)
  • apports de potassium parfois
  • régime pauvre en sel et en sucre[8]
  • le régime alimentaire à suivre n'est pas très bien connu[8]

Bilan avant de commencer le traitement

Par ailleurs, il convient de toujours rechercher un ulcère (et de le traiter le cas échéant), des troubles psychiatriques, une ménopause, une hypertension (la rétention d'eau et de sodium liée aux glucocorticoïdes augmente le volume sanguin, et donc la tension), une infection virale ou bactérienne.

Pendant le traitement

  • Surveiller le poids, la pression artérielle, l'état cutané, la glycémie, la tolérance et la bonne prise du traitement.
  • Les glucocorticoïdes, pour limiter la libération naturelle de leur équivalent non-synthétique, doivent la plupart du temps être pris en une seule prise, le matin.
  • En cas de stress (infection, opération chirurgicale, traumatisme) : une augmentation des doses est indispensable (physiologiquement, ces états introduisent une augmentation (?) des hormones surrénaliennes).

Fin du traitement

Afin d'éviter de perturber la synthèse naturelle de glucocorticoïdes par la glande surrénale, il faut toujours arrêter le traitement très progressivement si ce dernier a été prolongé : plusieurs paliers de 8 à 15 jours, en surveillant la fonction surrénalienne par des tests sanguins réguliers.

Prescription d'une corticothérapie

Compte tenu de la diversité des indications de traitement à base de corticoïdes (corticothérapie), de l'importance d'adapter celle-ci à la réponse clinique et aux effets secondaires rencontrés, il n'existe pas de schéma standard de prescription.

Corticothérapie en cure courte

Sur une durée brève, de 10 à 15 jours suivant les références, il est possible d'instaurer et d'arrêter une corticothérapie avec un risque modéré d'effets secondaires. Les règles suivantes doivent néanmoins être respectées :

  • à la mise en route, examen clinique et interrogatoire, mais pas de bilan biologique ;
  • pas de traitement adjuvant ;
  • durée de traitement de 10 à 15 jours maximum ;
  • glucocorticoïdes de demi vie brève : prednisone, prednisolone ou méthylprednisolone ;
  • en une prise unique le matin ;
  • 0,5 à 1 mg·kg-1 du premier au dernier jour.

Corticothérapie prolongée, phase de décroissance

Il est plus que conseillé en cas de corticothérapie sur plusieurs années, de diminuer très progressivement; mg tous les deux mois, puis stabilisation à 5 mg 3 ou 4 mois, puis à nouveau mg tous les deux mois jusqu'à arrêt total.

Corticothérapie prolongée, phase de sevrage

Risques du sevrage :

  • une insuffisance surrénalienne ;
  • une reprise de la maladie sous-jacente.

Contre-indications

Il n'existe aucune contre-indication formelle à une corticothérapie brève et vitale. Dans les autres cas, où les glucocorticoïdes peuvent être remplacés par d'autres médicaments, on évitera de les prescrire dans les circonstances suivantes :

  • grossesse, allaitement ;
  • maladie virale grave en évolution (herpès, zona, hépatite virale aiguë) car les glucocorticoïdes entraînent une baisse de l'inflammation et de l'immunité nécessaire à la lutte contre ces infections ;
  • ulcère gastro-duodénal en évolution (c'est-à-dire non traité) ;
  • cirrhose sévère ;
  • goutte ;
  • états psychotiques ;
  • certaines parasitoses : anguillulose, etc.

Notes et références

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