Hans Hotter

Hans Hotter, né à Offenbach-sur-le-Main le et mort à Munich le , est un baryton-basse allemand, chanteur d'opéras et de lieder.

Hans Hotter
Hans Hotter en 1940.
Naissance
Offenbach-sur-le-Main
Grand-duché de Hesse
Empire allemand
Décès (à 94 ans)
Munich, Allemagne
Activité principale Artiste lyrique
baryton-basse
Années d'activité 19301972
Collaborations Richard Strauss, Festival de Bayreuth, Metropolitan Opera

Il est issu de la tradition d'éducation musicale germanique qui fait de lui un musicien complet, à l'instar d'autres chanteurs célèbres comme Dietrich Fischer-Dieskau. Ce bagage musical lui permet d'aborder très jeune des rôles lourds vocalement et dramatiquement, si bien que lorsque sa carrière, retardée par la Seconde Guerre mondiale, prend de l'ampleur, il a déjà acquis une pratique importante de ces rôles qui lui permet de triompher sur toutes les scènes du monde.

Son répertoire de prédilection est l'opéra wagnérien, qu'il a chanté pendant seize ans au festival de Bayreuth, et le lied allemand, particulièrement Schubert et son Voyage d'hiver. Mais son répertoire est vaste, et il chante également beaucoup de musique sacrée et participe à la « Verdi Renaissance » qui a lieu en Allemagne dans les années 1930 et qui voit des artistes allemands remettre les opéras de Verdi à l'honneur.

C'est l'un des chanteurs lyriques les plus importants du XXe siècle.

Biographie

Issu d'un milieu cultivé, il étudie l'orgue et la direction d'orchestre au Conservatoire de Munich, puis auprès du ténor wagnérien Matthäus Römer qui l'initie au lied, à l'opéra et lui fait découvrir sa voix[1]. Parallèlement, il entreprend des études de philosophie et de musicologie. Il travaille ensuite comme organiste et chef de chœur, mais finalement choisit la carrière de chanteur. Il fait ses débuts dans l'opéra à Troppau (aujourd'hui Opava) en 1929 dans le rôle du Sprecher (le récitant) dans La Flûte enchantée. En 1932 il est engagé à l'Opéra allemand de Prague (Neuer Deutscher Theater).

Tout au long du Troisième Reich (19331945), il se produit sur diverses scènes en Allemagne et en Autriche, et est notamment engagé au Staatsoper de Munich où en 1937, il succède à Hans-Hermann Nissen et devient célèbre. Il devient également le baryton préféré de Strauss qui lui confie la création de plusieurs rôles dans ses opéras : le Commandant dans Friedenstag (1938), puis Olivier dans Capriccio (1942).

Son audience au niveau international ne s'élargit qu'à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Son premier concert hors de l'Allemagne et de l'Autriche a lieu au Covent Garden de Londres, en 1947. Il se produit ensuite en Europe, sur les scènes les plus réputées de l'art lyrique. En 1950, c'est le Metropolitan Opera de New York qui l'accueille pour la première fois, dans la version anglophone du Vaisseau fantôme. Suivent, jusqu'en 1954, quatre saisons à demeure dans cet établissement américain, où il chante à trente-cinq reprises et dans treize rôles différents, essentiellement issus du répertoire wagnérien.

Parallèlement, entre 1952 et 1966, il devient un pilier du Festival de Bayreuth, dirigé alors par Wieland Wagner. Ses interprétations de Hans Sachs dans Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg, de Gurnemanz dans Parsifal, mais surtout de Wotan dans L'Anneau du Nibelung, « dont il est le spécialiste incontesté »[2] ont durablement marqué la scène lyrique et la discographie wagnérienne. Outre la puissance et la profondeur de sa voix, sa présence d'acteur sur scène était saisissante en raison de sa haute stature. Sa voix, d'une couleur particulièrement sombre, convenait aux rôles héroïques du grand répertoire et donc particulièrement aux grands rôles wagnériens, dans lesquels il a été quasiment insurpassable. Attentif aux mots, diseur autant que chanteur : « sa stature (vocale) imposait d'emblée un Wotan, un Hollandais de dimensions surhumaines, mais son art de la diction lui permettait toujours de faire passer une humanité extraordinaire dans ses personnages. Son Sachs est un modèle, qui doit bien entendu beaucoup à sa constante fréquentation du monde du lied. [3] »

Il laisse un héritage discographique considérable, dont une grande partie est constituée d'enregistrements, captés en public ou en studio, d'opéras de Wagner. Par ailleurs, il met lui-même en scène la « Tétralogie » à Covent Garden, de 1961 à 1964.

Il est aussi l'un des plus admirables chanteurs de lieder, capable d'alléger son immense voix et de s'appuyer sur un legato infini. Il a chanté 127 fois le cycle du Voyage d'hiver (Winterreise) de Franz Schubert, qu'il aborde pour la première fois dès 1941, à Hambourg. Il l'a enregistré quatre fois au disque :

  1. en , pour DG, avec Michael Raucheisen au piano (réédition par DG, puis par Music & Arts) ;
  2. les 24 et , à la Maison de Radio de Berlin, avec M. Raucheisen (Preiser Records) ;
  3. la célèbre prise de 1955 pour EMI avec l'accompagnement de Gerald Moore ;
  4. l'enregistrement du 15– à la Brahms-Saal, du Musikverein de Vienne, pour DG, accompagné d'Erik Werba au piano.

Hans Hotter fait ses adieux à la scène en 1972, mais réapparaît quelquefois par la suite, comme récitant dans les Gurrelieder d'Arnold Schönberg ou en Schigolch dans Lulu d'Alban Berg... Il se consacre dès lors à l'enseignement du chant à Vienne et à Paris.

Il meurt le à Munich.

Discographie

Opéra
Lieder
Sacrée

Filmographie

Décorations

Notes et références

  1. Le Nouveau Dictionnaire des interprètes, sous la direction de Alain Pâris, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015, p. 444.
  2. Claude Nanquette, Anthologie des interprètes, Paris, Éditions Stock, coll. « Musique », , 749 p. (ISBN 2-234-01087-X, OCLC 6356684, notice BnF no FRBNF36599422), p. 35.
  3. Dictionnaire encyclopédique Wagner, sous la direction de Timothée Picard, Arles / Paris, Actes Sud / Cité de la musique, 2010, p. 932.
  4. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.

Sources

  • Les Introuvables du chant wagnérien, L'Avant-Scène opéra, no 67, septembre 1984.
  • Guide des opéras de Wagner. Livrets — Analyses — Discographies, sous la direction de Michel Pazdro, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », 1998.
  • Dictionnaire encyclopédique Wagner, sous la direction de Timothée Picard, Arles, Actes Sud / Paris, Cité de la musique, 2010.
  • L’Univers de l’opéra. Œuvres, scènes, compositeurs, interprètes, sous la direction de Bertrand Dermoncourt, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2012.
  • Le Nouveau Dictionnaire des interprètes, sous la direction de Alain Pâris, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015.

Liens externes

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