Diogène Laërce

Diogène Laërce (en grec ancien Διογένης Λαέρτιος / Diogénês Laértios) est un poète, un doxographe et un biographe du début du IIIe siècle.

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Diogène Laërce
Διογένης Λαέρτιος
Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres
Première page de l'édition de 1594 (texte grec et traduction latine), traduction de Tommaso Aldobrandini
Source : site Gallica
Alias
Diogenes Laertius ou Diogène de Laërte[1]
Naissance début du IIIe siècle
Laërtès, Cilicie
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture grec ancien
Genres

Œuvres principales

On sait peu de choses sur Diogène Laërce. Le fait est d'autant plus ironique qu'il représente souvent l'unique source que nous ayons sur la vie et les doctrines de nombreux philosophes. C'est, par exemple, uniquement par lui que nous connaissons les lettres d'Épicure et ses maximes capitales, ainsi que les testaments de certains philosophes.

Biographie

Les origines de Diogène Laërce sont mal connues : on ne sait si son nom signifie qu'il est né à Laërtès, une colonie grecque de Cilicie dont parle Strabon[2] ; des chroniqueurs médiévaux l'écrivaient aussi Diogène de Laërtes ; il existe aussi une hypothèse qui dit que son père se nommait Laërce, auquel cas il s’agirait de « Diogène fils de Laërce ». Des épigraphistes britanniques ont en tout cas localisé une ville sur la montagne de Celebireç Dağı où l'on a découvert des monnaies portant l'inscription : Laerteiôn. De même existe-t-il une idée de l'époque à laquelle il a vécu par recoupements : il connaît les philosophes « classiques » tels qu'Aristote ou Platon, ainsi que leurs successeurs, comme Théophraste jusqu'au début du IIIe siècle ; il parle de Sextus Empiricus et de Saturninus Cythénas[3], et il ne mentionne pas le néoplatonisme de Plotin et de Porphyre de Tyr, ni le néopythagorisme. Il aurait donc vécu dans la première moitié du IIIe siècle.

Doctrine

De même que pour sa vie, sa doctrine nous est mal connue, si tant est qu'il en ait eu une. Il semble apprécier Épicure (Wilamowitz voyait en lui un épicurien), et se montre assez dur envers Platon, mais aucune indication précise ne permet de le classer dans telle ou telle école. Au livre IX de son œuvre, Diogène, parlant d'Apollonidès de Nicée, un commentateur de Timon de Phlionte, dit : o gar emôn (l'un d'entre nous), que l'on peut comprendre comme « notre compatriote » ou « notre condisciple ». Cette dernière traduction est un argument (controversé cependant, car peu probant) en faveur de l'hypothèse que Diogène était sceptique. Cette expression peut simplement vouloir dire que Diogène était de Nicée en Bithynie, ou qu'il appartenait à la famille d'Apollonidès. Dès sa préface, cependant, il annonce : « Nous autres Grecs avons donné au monde la philosophie, non seulement la chose, mais même le mot », et ironise sur la « xénophilie » de ses compatriotes, si ouverts à l'extérieur qu'ils ne semblent pas s'imaginer que quoi que ce soit de bon puisse venir de chez eux. Diogène Laërce est en fait un doxographe : il a retranscrit les doctrines et les vies des philosophes considérés comme les plus importants à son époque. On a pu le voir aussi comme un poète s'intéressant à la philosophie et se plaisant à l'érudition.

Œuvre

Diogène Laërce a écrit deux livres :

  • Pammétros, recueil d'épigrammes. Il y fait preuve d'une grande habileté technique. Nous connaissons une cinquantaine de ses épigrammes qu'il cite dans son second ouvrage.
  • Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres. Il y classe les philosophes par école, en commençant par le fondateur. Le plan de chaque vie est globalement identique : Diogène commence par retracer la vie du philosophe, avec une abondance d'anecdotes diverses, qui situent notamment les relations que celui-ci aurait eues avec les autres philosophes ; la doctrine est évoquée à grands traits, parfois avec quelques incohérences ; suivent une liste des œuvres, les circonstances de la mort et une épigramme de sa plume. Une des sources attestée pour ce travail est l'œuvre de Dioclès de Magnésie : Ἐπιδρομὴ τῶν φιλοσόφων (Aperçu des philosophes) et Περὶ βίων φιλοσόφων (Des vies des philosophes).

Éditions

En complément de l'ouvrage parvenu, 38 épigrammes sont incluses dans le septième livre de l'Anthologie Palatine.

Éditions anciennes

Les éditions les plus estimées de Diogène Laërce au XIXe siècle, citées par le dictionnaire Bouillet sont celles :

Gassendi a donné à part le Xe livre (Épicure), avec un commentaire.

Tout l'ouvrage a été traduit en français :

Éditions modernes

À partir du XXe siècle, on compte plusieurs éditions nouvelles :

  • traduction (périmée) Robert Genaille : Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres, Garnier-Flammarion, 1965, t.1, 314 p.; t.2, 310 p.
  • traduction (scientifique) Marie-Odile Goulet-Cazé : Vies et doctrines des philosophes illustres, Le Livre de poche. La Pochothèque, 1999, 1398 p.
  • traduction partielle de Richard Goulet : Vies et doctrines des Stoïciens, Le Livre de poche. Classique de la philosophie no 4667, 2006.

Voir aussi

Références

  1. Joseph Adolphe Aubenas, Seconde lettre sur Jacques de Guyse, Paris, chez l’auteur, , p. 29, note n°2, lire en ligne.
  2. XIV, 5, 3
  3. IX, 116

Bibliographie

Éditions critiques

  • Diogenis Laertii Vitae philosophorum edidit Miroslav Marcovich, Stuttgart-Lipsia, Teubner, 1999-2002. Bibliotheca scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana, vol. 1: Books I--X; vol. 2: Excerpta Byzantina; v. 3: Indices (edidit Hans Gärtner).
  • Lives of Eminent Philosophers, edité par Tiziano Dorandi, Cambridge: Cambridge University Press, 2013 (Cambridge Classical Texts and Commentaries, vol. 50).
  • G. H. Klippel a donné une dissertation De Diogenis Laertii Vita, Scriptis atque Auctoritate, Göttingen, 1831.

Études

  • Ignazio Rossi, Commentationes Laertianæ, Rome, Arcangelo Casaletti, (lire en ligne). C’est une restauration et un commentaire des passages les plus difficiles de Diogène Laërce.
  • Richard Goulet, Études sur les Vies de philosophes dans l'Antiquité tardive : Diogène Laërce, Porphyre de Tyr, Eunape de Sardes, Paris, Vrin, 2001
  • Richard Goulet, Des Sages parmi les philosophes. Le premier livre des Vies des philosophes de Diogène Laërce dans: Marie-Odile Goulet-Cazé, Goulven Madec et Denis O'Brien (édit.), SOPHIÈS MAIÈTORES, Chercheurs de Sagesse, Mélanges Jean Pépin, Paris, Études Augustiniennes, 1992, p. 167-178.
  • Richard Goulet, Les références chez Diogène Laërce: sources ou autorités, dans J.-C. Fredouille, M.-O. Goulet-Cazé, Ph. Hoffmann, P. Petitmengin (édit.), Titres et articulations du texte dans les œuvres antiques. Actes du Colloque international de Chantilly, 13-, "Collection des Études Augustiniennes", Série Antiquité 152, Paris, Institut des Études Augustiniennes 1997, p. 149-166.
  • Marie-Odile Goulet-Cazé, Le livre VI de Diogène Laërce : analyse de sa structure et réflexions méthodologiques, dans: Aufstieg und Niedergang der Römischen Welt, II 36, 5, Berlin, New York, 1992, p. 3880-4048.

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