Épitomé

Un épitomé (tiré du grec ancien ἐπιτέμνειν / epitemnein, « abréger ») est le condensé d'une chose, généralement une œuvre. Il se distingue d'un résumé par le fait que ce dernier est produit à partir de citations d'un travail plus grand, alors que l'épitomé est une œuvre à part entière faisant intervenir, au moins en partie, un travail inédit.

Ne doit pas être confondu avec Épithalame.

Ainsi, plusieurs écrits de la Grèce et de la Rome antique ne sont disponibles de nos jours que sous forme d'épitomé. Une des causes des pertes de la littérature grecque et latine est que les abrégés supplantèrent en intérêt les œuvres originales qui furent ensuite délaissées[1]. Les auteurs des ouvrages, surtout historiques, fournissaient une version abrégée de leurs travaux (« autoépitomateur »), se diffusant plus facilement (Varron pour ses Hebdomades, Lactance pour ses Institutions divines, Julius Paris également)[2]. Et certains auteurs postérieurs, les « épitomateurs », écrivaient des versions allégées des travaux classiques, qui ont été ensuite perdus.

Les écrits ayant traversé les âges sous forme d'épitomé se distinguent de ceux que l'on retrouve sous forme de fragments disséminés dans des œuvres postérieures ainsi que de ceux utilisés comme sources non officielles par les académiciens. Contrairement à ces derniers, un épitomé forme un document entier.

On peut parfois parler de periochae (terme latin transcrit d’après le grec περιοχή, « sommaire indiquant le contenu », dont l'équivalent latin est comprehendo). Les deux termes sont relativement similaires. On distingue les periochae de l'épitomé et du Breviarium (qui concernent des récits rédigés plus ou moins suivis, comme Eutrope ou Justin) car une periocha abrège une œuvre selon l'unité de division (chapitre ou livre), en s'en tenant à ce découpage[2].

Antiquité

Les épitomés apparaissent au IVe siècle av. J.-C. dans la Grèce antique (les catalogues de Diogène Laërce dans les Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres) et au Ier siècle av. J.-C. sous la république romaine (connu par Cicéron dans les Lettres à Atticus, indiquant que Marcus Junius Brutus abrégea les écrits de Fannius et Coelius Antipater, la biographie de Brutus par Plutarque parle d'un abrégé de Polybe[2]), elles mettaient à disposition des lecteurs des versions plus accessibles de textes historiques volumineux, condensant le savoir à l'essentiel à connaître.

Furent caractérisés comme periochae[2] :

  • Ab Urbe condita libri de Tite-Live sont les plus fameuses periochae qui nous soient parvenues, le terme se rattachant souvent spécifiquement à cet historien. Néanmoins, bon nombre de manuscrits parlent de Breviarium ou d’épitomé. Ce sont d'ailleurs les seules periochae pour une œuvre historique[2] ;
  • Ménandre, pièces résumées par un grammairien nommé Sellios ou Sillios, les periochae cependant sont fragmentaires ;
  • Ausone pour l’Iliade et l’Odyssée d'Homère, en prose, bien que la paternité soit controversée, les savants attribuant plutôt le résumé à Fulgence[3] ;
  • Sulpice Apollinaire pour les pièces de Térence.

Ère moderne

Des épitomés sont encore produits de nos jours. Ils sont généralement produits dans le but de rendre accessibles un corpus de travaux classiques jugés denses et lourds, inaccessibles au profane.

Certains d'entre eux sont plus proches du résumé, comme certaines versions de l’Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain d'Edward Gibbon, composées de huit livres totalisant environ 3 600 pages et souvent publiés en un livre d'environ 1 200 pages.

D'autres se rapprochent des anciens épitomés, tels ceux basés sur la Somme théologique de Thomas d'Aquin et ceux présentant la philosophie aristotélicienne. Des expressions dans les titres d'épitomés reviennent de manière récurrente notamment dans les collections Que sais-je ?, pour les nuls, Guide de…

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Epitome » (voir la liste des auteurs).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. Fernando Baez, Histoire Universelle de la Destruction des Livres, Venezuela, Fayard, , chapitre 3 : La Grèce)
  2. Introduction générale à l'édition Budé des Abrégés de l’Histoire de Tite-Live (tome XXXIV, en deux volumes).
  3. Ausone de Bordeaux, Œuvres complètes, Mollat, Appendices.
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