Winterreise

Voyage d'hiver

Ne doit pas être confondu avec Le Voyage d'hiver.

Winterreise
Voyage d'hiver

Page de titre de la première partie du Winterreise parue en janvier 1828 chez Tobias Haslinger.

Genre Lieder
Musique Franz Schubert
Texte Wilhelm Müller
Effectif Chant et piano
Durée approximative 70 minutes
Dates de composition 1827

Winterreise (Voyage d'hiver en français), D.911, est un cycle de 24 lieder pour piano et voix, composé par Franz Schubert en 1827, un an avant sa mort, sur des poèmes de Wilhelm Müller.

« Winterreise est l'un des cycles les plus bouleversants de toute l'histoire de la musique »[1]. La sobriété du discours musical, son intériorité douloureuse, son impression d'immobilité emportent l'auditeur du premier au dernier lied, qui ne conclut pas, s'arrêtant juste au bout de la solitude, « au seuil de la démence » (Einstein).

Les poèmes de Müller correspondent parfaitement à l'état d'esprit du compositeur à ce moment-là : fatigué, découragé, il se reconnaît dans le narrateur dès qu'il découvre les poèmes. Voyage et solitude sont les thèmes principaux et ce qui appartient au bonheur n'apparaît que sous forme de souvenir et d'illusion. Schubert mêle dans ce cycle à parts égales le duo instrumentiste et chanteur, anticipant Schumann.

Titres

  1. Gute Nacht (Bonne Nuit) D.911-1
  2. Die Wetterfahne (La Girouette) D. 911-2
  3. Gefrorene Tränen (Larmes gelées) D. 911-3
  4. Erstarrung (Solidification) D. 911-4
  5. Der Lindenbaum (Le Tilleul) D. 911-5
  6. Wasserflut (L'Eau des inondations) D. 911-6
  7. Auf dem Flusse (Sur le fleuve) D. 911-7
  8. Rückblick (Recul) D. 911-8
  9. Irrlicht (Feu follet) D. 911-9
  10. Rast (Pause) D. 911-10
  11. Frühlingstraum (Rêve de printemps) D. 911-11
  12. Einsamkeit (Solitude) D. 911-12
  13. Die Post (La Poste) D. 911-13
  14. Der greise Kopf (La Vieille Tête) D. 911-14
  15. Die Krähe (La Corneille) D. 911-15
  16. Letzte Hoffnung (Dernier Espoir) D. 911-16
  17. Im Dorfe (Dans le village) D. 911-17
  18. Der stürmische Morgen (Le Matin tempétueux) D. 911-18
  19. Täuschung (Tromperie) D. 911-19
  20. Der Wegweiser (Le Panneau indicateur) D. 911-20
  21. Das Wirtshaus (L'Auberge) D. 911-21
  22. Mut (Courage) D. 911-22
  23. Die Nebensonnen (Les trois soleils) D. 911-23
  24. Der Leiermann (Le Joueur de vielle à roue) D. 911-24

Le poète et le compositeur

Les « Schubertiades » durant lesquelles les lieder étaient interprétés. Par Julius Schmid (1897).

Le cycle du Voyage d'hiver ou Winterreise est sans doute le plus beau recueil de lieder de Franz Schubert. Par sa densité et son dramatisme, l'œuvre dépasse tout ce qu'il a produit dans le genre. Schubert a trente-et-un ans. Il commence le cycle en pour les douze premiers lieder et lorsqu'il en découvre les autres durant l'été, il le complète d'un second cahier, achevé et mis au propre en octobre de la même année.

Après une période créatrice et humaine difficile pour le musicien, ces lieder sont le « prélude » à ses plus hauts chefs-d'œuvre que sont le quintette à cordes en ut, le quatuor à cordes n° 15, les trois dernières sonates pour piano dont la sonate no 21, les impromptus, la Fantaisie en fa mineur, la Messe en mi  majeur, ou la grande Symphonie en do. Plus sa mort pressentie approche, plus sa musique devient profonde et émouvante.

Le Voyage d'hiver est l'œuvre la plus triste du compositeur, il n'y a aucune issue ; l'hiver est la mort. Schubert est un solitaire dans Vienne, il est très peu connu et mis à l'écart par le succès de son modèle, Beethoven. Schubert vit dans la maladie, la solitude et l'angoisse de la mort. « Le but de ce Voyage d'hiver, c'est la mort[2]. »

Wilhelm Müller

Les recueils de Wilhelm Müller.

Bibliothécaire et professeur dans un lycée, Wilhelm Müller (1794–1827), auteur des textes, est un poète du premier romantisme. Ses thèmes sont en affinité et comme l'expression de l'état d'abattement où se trouvait alors le musicien. En effet, il s'identifie sans mal à cet homme blessé par un amour non partagé décrit par les poèmes, à ce malheureux vagabond errant en plein hiver – même si Schubert ne voyagea jamais. Müller est influencé par les romantiques Novalis, Clemens Brentano et Achim von Arnim, ceux-là même que critique Gœthe dans les Conversations avec Eckermann : « Ils écrivent tous comme s'ils étaient malades et le monde entier une infirmerie. » Müller écrivait :

« Je ne sais ni jouer, ni chanter, quand j'écris des poèmes, je chante et je joue. Si je pouvais créer moi-même mes mélodies, alors mes lieder plairaient encore plus que maintenant. Mais j'espère avec confiance qu'il pourra se trouver une âme semblable à la mienne qui saisisse les mélodies glissées sous les mots et qui me les restitue. »

Franz Schubert fut cette « âme semblable ».

Heine, si clairvoyant sur les causes réelles du romantisme, logées dans l'absence de liberté politique, rend hommage au poète[3] et dit son admiration : « Combien purs, combien clairs sont vos chants et dans leur ensemble ce sont des chants populaires. » La diffusion populaire du Tilleul lui donne raison.

Un autre recueil de Müller, « Chants grecs », où – sous couvert de la lutte pour l'indépendance des Grecs contre l'occupation turque – il s'en prend au sombre système réactionnaire de Metternich, accentue la conscience de la réalité, et nous aide à profiler le sombre Voyage d'hiver dans un contexte anti-démocratique. Ainsi poèmes et musique sont un des témoignages les plus bouleversants « de cet asservissement politique, que Heine donnait nommément comme cause véritable de l'ironie romantique et de la difficulté d'être[4]. »

L'écriture ou plutôt l'organisation du recueil définitif de Müller publié en 1824 et composé de vingt-quatre poèmes, connaît trois étapes[5], toutes publiées. Après la première parution dans Urania, intitulée Wanderlieder von Wilhelm Müller — Die Winterreise In 12 Liedern, le poète ajoute dix poèmes. Par rapport aux premiers, portés par la métaphore amoureuse, les seconds sont plus profonds, métaphysiques, jouent de double sens, absent dans l'édition Urania. Ces nouveaux textes correspondent au second cahier de Schubert – sans les poèmes nos 13 et 19. La dernière étape, celle que découvrira le musicien à la fin de l'été, se présente dans l'édition complète, où Müller remanie encore en inversant les nos 16 et 15 et en insérant deux textes supplémentaires à leur place connue, les nos 13 et 19, « sans doute pour atténuer la disparité[5] » thématique entre l'inspiration initiale et son évolution. L'œuvre définitive est dédiée par Müller à Carl Maria von Weber, « le maître immortel du Lied allemand ».

Le recueil est peu peuplé de choses animées ou inanimées. Et ce qui apparaît n'est qu'une figuration de son état d'âme : les girouettes ne désignent que le vent, les poteaux indicateurs des noms qui trompent le voyageur, la nature entière ne lui renvoie que sa propre image, une nature désolée, gelée, comme sans dieu[6], un monde privé de sens[7].

Schubert avait déjà mis en musique un cycle de poèmes intitulé La belle meunière (1823) dont il partage le thème de l'amour non partagé et sont placés « tous les deux sous le signe de l'errance, l'un des thèmes majeurs de l'époque et du lied schubertien[8] ». C'était l'époque où il a découvert sa maladie, la syphilis, suivie de périodes passées à l'hôpital où il compose certains lieder, d'après ses amis. Il était touché par l'émotion directe et sensible du poète. Mais la nature des régions traversées dans les deux recueils est tout à fait différente[8].

Müller, estimé par ses contemporains pour ses « Chants grecs », ne connut sans doute jamais Schubert et serait tombé dans l'oubli ou l'anonymat sans le musicien.

Composition du premier cahier

Schubert avec ses amis Franz Lachner (à gauche) et Eduard von Bauernfeld (à droite) à la taverne. Dessin à la plume de Moritz von Schwind (1862).

Quatre ans après avoir mis en musique le cycle, La belle meunière, Schubert peut lire douze nouveaux poèmes découverts dans la bibliothèque de son hôte, son ami Schobert, l'année même du décès de Wilhelm Müller (1827). Winterreise semble reprendre là où en était le voyageur : La belle meunière en effet, s'achève sur les mots Gute Nacht, alors que le Voyage commence avec un poème portant ce titre. Mais chez le musicien, comme chez Müller, l'expression a considérablement évolué : le matériau musical est concentré à l'extrême, les proportions sont une épure de langage et va droit au cœur. Alors que le précédent recueil décrivait une courbe de l'espoir vers le désespoir, le Voyage reste constamment dans le registre de la lassitude, de l'aspiration au silence de la tombe. Le recueil est une « véritable confession musicale et [a] été baptisé dans le sang d'une vraie et profonde souffrance » (Bauernfeld)[9].

Schubert a composé en deux fois les vingt-quatre lieder qui constituent l'ouvrage. Sa forme actuelle, nous la devons à une série d’accidents[10]. Il découvre une première série de douze poèmes et les met en musique en , sans toucher à l'ordre[11] ainsi que le donne la revue littéraire de Leipzig Urania, Taschenbuch auf das Jahr 1823. Cette série de poèmes est groupée par Müller sous le titre de Voyage d'hiver. Schubert reprend donc simplement le deuxième titre. Pour lui, l'œuvre est achevée[5] et il écrit Fine au bas de la page du douzième lied, Einsamkeit, originellement en mineur, c'est-à-dire retournant à la tonalité du premier.

Dessin représentant le chanteur Johann Michael Vogl et Schubert au piano par Moritz von Schwind.

Dès le premier lied, Gute Nacht / Bonne nuit, la tonalité est donnée : mineure : elle le restera tout du long, sauf les éclaircies de Lindenbaum et Frühlingstraum. L'action a déjà eu lieu : la bien-aimée n'est plus sienne, et Müller dit adieu au monde[12] ; Schubert l'entend sur un rythme de marche. La musique et les paroles sont portées par le chagrin amoureux et figurent des états de conscience inquiétants. Le caractère sombre du musicien – « l'hiver est tombé sur son âme » dit Marcel Beaufils[6] – pendant la composition impressionne ses amis[13], d'autant que la première partie du cycle est justement fondée sur une rumination du souvenir, propre au romantisme. Un ami de Schubert écrit :

« Schubert fut pendant quelque temps d'humeur sombre et paraissait souffrant. Comme je lui demandais ce qu'il lui arrivait, il eut cette seule réponse : Vous l'apprendrez bientôt et vous comprendrez pourquoi. Un jour il me dit : Viens aujourd'hui chez Schobert. Je vais chanter un cycle de lieder à vous faire frémir. Je suis curieux de voir ce que vous en direz. Jamais lieder ne m'ont tant touché. D'une voix toute émue, il nous chanta dans son entier le Voyage d'hiver. Nous fûmes totalement abasourdis par le climat lugubre de ces lieder et Schobert dit n'avoir apprécié qu'un lied, Der Lindenbaum/Le tilleul. Ce à quoi Schubert se contenta de répondre : Ces lieder sont ceux que je préfère entre tous, et ils finiront par vous plaire à vous aussi. Il avait raison. Bientôt nous fûmes enthousiasmés par la mélancolie de ces pages vocales que Vogl interprétait magistralement. »

 Joseph von Spaun, Écrits sur ma relation avec Franz Schubert (1858)[14].

Convaincu d'avoir une œuvre complète avec les douze poèmes qu'il a mis en musique (lieder 1 à 12), Schubert invite ses amis à la première audition, le au soir. La musique les laisse en désarroi, ils sont déçus par les textures clairsemées, par son manque de charme[15]. « Il ne retrouvaient plus leur gentil Franz, le bon compagnon des Schubertiades, le Viennois facile, l'ami souriant et serviable[16] » Schubert se retrouve seul, même avec ceux qui l'aiment.

Un autre de ses amis témoigne : « L'ironie du poète, prenant ses racines dans le désespoir, trouva en lui un écho et lui donna une expression musicale mordante. J'en fus douloureusement ému. » écrit Johann Mayrhofer (Souvenirs sur Franz Schubert, 1829)[9].

Composition du second cahier

Quelques mois plus tard, sans doute à la fin de l'été 1827, Schubert découvre le second volume complet des poèmes de Müller intitulé, « Chants de la vie et de l'amour » publié en 1824 à Dessau. Il décide donc de mettre en musique les douze nouveaux poèmes, qui ne figuraient pas dans Urania. Entre les deux éditions, l'ordre des poèmes est différent et tient au poète et non à l'idée du musicien. Le tableau suivant montre que Schubert respecte l'ordre des poèmes tels qu'il les trouve dans les deux ouvrages publiés dont il a connaissance. L'ordre des vingt-quatre lieder n'étant la résultante de la découverte différée des douze derniers non mis en musique, et s'achève sur le dernier lied où le poète demande au joueur de vielle – symbole de la mort – s'il peut le rejoindre pour en finir. « Son refus de toucher à l’intégrité des douze lieder déjà achevés nous dit combien il était satisfait de son premier cycle[10] »

L'unique permutation volontaire de Schubert, qualifiée en quelques mots d'« enchaînement, hypnotique et sans pareil[17] », se trouve dans ce second cahier : Mut trop clair, passe avant Die Nebensonnen[11] qui lui, par son climat, s'approche à pas feutrés, dans l'atmosphère la plus extatique des vingt-quatre lieder[18] et une harmonie pacifiée, du décharnement du lied final Der Leiermann, comme une étape ultime de « la raison chancelante, la désillusion face à la réalité, la distorsion hallucinatoire, l'errance, l'aliénation vis-à-vis de la société[19] ».

Moritz von Schwind : sur l'errance… Le peintre a été voisin de Schubert pendant un an et connaissait intimement le musicien.

Entre les deux périodes de composition un élément vient encore accroître son point de vue personnel, celui de sa condamnation à mort plus présent encore : Beethoven est mort en . Le choc est terrible pour le musicien. À l'enterrement, il est porte-torche parmi les trente-six du cortège au côté de Grillparzer[20].

L'ordre des poèmes et de la musique
Titre
(Waldhornisten Lieder, 1824)
Winterreise I
(Urania, 1823)
Winterreise II
1. Gute Nacht1
2. Die Wetterfahne2
3. Gefror'ne Tränen3
4. Erstarrung4
5. Der Lindenbaum5
6. Die Post1 (13)
7. Wasserflut6
8. Auf dem Flusse7
9. Rückblick8
10. Der greise Kopf2 (14)
11. Die Krähe3 (15)
12. Letzte Hoffnung4 (16)
13. Im Dorfe5 (17)
14. Der stürmische Morgen6 (18)
15. Täuschung7 (19)
16. Der Wegweiser8 (20)
17. Das Wirtshaus9 (21)
18. Irrlicht9
19. Rast10
20. Die Nebensonnen11 (23) ↓
21. Frühlingstraum11
22. Einsamkeit12
23. Mut10 (22) ↑
24. Der Leiermann12 (24)

Le choix de Schubert de garder l'ordre des poèmes tels qu'ils se présentent, fait que les plus sombres (Der Wegweiser, Das Wirtshaus et Die Nebensonnen) sont groupés dans la deuxième partie, alors que les plus clairs (Irrlicht et Frühlingstraum) sont dans la première partie.

Musique

« Bien que le Voyage d'hiver m'ait donné beaucoup de mal, je demeure stupéfait, chaque fois que j'y reviens, face à son extraordinaire maîtrise, mais aussi au renouveau de son pouvoir magique : chaque fois, le mystère reste entier. »


Le choix total est simple : le mineur est largement dominant, soit seize sur vingt-quatre et dix sur douze dans le premier cahier. Le schéma tonal est rigoureux pour la première partie : deux lieder et la mineur ; deux lieder dans des tonalités avec bémols : fa et ut mineur ; puis trois dans des tonalités avec dièses : mi majeur, fa  et mi mineur. La seconde partie ne l'est pas moins, mais dans une forme différente.

Les quelques transpositions de l'original sont effectuées par Haslinger, car Schubert compose parfois dans une tessiture trop aiguë. Quatre lieder sont abaissés d'un ton et un d'une tierce. Pour le no 7 Auf dem Flusse, Schubert fait quelques corrections pour les dernières mesures d'un finale alternatif.

Schubert fait coller une note à une syllabe presque dans tout le recueil[22]. Lorsque la monotonie syllabique intervient, comme dans Der Lindenbaum et Die Krähe, il s'agit d'une métaphore de la folie[22] dans laquelle tombe le voyageur.

« L'unité de l'ensemble devient au plus profond une unité de la démarche, une unité de climat[23] » on pourrait même dire que Schubert conserve un statisme accentué par la reprise du prélude en postlude. « Les vingt-quatre stations de Schubert sont un chemin sans croix ni chemin[7] », décrivant les différentes facettes, tragiques, de l'état d'âme du poète, perturbé par des souvenirs du bonheur perdu, comme des ombres (évoqué systématiquement en majeur, mais moins présent et moins nettement dans le second cahier[24]). Le voyageur, tant terrestre que sentimental, est perdu, sans espoir et avec la sensation d'être au bord du vide, entre suicide et folie. Le musicien en révèle la voix intérieure dans son dépouillement, sa solitude totale.

Différences entre la première partie et la seconde

Moritz von Schwind : paysage avec voyageur (dessin à la plume, vers 1835).

La relation au monde est réduite au minimum dans le premier, seul le no 9 Irrlicht faisant intervenir le feu-follet. En revanche, dans les poèmes du second cahier, la nature est plus agressive et présente : chiens, corneille, village, dormeurs, poteau indicateur[25]…. Les tempos ralentissent, la musique se concentre encore plus dans son statisme pour converger vers l'absence quasi totale de matériaux dans le dernier lied. Paradoxalement la présence de la tonalité majeure est plus importante.

Dans le second recueil, en quelques mois, le regard et la perception du musicien se sont encore affinés et approfondis : le climat en est encore plus mystérieux et quasi religieux[25] avec ses chorals et cantiques en filigranes[25] (no 23).

Publication

La partition, après validation par la censure, est publiée en deux volumes comme opus 89 chez Tobias Haslinger, qui avait déjà publié en la Sonate pour piano no 18 en sol op. 78 / D 894. La première partie paraît du vivant du compositeur, le , et la seconde, le , un mois après la mort du compositeur, à trente-et-un ans.

Interprétations

Le recueil est composé pour voix de ténor, comme la plupart des autres lieder du compositeur. Au besoin, ils sont transposés. Mais la gravité de l'œuvre, ses accents sombres et sa profondeur en font l'élection des barytons, tels Hans Hotter, Dietrich Fischer-Dieskau, Thomas Quasthoff, Alain Buet[26].

Premier cahier

Gute Nacht

1. Gute Nacht (Bonne Nuit) – En mineur / Mässig, in gehender Bewegung [modéré] à

Fremd bin ich eingezogen,
Fremd zieh’ ich wieder aus.

Étranger je suis venu,
Étranger je repars.

La nuit est annoncée ; on la veut bonne comme l'annonce le titre ; mais c'est dans les ténèbres qu'il faut chercher le chemin. Le recueil s'ouvre en mineur, tonalité funèbre pour Schubert[27]. Il s'agit d'une marche, le voyage inexorable commence, campé par l'introduction.

Le dessin mélodique à la voix commence haut perché sur le fa et descend jusqu'au (la tonique) plus d'une octave plus bas. Toute l'image du recueil est figurée en ces quelques notes : « une trajectoire de chute »[27]. La dernière strophe passe au majeur sur « Je ne veux pas déranger ton sommeil, ce serait dommage pour ton repos. », « comme pour faire sourire un peu cette âme dévastée[28] » du voyageur.

Die Wetterfahne

2. Die Wetterfahne (La Girouette) – En la mineur / Ziemlich geschwind [assez animé] à

Der Wind spielt mit der Wetterfahne
Auf meines schönen Liebchens Haus

Le vent joue avec la girouette
Sur la maison de ma bien-aimée

Encore symbole poétique, la girouette est l'esprit changeant de la bien-aimée, traité avec une pointe d'ironie[29], mais elle est de courte durée. La musique passe au majeur sur le dernier vers : « Leur fille est une riche fiancée. »

Gefrorene Tränen

3. Gefrorene Tränen (Larmes gelées) – En fa mineur / Nicht zu langsam [pas trop lentement]

Gefrorne Tropfen fallen
Von meinen Wangen ab

Des larmes gelées tombent
De mes joues

Ce lied est un quasi récitatif. Les larmes sont présentées en deux formes opposées : brûlure chaude des larmes et brûlure glacée en l'absence d'émotions.

Erstarrung

4. Erstarrung (Engourdissement) – En ut mineur / Ziemlich schnell [assez vite]

Ich such’ im Schnee vergebens
Nach ihrer Tritte Spur

En vain, je cherche dans la neige
La trace de ses pas

Chez Müller, le vers 3 original est "Und ist's mir denn entgangen". Schubert, lors de la reprise de la strophe, change "und" en "ihr" au vers 9[30]. La marche reprend, monotone et hypnotique

Der Lindenbaum

5. Der Lindenbaum (Le Tilleul) – En mi majeur / Mässig à

Am Brunnen vor dem Tore
Da steht ein Lindenbaum

À la fontaine, devant le porche
S'élève un tilleul

À l'époque de Müller, le tilleul est un symbole d'une nature douce et bienfaisante, il est l'arbre de l’amour, le lieu de rendez-vous galant[31]. Mais il est ici à double sens : le passé ne suffit pas à diluer l'angoisse qui poursuit son mouvement de lied en lied.

Le premier lied est en majeur, mais la fin abandonne le majeur pour conclure en mineur. C'est le préféré des compagnons de Schubert qui reçut immédiatement leur approbation[32] et la plus célèbre des mélodies. Ici, le voyage est intérieur, alternant entre le souvenir et le présent. Il s'agit d'une conception au plus proche du folklore et la plus lyrique du cycle et en même temps, en considérant l'ensemble où le lyrique est absent, ce lied est donc aussi le moins typique[22]. Dans le prélude, un discret motif de cor en écho se fait entendre entre deux bruissements des feuillages[33] (mesures 7 et 8) et réapparaît plus loin sur un point d'orgue, avant le dernier couplet.

Wasserflut

6. Wasserflut (Inondation) – En mi mineur (original en fa  mineur) / Langsam à

Manche Trän’ aus meinen Augen
Ist gefallen in den Schnee

Mainte larme de mes yeux
est tombée dans la neige

Selon Michel Schneider, il « est un exemple absolu de concision et de forme pure[34]. » L'accompagnement « est soutenu par une seule pulsation (triolet de croches, noire pointée) – on dirait le pas d'un homme qui se force à aller de l'avant[34]. »

Auf dem Flusse

7. Auf dem Flusse (Sur la rivière) – En mi mineur / Langsam [lentement] à

Der du so lustig rauschtest,
Du heller, wilder Fluß

Toi qui bruissais si joyeux,
Toi fleuve clair et impétueux

La rivière est gelée.

Rückblick

8. Rückblick (Regard en arrière) – En sol mineur / Nicht zu geschwind à

Es brennt mir unter beiden Sohlen,
Tret’ ich auch schon auf Eis und Schnee

La plante des pieds me brûle
Alors que déjà je foule neige et glace

Irrlicht

9. Irrlicht (Feu follet) – En si mineur / Langsam à

In die tiefsten Felsengründe
Lockte mich ein Irrlicht hin

Dans les profondes gorges rocheuses
Un feu follet m'a attiré

Sur ce lied se dévoile le but du voyage : le tombeau.

Rast

10. Rast (Halte) – En ut mineur (original en mineur) / Mässig à

Nun merk’ ich erst wie müd’ ich bin,
Da ich zur Ruh’ mich lege

Je ne sens combien je suis fatigué
Que lorsqu'enfin je trouve le repos

Égaré, le poète perd la raison. « Le pays du retour n'est nulle part[35]. »

Frühlingstraum

11. Frühlingstraum (Rêve de printemps) – En la majeur / Etwas bewegt à

Ich träumte von bunten Blumen,
So wie sie wohl blühen im Mai

Je rêvais de fleurs de toutes les couleurs
Comme celles qui éclosent en mai

La fin abandonne le majeur pour conclure en mineur, bien que chaque section alterne, selon l'évocation du rêve (majeur) ou de la réalité (mineur).

Einsamkeit

12. Einsamkeit (Solitude) – En si mineur (original en mineur) / Langsam à

Wie eine trübe Wolke
Durch heit’re Lüfte geht

Comme un sombre nuage
Passe dans le ciel lumineux

La tonalité originale correspond à la clôture du premier cycle, refermé sur un mineur, comme il avait commencé ainsi que la mesure de marche.

Second cahier

Die Post

13. Die Post (La Poste) – En mi bémol majeur / Etwas geschwind à

Von der Straße her ein Posthorn klingt.
Was hat es, daß es so hoch aufspringt,
Mein Herz?

Dans la rue j'entends le cor du postillon
Pourquoi bats-tu si fort,
Mon cœur ?

Der greise Kopf

14. Der greise Kopf (La Tête blanchie) – En ut mineur / Etwas langsam à

Der Reif hatt’ einen weißen Schein
Mir übers Haar gestreuet

Le givre a saupoudré d'un reflet blanc
Sur ma chevelure

Die Krähe

15. Die Krähe (La Corneille) – En ut mineur / Etwas langsam à

Eine Krähe war mit mir
Aus der Stadt gezogen

Une corneille était avec moi
Quand j'ai quitté la ville

Letzte Hoffnung

16. Letzte Hoffnung (Dernier Espoir) – En mi bémol majeur / Nicht zu geschwind à

Hie und da ist an den Bäumen
Manches bunte Blatt zu seh’n

Çà et là, sur les arbres
On voit quelques feuilles colorées

Écarts de voix jusqu'à la treizième[16].

Im Dorfe

17. Im Dorfe (Au village) – En majeur / Etwas langsam à [[File:Music.svg|px]]
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Es bellen die Hunde, es rasseln die Ketten;
Es schlafen die Menschen in ihren Betten

Les chiens aboient, leurs chaînes cliquettent ;
Les gens dorment dans leur couche

Der stürmische Morgen

18. Der stürmische Morgen (Le Matin d'orage) – En mineur / Ziemlich geschwind, doch kräftig

Wie hat der Sturm zerrissen
Des Himmels graues Kleid!

Comme la tempête a déchiré
Le gris manteau du ciel !

Täuschung

19. Täuschung (Illusion) – En la majeur / Etwas geschwind à

Une page d’Alfonso und Estrella où figure le thème mélodique repris dans le no 19, Täuschung. L'aria (Lied vom Wolkenmädchen), daté de 1821 ou 1822, évoque une sorte de Lorelei attirant irrésistiblement les humains[36],[37].

Ein Licht tanzt freundlich vor mir her,
Ich folg’ ihm nach die Kreuz und Quer

Une lumière danse gaîment devant moi,
Je la suis dans sa course en zigzag

Der Wegweiser

20. Der Wegweiser (Le Poteau indicateur) – En sol mineur / Mässig à

Was vermeid’ ich denn die Wege,
Wo die ander’n Wand’rer geh’n

Pourquoi éviter les sentiers
Qu'empruntent les autres voyageurs

Das Wirtshaus

21. Das Wirtshaus (L'Auberge) – En fa majeur / Sehr langsam

Auf einen Totenacker
Hat mich mein Weg gebracht

Vers un cimetière
Mon chemin m'a conduit

Mut

22. Mut ! (Courage) – En sol mineur (original en la mineur) / Ziemlich geschwind, doch kräftig à

Fliegt der Schnee mir ins Gesicht,
Schüttl’ ich ihn herunter.

Quand la neige me cingle de visage,
Je la secoue bien.

Schubert a procédé à l'unique modification de l'ordre des poèmes de Müller en inversant l'ordre d'apparition de ce poème avec le suivant : « Si Schubert avait gardé Mut comme avant-dernier lied des douze selon l'ordre adopté pour finir par Müller, ce Courage aurait eu moins de force ; venant après la vision des Trois Soleils, il eut été moins logique et moins dramatiquement convaincant[38]. »

Die Nebensonnen

23. Die Nebensonnen (Les reflets du soleil dans les nuages – Parhélie) – En la majeur / Nicht zu langsam à

Die Nebensonnen, partition autographe.

Drei Sonnen sah ich am Himmel steh’n,
Hab’ lang und fest sie angeseh’n.

J'ai vu trois soleils dans le ciel,
Immobile, je les ai longuement contemplés.

Dans cette double page de musique à l'accent mystérieux, abondent les symboles autour du chiffre trois. Outre le texte, la musique accumule les pistes : trois dièses (la majeur), mesure à 3/4, découpe A-A'-B-A, mélodie reprise trois fois, cadence parfaite conclusive reprise trois fois. Il s'agit d'un style choral et une étape métaphysique[39] qui se conclut sur « Je me sentirai mieux dans l'obscurité ».

Der Leiermann

Der Leiermann, partition autographe du dernier lied du cycle. Notez sur cette mise au propre, l'indication au crayon rouge effectuée par Tobias Haslinger, l'éditeur, en vue de la gravure pour abaisser la pièce d'un ton vers le la mineur (« a-moll » en allemand).

24. Der Leiermann (Le joueur de vielle) – En la mineur (original en si mineur) / Etwas langsam à

Drüben hinterm Dorfe
Steht ein Leiermann.

Là-bas, derrière le village
Se tient un joueur de vielle.

Vers six : texte original de Müller : "Schwankt". Vers onze : texte original de Müller : "brummen"[40].

Tonalement, l'original en si mineur, est à rapprocher du no 9, Irrlich, ces deux lieder apparaissant comme détachés de ceux qui les entourent, comme des îlots. Selon Hans Jörg Mammel, ce choix empêche le cycle de se clore sur une impression de paix[41].

Le « roman musical s'achève sur la vision d'un misérable joueur de vielle que les chiens houspillent et à qui personne ne tend la main, image trop certaine de l'artiste qui œuvre dans les ténèbres, dans l'hostilité ou l'indifférence générale[16]. » La détresse est totale ; comme le dépouillement harmonique et mélodique, réduit à une pédale en bourdon en quinte et une unique phrase mélodique qui renforce la monotonie et la désolation. Comme si la musique elle-même avait fui, tel le cœur mort du voyageur.

« Dans le ressassement du petit motif, en ses deux métamorphoses instrumentale et vocale, un seul accent de désespoir […] sur le nimmer still/jamais en repos, et à la conclusion, aussitôt repris cette fois, corrigé, humilié, résigné par la reprise du motif : – ne craignez pas d'avoir trop accentué cette clameur d'âme[28]. »

Juste après nimmer still, mesure 49 et suivantes, le piano reprend le motif (quatre fois) :

« Bien que le drame même du Voyage d'hiver ait été l'objet de maintes interprétations, le message de Der Leiermann en est sûrement un sur l'aliénation et la démence […] L'angoisse inéluctable des 23 autres mélodies ne peut être soulagée que par l'amitié symbolique du joueur de vielle[22]. »

Arrangements

  • Le compositeur allemand Hans Zender a donné sa version du Winterreise, intitulée Schuberts Winterreise – eine komponierte Interpretation (1993) pour ténor et petit ensemble instrumental[42].
  • Le Japonais Yukikazu Suzuki a lui aussi orchestré l'œuvre à destination d'Hermann Prey pour la création qui a eu lieu en 1997 à Bad Urach[43].

Adaptations

Postérité

  • Amélie Nothomb a intitulé Le Voyage d'hiver un roman de 2009 où le protagoniste pense à ce cycle de lieder pour ne pas éprouver la peur, au moment où il s'apprête à détourner un avion pour le faire percuter la tour Eiffel dans un acte terroriste.

Filmographie

Discographie sélective

Le Voyage d'hiver a été gravé quelque deux cents fois. Le champion en est le baryton Dietrich Fischer-Dieskau qui l'a enregistré (en concert ou au studio) une douzaine de fois entre 1948 et 1990. Viennent ensuite, Hermann Prey (six fois), Hans Hotter et Gérard Souzay (cinq fois), Peter Schreier (quatre) et Ernst Haefliger (trois)[48].

Bien qu'écrit à l'origine pour ténor, et non pour baryton, le Winterreise a aussi été interprété par des voix de femmes à commencer par Elena Gerhardt dès 1928 pour HMV, et Lotte Lehmann en 1940 ; de nos jours, l'œuvre l'a été par les mezzos Christa Ludwig, Brigitte Fassbaender, la contralto Nathalie Stutzmann et les sopranos Margaret Price et Christine Schäfer.

Un large aperçu discographique, commenté brièvement, est donné par François Lafon, dans un numéro du Monde de la musique[49].

Discographie
Tessiture Chanteur Pianiste Date Label note
baryton Hans Duhan Ferdinand Foll / Lene Orthmann[50] 1928 Gramophone
baryton Gerhard Hüsch Hanns Udo Müller 1933 EMI Classics « Hüsch donne de ces Lieder une interprétation très fidèle au texte, même si le style est un peu pompeux. Son accompagnateur est un peu inexpressif […][51] »
baryton-basse Hans Hotter Michael Raucheisen 1942[52] Deutsche Grammophon / Music & Arts
baryton-basse Hans Hotter Michael Raucheisen 1943 Preiser Records Enregistrement différent du précédent, réalisé les 24 et à la Maison de la Radio (Haus des Rundfunks) de Berlin. « Proche de l'édition de studio (DG), cette version radio est plus sauvage, plus brusque dans ses contrastes, souvent soulignés par ce qui est une simple saute dans la prise de son ; moins lisse, moins anonyme, sans cette réalisation quasi hypnotique du Voyageur/Voyant, que seul Hotter a donné avec cette intensité calme. Et cette seule fois ; mais en réciproque plus personnel, moins délibérément anonyme et effacée ; plus imparfait – et en un sens plus présent […] ; ils se complètent de façon bouleversante. »André Tubeuf[53].
ténor Peter Anders Michael Raucheisen 1945 Deutsche Grammophon / Myto
ténor Peter Anders Günther Weissenborn 1948 Gebhardt
baryton Dietrich Fischer-Dieskau Klaus Billing 1948 (concert) Archipel
baryton Dietrich Fischer-Dieskau Hertha Klust 1953 (concert) Classica d'Oro
baryton-basse Hans Hotter Gerald Moore 24–27/29 mai 1954 EMI Classics
baryton Dietrich Fischer-Dieskau Gerald Moore 1955 EMI Classics
baryton Dietrich Fischer-Dieskau Gerald Moore 1955 (récital à Prades) INA « Mémoire Vive »[54]
basse Josef Greindl Hertha Klust 1957 Deutsche Grammophon[55] « Son Winterreise historique, sans doute référence absolue, doit justement une partie de son impact à une noirceur du timbre et a cette sereine puissance du souffle qui laisse entrevoir les abîmes. » Laurent Barthel[56]
baryton Hermann Prey Karl Engel 1961 EMI Classics 5 73528 2[57]
baryton-basse Hans Hotter Erik Werba 15–18 décembre 1961 Deutsche Grammophon
baryton Dietrich Fischer-Dieskau Gerald Moore 16–17 novembre 1962 EMI Classics[58]
ténor Peter Pears Benjamin Britten 1965 Decca 417 472-2 « Pears donne une saisissante impression de rêve éveillé. Il va sans dire que chanteur et pianiste sont en totale osmose[59]. »
baryton Dietrich Fischer-Dieskau Jörg Demus mai 1965 Deutsche Grammophon 447 421-2[60],[61] « […] il s'agit en fait de l'une des meilleures. Demus s’acquitte de sa tâche d'accompagnateur avec un toucher un peu plus fruste, plus terrien, que celui de ses rivaux, ce qui n'exclut nullement une constante musicalité. Au contraire on peut penser que ce piano très franc, direct sans aucune brutalité, équilibre à merveille le penchant du chanteur pour la préméditation soigneusement calibrée. […] Si l'on ajoute que la voix était à son apogée et que la version Moore (1972) ne nous la fera plus entendre avec un timbre aussi beau, on comprendra qu'il s'agit-là d'un maillon discographique majeur. » Laurent Barthel[62].
baryton Hermann Prey Wolfgang Sawallisch 1971 Philips
baryton Dietrich Fischer-Dieskau Gerald Moore août 1971 Deutsche Grammophon[63]
baryton Gérard Souzay Dalton Baldwin 1976 Testament
baryton Dietrich Fischer-Dieskau Maurizio Pollini 23 août 1978 Orfeo C884131B
baryton Dietrich Fischer-Dieskau Daniel Barenboim 1979 Deutsche Grammophon
ténor Ernst Haefliger Jörg Ewald Dähler (piano-forte Joseph Brodmann c.1820, Vienne) septembre 1980 Claves CD 50-8008[64]
basse Kurt Moll Cord Garben 18–19 mai/21–25 juin 1982 Orfeo[65]
ténor Jon Vickers Geoffrey Parsons juillet 1983 EMI Classics[66]
ténor Peter Schreier Sviatoslav Richter 1985 Philips 416 289-2[67]
baryton Dietrich Fischer-Dieskau Alfred Brendel 1985 Philips
mezzo-soprano Christa Ludwig James Levine décembre 1986 Deutsche Grammophon 423 366-2[68]
baryton Jorma Hynninen Ralf Gothóni septembre 1988 Ondine ODE7252[69]
mezzo-soprano Brigitte Fassbaender Aribert Reimann octobre 1988 EMI Classics[70]
baryton Olaf Bär Geoffrey Parsons décembre 1988 EMI Classics[71] « Son Voyage d'hiver est d'une grande tenue en dépit un certain maniérisme[59]. »
baryton José van Dam Dalton Baldwin janvier 1990 Forlane[72]
baryton Dietrich Fischer-Dieskau Murray Perahia 15–18 juillet 1990 Sony et en DVD[73]
baryton Thomas Allen Roger Vignoles 1990 Virgin Classics VC 7 91430-2[74]
ténor Peter Schreier András Schiff 1991 Decca
baryton Wolfgang Holzmair Imogen Cooper novembre 1994 Philips 446 407-2[75],[76] « Les premiers Lieder du cycle impressionnent favorablement : la voix est ronde, agréablement timbrée, imposant dès le départ une indéniable présence. Mais ensuite, la progressive désagrégation psychique du voyageur n'est que timidement rendue. On assiste certes à la fragilisation d'une personnalité, mais sans plus : délire, désespoir et angoisse apparaissent trop pauvrement caractérisés. Der Leiermann, point de désespérance ultime, moment d'installation dans une folie consolatrice, est ici chanté comme une comptine populaire. » Laurent Barthel[77].
baryton Matthias Goerne Graham Johnson 4–7 août 1996 Hyperion CDJ 33030[78],[79] « On a connu peu de Winterreise aussi intensément vécues, dont la sincérité fait fluctuer l'humeur et peut-être même pleurer sur une simple nuance. » (Répertoire).
ténor Christoph Prégardien Andreas Staier (piano-forte Johann Fritz 1825) mars 1996 Teldec 0630-18824-2[80],[81] « Certains lieder heureusement sont franchement réussis : Auf dem Flüsse, Rückblick, très habillement phrasé, Der Leiermann, qui débouche sur une vertigineuse sensation de vide… moments passionnants mais pas assez nombreux pour rendre positif le bilan final. » Laurent Barthel[82].
baryton Thomas Hampson Wolfgang Sawallisch 1997 EMI Classics CDC 5 56445-2[83],[84] « Hampson entreprend un « tout-dramatique » schubertien, aventure foudroyante, à vif, ultra-démonstrative, qui réussit grâce à la parfaite maîtrise de moyens voyaux puissant et racés. […] ravira les mélomanes persuadés que le propos de Schubert est avant tout ici celui des forces brutes de la Nature en l'homme, autour de sa conscience réduite à l'errance sans fin […] Le maître [Sawallisch] est un superbe chef d'opéra, et cela s'entend clairement au piano : son travail traite la partition comme l'accompagnement lyrique par l'orchestre. Pas de fusion, de poursuite du soliste, mais un propos indépendant, complémentaire. » Laurent Campellone[85]
baryton-basse Thomas Quasthoff Charles Spencer 1998 RCA
baryton Christian Gerhaher Gerold Huber 2001 Arte Nova
baryton Matthias Goerne[86] Alfred Brendel concert, 8–10 octobre 2003 Decca 467 092-2[87] « Il nous donne, enregistré en public à Londres, la grande version moderne du cycle[59]. »
baryton Roman Trekel Ulrich Eisenlohr 2004 Naxos
contralto Nathalie Stutzmann Inger Södergren 2004 Calliope
ténor Ian Bostridge Leif Ove Andsnes mai 2004 EMI Classics[88]
ténor Hans Jörg Mammel Arthur Schoonderwoerd (piano-forte) 2005 Alpha[89]
soprano Christine Schäfer Eric Schneider 2006 Onyx
ténor Mark Padmore Paul Lewis novembre/ Harmonia Mundi[90]
baryton Peter Harvey Gary Cooper (piano-forte, copie de David Winston d'un Broadwood 1823) 16-18 février 2009 SACD Linn Records
ténor Werner Güra Christoph Berner (piano-forte) 2010 Harmonia Mundi
baryton Matthias Goerne Christoph Eschenbach janvier/mai 2011 Harmonia Mundi HMC 902107[91],[92],[93]
baryton Wolfgang Holzmair Andreas Haefliger 2013 Capriccio
baryton Gerald Finley Julius Drake 2013 Hyperion
ténor Christoph Prégardien Michael Gees 2013 SACD Challenge Classics CC72596
ténor Jonas Kaufmann Helmut Deutsch 2014 Sony Gramophone Classical Music Awards, catégorie « vocal », 2014.
baryton Max van Egmond Penelope Crawford (piano-forte Conrad Graf) 2014 Musica Omnia MO0108
ténor Jan Kobow Christoph Hammer (piano-forte Joseph Brodmann vers 1810) 2014 Atma classique 22536
ténor Mark Padmore Kristian Bezuidenhout (piano-forte Graf) 24-26 avril 2017 Harmonia Mundi 902264
baryton Peter Mattei Lars David Nilsson 2019 BIS SACD
  • Version pour ténor et orchestre composée par Hans Zender en 1993 :
  • Version pour ténor et quintette à vents :
    • Christoph Prégardien, Joseph Petric, accordéon et l'ensemble Pentaèdre : Danièle Bourget, flûte, piccolo, flûte alto ; Martin Carpentier, clarinette, clarinette basse ; Normand Forget, hautbois d'amour ; Louis-Philippe Marsolais, cor, cor baroque ; Mathieu Lussier, basson (17- 2007, Atma Classique ACD2 2546) (OCLC 191033572).
  • Version adaptée en français par Keith Kouna avec orchestre de jazz arrangé par René Lussier et Vincent Gagnon :
  • 2020 Deutschlandfunk présente une nouvelle production du cycle Winterreise d'Augst (de) & Daemgen. Dans l'émission Atelier neuer Musik, on peut entendre : "Il n'y a guère d'autre enregistrement du cycle Winterreise qui traite des textes de Müller et de la musique de Schubert d'une manière aussi radicalement différente que la lecture des compositeurs et interprètes Oliver Augst et Marcel Daemgen. L'objectif des arrangements n'est pas le beau son brillamment poli d'une tradition musicale séculaire, mais plutôt sa stricte percée afin d'obtenir un nouvel accès non déguisé à l'actualité des textes anciens et au cœur de la musique.

Bibliographie

Schubert

  • Paul Dukas, Les écrits de Paul Dukas sur la musique : Les Lieder de Franz Schubert (janvier 1895), Paris, Société d'Éditions Françaises et Internationales (SEFI), coll. « Musique et musiciens », , 696 p., p. 241–245.
  • À Campo, Erotiek, religie, esthetiek. De Winterreise in het strijklicht van de Romantiek. (janvier 2021), Rotterdam, ArtScape-ArteVista, , 300 p. (OCLC 978-90-77232-200)
  • Antoine Goléa, La musique : de la nuit des temps aux aurores nouvelles : Franz Schubert, Paris, Alphonse Leduc et Cie, , 954 p. (ISBN 2-85689-001-6, OCLC 3729539), p. 314–319.
  • Brigitte Massin, Franz Schubert, Fayard, , 1294 p. (ISBN 2-213-00374-2, OCLC 4487232), p. 1157–1185. 
  • Paul Pittion, La musique et son histoire, tome II — de Beethoven à nos jours : Franz Schubert, Paris, Éditions Ouvrières, , 574 p., p. 23–32.
  • Marcel Schneider, Schubert, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Solfèges » (no 4), , 219 p. (ISBN 2-02-019889-4, OCLC 3459993), p. 92–95. 


Lieder

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  • Marcel Beaufils, Le lied romantique allemand, Paris, Gallimard, coll. « Pour la musique » (no 2), , 325 p. (OCLC 164765898), p. 96–98. 
    Réédition coll. « Les essais » no 221 (1982).
  • Jacques Chailley, Le voyage d'hiver de Schubert, Paris, Alphonse Leduc, coll. « Au-delà des notes » (no 6), , 53 p. (OCLC 1913297)
    Ce petit livre est le développement d'un article intitulé « Le Winterreise est-il une œuvre ésotérique de Schubert » paru dans la Revue d'esthétique en avril-juin 1965. L'auteur propose une lecture maçonnique du second cahier. Mais il est impossible de déterminer, faute de tout document[25], que le musicien fut franc-maçon (interdite sous Metternich).
  • André Tubeuf, Le Lied allemand : poètes et paysages, Paris, François Bourin, , 537 p. (ISBN 2-87686-141-0, OCLC 299444867, notice BnF no FRBNF35575034), « Le Voyage d'hiver », p. 95–139.
  • Brigitte François-Sappey et Gilles Cantagrel (dirs.), Guide de la mélodie et du lied, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 916 p. (ISBN 2-213-59210-1, OCLC 417117290, notice BnF no FRBNF35723610), p. 669–673. 
  • (en) Richard Kramer, Distant Cycles : Schubert and the Conceiving of Song, University of Chicago Press, , 234 p. (ISBN 0-226-45234-4, OCLC 733997057, lire en ligne), p. 151–194. 
  • (en) Michael Besack, Winterreise : Reflections on a Winter Journey, Berkeley, Regent Press, , 355 p. (ISBN 978-1-889059-10-5, OCLC 898774297)
  • Arnold Feil (trad. de l'allemand par Odile Demange), Le Voyage d'hiver, La Belle Meunière, Arles, Actes Sud, coll. « Série musique », , 294 p. (ISBN 2-7427-0528-7, OCLC 466886709, notice BnF no FRBNF36695711)
  • (de) Cord Garben, Zur Interpretation der Liedzyklen von Franz Schubert : Die schöne Müllerin, Winterreise, Schwanengesang : Anmerkungen für Pianisten, Eisenach, Wagner, coll. « Schriftenreihe zur Musik » (no 32), , 112 p. (ISBN 3-88979-080-1, OCLC 463781673)
  • Michel Schneider, Musiques de nuit, Paris, Éditions Odile Jacob, , 352 p. (ISBN 2-7381-0942-X, OCLC 48098706, notice BnF no FRBNF37219315), p. 157–171. 
  • (en) Susan Youens, « A Wintry Geography of the Soul. Schubert’s Winterreise », dans Wilhelm Müller, Franz Schubert, Louise McClelland, John Harbinson, Susan Youens, Katrin Talbot, Schubert’s Winterreise: a winter journey in poetry, image, & song, Madison, University of Wisconsin Press, , 233 p. (ISBN 0299186008, OCLC 51297137, lire en ligne), p. XVII
  • Georges Leroux (photogr. Bertrand Carrière), Wanderer : Essai sur le Voyage d'hiver de Franz Schubert, Montréal, Nota bene, coll. « Empreintes », , 232 p. (ISBN 978-2-89518-362-4, présentation en ligne)
    Prix du Gouverneur Général 2011, section « Essais ». Réédition : Éditions Varia, 2014
  • (en) Lauri Suurpää, Death in Winterreise : Musico-Poetic Associations in Schubert's Song Cycle, Bloomington, Indiana University Press, coll. « Musical meaning and interpretation », , 248 p. (ISBN 978-0-253-01100-8 et 0-253-01100-0, OCLC 856581726). 
  • Ian Bostridge (trad. de l'anglais par Denis-Armand Canal), Le Voyage d'hiver de Schubert : Anatomie d'une obsession [« Schubert's Winter Journey, anatomy of an Obsession »], Arles, Actes Sud, (1re éd. 2015 (en)), 442 p. (ISBN 978-2-330-07745-7 et 2-330-07745-9, OCLC 1024315310)[94],[95],[96],[97].

Articles

Notes discographiques

Notes et références

  1. Honegger 1992, p. 2249.
  2. Marcel Schneider 1957, p. 92.
  3. « Le voyage d’hiver de Wilhelm Müller, traduit et commenté par Nicolas Class - Temporel.fr », sur temporel.fr (consulté le )
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  5. Chailley 1969, p. 109.
  6. Beaufils 1956, p. 96.
  7. Michel Schneider 2001, p. 165
  8. Kunze 1972, p. 29.
  9. Massin 1977, p. 373
  10. Johnson 1997, p. 19.
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  12. « Voix, texte et musique : Schubert, Winterreise », sur France Musique, (consulté le )
  13. Massin 1977, p. 372 et 413.
  14. Marcel Schneider 1957, p. 95.
  15. Johnson 1997, p. 17.
  16. Marcel Schneider 1957, p. 93.
  17. Johnson 1997, p. 18.
  18. Massin 1977, p. 1181.
  19. Leslie De'Ath 2005, p. 9.
  20. Massin 1977, p. 378.
  21. Cité dans le livret de l'enregistrement Decca, avec Peter Pears, effectué en octobre 1963.
  22. Leslie De'Ath 2005, p. 8
  23. Massin 1977, p. 1162
  24. Massin 1977, p. 1172
  25. Massin 1977, p. 1173
  26. (en-US) Alban Deags, « TOURCOING, Conservatoire : Le Voyage d’hiver de Schubert | Classique News » (consulté le )
  27. Massin 1977, p. 1163
  28. Beaufils 1956, p. 98
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  30. « Traduction de Erstarrung », sur operacritiques.free.fr (consulté le )
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  32. Massin 1977, p. 1166
  33. Beaufils 1956, p. 97
  34. Michel Schneider 2001, p. 160
  35. Michel Schneider 2001, p. 161
  36. Cantagrel 1994, p. 672
  37. Voir aussi : (en) Richard Kramer, « Posthumous Schubert », 19th-Century Music / University of California Press, vol. 14, no 2, , p. 197–216 (ISSN 0148-2076, DOI 10.2307/746203, lire en ligne)
  38. Massin 1977, p. 1180
  39. Michel Schneider 2001, p. 164
  40. Traduction de Der Leiermann sur operacritiques.free.fr
  41. Mammel 2006, p. 15
  42. Bernard Mérigaud, « Sculpteur sur glace — Hans Zender dirige le Voyage d'hiver », Télérama, Paris, no 2471, , p. 68–69.
  43. Enregistrement du 4 octobre 1997, est publié par la SWR et en DVD par House of Opera (OCLC 262286113).
  44. Winterreise, Le Voyage d’Hiver – Franz Schubert.
  45. FABIENNE FAURIE, « Musique - «Voyage d'hiver» de Schubert avec Philippe Sly à l'Opéra de Vichy », La Montagne, (lire en ligne, consulté le ).
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  47. « Voyage d'hiver de Clara Chabalier et Sébastien Gaxie ~ La Pop », sur La Pop (consulté le ).
  48. Lafont 2004, p. 59.
  49. François Lafon, « Le Voyage d'hiver de Schubert », Le Monde de la musique, Paris, no 288, , p. 54–59 (ISSN 0181-7949).
  50. Orthmann accompagne les no 16, 17, 19, 20, 21, 23 ; Foll tous les autres.
  51. Olivier Brumel, Répertoire no 33.
  52. Enregistrement de novembre 1942, publié en 1943 sur 78 tours par Deutsche Grammophon.
  53. Diapason no 394.
  54. (OCLC 911063067)
  55. Lors d'une réédition (DG 457 018-2), l'enregistrement a reçu un 9 dans Répertoire no 102, mai 1997 et « 5 clés » dans Diapason no 437.
  56. Laurent Barthel, Répertoire no 102, mai 1997.
  57. (OCLC 18986704)
  58. (OCLC 840330506)
  59. Lafont 2004, p. 58.
  60. (OCLC 34741965)
  61. Lors de sa réédition, ce disque a été distingué par Laurent Barthel d'un « 9 » par Répertoire no 80 et d'un Diapason d'or, no 416.
  62. Laurent Barthel, Répertoire no 80.
  63. (OCLC 13692558)
  64. (OCLC 906203156)
  65. (OCLC 21788061)
  66. Lors d'une réédition (4 89576-2) ce disque a été noté 9 dans Répertoire no 98, janvier 1997. (OCLC 12733351)
  67. (OCLC 14392444)
  68. (OCLC 25034017)
  69. (OCLC 906564465)
  70. Lors de sa sortie, ce disque a reçu un 10 de Répertoire no 26, juin 1990. (OCLC 840331578)
  71. (OCLC 22135864)
  72. (OCLC 552200826)
  73. (OCLC 28137716)
  74. (OCLC 24654120)
  75. (OCLC 34754027)
  76. Lors de sa sortie ce disque critiqué par Laurent Barthel, n'a reçu qu'un 6 dans Répertoire no 91, mai 1996.
  77. Laurent Barthel, Répertoire no 91.
  78. (OCLC 39078624)
  79. Le disque, lors de sa sortie, a été distingué par un « 10 » de Répertoire no 110.
  80. (OCLC 39019747)
  81. Cet enregistrement s'est vu attribuer un Diapason d'or no 440, mais un petit « 6 » par le magazine Répertoire no 106, octobre 1997
  82. Laurent Barthel, Répertoire no 106.
  83. (OCLC 896822737)
  84. Lors de sa sortie, l’enregistrement a été distingué par un Diapason d'or no 441 et un « 9 » dans Répertoire no 106, octobre 1997
  85. Laurent Campellone, Répertoire no 106
  86. Le présent de l’errance — Entretien avec Matthias Goerne [PDF] (2014), p. 15–20 sur philharmoniedeparis.fr.
  87. (OCLC 54809869)
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  90. (OCLC 456260181)
  91. Lors de sa sortie, ce disque a reçu un Diapason d'or no 630, Décembre 2014. (OCLC 898117064)
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Analyses
L'astrophysicien et musicien Andreas Goeres analyse texte et musique sous l'angle politique de l'époque.
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