Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres

Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres (titre parfois abrégé en Vies des philosophes) est un ouvrage de Diogène Laërce et l'une des seules traces de nombreux philosophes grecs anciens.

Première page de l'édition de 1594, traduction de Tommaso Aldobrandini

Caractères généraux de l'œuvre

Delle vite dei filosofi, edition italienne du 1611

On trouve plusieurs titres de l'œuvre, aucun n'est authentique :

  • Manuscrit de Florence : Λαερτίου διογένους βίων καὶ γνωμῶν τῶν ἐν φιλοσοφία εὐδοκιμησάντων καὶ τῶν ἑκάστη αἱρέσει ἀρεσάντων τῶν εἰς δέκα τὸ πρῶτον, De Diogène Laërce, vies et pensées de ceux qui en philosophie se sont illustrés, et recueil des doctrines de chaque école en dix livres - livre premier
  • Manuscrit de Paris : Λαερτίου διογένους βίοι καὶ γνῶμαι τῶν ἐν φιλοσοφία εὐδοκιμησάντων καὶ τῶν ἑκάστη αἱρέσει ἀρεσκόντων , De Diogène Laërce, vies et pensées de ceux qui se sont illustrés en philosophie, et recueil des doctrines de chaque école
  • Manuscrit de Naples : pas de titre bien qu'en tête du livre X, on trouve De Diogène Laërce, recueil des vies et des dogmes des philosophes en dix livres ; Épicure.

Selon le stemma, trois manuscrits principaux ont transmis l'ouvrage, B (Naples), P (Paris) et F (Florence), datant tous du XIIe et du XIIIe siècle. On compte également deux manuscrits de la bibliothèque vaticane contenant un épitomé, notés Φ et Φh.

L'ouvrage, écrit à une date incertaine (au plus tôt au début du IIIe siècle de notre ère, peut-être bien plus tard) est une compilation des vies de philosophes, classés par école, en commençant parfois par le fondateur. Certaines parties de l'œuvre ne sont peut-être pas de Diogène, et y ont sans doute été ajoutées tardivement. Aux livres III (47) et X (29) Diogène semble s'adresser à une femme à laquelle il aurait dédicacé son œuvre.

L'œuvre relève à la fois du genre des successions (filiation des philosophes), des écoles (classement des écoles, et exposé des doctrines) et des vies, dans la tradition bio-doxographique du Péripatos. Le plan de chaque vie est globalement identique. Diogène commence par retracer la vie du philosophe, avec une abondance d'anecdotes diverses, qui retracent notamment les relations qu'il aurait eues avec les autres philosophes. La doctrine est retracée à grands traits, parfois avec quelques incohérences. Suit une liste des œuvres, les circonstances de la mort, et une épigramme composée par Diogène Laërce.

D'autant que l'ouvrage est souvent remplis d'erreurs et de répétitions. On pense que la cause serait une absence de relecture ou un travail avec des volumen qui compliquent la pagination. Certains de ses écrits restent sujets à caution, les catalogues de Cébès et d'Aristote ont en leurs présences des écrits apocryphes. De même que la correspondance des sages du premier livre est probablement inauthentique.

C'est un recueil de catalogues et de sources diverses, bien que la plupart ne sont plus que des noms. Diogène à l'exception de Platon et d'Épicure ne possédait visiblement pas les œuvres des philosophes décrits. Et pour Platon, la pensée philosophique est souvent différente de celle promue par le corpus platonicien (d'autant que c'est le seul philosophe du recueil où pratiquement tous ses écrits furent conservés). Cela est dû aux influences des doctrines concurrentes notamment le stoïcisme et l'aristotélisme.

Le recueil est composé de dix livres. Les sept premiers livres suivent une tradition « ionienne » à partir de Thalès et Anaximandre. Le livre VII s'interrompt au catalogue des œuvres de Chrysippe et il manque les notices de plusieurs philosophes stoïciens. Les deux suivants sont tous à peu près des philosophes grecs de la péninsule italique (sauf Héraclite).

Le dernier, consacré à Épicure, est inhabituel. C'est l'un des plus admiratifs (sa fin est qualifiée par Diogène de couronnement) et il contient en plus des résumés de longues lettres qui sont l'un de nos meilleurs document sur l'épicurisme ancien, la Lettre à Hérodote, Lettre à Pythoclès et Lettre à Ménécée. Ce chapitre justifie l'hypothèse que Diogène Laërce était lui-même un épicurien ou qu'il avait du moins des sympathies pour cette école.

Plan de l'œuvre

Proémion (Introduction)

Dans l'introduction, Diogène traite de l'origine de la philosophie, annonce le plan de son ouvrage en classant les écoles philosophiques. On peut se représenter le plan voulu par Diogène par le tableau suivant (ce tableau n'est pas exhaustif, il ne donne pas tous les philosophes dont parle l'auteur, mais a pour but de faire voir la structure d'ensemble de l'œuvre) :

Philosophie ionienne (livre I à VII)Philosophie italique (Livre VIII à X)
Thalès de Milet, les sept sages (livre I)Pythagore (Livre VIII)
Anaximandre, Anaxagore, Archélaos, Socrate (livre II)Empédocle
Platon (Livre III)Xénophane (livre IX)
Speusippe (Livre IV)Aristote (Livre V)Antisthène (Livre VI)Héraclite (non italique)
XénocrateThéophrasteDiogène de SinopeParménide
PolémonStratonCratès de ThèbesMélissos
CrantorLyconHipparchiaZénon d'Élée
ArcésilasDémétrios de PhalèreZénon de Kition (livre VII)Leucippe
LacydèsHéraclideCléantheDémocrite
CarnéadeChrysippeÉpicure (Livre X)

Livre I : Les Sept sages

Livre II : Autour de Socrate

Livre IV : L'Académie

Livre V : Les Péripatéticiens

Livre VI : Les Cyniques

Livre VII : Les Stoïciens

Le livre est mutilé à cette partie, le reste du catalogue de Chrysippe et plusieurs notices sur des philosophes sont perdues. Les sommaires des manuscrits P et F ont listé les philosophes qui furent traités[1] : Zénon de Tarse (en), Diogène de Séleucie, Apollodore de Séleucie (en), Boéthos, Mnésarchidès (disciple de Diogène de Séleucie), Mnasagoras, Nestor de Tarse, Basilide (en), Dardanos d'Athènes (en), Antipatros de Tarse, Héraclidès (disciple d'Antipatros), Sosigénès (disciple d'Antipatros), Panétios de Rhodes, Hécaton de Rhodes, Posidonios, deux Athénadore (Athénodore Cordylion et Athénodore le Cananite), Antipatros de Tyr, Arius Didyme et Cornutus.

À noter que des éditeurs sont circonspects, Glucker et Verbeke pensent que cette liste n'est pas authentique ou que ce serait un appendice. J. Mansfeld réfute ces arguments et voit une lacune constatée dès la fin de l'antiquité. Certains philosophes cités, considérés comme mineurs, sont inclus dans d'autres vies de stoïciens[2].

Livre VIII : Les Pythagoriciens

Livre IX : Isolés et sceptiques

Notes et références

  1. éd. Pochothèque, p. 917
  2. (it) Tiziano Dorandi, « Considerazioni sull'index locupletar di Diogene Laerzio », Prometheus, vol. 18, no 2, , p. 121-126 (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Traductions des Vies
  • trad. Robert Genaille : Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres, Garnier-Flammarion, 1965, 2 t.
  • trad. dans Marie-Odile Goulet-Cazé : Vies et doctrines des philosophes illustres, Le livre de poche coll. « La Pochothèque », 1999, 1398 p., traductions et notes de Jean-François Balaudé, Luc Brisson, Jacques Brunschwig, Tiziano Dorandi, Richard Goulet, Michel Narcy
  • en ligne
Manuscrits
  • Cod. Neapolitanus Burbonicus gr. III B 29 (s.XII)
  • Cod. Parisinus gr. 1759 (s.XIII ex.)
  • Cod. Laurentianus plut. 69.13 (s.XIII in.)
  • Épitomé de Diogène Laërce : cod. Vaticanus gr.96 (s. XII in.)
  • Extraits du livre III in cod. Vindob. phil. gr.314
Autres sources
Éditions
  • Diogenis Laertii Vitae philosophorum edidit Miroslav Marcovich, Stuttgart-Lipsia, Teubner, 1999-2002. Bibliotheca scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana, vol. 1: Books I—X (ISBN 9783598713163); vol. 2: Excerpta Byzantina; v. 3: Indices by Hans Gärtner
  • Consulter la liste des éditions de cette œuvre .
Études
  • Ignazio Rossi :
    • Commentationes Laertianæ, Rome, 1788, in-8°. C’est une restauration et un commentaire des passages les plus difficiles de Diogène Laërce ;
  • Friedrich Nietzsche :
    • De Laertii Diogenis fontibus, 1868-1869, dans Rheinisches Museum 23 et 24,
    • Analectica Laertiana, 1870, dans Rheinisches Museum 25 ;
  • Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff, Epistula ad Maassium, 1880.

Liens externes


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